Santé publique
Le virage ambulatoire :
quelle place pour
la cardiologie
Simon Cattan (Montfermeil)
Président sortant du CNCH
Le remède universel contre
l’évolution des dépenses de
santé est enn découvert :
le virage ambulatoire ! Cette
stratégie va induire une réduc-
tion du capacitaire à marche
forcée. Elle doit amener le Col-
lège à rééchir sur les consé-
quences directes et indirectes
sur l’ore de soins et le capaci-
taire des services de médecine
polyvalente, spécialisée et car-
diologique des C.H.
Sur les services de médecine
polyvalente et spécialisée
Ne rêvons pas, la diminution du
capacitaire de lits de médecine
va induire des SAU surchargés,
des patients en attente de lits
ou de décision de sortie sans
lien contractualisé avec la mé-
decine de ville.
Qui va assurer les aux massifs
d’hospitalisation en urgence
liés à des problèmes d’épidé-
mie de grippe, de canicule, de
patients transférés depuis les
EHPAD au moindre problème,
les bronchiolites, les patients
venant aux urgences en l’ab-
sence de soins primaires ?
Qui va assumer cette tâche ?
Le secteur lucratif bien sûr qui
détient la justication de la
chirurgie programmée et des
actes interventionnels médi-
caux ?
Soyons sérieux !
C’est l’hôpital public qui va as-
sumer cette tâche avec moins
de lits et moins de médecins et
moins de personnel soignant !!
Cette réduction du capaci-
taire en médecine ne peut
se faire sans se référer à des
bases médicales solides et des
référentiels assurant la sécurité
des patients et sans obligation
contractualisée avec la méde-
cine de ville (permanence de
soins, régulation des installa-
tions, honoraires opposables).
Sur la cardiologie
Notre spécialité a la particula-
rité d’avoir des admissions en
urgence vitale (par le SAMU
et le SAU), des admissions en
urgence diérée (par le SAU ou
la cardiologie de ville) et des
admissions programmées par
nos correspondants libéraux
ou de CH de proximité.
Elle a les contraintes de la PDES
sur place et selon les cas d’une
astreinte de cardiologie ou
de rythmologie intervention-
nelles.
Le passage en ambulatoire ne
pourra se faire bien sûr que sur
une admission programmée
mais les freins sont multiples.
- Freins médicaux :
Les patients doivent répondre
à une check- list connue de nos
correspondants. La vérication
de cette check-list et du suivi
ambulatoire impliquent une
sécurisation des circuits : véri-
cation des critères cliniques,
vérication de la biologie, véri-
cation des critères de suivi de
sortie.
- Freins juridiques :
Quid de l’information ou du
consentement éclairé du pa-
tient ?
Quelle sera le risque médico-
légal des procédures ambula-
toires en cas de complication ?
Qui va faire signer le consente-
ment éclairé ? Il ne peut se faire
le jour de la procédure.
- Freins économiques :
L’objectif étant de faire des
économies, les séjours sans
nuitée auront un tarif inférieur
au séjour avec nuitée. Ces éco-
nomies vont donc se faire sur
une diminution du nombre de
lits et du personnel en charge
de ces lits, c’est à dire moins
d’inrmières ? moins de méde-
cins ?
Ne rêvons pas. Faire une car-
diologie technique, ambula-
toire avec une qualité et une
sécurité des soins et avec
moins de médecins et moins
de personnel paramédical est
un rêve qui risque de devenir
un cauchemar.
Quand auront nous le temps
d’informer nos patients et de
leur expliquer les risques et
bénéces de la procédure et de
prendre le temps de les infor-
mer de leur pathologie ?
Le virage ambulatoire ne peut
être réalisé qu’avec un certain
nombre limité de patients pro-
grammés et ne doit pas avoir
d’impact sur les eectifs médi-
caux et paramédicaux de nos
services.
Simon Cattan
Santé publique
10 CNCH - CARDIO H - N°38