CHOIX ARTISTIQUES DE LA COMPAGNIE
Lo camin d'Aristofanada
L
La Rampe - Teatre Interegional Occitan - mène depuis plus de 30 ans son chemin de
création artistique en posant son regard sur la société et les Hommes avec ses yeux, son coeur et
sa langue occitane. À contre-courant de la pensée unique, des pseudos-modernismes qui
uniformisent et normalisent au profit d’une mondialisation monochrome, la Rampe porte sa
différence pour faire vivre l’arc-en-ciel des couleurs d’un monde moins superficiel que celui qui
s’étale au grand jour de notre quotidien.
Pour mener cette aventure, la langue occitane est un outil. Non pas qu’elle soit
meilleure que les autres. Non, tout simplement parce que c’est la langue du pays
où nous sommes, où nous vivons et d’où nous regardons le monde. Aussi parce
que cette langue dite minoritaire, sans Etat ni police, pleine de richesse et
d’humilité nous conduit à regarder et raconter le monde d’une autre façon. D’un
autre biais.
Pour exprimer cette diversité, la création et l’écriture contemporaine sont des
modes que la compagnie sait maîtriser avec succès tant pour ses spectacles tout
public que pour ses créations pour enfants.
La civilisation méditerranéenne dont est issue la culture occitane imprègne profondément
notre inconscient occitan. Plonger dans ces racines, c’est partir à la découverte d’un archéo-vivre
que les sociétés occidentales contemporaines ont rejeté et oublié. Se tourner vers le théâtre
grec, c’est affronter cette antériorité. Faire le choix d’Aristophane, c’est privilégier un auteur
qui était sensible aux valeurs puissantes du culte de Dionysos, c’est faire entendre la
parole joyeuse et décapante d’un théâtre qui dénonçait déjà, il y a 2500 ans, la suprématie
du soldat dans une démocratie dominée par les hommes.
Pour rendre toute la saveur de l’écriture originelle sans tomber dans les pièges de
l’académisme, l’occitan s’imposait. Et le carnaval et sa force de libération nous donnaient le
cadre pour renouer avec un théâtre de la cité, populaire et salutaire, un théâtre-miroir pour
éclairer par le rire les citoyens-spectateurs.
Ces éléments posés, la collaboration avec Marceau Esquieu devenait évidente. Helléniste et
occitan, il est allé directement au texte grec pour proposer à la Rampe et à Claude Alranq une
adaptation en occitan de deux pièces d’Aristophane : Lysistrata et L’Assemblée des Femmes. Deux
pièces de révolte des femmes contre lo biais mascle (la façon masculine) de gérer la cité. Dans
Lysistrata, les femmes font la grève de l'amour pour refuser la guerre et imposer la paix aux
hommes batailleurs. Dans L'Assemblée des Femmes, c'est le rêve d'un communisme utopique qui
partage tout, égalise tout.
Aristophane n'est pas dupe de ces rêves. Ce n'est pas un programme politique, mais une
façon de dire avec humour et fantaisie que d'autres fonctionnements de société pourraient être
possibles.
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