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La Lettre du Gynécologue - n° 294 - septembre 2004
nviron 5 % des cancers de l’ovaire surviennent chez
des patientes ayant une prédisposition d’origine né-
tique (soit 200 cas par an) ( 1 ). Ce syndrome de prédis-
position héréditaire au cancer du sein/ovaire se transmet selon un
mode autosomique dominant à forte pénétrance. Le diagnostic cli-
nique se fait sur l’histoire familiale, l’âge au diagnostic des can-
cers, le caracre multifocal et/ou bilaral des tumeurs. Certaines
familles ne présentent que des cas de cancer du sein, d’autres que
des cancers de l’ovaire, d’autres enfin les deux types de cancer.
La probabilité de détection d’une mutation pend du nombre et
du type de cancers dans la famille, de l’âge de début, du caracre
bilatéral et/ou multifocal, de l’appartenance à une population par-
ticulière. Les critères proposés en France sélectionnent les
familles dont la probabilité de prédisposition héréditaire est de
plus de 25% (tableau I) ( 1 - 3 ) .
Les analyses familiales visant à expliquer l’excès des cas de can-
cer du sein dans les familles par la transmission d’un gène sui-
vant un modèle mendélien, ont permis de mettre en évidence un
facteur de prédisposition se transmettant selon le mode autoso-
mique dominant à forte pénétrance. Les études de liaison géné-
tique à partir de ces familles à nombreux cas de cancers du sein
(au moins 4 cas avant 60 ans) l’ont localisé sur le bras long du
chromosome 17 (17q21) en 1990 ( 4 ), la même localisation ayant
été retrouvée dans des familles à cas multiples de cancers du sein
et de l’ovaire peu de temps après ( 5 ). Enfin le gène BRCA1 fut
cloné en 1994 ( 6 ). À partir de l’analyse de familles comprenant
des cas de cancer chez un homme ( 7 ), un second gène de prédis-
position, BRCA2, fut localisur le bras long du chromosome 13
(13q14) ( 8 ) et clo en 1995 (9, 10).
LES GÊNES PRÉDISPOSANTS LES PLUS FRÉQUENTS ET
LEURS MUTATIONS
BRCA1 et BRCA2 sont deux grandsnes de respectivement 22
et 26 exons dont la séquence génomique est d’environ 100kb, et
dont l’exon 11 est particulièrement grand. Leurs proines sont lar-
gement exprimées dans différents tissus durant la phase S et G2 du
cycle cellulaire et localies dans le noyau de la cellule. Elles n’ont
que peu de ressemblance avec des protéines de fonction connue.
Leur fonction principale est de préserver la structure chromoso-
mique via leur implication dans les processus de réparation de
l’ADN et la recombinaison, le contrôle du cycle cellulaire et la
transcription d’autres gènes (pour revue ( 1 1 ) ).
En 2000, plus de 800 mutations différentes étaient enregistrées
dans la base de données du National InStitute of Health, le Breast
cancer information core. La diversi de ces mutations et leur dis-
tribution tout le long de ces très grands gènes compliquent la pre-
mière recherche de mutation dans une famille donnée, chaque
famille ayant en quelque sorte sa mutation “privée”. Cependant,
des mutationscurrentes ont écrites : 185delAG et 5382insC
de BRCA1, 6174delT de BRCA2 dans la population d’origine
juive ashkénaze, 999del5 de BRCA2 dans la population islandaise.
Les mutations sont inactivatrices. Dans 90% des tumeurs, lallèle
non muté est perdu dans la tumeur (12, 13), ce qui suggère que les
gènes BRCA se comportent comme des “gènes suppresseurs de
tumeur” ( 1 4 ) . La fréquence des personnes porteuses d’une muta-
tion de BRCA1 et 2 est respectivement d’une personne sur trois
cents et une personne sur huit cents ( 1 ). La fréquence des muta-
tions est plus élevée dans la population juive ashkénaze.
Concernant l’estimation de l’augmentation de l’incidence des can-
cers de l’ovaire en cas de mutation de BRCA1 ou 2, malgré la
grande variabilité de ces estimations, retenons que ce risque de
cancer de lovaire est 40 fois plus élevé pour une femme ayant une
mutation de BRCA1 que pour une femme de la population gé-
rale (risque de survenue avant 70 ans entre 20 et 45%) (1, 2, 15).
Le risque est moins élevé pour celle qui présente une mutation de
BRCA2 (risque de survenue avant 70 ans entre 10 et 30%) avec
une moyenne dâge au diagnostic de 52,6 ans pour BRCA1 versus
62,8 ans pour BRCA2 ( 1 6 ). Le risque de cancer de la trompe est
lui aussi accru chez les patientes porteuses d’une mutation de
BRCA1 avec un risque 120 fois plus élevé que pour la population
générale ( 1 7 ) .
D’autres gènes de prédisposition que BRCA1 et 2 ont été identi-
fiés, liés à des syndromes réditaires dans lesquels le cancer de
lovaire est un des symptômes : ainsi le syndrome HNPCC ou syn-
drome de Lynch dans lequel le risque de cancer de lovaire est de 5
%. Dans ce syndrome, il existe aussi un risque accru du côlon, de
l’endomètre, de l’estomac, des voies biliaires et urinaires et du
système nerveux central.
D
O S S I E R
Chirurgie prophylactique chez les patientes
à haut risque génétique de cancer ovarien :
indications et prise en charge chirurgicale pratique
E
Prophylactic surgery in patients with inherited high risk of ovarian
cancer: management and surgical procedure
P. Morice*, A. Chompret*, S. Delaloge*, P. Pautier*, A. Spatz*, B. Bressac de Paillerets*, D; Castaigne*
* Service d’endocrinologie et médecine de la reproduction, hôpital l’Archet 1,
CHU de Nice, BP 3079, 06202 Nice Cedex 3.
22
La Lettre du Gynécologue - n° 294 - septembre 2004
LA CONSULTATION D’ONCOGÉNÉTIQUE
Toutes indications éventuelles de chirurgie prophylactique ne peu-
vent être retenues que dans le cadre d’une consultation d’onco-
nétique. Elles ont pour but d’évaluer la probabilité d’un syndrome
familial de prédisposition réditaire au cancer du sein/ovaire et de
poser lindication dun test génétique.
L’histoire familiale doit être reconstite le plus complètement et
pciment possible, sur au moins trois générations, tous les appa-
rentés recensés quils soient indemnes de tumeur ou non, les dia-
gnostics confirs par un document médical ou mieux un compte-
rendu histopathologique. Enfin, l’origine géographique de la
branche impliquée peut orienter vers une recherche moléculaire
pcise (juive ashkénaze, islandaise, etc.).
Un faisceau d’arguments permet de poser le diagnostic de prédis-
position héréditaire : plusieurs cancers du sein et/ou de l’ovaire
dans la me branche parentale, maternelle ou paternelle, un
degré faible dapparentement entre les cas atteints, un âge précoce
au diagnostic, un cancer bilaral, un cas de cancer du sein et de
l’ovaire chez la même femme, la présence de cas de cancer du sein
chez un homme et accessoirement les caracristiques des tumeurs
BRCA1 (typiquement, une tumeur grade SBR III, RH négatifs ou
une histologie médullaire). Si la prédisposition est soupçonnée, elle
ne peut être démontrée que par la caractérisation de la mutation
responsable de la survenue des cancers.
Différents modèles ont été dévelops pour calculer la probabilité
de détecter une mutation selon les caractéristiques familiales et
personnelles ( 1 8 - 2 0 ). BRCAPRO est un outil utile car il regroupe
les autres modèles et estime la probabilité de détecter une mutation
de BRCA1, BRCA2 et BRCA1 ou BRCA2 ( 2 1 ) .
Étant don le caracre privé” ou scifique des mutations pour
chaque famille, la recherche est fondée sur un cas atteint qui, de
plus, a la plus grande probabilité davoir une mutation dun gène de
pdisposition et dont on peut disposer d’un prélèvement sanguin à
partir duquel on extraira l’ADN (cas index). En France, l’expertise
collective (1, 3) a retenu de proposer un test moléculaire si la proba-
bilité de prédisposition était d’au moins 25%, c’est-à-dire dans les
situations qui pondent en moyenne aux critères suivants :
Critère 1 : au moins trois sujets atteints de cancer du sein et/ou de
l’ovaire chez des apparentés de degré 1 ou 2 dans la même branche
p a r e n t a l e .
Critère 2 : deux cas de cancer du sein
chez des apparentés de degré 1 dont
l’un est diagnostiq avant 40 ans ou
bilatéral, ou un cas de cancer du sein et
un cas de cancer de lovaire (ce dernier
quel que soit l’âge), ou deux cas de
cancer de l’ovaire quel que soit l’âge.
Le crire 3 est plus accessoire et
entre volontiers dans le cadre de pro-
tocole de recherche : cas pcoce dia-
gnostiqué avant l’âge de 35 ans,
tumeurs primitives multiples (sein et
ovaire quelle que soit l’histoire fami-
liale), cancer du sein chez un homme.
L’identification de l’altération géné-
tique responsable de l’histoire fami-
liale est le prérequis pour un diagnos-
tic psymptomatique. Celui-ci a pour
but aujourd’hui d’optimiser la prise
en charge des femmes à haut risque de développer un cancer du
sein et/ou de l’ovaire et de rassurer celles qui ne sont pas prédispo-
sées. La recherche de mutation dans la population générale n’est
pas justifiée pour plusieurs raisons : la difficulté et le coût d’une
telle recherche sont prohibitifs, et surtout limpossibilité dinterpré-
ter un sultat en termes de risque assoc à une mutation détectée
en labsence d’histoire familiale.
La consultation est ouverte à toute personne qui se présente sans
idées préconçues car, dans un grand nombre de cas, un test molé-
culaire ne sera pas prescrit ou aura une faible probabilité de donner
un résultat positif.
Un livret d’informations et de dialogue à l’usage des personnes
consultant pour un risque familial de cancer du sein et/ou de
l’ovaire, disponible auprès de la Fédération nationale des centres
de lutte contre le cancer (FNCLCC) ou de la Ligue contre le can-
cer, reprend lensemble des informations données en consultation.
Les techniques employées pour la recherche de mutation dépen-
dent des habitudes des laboratoires, mais doivent allier fiabili et
coût le plus faible. Le taux de mutations détectéespend des stra-
gies moléculaires utilisées et des critères de sélection des
familles. À titre d’exemple, il est de 25% dans notre laboratoire
quand les critères de lection sont d’ordre 1 et 2 (voir plus haut).
Cela signifie que l’absence de détection de mutation n’élimine pas
l’hypothèse d’une prédisposition héréditaire. On rappelle que la
sensibilité des techniques de détection n’est pas de 100% et qu’il
existe très probablement d’autres nes non encore identifiés. Ce
résultat non informatif est difficile à gérer par l’incertitude qu’il
génère tant pour les femmes déjà atteintes que pour les femmes
indemnes de tumeur dont la probabilité a priori dêtre porteuses est
de 50%, puisquil n’y aura pas de test disponible pour celles-ci et
qu’elles seront obligatoirement considées à risque, donc devant
bénéficier d’une surveillance soutenue.
Lorsqu’une mutation délétère a été caractérisée dans la famille,
toute personne susceptible d’en être porteuse, informée par un
membre de sa famille, peut demander que soit réalisé un test gé-
tique dit “présymptomatique” alors qu’il est indemne de toute
tumeur. La prescription et la réalisation du test sont encadrées par
les décrets de la loi de Bioéthique (décret 2000-570 du 23 juin
2000 et arrê du 2 mai 2001).
Dans le cas du syndrome héditaire sein/ovaire, il n’est pas
D
O S S I E R
Probabilité de détection
Critère 1 Au moins trois sujets atteints de cancer du sein > 25%
et/ou de l’ovaire chez des apparentés de degré 1
ou 2 dans la même branche parentale.
Critère 2 Deux cas de cancer du sein chez des apparenté > 25%
de degré 1 dont l’un est diagnostiqué avant 40 ans
ou bilatéral.
Un cas de cancer du sein avant 40 ans ou bilatéral
et un cas de cancer de l’ovaire quel que soit l’âge.
Deux cas de cancer de l’ovaire quel que soit l’âge. < 25%
Critère 3 Cancer du sein avant 35 ans sans histoire familiale.
Cancer sein et ovaire chez la même femme
quelle que soit l’histoire familiale.
Cancer du sein chez un homme.
Tableau I. Crires de sélection des familles pour la recherche dune mutation BRCA1 ou
BRCA2, d’après les recommandations de l’expertise INSERM (1998) (3).
La Lettre du Gynécologue - n° 294 - septembre 2004 La Lettre du Gynécologue - n° 294 - septembre 2004
recommandé de pratiquer le test chez les mineurs (pas de risque
avant 18 ans), afin de leur laisser toute liberté de choisir de
connaître ou non leur statut génétique et quand ils le souhaitent .
LA SURVEILLANCE ET LA CHIRURGIE PROPHYLACTIQUE
La prise en charge des femmes “à haut risque” de cancer ova-
rien dépend de l’âge de la patiente, du degré daccomplisse-
ment de son projet familiale et de son accord pour une éven-
tuelle chirurgie prophylactique. En France, elle s’appuie sur
les recommandations de l’expertise collective (1).
Surveillance des ovaires
Cette stratégie ne peut être proposée que chez des patientes “à
risque”réditaire mais trop jeune pournéficier dune chirurgie
prophylactique ou chez des patientes refusant celle-ci. La sur-
veillance consiste en un examen clinique pelvien deux fois par an à
partir de l’âge de 35 ans, et une échographie endovaginale avec
doppler pulsé une à deux fois par an. Le dosage du CA125 n’est
pas préconisé en raison de sa faible valeur prédictive, bien que
l’association à l’échographie l’améliore d’environ 20 % ( 2 2 ).
Malheureusement, les modalités de cette surveillance n’a pas mon-
tré quelle affectait l’incidence des stades tardifs.
Un nouveau marqueur potentiel a é identif lors dune recherche
par microarrays des gènes surexpris dans les tumeurs de
l’ovaire, l’osospontine ( 2 3 ). Par ailleurs, Petricoin et al. ( 2 4 ) o n t
développé unethode générant des spectres protéomiques à par-
tir durum qui permettent de discriminer entre les cas de cancer
de l’ovaire et des témoins. Ces études demandent à être validées
par d’autres groupes.
Chirurgie prophylactique
Comme le recommande lexpertise collective, l’indication de cette
chirurgie prophylactique doit être validée au sein d’une concerta-
tion multidisciplinaire comportant au moins un oncologue, un chi-
rurgien, un psychologue et un oncogénéticien ( 1 ). Elle réduit le
risque de cancer de l’ovaire, trompe ou péritoine de 85 à 96% ( 1 ) .
Cette chirurgie prophylactique est envisageable à partir de l’âge de
35 ans s’il n’y a plus de désir d’enfants (cette chirurgie est en géné-
ral réalie autour de 40 ans). Ce geste ne protège pas du cancer de
l’ovaire à 100%. Le risque de tumeur développé dans la cavité
péritoale est évalué à 5%. L’ovariectomie pratiqe avant l’âge
naturel de lanopause réduit aussi conséquemment le risque de
cancer du sein ( 2 5 ), cette réduction pourrait atteindre 76% si ce
geste était pratiqué avant 40 ans ( 2 6 ) . Lâge de survenue du cancer
du sein est aussi plus tardif en comparaison des femmes ayant une
simple surveillance ( 2 7 ) .
Les inconvénients d’une ménopause précoce engendrée par l’ova-
riectomie sont à balancer avec la morbidi et la mortalité assoces
au cancer du sein et de l’ovaire chez les femmes ayant une altéra-
tion de BRCA1 ou BRCA2. L’opinion est controversée quant à
l’utilisation du THS puisquon ne peut se fonder sur aucune grande
étude prospective, et la décision prise au cas par cas, en gardant à
l’esprit quil faut éviter toute hyperestrogénie.
Sur le plan chirurgical, la chirurgie doit comprendre une inspection
intiale de la cavité abdominopelvienne et des annexes (avec pré-
vement de toute zone suspecte éventuelle) et une cytologierito-
ale systématique avant de réaliser l’exérèse (tableau II). Cette
section comportera l’ablation des ovaires et des trompes ( 2 8 - 3 0 ) .
En effet, lovariectomie seule ne doit pas être réalisée étant donnée
le risque accru de cancer tubaire dans cette population. La chirur-
gie de référence est donc l’annexectomie bilatérale par cœliosco-
pie. La morbidité de la cœlioscopie, le plus souvent techniquement
faisable, est très faible. Cette faible morbidité, assoce à des
conséquences cosmétiques elles aussi très minimes (cicatrices
mineures), expliquent le faible taux de refus par les patientes de
cette chirurgie prophylactique. L’association à une hysrectomie
n’est en revanche pas préconie (sauf cas particulier) en raison de
la morbidité du geste. En outre, le risque de cancer de l’endomètre
et du col pour les femmes BRCA1 est faible ( 3 1 ) . La seule indica-
tion oncologique” à laalisation d’une hystérectomie prophy-
lactique” est le syndrome de Lynch (où le cancer de l’endomètre
est on l’a vu accru). Elle peut alors être alisée par laparascopie.
Cette hystérectomie peut aussi être discutée chez des patientes
ayant une pathologienigne justifiant éventuellement ce geste si
une chirurgie pelvienne est réalisée (prolapsus associé ou utérus
polymyomateux symptomatique…).
L’analyse histologique des pièces d’ovariectomie prophylactique
est une étape fondamentale pour deux raisons :
En effet, dans 2 à 5% des cas, des cancers occultes de petites
tailles vont être retrouvés au niveau des ovaires ou des trompes
(32, 33). Dans notre experience comportant une centaine
d’annexectomies prophylactiques chez des patientes à risque géné-
tique, nous avons retrouvé deux cas de cancers ovariens invasifs
(mais aucune tumeur borderline ou tubaire). Dans ces deux cas,
une stadification compte a été réalisée comportant un curage pel-
vien et lomboaortique. Dans ces deux cas, une extension gan-
glionnaire a été retrouvée malgré l’absence d’extension périto-
néale majeure (stade IIIC ganglionnaire selon la classification
de la FIGO) ( 3 3 ) . En conséquence, en cas de découverte d’un
D
O S S I E R
En préopératoire :
Examen clinique.
Échographie abdominopelvienne.
Dosage du CA125.
En peropératoire :
Chirurgie par cœlioscopie+++ :
Exploration soigneuse du péritoine et des annexes.
Prélèvement de toute zone suspecte.
Cytologie péritonéale systématique.
En l’absence de lésion suspecte :
Annexectomie bilatérale.
Extraction progée par un sac endoscopique (risque de
métastase sur orifice de trocart en cas de cancer occulte).
Biopsies péritonéales systématiques.
Pas dhystérectomie systématique (sauf syndrôme de
Lynch et/ou pathologie utérine associée).
En présence de lésion(s) suspecte(s) :
Examen extemporae (si possible) et adaptation de la prise en
charge en fonction des résultats de lextemporae et de
l’inforrmation préalable de lapatiente en préoratoire (conver-
sion par laparotomie clairement expliquée avant la chirurgie).
Examen histologique minutieux+++ :
En cas de découverte d’un cancer ovarien invasif : chirurgie
de stadification péritonéale et ganglionnaire complète+++.
Tableau II. Prise en charge chirurgicale en cas de chirurgie
prophylactique ovarienne.
24
La Lettre du Gynécologue - n° 294 - septembre 2004
cancer en peropératoire et/ou lors de l’analyse histologique (can-
cer “occulte”), une chirurgie de stadification complète doit être
réalisée comportant : hystérectomie, omentectomie, curage pel-
vien et lomboaortique et biopsies péritonéales multiples. Pour
minimiser le risque de couverte d’un cancer lors de la chirurgie
prophylactique, nous demondons systématiquement une échogra-
phie pelvienne et un dosage du CA 125 avant le geste prophylac-
tique (tableau II).
Par ailleurs certains auteurs ont rapportés une fréquence
accrue de certaines anomalies bénignes plus fréquemment
observées sur des ovaires de patientes ayant une prédisposition
héréditaire (kystes dinclusion glandulaire, hyperplasie du
mésothélium, papillomatose de surface…(34, 35). Néanmoins,
la fréquence accrue de ces lésions et leur rôle dans la pathoge-
nèse des cancers de l’ovaire sont très discutés (36-38).
CONCLUSION
Entre 5 et 10% de tous les cancers du sein et de l’ovaire sont sup-
posés être la conséquence des gènes de prédisposition, dont 2 à
3% dus à BRCA1 et BRCA2. C’est donc une situation rare.
Le conseil génétique permet d’évaluer les risques tumoraux
des individus des familles présentant une prédisposition héré-
ditaire. Le test moléculaire offre l’avantage d’éviter aux sujets
“non porteurs” les examens de dépistage ou des gestes chirur-
gicaux non dénués de conséquences psychologiques. Pour les
femmes porteuses”, il aliore la surveillance, la chirurgie
prophylactique et favorise un diagnostic précoce.
Dans les cas une prédisposition réditaire est avérée, une
chirurgie prophylactique peut être proposée (vers 40 ans) et
permet de réduire la survenue d’un cancer ovarien dans 90 %
des cas ainsi que le risque de survenue dun cancer du sein.
Cette chirurgie prophylactique consistera en une annexectomie
prophylactique par cœlioscopie. Lhystérectomie ny sera
associée que dans les cas rares de syndrome de Lynch et/ou de
pathologie urine justifiant l’ablation de celui-ci. L’analyse
histologique rigoureuse est fondamentale car d’une part, des
cancers occultes ovariens sont retrouvés dans 2 à 5% des spé-
cimens chirurgicaux et d’autre part, les typages histologiques
et biologiques de certaines “atypies bénignes” peuvent aider à
une meilleure compréhension de l’oncogenèse des tumeurs
épithéliales malignes de l’ovaire.
R
É F É R E N C E S B I B L I O G R A P H I Q U E S
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