retrouvé toujours plus de 3 cm entre le VASC et la bandelette. La
division du nerf obturateur en branche antérieure et branche posté-
rieure s’est toujours faite dans le canal obturateur avant la sortie
dans la cuisse (Figure 7). La BPOST a constamment été retrouvée
plus interne que la branche antérieure (Figure 7). La BPOST se
trouvedonc plus proche des trajets des bandelettes (Figures 6) quel-
le que soit la technique utilisée. La distance moyenne entre TVT-O
et BPOST est de 0.9 cm contre 2.7 cm pour T.O.T.®(Tableau II).
Nous avons trouvé une fois une section de la BPOST par l’alène
TVT-O (Figure 8). Dans la technique T.O.T.®, la bandelette est tou-
jours située à plus de 2.1 cm de la BPOST (Figures 6 et 7).
DISCUSSION
L’étude anatomique comparative que nous avons réalisée sur 7 cada-
vres frais montre que le risque chirurgical concerne surtout le
VASC et la BPOST. Le VASC se situe à proximité, voire sur le tra-
jet de l’alène TVT-O à son point de sortie à la face interne de la
cuisse (Figure 1 - croix supéro-externe) alors que cela n’a pas été le
cas avec la technique T.O.T.®dont l’orifice d’entrée plus médian se
situe au bord de la branche ischio-pubienne (figure 1 croix infero-
interne). Ces considérations théoriques sont confirmées par nos dis-
sections qui ont montré une proximité dangereuse entre le trajet
TVT-O et ce pédicule, alors que la technique T.O.T.®permet d’être
àune distance de sécurité du VASC de plus de 3 cm. La lésion de
cet axe vasculaire se traduit par des hématomes, parfois importants,
pouvant fuser dans les régions génitales et dans le compartiment des
adducteurs. Des complications hémorragiques ont déjà été décrites
qui sont très probablement la conséquence d’une lésion de ce pédi-
cule vasculaire avec risque de surinfection [27]. Le point de sortie
ou de pénétration obturateur doit donc se faire à la hauteur du cli-
toris et le plus proche possible de la branche ischiopubienne.
Nos dissections ont confirmé la proximité entre le trajet de la bande-
lette TVT-O et la BPOST (0.9 cm en moyenne et une distance maxi-
male d’à peine 1.2 cm). Sur une dissection nous avons mis en éviden-
ce une section de la BPOST par l’alène (Figure 8). La lésion de la
BPOST,de type neuropraxie ou axonotmésis mais aussi neurotmésis,
entraîne des complications sensitives et motrices graves pour lesquel-
les seule une suture chirurgicale pourrait faire espérer une récupéra-
tion. Le tableau clinique est caractérisé par des douleurs ne cédant pas
au repos et par un déficit musculaire adducteur important [14]. Ce défi-
cit est partiel car l'adduction de la cuisse dépend pour 30% de l’inner-
vation sciatique, du nerf glutéal inférieur et du nerf fémoral. De plus la
partie distale du muscle grand adducteur est innervée par un rameau du
nerf tibial et le muscle pectiné par un rameau du nerf fémoral [24] ou
par un rameau accessoire du nerf pudendal, qui dans une de nos dis-
sections était lésé par la bandelette TVT-O. L’atteinte des muscles
adducteurs expose à des troubles de la marche et de la station debout et
limite le croisement du membre atteint sur le membre opposé [24]. La
technique T.O.T.
®
semble plus sure puisqu’elle permet une distance de
sécurité plus grande entre l’alène et le nerf de 2.1 cm au minimum et
de 2.7 cm en moyenne. W
HITESIDE
and W
ALTERS
[34] confirment nos
résultats en ce qui concerne la sécurité de la méthode T.O.T.
®
avec une
distance moyenne de 2.8 +/- 0.7 cm de la BPOST. Ils concluent aussi à
une marge de sécurité suffisante. D
E
L
EVAL
[7] décrit 27 cas de dou-
leurs sur 107 patientes opérées par la méthode TVT-O. Ces douleurs
sont très probablement la conséquence de la proximité de ce nerf et de
la bandelette, voire d’une lésion directe du nerf. Notre étude sur 127
poses de T.O.T.
®
[30] ne retrouve pas de syndrome douloureux au-delà
de la phase postopératoire immédiate. Des douleurs ont été aussi décri-
tes dans la série de D
ELORME
[10]. Elles sont bien moins fréquentes et
probablement en rapport avec une irritation du nerf consécutive à des
phénomènes inflammatoires de voisinage ou à un étirement du nerf
obturateur ou pudendal consécutif à la position gynécologique néces-
saire à l’intervention. Rappelons dans ce contexte l’étude prospective
de W
ARNER
[33] portant sur 991 patients subissant un acte sous anes-
thésie générale et installés en position gynécologique. Quinze neuro-
pathies sont retrouvées soit une incidence de 1,5% ou 1 cas toutes les
66 interventions. Six patients avaient une atteinte bilatérale avec des
symptômes déjà installés 4 heures après l’intervention sous forme de
paresthésies et 5 de ces atteintes touchaient le NO.Les neuropathies
obturatrices traumatiques peuvent avoir de sérieuses conséquences.. En
effet au-delà du handicap, sur le plan médicolégal, la jurisprudence
française a déjà accordé un degré d’invalidité de 2 à 5% [18] pour de
telles lésions.
Il a été reproché à T.O.T.®d’augmenter le risque de lésion vésicale
ou urétrale. La vessie se situe au-dessus du muscle releveur de l’a-
nus et la chirurgie transobturatrice de l’incontinence urinaire,
contrairement à la chirurgie transobturatrice des prolapsus, se déve-
loppe dans un espace situé entre le releveur (précisément en dessous
de celui-ci) et le muscle obturateur interne (Figure 9). La figure 10
montre que le trajet de DH en DD se situe bien en dessous du mus-
cle élévateur, dans la région périnéale quel que soit la hauteur de
J.P. Spinosa et coll., Progrès en Urologie (2005), 15, 700-706
702
Figure 3. Pose sur sujet anatomique d’une bandelette T.O.T®d’un
côté et TVT-O de l’autre.
Tableau I. Nombre de cas en fonction de la proximité entre la bande-
lette et le pédicule vasculaire pudendal externe inférieur (VASC).
TVT-O T.O.T.®
Section 1 0
Moins de 1 cm 4 0
Entre 1cm et 3 cm 1 0
Plus de 3 cm 0 6
Non retrouvée 1 1
Tableau II. Distance entre les bandelettes et la branche postérieure du
nerf obturateur (BPOST) en centimètres.
TVT
-O T.O.T.®
Distance minimum 0 2.1
Distance maximum 1.2 3.3
Distance moyenne 0.9 2.7