Le casse-tête à débuté sur un curieux mot,
échappé des pages économiques pour se fau-
ler en «une» des 20 heures. Les «subprimes»,
comme des balles à blanc tirées d’un pistolet de
starter, ont sonné le départ d’une course longue
et technique. Depuis 2007, pour comprendre le
monde, il semblerait falloir toucher sa bille en
vocabulaire, avoir à son chevet un dictionnaire
d’économie.
Car après la crise des crédits à haut risque,
l’épineuse question de la titrisation, les repor-
tages et autres documentaires se sont engouf-
frés dans les coulisses d’un univers largement
méconnu. Paisibles derrière leur poste, les
traders ont eu à orienter l’écran de leurs
ordinateurs face caméra. Déance vis à vis des
banques, imbroglio des places nancières, opa-
cité des transactions, tout, soudain, surprend et
indigne.
Or, à peine familiarisés avec les métamorphoses
lexicales des créances individuelles, les spec-
tateurs de la nance se trouvent confrontés
à un épineux débat sur la dette, la croissance
et la monnaie unique. La «crise» américaine
et ses sous-entendus ont traversé l’Atlantique
et ont pris d’assaut la tribune politique. À une
poignée de semaines de l’élection présidentielle
en France, les candidats au poste ne manquent
ainsi pas de plaider, à renfort de chiffres et de
graphiques «pédagogiques». Toutefois, occupés
à convaincre les spécialistes de l’économie du
bien fondé de leur programme, ils en oublie-
raient presque de se faire entendre
de leurs éventuels électeurs.
Ceci mériterait sans doute de s’interroger sur
la pertinence à maintenir les sciences écono-
miques et sociales au rang de discipline option-
nelle, et ce jusqu’au crépuscule du secondaire.
Elles ont sans doute, autant que les sciences
de la nature et du vivant, leur place dans un
socle commun de culture générale. Car elles
paraissent également indispensables pour com-
prendre le monde contemporain.
CultureScience.mag a donc choisi d’interroger
les chercheurs de l’Université Nice Sophia Anti-
polis sur onze mots et autant d’idées, évoqués
ces derniers mois aux heures de grande écoute.
Ces derniers se sont prêtés à l’exercice sans
chiffres et sans graphiques. En majeur partie des
économistes, mais pas seulement, ils éclairent
chacun à leur façon une crise dénitivement
multidimensionnelle.
Laurie Chiara.
Tous au
rattrapage