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CM1 du 12 Fév. 08
Clin & Psychopatho.
Chap.1 : La clinique du délire
I- Introduction à la notion du délire
Le délire se situe entre d'une part la médecine psychiatrique et d'autre part la société, l'histoire de
cette société et sa culture. Le "symptôme lire" est un problème médical, qu'il faut relativiser en
tenant compte de l'époque, du lieu... Le délire est aussi une pensée, qui prendra une orientation
suivant la position de l'observateur, en tant que symptôme ou création. Le délire prend effet dans
une notion de perte, comme reconstruction particulière d'un réel, de façon trop nette et sans ratés.
Au moment un délirant renonce à son délire, existe pour lui un risque très grand car, sans sa
reconstruction adaptée, le malade se retrouve face à un vide trop fort et contre lequel il n'a plus de
protection. Le délire est une révélation que l'on croit venir de l'extérieur mais qui est en fait
originaire de l'intérieur du sujet. Certaines personnes situeront le délire dans le non-Moi, et
d'autres le situeront partiellement dans le Moi. Les soignants "psy" de tendance analytique et les
artistes se rejoignent quand ils reconnaissent l'origine du délire dans leur Moi.
-Le lire prend son sens par rapport à d'autres unités; c'est donc un symptôme (= toute
manifestation d’une affection ou d’une maladie contribuant au diagnostique).
-Dans le rapport qu'il a avec la réalité, le malade délirant se trompe; le lire est donc aussi une
erreur.
On retrouve généralement trois stades ou phases dans le délire :
-1er stade : Déréalisation. L'Objet devient irréel, méconnaissable.
-2ème stade : Dépersonnalisation. Le sujet délirant ne se reconnaît plus ("Est-ce bien moi?").
-3ème stade : Délire. Les Autres ne reconnaissent plus la personne. S'est alors rajoutée pour le sujet
délirant, la notion de conviction.
Le soignant face au délire n’est donc plus en présence de l’anormalité du sujet mais plutôt face à
sa souffrance. Il s’emploie donc à ramener par des moyens le délire au réel quand il est vécu trop
éloigné. De cette manière, il comble un vide. Il devra ainsi donner un sens, une signification du
délire, avec ce qu'il connaît des références socio culturelles de son patient, et en ayant toujours à
l'esprit ses références personnelles, sa propre subjectivité, ses croyances d'homme ou de femme,
par delà l'infirmier, le médecin...
II- Définition du délire
Le délire se définit comme étant la perte du sens de la réalité se traduisant par un ensemble de
convictions fausses, irrationnelles, auxquelles le sujet adhère de façon inébranlable.
Autrement dit, il s’agit d’une psychose liée à une organisation psychopathologique de la
personnalité et de son rapport à la réalité, généralement durable, se manifestant par des troubles de
la perception et la production d’idées délirantes.
C’est une croyance inébranlable et irréductible en une conception fausse de la alité. Il
devient pathologique uniquement quand il y a un total désaccord avec la réalité et lorsqu’il y a un
degré d’intensité énorme de croyance, de conviction absolue et une adhésion totale de ce qui est
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dit et ce qui est cru. Le délire est une notion trans-nosographique. C'est-à-dire, qu’on le retrouve
dans pratiquement toutes les maladies mentales.
Déliré c’est déraillé, être à coté, c’est sortir du sillon de la réalité. La question est donc de savoir,
comment repère t-on le lire ? C’est un élément qui est en contradiction avec la réalité
commument admise. Quand on parle de délire, on parle de conviction absolue. Les patients qui
en souffrent sont convaincus de ce qu’ils sont en train de raconter ou vivre et personne n’arrive à
les contredire. Le rapport avec la réalité est très important car est délirant, ce qui n’a pas de
rapport avec la réalité. Sur le plan sémiologique, les délires se décrivent selon deux axes :
- Leurs thèmes ou contenus : persécution, jalousie, érotomanie, culpabilité, influence,
mégalomanie, et
- Leurs mécanismes : hallucinatoire, interprétatif, imaginatif, intuitif.
Dans un délire, il y a donc au moins un thème et un mécanisme.
A) Les Thèmes du délire
Certains délires possèdent plusieurs thèmes. Celui qui apparait le plus fréquemment est la
persécution car elle est très dérangeante. Le délire n’est pas spécifique à la psychose. On le
retrouve également dans la paranoïa et globalement à toutes les psychoses.
1) La persécution
C’est la conviction injustifiée d’être l’objet d’agression ou d’attaque et qu’on cherche à lui nuire.
Avec le délire de persécution, le sujet se sent en permanence observé, poursuivi, menacé ou
agressé. La persécution en soi n’est pas délirante car beaucoup de gens se sentent persécuter. Elle
devient délirante lorsque la personne se croit faussement persécuté. Il s’agit donc d’une croyance
pathologique d’un sujet convaincu d’être l’objet d’attaques et d’hostilités de la part de
personnes réelles ou imaginaires. Elle peut provenir de la famille, des proches, des KGB, etc. Il
faudrait donc, avoir toujours, un regard critique sur les choses racontées car il y a des délires qui
sont très cohérents.
2) La mégalomanie (ou délire de grandeur)
C’est une surestimation de soi, la certitude d’être tout puissant, supérieur, invincible, possession
des dons supra humains plus que les individus normaux. Ce sont des idées qui ne sont pas en
accord avec la réalité. Le sujet s’invente des histoires, s’approprie des pouvoirs et des
personnalités très fortes et très connues. La mégalomanie est donc une surestimation par un
sujet des ses capacités intellectuelles, physiques, sexuelles ou sociales.
Cette disposition, qui correspond à ce que les psychanalystes appellent l’hypertrophie du moi,
peut aller d’une simple surestimation de soi-même jusqu’au délire de grandeur.
3) Les thèmes ou délires passionnels
Les délires passionnelles reposent sur une passion pathologique et sont centrées sur un thème
prévalent.
On retrouve dans cette catégorie plusieurs sous thèmes :
La jalousie
Le délire de jalousie correspond à la conviction délirante que le partenaire aime une autre
personne ou le trompe. C'est-à-dire qu’il est en proie à la croyance d’être trompé par son
partenaire. Ce sentiment délirant de jalousie est permanent et envahissante. Le sujet jaloux
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soupçonne le partenaire d’entretenir des relations amoureux avec d’autres personnes et il va se
créer des preuves. Cela devient délirant lorsque l’accusateur va tenter de prouver ou faire suivre et
chercher par tous les moyens à faire avouer le ou la partenaire. C’est un délire intense qui envahi
toute la vie du sujet et peut même aller jusqu’au passage à l’acte. Il y a aussi la participation
émotionnelle des personnes sur ses suspicions.
L’érotomanie
C’est l’illusion délirante d’être aimé par quelqu’un ou une personne ayant un rang social
important. L'érotomanie est une exagération pathologique de la passion amoureuse. Elle affecte
le plus souvent une femme. Il s’agit d’un délire passionnel chronique centré sur l’illusion
délirante d’être aimée par une personne, le plus souvent inaccessible .Selon les
psychanalystes, son mécanisme repose sur un retournement du désir amoureux par déni et
projection, la formule « Je l'aime » devenant alors « Je ne l'aime pas, c'est lui qui m'aime ».
L'érotomane se croit désiré par une personne jugée de rang important (vedette, homme politique,
prêtre, médecin). Chacun des gestes de cette personne est interprété comme un signe
d'encouragement ou de mise à l'épreuve, y compris les manifestations d'indifférence ou de rejet.
Classiquement, le délire évolue en trois phases : espoir, dépit et rancune. À ce dernier stade, la
quête érotomaniaque peut tourner à la persécution de la personne visée, avec scandales et voies de
fait. L'hospitalisation, voire l'internement s'imposent alors.
La revendication
Le délire de revendication apparaît à l’occasion d’un préjudice vrai ou supposé dont le
paranoïaque se croit la victime, le sujet cherche à obtenir réparation. C’est un délire paranoïaque
caractérisé par la volonté irréductible de faire triompher une demande que la sociése
refuse à satisfaire. Ça repose sur des idées de préjudices et d’adhésion de manière fanatique à des
idées et croyances. La personne ne met plus de distance.
La culpabilité
Qu’elle soit réelle ou imaginaire, c’est un sentiment intense de faute ressenti par un sujet. La
culpabilité est un sentiment normal que l'éducation nous fait découvrir dès l’enfance en nous
apprenant ce qui est permis et ce qui est défendu. Cependant, le sentiment de culpabilité peut
avoir un caractère pathologique lorsqu’elle est diffuse, intense et permanent et surtout lorsqu’il
n’a aucun rapport avec la réalité. Il est dangereux car dans des cas extrêmes, il peut pousser le
sujet à sombrer dans le suicide.
Selon la psychanalyse, le sentiment de culpabilité pathologique aurait sa source dans un complexe
d'Œdipe mal résolu. L'enfant, partagé entre l'amour qu'il porte à son parent de même sexe et son
désir de le tuer pour prendre sa place auprès du parent de sexe opposé, peut en effet ressentir un
fort sentiment de culpabilité.
L’hypocondrie
C’est l’idée de transformation corporelle, impression de présence d’éléments étrangers dans son
corps. Cela relève d’une réelle transformation corporelle et l’impression d’être difforme. En soi
elle n’est pas délirante car beaucoup de gens se sentent souffrir de quelque chose. Elle devient
délirante lorsqu’elle se transforme en une préoccupation exagérée du sujet sur sa santé, se
traduisant par des croyances et attitudes irrationnelles vis à vis de son corps, la crainte d’avoir
une maladie grave, suivie la plupart du temps d’une relation de défi avec le médecin.
L’influence
C’est la conviction d’être contraint à penser ou agir par une force extérieure que le sujet se
déclare être possédé. Il s’agit d’une force qui contraint à faire ou accomplir quelque chose. En
général, c’est facilement repérable. Le syndrome d’influence est donc une manifestation de
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l'automatisme mental dans laquelle le sujet se croit être soumis à une force extérieure qui lui
impose des pensées, des actes et sentiments, ou qui lui vole sa pensée.
La référence
C’est la conviction délirante d’être le centre d’attention d’autrui. Ce sont des personnes qui
n’ont rien à être envié à la personne qui se sente victime. Le sujet se vit comme étant la référence
centrale des conduites d’autrui (on se moque de lui, il est regardé constamment, etc.).
Les thèmes du délire sont souvent intriqués et on a du mal à les repérer. Il faut noter donc qu’ils
sont très variés et sont surtout influencés par la culture du sujet. Parmi ces thèmes qu’on vient de
voir, les plus importants à retenir sont : la persécution, la jalousie, l’érotomanie, l’influence, le
mystique et l’hypocondriaque.
B) Les Mécanismes du délire
On va voir comment les lires sont construits et comment ils s’organisent ? On y trouve plusieurs
mécanismes dans les délires :
1) L’interprétation délirante
C’est attribué un sens erroné à des faits réels. Le sujet utilise des éléments de la réalité et leur
donne un autre sens qui entre dans le délire. C’est la modification du sens des choses. Le signe y
est présent mais le sens ne colle pas. Cela veut dire que la réalité et les faits existent bien mais le
sens qu’on donne et qu’on attribue est totalement faux. Le délire d’interprétation est d’une forme
de délire chronique systématisé reposant sur une multiplicité d'interprétations délirantes, le
plus souvent à thème de persécution. On le rencontre souvent dans la vie de tous les jours. Les
délires d’interprétations reflètent la tendance du sujet à interpréter et chercher un sens à tout ce
qu’il perçoit.
2) L’intuition délirante
Il s’agit d’une brusque prise de conscience qui ne repose sur aucune déduction, sur aucun
support objectif bien qu’elle confère à la réalité un sens nouveau qui va s’imposer au sujet avec
la force de l’évidence. Le sujet croit sans fait réel que quelque chose se passe ou va arriver.
3) L’imagination délirante
C’est un délire chronique se caractérisant par la prépondérance du mécanisme imaginatif.
C’est la conviction absolue que ce qui est imaginé est la réalité. Le sujet possède une imagination
très débordante et croit que ce qu’il a imaginé est la réalité avec un délire fantastique, avec des
détails très précises, ou mythomaniaque en devenant un personnage riche, connu ou très fort.
4) L’illusion délirante
Ce sont des perceptions réelles ou formées qui affectent tous les sens du sujet. Les illusions
sont des erreurs des sens ou de l’esprit qui fait prendre l’apparence pour la réalité.
5) Les hallucinations
Ce sont des « perceptions sans objets à percevoir » selon Henry Ey, c'est-à-dire d’une perception
d’un objet non réel. Il s’agirait, pour ce dernier, d’une réalité interne projetée hors de soi à
l’occasion d’une déstructuration de la conscience. Le sujet n’a pas la possibilité de se protéger. Il
existe plusieurs hallucinations.
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