-1- CM1 du 12 Fév. 08 Clin & Psychopatho. Chap.1 : La clinique du délire I- Introduction à la notion du délire Le délire se situe entre d'une part la médecine psychiatrique et d'autre part la société, l'histoire de cette société et sa culture. Le "symptôme délire" est un problème médical, qu'il faut relativiser en tenant compte de l'époque, du lieu... Le délire est aussi une pensée, qui prendra une orientation suivant la position de l'observateur, en tant que symptôme ou création. Le délire prend effet dans une notion de perte, comme reconstruction particulière d'un réel, de façon trop nette et sans ratés. Au moment où un délirant renonce à son délire, existe pour lui un risque très grand car, sans sa reconstruction adaptée, le malade se retrouve face à un vide trop fort et contre lequel il n'a plus de protection. Le délire est une révélation que l'on croit venir de l'extérieur mais qui est en fait originaire de l'intérieur du sujet. Certaines personnes situeront le délire dans le non-Moi, et d'autres le situeront partiellement dans le Moi. Les soignants "psy" de tendance analytique et les artistes se rejoignent quand ils reconnaissent l'origine du délire dans leur Moi. -Le délire prend son sens par rapport à d'autres unités; c'est donc un symptôme (= toute manifestation d’une affection ou d’une maladie contribuant au diagnostique). -Dans le rapport qu'il a avec la réalité, le malade délirant se trompe; le délire est donc aussi une erreur. On retrouve généralement trois stades ou phases dans le délire : -1er stade : Déréalisation. L'Objet devient irréel, méconnaissable. -2ème stade : Dépersonnalisation. Le sujet délirant ne se reconnaît plus ("Est-ce bien moi?"). -3ème stade : Délire. Les Autres ne reconnaissent plus la personne. S'est alors rajoutée pour le sujet délirant, la notion de conviction. Le soignant face au délire n’est donc plus en présence de l’anormalité du sujet mais plutôt face à sa souffrance. Il s’emploie donc à ramener par des moyens le délire au réel quand il est vécu trop éloigné. De cette manière, il comble un vide. Il devra ainsi donner un sens, une signification du délire, avec ce qu'il connaît des références socio culturelles de son patient, et en ayant toujours à l'esprit ses références personnelles, sa propre subjectivité, ses croyances d'homme ou de femme, par delà l'infirmier, le médecin... II- Définition du délire Le délire se définit comme étant la perte du sens de la réalité se traduisant par un ensemble de convictions fausses, irrationnelles, auxquelles le sujet adhère de façon inébranlable. Autrement dit, il s’agit d’une psychose liée à une organisation psychopathologique de la personnalité et de son rapport à la réalité, généralement durable, se manifestant par des troubles de la perception et la production d’idées délirantes. C’est une croyance inébranlable et irréductible en une conception fausse de la réalité. Il devient pathologique uniquement quand il y a un total désaccord avec la réalité et lorsqu’il y a un degré d’intensité énorme de croyance, de conviction absolue et une adhésion totale de ce qui est -2- dit et ce qui est cru. Le délire est une notion trans-nosographique. C'est-à-dire, qu’on le retrouve dans pratiquement toutes les maladies mentales. Déliré c’est déraillé, être à coté, c’est sortir du sillon de la réalité. La question est donc de savoir, comment repère t-on le délire ? C’est un élément qui est en contradiction avec la réalité communément admise. Quand on parle de délire, on parle de conviction absolue. Les patients qui en souffrent sont convaincus de ce qu’ils sont en train de raconter ou vivre et personne n’arrive à les contredire. Le rapport avec la réalité est très important car est délirant, ce qui n’a pas de rapport avec la réalité. Sur le plan sémiologique, les délires se décrivent selon deux axes : - Leurs thèmes ou contenus : persécution, jalousie, érotomanie, culpabilité, influence, mégalomanie, et - Leurs mécanismes : hallucinatoire, interprétatif, imaginatif, intuitif. Dans un délire, il y a donc au moins un thème et un mécanisme. A) Les Thèmes du délire Certains délires possèdent plusieurs thèmes. Celui qui apparait le plus fréquemment est la persécution car elle est très dérangeante. Le délire n’est pas spécifique à la psychose. On le retrouve également dans la paranoïa et globalement à toutes les psychoses. 1) La persécution C’est la conviction injustifiée d’être l’objet d’agression ou d’attaque et qu’on cherche à lui nuire. Avec le délire de persécution, le sujet se sent en permanence observé, poursuivi, menacé ou agressé. La persécution en soi n’est pas délirante car beaucoup de gens se sentent persécuter. Elle devient délirante lorsque la personne se croit faussement persécuté. Il s’agit donc d’une croyance pathologique d’un sujet convaincu d’être l’objet d’attaques et d’hostilités de la part de personnes réelles ou imaginaires. Elle peut provenir de la famille, des proches, des KGB, etc. Il faudrait donc, avoir toujours, un regard critique sur les choses racontées car il y a des délires qui sont très cohérents. 2) La mégalomanie (ou délire de grandeur) C’est une surestimation de soi, la certitude d’être tout puissant, supérieur, invincible, possession des dons supra humains plus que les individus normaux. Ce sont des idées qui ne sont pas en accord avec la réalité. Le sujet s’invente des histoires, s’approprie des pouvoirs et des personnalités très fortes et très connues. La mégalomanie est donc une surestimation par un sujet des ses capacités intellectuelles, physiques, sexuelles ou sociales. Cette disposition, qui correspond à ce que les psychanalystes appellent l’hypertrophie du moi, peut aller d’une simple surestimation de soi-même jusqu’au délire de grandeur. 3) Les thèmes ou délires passionnels Les délires passionnelles reposent sur une passion pathologique et sont centrées sur un thème prévalent. On retrouve dans cette catégorie plusieurs sous thèmes : √ La jalousie Le délire de jalousie correspond à la conviction délirante que le partenaire aime une autre personne ou le trompe. C'est-à-dire qu’il est en proie à la croyance d’être trompé par son partenaire. Ce sentiment délirant de jalousie est permanent et envahissante. Le sujet jaloux -3- soupçonne le partenaire d’entretenir des relations amoureux avec d’autres personnes et il va se créer des preuves. Cela devient délirant lorsque l’accusateur va tenter de prouver ou faire suivre et chercher par tous les moyens à faire avouer le ou la partenaire. C’est un délire intense qui envahi toute la vie du sujet et peut même aller jusqu’au passage à l’acte. Il y a aussi la participation émotionnelle des personnes sur ses suspicions. √ L’érotomanie C’est l’illusion délirante d’être aimé par quelqu’un ou une personne ayant un rang social important. L'érotomanie est une exagération pathologique de la passion amoureuse. Elle affecte le plus souvent une femme. Il s’agit d’un délire passionnel chronique centré sur l’illusion délirante d’être aimée par une personne, le plus souvent inaccessible .Selon les psychanalystes, son mécanisme repose sur un retournement du désir amoureux par déni et projection, la formule « Je l'aime » devenant alors « Je ne l'aime pas, c'est lui qui m'aime ». L'érotomane se croit désiré par une personne jugée de rang important (vedette, homme politique, prêtre, médecin). Chacun des gestes de cette personne est interprété comme un signe d'encouragement ou de mise à l'épreuve, y compris les manifestations d'indifférence ou de rejet. Classiquement, le délire évolue en trois phases : espoir, dépit et rancune. À ce dernier stade, la quête érotomaniaque peut tourner à la persécution de la personne visée, avec scandales et voies de fait. L'hospitalisation, voire l'internement s'imposent alors. √ La revendication Le délire de revendication apparaît à l’occasion d’un préjudice vrai ou supposé dont le paranoïaque se croit la victime, le sujet cherche à obtenir réparation. C’est un délire paranoïaque caractérisé par la volonté irréductible de faire triompher une demande que la société se refuse à satisfaire. Ça repose sur des idées de préjudices et d’adhésion de manière fanatique à des idées et croyances. La personne ne met plus de distance. √ La culpabilité Qu’elle soit réelle ou imaginaire, c’est un sentiment intense de faute ressenti par un sujet. La culpabilité est un sentiment normal que l'éducation nous fait découvrir dès l’enfance en nous apprenant ce qui est permis et ce qui est défendu. Cependant, le sentiment de culpabilité peut avoir un caractère pathologique lorsqu’elle est diffuse, intense et permanent et surtout lorsqu’il n’a aucun rapport avec la réalité. Il est dangereux car dans des cas extrêmes, il peut pousser le sujet à sombrer dans le suicide. Selon la psychanalyse, le sentiment de culpabilité pathologique aurait sa source dans un complexe d'Œdipe mal résolu. L'enfant, partagé entre l'amour qu'il porte à son parent de même sexe et son désir de le tuer pour prendre sa place auprès du parent de sexe opposé, peut en effet ressentir un fort sentiment de culpabilité. √ L’hypocondrie C’est l’idée de transformation corporelle, impression de présence d’éléments étrangers dans son corps. Cela relève d’une réelle transformation corporelle et l’impression d’être difforme. En soi elle n’est pas délirante car beaucoup de gens se sentent souffrir de quelque chose. Elle devient délirante lorsqu’elle se transforme en une préoccupation exagérée du sujet sur sa santé, se traduisant par des croyances et attitudes irrationnelles vis à vis de son corps, la crainte d’avoir une maladie grave, suivie la plupart du temps d’une relation de défi avec le médecin. √ L’influence C’est la conviction d’être contraint à penser ou agir par une force extérieure que le sujet se déclare être possédé. Il s’agit d’une force qui contraint à faire ou accomplir quelque chose. En général, c’est facilement repérable. Le syndrome d’influence est donc une manifestation de -4- l'automatisme mental dans laquelle le sujet se croit être soumis à une force extérieure qui lui impose des pensées, des actes et sentiments, ou qui lui vole sa pensée. √ La référence C’est la conviction délirante d’être le centre d’attention d’autrui. Ce sont des personnes qui n’ont rien à être envié à la personne qui se sente victime. Le sujet se vit comme étant la référence centrale des conduites d’autrui (on se moque de lui, il est regardé constamment, etc.). Les thèmes du délire sont souvent intriqués et on a du mal à les repérer. Il faut noter donc qu’ils sont très variés et sont surtout influencés par la culture du sujet. Parmi ces thèmes qu’on vient de voir, les plus importants à retenir sont : la persécution, la jalousie, l’érotomanie, l’influence, le mystique et l’hypocondriaque. B) Les Mécanismes du délire On va voir comment les délires sont construits et comment ils s’organisent ? On y trouve plusieurs mécanismes dans les délires : 1) L’interprétation délirante C’est attribué un sens erroné à des faits réels. Le sujet utilise des éléments de la réalité et leur donne un autre sens qui entre dans le délire. C’est la modification du sens des choses. Le signe y est présent mais le sens ne colle pas. Cela veut dire que la réalité et les faits existent bien mais le sens qu’on donne et qu’on attribue est totalement faux. Le délire d’interprétation est d’une forme de délire chronique systématisé reposant sur une multiplicité d'interprétations délirantes, le plus souvent à thème de persécution. On le rencontre souvent dans la vie de tous les jours. Les délires d’interprétations reflètent la tendance du sujet à interpréter et chercher un sens à tout ce qu’il perçoit. 2) L’intuition délirante Il s’agit d’une brusque prise de conscience qui ne repose sur aucune déduction, sur aucun support objectif bien qu’elle confère à la réalité un sens nouveau qui va s’imposer au sujet avec la force de l’évidence. Le sujet croit sans fait réel que quelque chose se passe ou va arriver. 3) L’imagination délirante C’est un délire chronique se caractérisant par la prépondérance du mécanisme imaginatif. C’est la conviction absolue que ce qui est imaginé est la réalité. Le sujet possède une imagination très débordante et croit que ce qu’il a imaginé est la réalité avec un délire fantastique, avec des détails très précises, ou mythomaniaque en devenant un personnage riche, connu ou très fort. 4) L’illusion délirante Ce sont des perceptions réelles ou déformées qui affectent tous les sens du sujet. Les illusions sont des erreurs des sens ou de l’esprit qui fait prendre l’apparence pour la réalité. 5) Les hallucinations Ce sont des « perceptions sans objets à percevoir » selon Henry Ey, c'est-à-dire d’une perception d’un objet non réel. Il s’agirait, pour ce dernier, d’une réalité interne projetée hors de soi à l’occasion d’une déstructuration de la conscience. Le sujet n’a pas la possibilité de se protéger. Il existe plusieurs hallucinations. -5- √ Hallucinations psychosensorielles Tous les sens peuvent être touchés. Les hallucinations auditives dominent beaucoup. Il peut y avoir des hallucinations visuelles, olfactives, tactiles (sensation de piqure, de douleur), gustatives. √ Hallucinations cénesthésiques Ce sont des sensations internes au corps. √ Hallucinations intrapsychiques Ça se passe sur les processus de pensée du sujet. Le sujet a l’impression que des voies internes le forcent à penser. Des images, des souvenirs violents, des scènes de crimes et des cris qui s’imposent à lui. Il n’y a aucun moyen de se protéger ni de s’y opposer. √ Hallucinations motrices Le sujet se sent obliger d’accomplir des actes auxquels il ne peut s’y opposer. C’est comme une sorte de téléguidage des mouvements. √ L’automatisme mental Le sujet déclare ne plus maîtriser ses pensées qui sont souvent commentées, volées ou en train d’être lues. L’automatisme mentale est un syndrome caractérisé par l’association de phénomènes psychopathologiques entraînant chez le patient le sentiment et la conviction délirante qu’il n’est plus maître de sa volonté et qu’une force étrangère et extérieure à lui agit sur lui et contrôle toute son activité psychique en dirigeant ses actes, sa pensée et ses perceptions. III- Le diagnostique du délire La présence d’un syndrome délirant n’est pas suffisante pour poser un diagnostique de psychose. Il faudrait repérer 3 éléments importants qui sont : -le degré de systématisation du délire, -l’extension du délire, et -la participation émotionnelle du sujet. Ces 3 éléments vont permettre de poser le diagnostique. A) Le degré de systématisation du délire Il va permettre de structurer la logique et l’organisation du délire. On dit que le délire est systématisé lorsque le discours est cohérent, organisé, construit et on y croit. Dans la paranoïa, le délire est systématisé et cohérent. Un délire monothématique est systématisé. Et on parle d’un délire non systématisé (= délires polymorphes) lorsqu’il y a enchevêtrements qui n’ont pas de lien logique entre le discours qui est confus. Le sujet s’embrouille dans ce qu’il dit. B) L’extension du délire Ça indique le degré d’envahissement dans la vie du sujet dans son activité délirante. On parle d’un délire en secteur lorsqu’il ne touche qu’une partie de la vie du sujet. Exemple : uniquement dans le lieu du travail. Il est dit en réseau lorsque tous les aspects de la vie du sujet sont touchés. C) La participation émotionnelle du sujet à son activité délirante C’est un facteur très important pour évaluer les risques de passage à l’acte. C’est lié à la façon dont le sujet appréhende son délire. Est-ce qu’il met un peu de distance ou il est capable d’aller -6- au-delà ? Plus le sujet adhère à son activité délirante, plus le passage à l’acte est important. Cela permet de décider s’il y a lieu hospitalisation ou non ? C’est en général lors des entretiens qu’on repère tous ces éléments délirants. Tout cela va s’opérer dans une temporalité. L’activité délirante se chronicise avec le temps. On est dans l’obligation de traiter le sujet à base des neuroleptiques pour faire cesser l’activité délirante. C’est grâce à ses molécules que le délire diminue. A noter qu’on ne guérit pas d’une psychose et les neuroleptiques (= médicament actif sur le psychisme, utilisé plus particulièrement dans le traitement des psychoses. Syn. Antipsychotique, tranquillisant majeur) maintiennent seulement une certaine adaptation du sujet au contact avec le réel. Psychiquement, les sujets en souffrent énormément. Les différents types de psychose Introduction générale La psychose est une maladie mentale, qui serait due à une défaillance narcissique constituée dès le plus jeune âge. Le sujet psychotique n’a pas pu édifier son intégrité psychique et corporelle. Le monde interne et externe et la différence entre soi et l’autre ne sont pas bien différenciés. Ainsi son mode de relation à l’autre est fusionnel. Le sujet psychotique craint à tout moment l’anéantissement et le morcellement. Tout son fonctionnement tend à l’éviter. Pour cela, il met en place un certain nombre de défenses comme le délire, qui est une autre interprétation de la réalité. Les symptômes psychotiques ne sont pas compromis entre un désir et un interdit comme dans la névrose. Ils résultent de l’émergence d’un processus primaire dans la conscience, c'est-à-dire de l’irruption d’éléments de l’inconscient dans la réalité. Définition de la psychose La psychose est une maladie mentale grave atteignant globalement la personnalité du patient et justifiant le plus souvent une prise en charge thérapeutique intensive avec parfois la nécessité d’une hospitalisation contre le gré du patient. Autrement dit, il s’agit d’un trouble mental caractérisé par une désorganisation de la personnalité, la perte du sens du réel et la transformation en délire de l'expérience vécue. Le terme de psychose reste général et s’accompagne le plus souvent d’un qualificatif précisant l’évolution (aiguë ou chronique), l’étiologie (organique, affective, etc.) ou la nature (schizophrénique, dépressive, etc.). Il a été créé par le psychiatre autrichien E.Feuchtersleben, qui l’utilisa pour la première fois dans son cours de pathologie mentale, inauguré à Vienne en 1844. I- La bouffée délirante aigu ou BDA (Chap. 2) Généralité C'est une psychose délirante aiguë, un état oniroïde (proche du rêve). L'éclosion du délire est soudaine, de manière polymorphe et transitoire. C'est donc une expérience délirante, vécue avec -7- une conviction absolue. Les hallucinations et les troubles du comportement seront là dès le début. C'est un délire variable en intensité d'un jour à l'autre. Les thèmes délirants sont enchevêtrés sans systématisation (contrairement au délire paranoïaque). Le sujet passe d'un thème à l'autre. Encore appelée les états délirants aigus, La bouffé délirante aiguë est caractérisée par une éclosion soudaine et transitoire. Elle est très polymorphe et non systématisée. Il s’agit d’un épisode délirant et/ou hallucinatoire aigu et transitoire apparaissant brutalement chez un sujet indemne de troubles psychiques patents (= évident, manifeste, connu de tous) jusque-là. L'évolution est très favorable, sauf possibilités de récidives sur le même mode ou aggravation. 1) Les débuts d’apparition de la BDA Elle s'impose au sujet comme le rêve au rêveur. Il y adhère, d'où l'intensité de ses réactions affectives. Le début est très brutal et apparaît de façon soudaine d’emblée constitué. La bouffée délirante affecte surtout des sujets jeunes présentant une certaine fragilité psychologique. On peut souvent mettre en évidence dans son éclosion un événement récent ayant une valeur de traumatisme psychique. Il s’agit des sujets jeunes, ayant parfois un terrain psychopathique ou caractériel, qui vont en général parfaitement bien et souvent à la suite d’un facteur déclenchant, il pète un câble et entre dans une phase délirante complète. Pour un accouchement par exemple, on parle d’une psychose puerpérale (= délire aigu non psychotique après l'accouchement). C'est-àdire une bouffée délirante polymorphe survenant chez une femme dans les jours suivants un accouchement, associant des éléments délirants centrés sur la naissance et la relation à son enfant à un état confuso-onirique et à des troubles thymiques. Cette psychose subaiguë fait partie de la psychopathologie du post-partum et elle est en générale curable en quelques semaines. Il y a des infanticides qui sont beaucoup liés à cette psychose. La participation émotionnelle du sujet est totale. Elle est constituée d’obnubilation de la conscience (= trouble de la vigilance). Dans le cas d’une obnubilation de la conscience, le sujet est accroché à deux pôles qui sont : -un pôle est accroché à la réalité et -un autre pôle qui est hors de la réalité. On ne sait donc pas à quel moment il est complètement lui-même puisqu’il oscille entre les deux pôles. Â tout moment, il peut être soit dans l’un soit dans l’autre pôle. Ce sont donc des sujets qui sont à cheval, détachés parfois, méditatif ou bien à l’écoute de quelque chose ou d’eux-mêmes. La BDA est globale et touche toute la personnalité. Le sujet adhère alors totalement à son délire et son état affectif retranscrit bien le ressenti. Le sujet conserve une certaine lucidité, ses propos restent compréhensibles. Ensuite la conscience se détruit et passe du côté du délire. Il y a une sorte de crise délirante qui prend le dessus sur la conscience. 2) Les signes cliniques de la BDA Le sujet est absent, dans le flou, vague, dans une attitude méditative et d’écoute. Ce sont des sujets qui se croient parfois être le jouet d’une force extérieure dont ils sont spectateurs. La méditation semble devenir fréquente et gène l’environnement. Lorsque le sujet est dans une attitude d’écoute, il ne le dit pas. Il trouve le regard des gens gênant. Il y a une sensation entre deux mondes comme si la personne est dans le cauchemar. On a l’impression qu’ils sont spectateurs de leur vie. Elle est caractérisée par le désordre de l’humeur sur des versants expansifs ou dépressifs (déprimé). Et les variations de l’humeur sont très changeantes en fonction des thèmes et mécanismes. La conscience vivra ce délire comme une expérience irrécusable, concrète et immédiate. Il y aura ainsi une adhésion absolue du sujet à son délire, avec réactions affectives, motrices, voire même médico-légales. -8- CM2 du 19 Fév. 08 Clin & Psychopatho. (Suite des signes cliniques de la BDA) Le sujet ne mange plus, ne dort plus et devient anorexique (= diminution ou arrêt de l'alimentation, par perte d'appétit ou refus de se nourrir). Il y a une altération de la santé. Le sujet n’est pas en forme. 3) Le diagnostique du BDA Pour faire le diagnostique de la bouffée délirante aigu, il faut : -un début brutal, -une association de délire polymorphe, de l’obnubilation de la conscience et de troubles de l’humeur associé. -des signes biologiques comme l’insomnie, l’anorexie, l’altération de l’état général, etc. Dans ce diagnostique, il faut écarter, toute maladie organique ou parfois certains toxiques comme le LSD qui peuvent faire délirer le sujet. Il faut chercher s’il n’y a pas de désordre neurologique, de problèmes toxicologiques comme le délirium trémens (= syndrome aigu et grave dû au sevrage brutal d'une personne souffrant d'alcoolisme chronique), des hallucinations. Le delirium trémens est un état d'agitation avec fièvre, tremblements, onirisme, provoqué par le sevrage dans certains alcoolismes chroniques. 4) Pronostique d’évolution du BDA Sous traitement neuroleptique, la bouffée délirante évoluera généralement très rapidement, bien que parfois plusieurs mois seront nécessaires pour en sortir complètement. Dans 50% des cas, la BDA va être vite guéri en quelques semaines avec le traitement. On n’arrête pas malgré tout le traitement car il y a risque de récidive. On ne peut pas dire que ça ne recommencera jamais puisqu’il reste 50% de cas de récidives. Il n’y a pas de chronicité de crise mais seulement de récidive. Ces récidives sont, la plus part du temps, dus à l’arrêt de prise de médicament de la part du patient. La BDA est inaugurale d’une schizophrénie car c’est le portail d’entrée à la schizophrénie. La stabilité de l’humeur est un mauvais élément de pronostique. Il y a aussi l’importance de l’automatisme mentale. Le fait qu’il n’y ait pas de facteur déclenchant. L’existence d’une personnalité schizoïde (= caractère marqué par le repli sur soi, avec indifférence apparente aux événements du monde extérieur) est un élément de risque. Ce terme a été introduit par le psychiatre allemand Ernst Kretschmer en 1921. Il désigne au sens large un individu s'isolant facilement de la réalité ambiante jusqu'à sembler perdre le contact avec elle ; cependant, ce détachement n'est que superficiel et masque au contraire une hypersensibilité très vive. Ce sont des sujets qui sont timides, relativement isolés socialement, peu de relation, assez solitaires, pas d’activité. Ils sont intéressés par des thèmes particuliers. La bouffée délirante guérit rapidement, théoriquement sans laisser de traces. 5) Traitement de la BDA La BDA oblige une hospitalisation en hôpital psychiatrique avec des traitements appropriés. On mettra en route une chimiothérapie à visée anxiolytique et pour faire stopper le délire. Une dose massive de neuroleptique anti-productif ou sédatif majeurs à grande rapidité d’action (comme le Barnetil). On mettra en place des entretiens, assez délicats les premiers temps. Le rôle de -9- l'infirmier sera dans une présence personnelle auprès du patient, avec une attitude cohérente et claire. On réinsère ensuite le patient pour qu’il retrouve une adaptation, avec des prises en charges sociales et globales. En générale, c’est une hospitalisation courte, environ 1 mois maxi si le sujet répond bien au traitement. II- Les psychoses chroniques (Chap. 3) En France on différencie la schizophrénie des psychoses chroniques. Encore appelés les états délirantes chroniques, ce qui est commun à cette psychose, c’est qu’elle est chronique. Il y a la notion du temps et ça doit être au moins 6 mois entre le début des troubles et le présent. Il faudrait donc au moins une période de 6 mois pour bien parler de d’état délirant chronique. Ça débute environ vers 40 ans. On ne tombe pas psychotique à 40 ans. On est psychotique depuis l’enfance mais seulement ça ne s’exprime pas. C’est un disfonctionnement des interactions précoces entre le bébé et son environnement. La psychose s’installe mais de façon latente. Puis 40 ans après, les patients décompensent et la psychose fait son apparition. Deux grands types de psychoses chroniques sont réparties selon le sexe : -la Paranoïa : généralement pour les hommes -la Paraphrénie : généralement pour les femmes 1- Paranoïa Encore appelé délire paranoïaque systématisé, la paranoïa est une psychose chronique caractérisée par un délire généralement bien construit et systématisé, s’accompagnant de troubles du jugement et de la perception mais sans détérioration intellectuelle ni atteinte des fonctions instrumentales. C’est l’une des psychoses qu’on connaît bien car ça correspond bien, en général, à la pathologie associée. Ça débute vers 40-45 ans avec un profil de personnalité très fréquente. Ce sont des personnalités appelées pré-morbide. Ce sont des gens orgueilleux, assez méfiants, relativement agressifs, psychorigides avec une fausseté du jugement, un peu dogmatique. Ce sont des sujets qui sont tout à fait adaptés et bien trempés. Chez ces sujets, il n’y a aucun trait psychotique. Et lorsque la paranoïa apparaît, alors le délire va se mettre en place. Le sujet présente alors un risque majeur de passage à l’acte. En générale le délire évolue doucement et n’est pas opérable au début. Il y a un fort degré de systématisation et de cohérence. Il n’y a que 2 mécanismes qui le spécifient : -l’interprétation délirante et -l’intuition délirante. Ces patients se sentent toujours en général bien. Ils ne sont pas en demande d’aide et se sentent toujours en forme. Il y a plusieurs formes cliniques de paranoïa : √ Délires de revendication : ce sont des sujets toujours au procès, qui ont l’impression qu’on a abusée d’eux. Ce sont des idéalistes passionnés, qui ont des idéologies mystiques, revendiquent tous les inventions. On a des revendications hypocondriaques. Ce sont des sujets en errance médicale tout le temps. C'est-à-dire qu’ils consultent tous les médecins qu’ils trouvent. √ Délires passionnelles : il y a la jalousie ou l’érotomanie. Dans la jalousie, il y a l’interprétation des preuves, de cohérence et de logique mais une fois interpréter, cela peut convaincre tout le monde car il y a des preuves à l’appui. Il va faire participer les autres aux quêtes de sa preuve pour - 10 - surveiller et fliquer le conjoint. La phase terminale est l’aveu du conjoint. Il s’agit de la torture morale et injurieuse. Mais l’aveu ne suffit pas à calme le délire paranoïaque mais il y a paiement qui suit. Pour l’érotomanie, il y a trois phases qui sont cohérentes avec des détails et des indices précis. Le sujet qui pense qu’on l’aime dénie la réalité. Il y a la phase d’espoir dans lequel le sujet est persuadé que l’autre l’aime et va le persécuter puisque ce dernier est censé l’aimer. Cette phase est généralement très courte et donne place à la phase de dépit. Et la dernière est la phase de rancune qui peut aller jusqu’à la vengeance. Il fait payer la personne supposé l’aimer. √ Délires de relations des sensitifs : encore appelé « délires de Kretschmer » (psychiatre) Paranoïa très particulière, délire en secteur qui ne se passe uniquement que dans le domaine professionnel (au travail). Le délire de relation décrit par Kretschmer se développant sur une personnalité dite « sensitive » (sujets repliés sur eux-mêmes, introvertis, peu enclins à extérioriser leurs sentiments, insatisfait à la fois d’eux-mêmes et des autres, qui ne sauraient pas reconnaître leurs mérites). Ce sont des gens très timides, avec beaucoup de scrupules. Ils vont être l’objet de malveillance. La part de réalité et du délire est très difficile à cerner. Ils vont rajouter des délires de persécution. Ils sont extrêmement dépressifs, anxieux. Il suffit juste leur faire changer de lieu de travail pour faire disparaître leur délire. Le traitement adapté est l’antidépresseur. √ Délires d’interprétation systématisée : encore appelé « folie raisonnante » Ce sont les paranoïas classiques qui s’élaborent à partir des interprétations délirantes. Il y a des interprétations toujours négatives. Le délire s’étend en réseau. Ça se termine par des hallucinations. Il y a deux interprétations possibles : -interprétations exogènes : qui se fondent sur des perceptions sensorielles externes. Les signes de l’environnement sont interprétés autrement, les signes des gens, etc. C’est ce qu’on appelle l’intentionnalité. Tous les éléments de la vie est pour eux porteur d’intentionnalité. Le sujet utilise des associations d’idées et de métaphore. -interprétation endogènes : tout se qui concerne le ressenti corporel. Le patient interprète toujours dans un sentiment d’empoisonnement pour alimenter les malveillances dont ils sont l’objet. Il y a des difficultés de prises en charges car ça provoque de la méfiance au niveau de l’équipe médicale. Ils n’accepteront pas les traitements médicamenteux sous prétexte qu’on veut les empoisonner. Conclusion sur la paranoïa : En résumer, pour la paranoïa tout est bon pour alimenter le délire. Il y a la logique, du raisonnement et de l’argumentation qui sont bien construits. Le paranoïaque a besoin qu’on le croit pour alimenter son délire. Ils veulent faire participer les autres. Les délires systématisés complets (ou paranoïaques) sont donc pris dans le caractère de la personnalité, avec cohérence et clarté. En général, le délire apparaît lentement. Dans ces formes de délires, notons le délire de revendication, avec thème de préjudice et d'injustice, d'une manière très logique et rationnelle (inventeurs, idéalistes, sinistrés...), le délire passionnel (délire érotomaniaque, de jalousie, sensitif... se présente comme un dépressif, discrètement persécutoire. C'est le délire de Kretschmer, entre paranoïa et dépression), et enfin le délire d'interprétation, avec décryptage quasi systématique de tous les signes extérieurs et intérieurs. - 11 - Les paranoïaques et les schizophrènes ont en commun une perte, un vide immense qui a été reconstruit par un délire chronique. Le paranoïaque est parvenu à reconstruire solidement et logiquement. Le schizophrène n'a pas cette maîtrise, cette logique. Caractéristiques des délires Délire Paranoïaque Interprétation et Mécanisme Thème intuition Persécution Structure Clair, cohérent Paraphrénique Paranoïde Hallucination Hallucination Fantastique Mystique, toute puissance Pauvre, flou, incompréhensible. Luxuriant : qui pousse avec abondance -Paraphrénie : psychose caractérisée par un délire imaginatif chronique, sans affaiblissement des fonctions mentales et intellectuelles. Un sujet souffrant de paraphrénie semble vivre dans deux mondes : le monde réel et celui de son délire, qu'il ne cesse d'enrichir de ses productions imaginaires. La paraphrénie peut être systématique (le malade se voit au centre de son délire), expansive (exaltation), confabulante (récits imaginaires profus) ou fantastique. Le traitement de la paraphrénie, qui peut rester très longtemps compatible avec une vie normale, est celui des délires chroniques. -Paranoïde : qui a tendance à la paranoïa, qui se croît persécuté. Le délire paranoïde se constitue essentiellement à partir d'hallucinations (automatisme mental). Les idées hypocondriaques, d'influence et de dépersonnalisation sont les plus fréquentes. Le délire paranoïde est incohérent et mal systématisé, ce qui le différencie des délires paranoïaques. Il est formulé de façon abstraite et symbolique et les néologismes le rendent progressivement impénétrable. Il est également marqué par la dissociation. - 12 - CM3 du 04 Mar. 08 Clin & Psychopatho. 2- Les psychoses hallucinatoires chroniques ou PHC Les psychoses hallucinatoires chroniques se distinguent de la paranoïa par la présence des hallucinations. C’est une spécificité mal connu dans la DSM IV. Il s'agit d'un délire chronique se développant sur une personnalité de base dite "normale", sans passé psychiatrique. Cette psychose se caractérise par des hallucinations et un automatisme mental. Le début est toujours brusque avec par exemple transmissions de pensées, sensations corporelles parasites. Elle est extrêmement délirante et les mécanismes présents sont interprétatifs, imaginatifs et hallucinatoires. Avec des thèmes polymorphismes. Les sujets ont une personnalité pré-morbide (avant la psychose) constitué d’une grande sensibilité (facilement touché), avec une réactivité au conflit. Ils présentent un isolement à gérer les conflits. Ces sujets essaient d’avoir à tout pris une bonne relation avec autrui. Ils vont être réceptifs dans la prise en charge. A) Tableau clinique La pathologie survient très brutalement mais sur des patients en général âgés. Avec d’emblée des hallucinations (visuelles, auditives, tactiles, coenesthésiques, etc.), des impressions de viols, des hallucinations motrices. La psychose hallucinatoire se manifeste cliniquement le plus souvent brutalement, sous forme de voix venant tantôt de l'extérieur, tantôt de l'intérieur du corps et tenant des propos agressifs et insultants concernant en premier chef le sujet lui-même. L'impression que la vie psychique échappe au contrôle de la volonté constitue, selon G. G. de Clérambault, le noyau de cette psychose. L'activité délirante ne s'accompagne pas de désorganisation globale de la personnalité et reste longtemps compatible avec une vie sociale normale, si bien qu'elle passe assez souvent inaperçue de l'entourage du malade. Auditivement, ils entendent souvent des voies qu’ils connaissent et leur disent des choses injurieuses. On assiste à des dialogues hallucinatoires car le sujet répond à ces voies. On a des fugues, des hallucinations motrices verbales (le sujet transforme sa voie par celle qu’il entend), des échos de la pensée, des devinements de la pensée. Il y a une possession totale du sujet qui apparait, il est complètement soumis. Face à ces situations, il est impératif d’hospitaliser le sujet. Les sujets tentent en général de se protéger contre les voies qu’ils entendent. Parfois, ça finit très mal s’il n’y a pas hospitalisation. Il faut donner des neuroleptiques pour calmer les délires. Ce délire n’est pas en secteur mais plutôt en réseau. Cette psychose est surtout marquée par l'importance et la diversité des hallucinations essentiellement auditives. A la période d'état on voit apparaître le triple automatisme : 1-automatisme idéo-verbale, annonçant les actes du sujet, 2-automatisme sensoriel et sensitif. Le corps ressent seul ces effets, et le sujet lui-même n'est qu'observateur, 3-automatisme psychomoteur, avec sursauts et gestes "obligés" par l'extérieur. A tout cela s'ajoute un vécu persécutoire. Pour poser le diagnostic, il faut trois critères : 1-présence permanente d'idées délirantes, 2-absence de désorganisation profonde de la personnalité, 3-persistance de la relation à la réalité. - 13 - B) Evolution L'évolution est bonne, bien que lente. Ça dépend beaucoup du traitement. Il faut hospitaliser le sujet. Lorsque le traitement neuroleptique fonctionne, le sujet entre dans l’ordre. On assiste à une extinction des délires le retour à la normal du sujet. Mais, il y a tout de même un risque asilaire important. Le sujet peut reprendre une vie normale. La Psychose Hallucinatoire Chronique est peu aliénante et débute vers 35 ans. Au début, le sujet doute de ses perceptions anormales, puis finit par les garder secrètes. L'entourage s'en rendra compte quand la personne ne communique plus, alors que sa vie psychique est envahie par le délire. Le malade conserve son activité intellectuelle, ses activités ménagères. De temps en temps on observera des phases aiguës, des moments féconds. 3- Les paraphrénies La paraphrénie est une psychose caractérisée par un délire imaginatif chronique, sans affaiblissement des fonctions mentales et intellectuelles. Ces sont des délires chroniques dans lesquelles, on a les thèmes de mégalomanies, de fantastiques, des mécanismes imaginatifs. C’est un délire très riche, il y a beaucoup d’imaginations de la part du sujet. Il y croit et reconstruit son propre histoire. Le délire est très peu systématisé, incohérent, illogique. A) Tableau clinique Un sujet souffrant de paraphrénie semble vivre dans deux mondes : le monde réel et celui de son délire, qu'il ne cesse d'enrichir de ses productions imaginaires. C’est un sujet qui a une grande inventivité des mots, avec des néologismes pertinents, des écholalies. Il possède un langage qui est propre à lui. Ce sont des sujets qui ne font pas peur. Elle débute rarement avant 40 ans. Ils arrivent à lier leur délire avec des créativités. Ils s’adaptent bien à l’environnement et au réel. Les capacités intellectuelles sont bien maintenues. La paraphrénie peut être systématique (le malade se voit au centre de son délire), expansive (exaltation), confabulante (récits imaginaires profus) ou fantastique. On repère deux formes cliniques : -la paraphrénie confabulante : les créations imaginatives sont reliées entre elles et permettent au sujet de se construire une personnalité différente. Le sujet prend en compte se qu’il entend et les intègre à ce qu’il raconte. Il utilise toutes les histoires qu’on connaît (sur les films, les héritages, etc.) pour fabriquer un personnage à la hauteur de tout. -la paraphrénie fantastique : le délire est beaucoup moins systématisé avec exaltation de l’humeur. Le sujet est très exalté, très heureux, luxuriant. Il n’y a pas de mise en danger d’autrui ni de lui-même. On y trouve des fantasmes de toutes couleurs. Tout ce qui est de l’ordre spatiotemporels disparait. Ils peuvent être partout, le monde devient sans contraint. Il n’y a plus de lois physiques. Ils ont une bonne adaptation, donc pas besoin de les hospitaliser. Il y a une espèce d’aller-retour avec le délire et le monde adapté. B) Evolution du traitement Le traitement de la paraphrénie, qui peut rester très longtemps compatible avec une vie normale, est celui des délires chroniques. On peut utiliser des neuroleptiques mais pas besoin nécessaire d’hospitalisation. Par contre, l’aspect schizophrénique conduit souvent à un aspect déficitaire. - 14 - III- Les schizophrénies (chap.4) Le terme de schizophrénie désigne une psychose chronique caractérisée par une dissociation, une déstructuration, de la personnalité. Le terme, qui signifie littéralement « esprit coupé en deux », a été inventé par le Suisse Bleuler. C’est une psychose délirante chronique caractérisée par une discordance de la pensée, de la vie émotionnelle et du rapport au monde extérieur. Les schizophrénies ont en commun trois types de troubles qui sont : -la discordance ou dissociation : défaut d’harmonie entre la pensée ou les sentiments et leur expression, entraînant une incohérence des symptômes de la maladie mentale, en l’occurrence la schizophrénie, dont elle est le trouble fondamental. -le délire : c’est un relâchement des processus de la pensée, une dislocation de la vie psychique tant dans la sphère cognitive qu’affective. Elle atteint le dynamisme vital, la vie relationnelle et l’appréhension du réel. -l’autisme : repliement sur son monde intérieur du sujet qui refuse le contact avec le monde extérieur. La spécificité de la schizophrénie est surtout la présence du trouble de la relation affective. Mais ce n’est pas facile à repérer. C’est le syndrome de discordance qui donne son nom à la schizophrénie car elle signifie, « l’esprit coupé en deux ». Cette discordance va engendrer un dynamisme vital du patient, la vie relationnelle et l’appréhension du réel. Cette schizophrénie va créer l’étiologie de la vie mentale et fait plus de débats sur lequel, on n’est pas d’accord (entre neurologues, psychologues). On avance une hypothèse d’un gène muté qui serait défaillant et qui provoque la schizophrénie. Certains psychologues pensent que c’est une altération de la communication chez l’enfant. Il s’agit d’une forme de communication paradoxale. C'est-à-dire demander tout et son contraire en même temps. Ce sont des injonctions paradoxales dans laquelle, l’enfant ne sait plus quoi faire ni comment choisir. Ex : demander à son enfant d’être spontané et s’étonner par la suite des résultats. Il y a un dysfonctionnement paradoxal des interactions précoces. La schizophrénie est présente dans toutes les civilisations. C’est une maladie multiculturelle et elle touche autant les hommes que les femmes dans une proportion égale. Elle apparaît très tôt dans la vie. C’est la plus jeune (entre 15-35 ans). D’après les sociologues, on a une présence fréquente dans des couches sociales très défavorisée qui s’explique par l’isolement sociale et où il y a manque de besoins affectifs importants. Il y a plus de risques de manifestations schizophréniques dans ces populations mais il ne s’agit pas d’un facteur déclenchant. 1. Description du syndrome schizophrénique C’est un trouble qui associe discordance, des incohérences idéo-verbales, de l’ambivalence, de l’autisme, du délire et de profonde perturbations affectives. Tout cela en rapport avec l’étrangeté des sentiments. C’est trouble mal systématisé entraînant une profonde perturbation affective dans le sens du détachement et de l’étrangeté des sentiments. C’est une pathologie accès complexe. La perturbation affective est l’élément clinique très important dans ce syndrome schizophrénique. Le sujet va se détacher de tout ce qu’il aimait antérieurement. Il y a une phase de début et une phase d’état. A) Sémiologie des formes de début Le début est très polymorphe et se présente entre 15-30 ans. Donc il est difficile à repérer en phase initiale. On retrouve plusieurs formes de début : - 15 - -1ère forme : forme progressive et insidieuse Elle peut être liée à une aggravation possible d’un état de personnalité schizo-typique. Elle ne se différencie pas de la crise d’adolescence. C’est la forme la plus difficile à diagnostiquer. Elle est caractérisée par plusieurs points. On repère un fléchissement de l’activité avec une sensation de fatigue, de l’étrangeté, de perplexité, une baisse de rendement au niveau du travail, de l’apathie (= fait de rester sans élan ni désire, passivité, inertie), de la négligence corporelle (se lave moins, voir pas du tout), de l’apragmatisme (perte de l’élan vitale) qui est un trouble d’origine psychique se traduisant par l’incapacité de réaliser une action, plus de spontanéité. Ce trouble grave de l’activité volontaire conduit souvent un schizophrène apragmatique à une désinsertion sociale et professionnelle progressive pouvant aller jusqu’à l’institutionnalisation définitive en milieu hospitalier, ou à la clochardisation. On a une modification de l’affectivité avec de l’athymhormie (= être indifférent à la joie, au peine, aucune manifestation émotionnelle, il s’agit d’un état d'indifférence affective apparente d'un schizophrène), des manifestations imprévisibles (saute au coup) d’amour puis d’agressivité. Des hostilités envers les proches (les familles ne sont plus fréquentables) avec un refus des contacts sociaux. Il y a un retrait social très important, le sujet ne veut plus voir ses amis. Il y a un apragmatisme sexuel important, ne va plus à la rencontre sexuel, renoncement des activités appréciés auparavant. La modification du caractère : le sujet change, devient rêveur, se met facilement agressif ou encolère. Tous ces éléments relèvent de l’adolescence, donc difficile à diagnostiquer. -2ème forme : forme pseudo-névrotique Le sujet met en place une couverture pseudo-névrotique qui peut évoquer la schizophrénie. Ça ressemble aux traits névrotiques : de l’hystérie, une obsession, lutte anxieuse, des rituels de lavage, des vérifications importantes, etc. En plus de ces symptômes, l’élément qui aide au diagnostique est le manque de recul du sujet. Chez l’hystérique, on observe de grandes crises avec des syndromes de conversions, des troubles alimentaires, de maniérismes dans les façons de faire. On repère des préoccupations corporelles de type dysmorphophobique. C’est un symptôme purement psychotique. Le corps se transforme de manière irréelle avec des plaintes hypocondriaques, d’empoisonnement, de grossesse. On a des signes du miroir qui sont très visibles. Ils ne se regardent plus dans le miroir comme tout le monde mais le font pour voir s’il n’y a pas de transformation ou de changements corporels. Le sujet est envahi par des activités délirantes avec des phénomènes hallucinatoires, des automatismes de la pensée (impression que n’importe qui peut lui voler ses pensées), des impressions d’être possédé par une force. Le sujet est plus dans l’abstraction, s’accroche à des éléments de la réalité. Il est souvent dans une attitude d’écoute. Rien ne permet de diagnostiquer de façon précise cette schizophrénie. - 16 - CM4 du 11 Mar. 08 Clin & Psychopatho. Autres options d’entrée dans la schizophrénie : √ Entrée brutal par épisode aigu : Elle est marquée par un épisode aigu comme dans la bouffée délirante aigüe, la présence d’automatisme mentale, la présence d’idées délirante et abstraite, la profondeur de la dépersonnalisation, l’émergence de l’angoisse de morcellement qui est un signe psychotique. Le fait qu’il n’y ait pas de facteurs déclenchant, la guérison n’apparaît pas. Tous ces éléments évoquent l’entrée dans la schizophrénie. √ Entrée par état d’excitation maniaque : Il s’agit d’un état d’exaltation psychique, être très excité, euphorique avec des éléments de discordance. Il y a une variabilité de l’humeur. Le sujet passe très vite d’un état maniaque à un pôle dépressive. On a la présence du négativisme, refus de contact sociaux. C’est la négation de l’autre. √ Entrée par état dépressive atypique : La culpabilité a pour thème la sexualité. Beaucoup de stéréotypie (mouvement répétés à l’infini), mise en place d’automutilations, brulures, d’idées délirantes de persécution etc. √ Entrée par état confuso-onirique : Le sujet est complètement confus au niveau spatio-temporel, mentalement et dans laquelle le rêve est très important. C’est aussi un état de veille réveillé. √ Entrée par état catatonique brutale : Le sujet est dans une posture complètement mobile ou rigide comme une statuette. C’est le pire des schizophrénies car il s’agit d’un état déficitaire. √ Forme mono-symptomatique : Les sujets vont mettre en place un seul symptôme, un seul trouble du comportement lié à la conduite. Il s’agit d’une crise agressive qui peut aller jusqu’au parricide ou à l’infanticide. On y trouve des dévergondages sexuels importants : il n’y a pas de facteurs qui les obligent ; des tentatives de suicide, de l’autocastration, de l’excentricité brutale, des fous rire ou pleure immotivée (très étrange ou qui ne font pas rire). C’est mono-symptomatique car il n’y a en générale qu’un seul type de symptôme qui est interne. Tous ces éléments ne sont pas précurseurs (annonciateur) d’une schizophrénie. Il faut noter que les débuts de la schizophrénie sont très peu repérables facilement par manque de réalité et ça peut durer jusqu’à 6 mois. Pour cela, il faut : -Rechercher des antécédents psychiatriques familiaux, -Mener des enquêtes anamnestiques, -Faire des évaluations complémentaires sur la structure du patient. - 17 - B) Sémiologie de la période d’état Pour la sémiologie de la période d’état, il faut arriver à au moins 6 mois On va opposer deux formes de symptômes : -symptôme négatif ou déficitaires liés au syndrome de discordance qu’on oppose au, -symptôme positif ou productif qui est de l’ordre du délire paranoïde. 1) Le syndrome discordant ou dissociatif Qu’est-ce qu’un syndrome dissociatif, discordant ou encore une dissociation ? Ça se manifeste par plusieurs troubles comme : √ Les troubles du court de la pensée : Il peut y avoir conservation de l’intelligence mais il y a perturbation en efficacité. La pensée s’embrouille, désordonnée et patine beaucoup. Le sujet n’arrive pas aller au bout de sa pensée. Il y a des bizarreries dans la pensée, des associations dans la pensée qui sont contaminées. On observe aussi des barrages, des symptômes pathognomoniques (qui spécifient à lui seul la pathologie). Il y a une suspension de la pensée. Le sujet s’arrête dans son discours puis reprend sur un autre sujet sans s’en rend pas compte. √ Les troubles du langage : Ils sont liés aux troubles de la pensée. Le langage est perturbé de plusieurs manières. Le discours perd l’établissement de contact avec l’autre. Il se traduit par un monologue dans lequel le sujet se parle à lui-même et l’autre n’existe plus. La phonétique est atteinte avec un défaut d’intentionnalité. L’intonation et le rythme n‘est plus adéquate. L’articulation est aussi perturbée avec apparition de néologisme. La sémantique est beaucoup perturbée, prend un mot pour un autre. On a beaucoup d’utilisation de métaphores, des modifications de sens. Les productions graphiques changent et se modifient. L’écriture se modifie en devenant complètement illisible ou très large. Lorsque le langage devient incompréhensible, on parle de la schizophasie (= langage pathologique fait de néologisme et de mots déformés, sans le respect de la structure grammaticale ou syntaxique, totalement incompréhensible pour l’entourage). √ L’altération du système logique : Tout ce qui est de l’ordre de mathématique, raisonnement est perturbé. Beaucoup d’utilisation de symboles. Chaque schizophrène possède son propre monde et langage unique. Les sujets sont hermétiques, on n’a plus accès à leur monde. Ils ne comprennent plus les codes sociaux. √ Désorganisation de la vie affective : Elle s’organise par de l’ambivalence affective. Le sujet passe d’amour à la haine qui ne relève de rien. Il n’a plus conscience de ces deux notions. Il peut passer d’amour et de joie sans contrôle ni rapport. La vie affective ressemble à une apparence, le sujet n’est plus capable d’aimer. Ça peut aller jusqu’au repli autistique, ne communique plus, plus de pénétration possible dans leur univers. Il y a perte totale avec le réel qui devient seul au monde. √ La discordance psychomotrice : Elle peut aller jusqu’à la catatonie (= trouble du fonctionnement psychomoteur caractérisé par une perte de l'initiative motrice cohérente). Ça se manifeste par les paramimies (sourire discordant sans raison, grimace qui ne correspond pas à l’environnement). On a aussi les échomimies (= imitation de l’autre), l’écholalie (= trouble du langage qui consiste à répéter de manière - 18 - systématique les derniers mots entendus), l’échopraxie (= l’imitation des gestes), le négativisme, la catalepsie (= perte soudaine d’initiative motrice accompagnée généralement d’une diminution de la force musculaire et d’un besoins de dormir, perte de l’élan vitale), de stéréotypies (= répétition d'une attitude, d'un geste, d'un acte ou d'une parole, sans but intelligible), impulsions verbales et gestuelles. √ Dépersonnalisation : C’est une perte, par un sujet, du sentiment de sa propre réalité physique et mentale. Il s’agit de sentiment de morcellement corporel. C’est l’impression de tomber en morceau, rien n’est relié. Il y a un sentiment de dévitalisation à l’intérieur de soi, c’est un corps désincarné, perte de sentiment d’individu, de la conscience de soi. La dépersonnalisation est souvent précédée ou accompagnée d'une déréalisation (= sentiment d'étrangeté du monde extérieur). C'est un trouble psychoaffectif pénible, difficile à exprimer par le sujet, qui « se sent drôle, différent ». 2) Le syndrome délirant Dans la schizophrénie (syn. psychose dissociative), on parle de délire paranoïde (composée d’hallucinations et d’automatisme mentale). Le schizophrène vit une expérience angoissant, d’étrangeté, composée d’interprétation, d’hallucination, d’intuition, sensation de métamorphose corporelle. Beaucoup de persécutions sans cohérence logique. C’est un délire autistique qui n’a aucun sens. Il s’agit d’un délire extrêmement angoissant. - 19 - CM5 du 18 Mar. 08 Clin & Psychopatho. La schizophrénie est une pathologie de la personnalité. On aura une déstructuration du système de la personnalité, amenant une incohérence à la fois mentale et au niveau des conduites. La vie psychique perd son unité, sa stabilité pour aboutir à la dissociation (syndrome dissociatif). On aura également une altération des capacités associatives. La pensée du schizophrène ("Être humain s'étant construit un système de relation à l'Autre de type schizophrénique") est définie comme autistique, sans référence aux Autres, coupée de tout contact avec la réalité. Le contenu de la pensée autistique est fait d'expressions symboliques des complexes inconscients : le délire. Le délire est un processus secondaire à la désintégration de la vie psychique. On trouvera donc de ce fait dans la schizophrénie deux choses : -syndrome dissociatif : processus primaire -délire : processus secondaire. Le schizophrène ne construit pas son monde en relation avec les Autres. Sa pensée se replie sur elle-même et se nourrit des complexes inconscients, au lieu de se nourrir des échanges relationnels. L'école française de psychiatrie ajoute à cette définition la notion d'évolution chronique, et de trouble profond de l'affectivité, de l'ordre de l'indifférence, de l'apathie, des sentiments paradoxaux, entraînant un affaiblissement de l'intelligence. L'aboutissement d'une évolution schizophrénique s'apparente à la démence. Ainsi se distinguent la paranoïa, la bouffée délirante, la psychose hallucinatoire chronique, que les anglo-saxons englobent dans les troubles de la personnalité. On peut caractériser la schizophrénie par ces 5 notions : -Ambivalence, -Autisme, -Idées délirantes, -Perturbations affectives, -Etrangeté. 2) Formes cliniques de la schizophrénie -1ère forme clinique : schizophrénie paranoïde Cette forme associe le syndrome discordant et les symptômes délirants dont le thème principal est la persécution. Le délire n’est pas systématisé, pas de lien. Cette schizophrénie évolue par poussée de crises malgré les traitements. La position schizo-paranoïde est un type particulier de relations se limitant à des objets partiels, caractéristique des trois premiers mois de la vie, où dominent les processus de clivage et des angoisses de persécution. -2ème forme : schizophrénie hébéphrénique ou hébéphrénie (ou démence précoce) Survient chez le sujet jeune, marqué d'indifférence, de puérilité. Relations très capricieuses. Il s’agit d’une forme sévère de schizophrénie, touchant principalement les adolescents et marquée par la prédominance de la dissociation. L’évolution est souvent déficitaire. Ça démarre progressivement et de manière insidieuse avec un apragmatisme. Il peut y avoir un versant pseudo-névrotique. C’est très difficile à diagnostiquer au début. L’intensité de pragmatisme aide - 20 - beaucoup au diagnostique. On retrouve une pauvreté ou absence du délire en période d’état, avec une apathie, des comportements régressives, une clinophilie (= fait de rester souvent coucher en dehors des périodes normales de sommeil) très importante, une discordance dans toutes les aspects de la vie : discordance psychomotrice, trouble du discours, etc. Le sujet va avoir un aspect déficitaire ou démentiel qui nécessite une hospitalisation. -3ème forme : schizophrénie hébéphréno-catatonique C’est dominé par un syndrome de discordance psychomotrice. Ce sont des sujets qu’on ne peut pas bouger, qui ne peuvent se nourrir tout seul, souvent immobiles ou hyperkinétiques (= trouble du développement qui associe une hyperactivité motrice à un comportement impulsif et à un trouble de l'attention. Syn. : instabilité psychomotrice, syndrome de l'enfant hyperactif). Ça évoque la catalepsie (= perte d’initiative motrice et de l’élan vital), avec des stéréotypies gestuelles très importantes accompagnées de maniérisme (= fait d’accentuer la gestualité). C’est la forme la plus rare qui nécessite une hospitalisation. -4ème forme : schizophrénie simple La personne est en retrait, solitaire. Grande indifférence à l'égard de la vie (la sienne comme celle des autres). Elle est peu repérable. Ce serait une forme de début tout le temps, peu de symptômes manifestant. C’est une schizophrénie très légère. Il n’y a quasiment pas de syndrome délirant. Il y a une difficulté à diagnostiquer ces sujets. Il pourrait restait comme ça adapté plusieurs années. Elle est marquée pour la diagnostique par une perte d’intérêt, des activités aimées, baisses du rendement scolaire ou du travail. Une conduite affective accès paradoxale ou avec froideur. Une bizarrerie du comportement, avec replis social, quelque fois une activité délirante à minima. On a de léger trouble de la personnalité et une vie qui va se ritualiser : une certaine rigidité avec les mêmes gestes, que les choses restent au même endroit, avec une absence d’investissement dans l’avenir. -5ème forme : schizophrénie de type pseudo-névrotique Vers 18-20 ans apparaît un signe névrotique, défense ultime avant l'envahissement psychotique (phobie, hystérie, comportement obsessionnel...).On note ainsi au commencement, des caractères hystériques, ou des formes obsessionnelles, de névroses d'angoisse. Il y a des symptômes pseudonévrotiques. Il y a une étrangeté, des rituels suivi des obsessions. Il y a un polymorphisme, pas d’angoisse, ce qui est bizarre. Le schizophrène n’a pas la conscience de ses symptômes. On notera néanmoins parfois des symptômes de dépersonnalisation, des délires d'influence, de la bizarrerie ou des expériences de morcellement, en fait tout ce qui rappelle la psychose. -6ème forme : schizophrénie pseudo-psychopathique ou héboïdophrénie La symptomatologie est marquée par des troubles de conduites, comportements antisociaux, excentriques. Ce qui aide au diagnostique, c’est que les sujets ont une bizarrerie dans le comportement, au niveau de l’affectivité. L’héboïdophrénie est un état pathologique caractérisé par la prédominance des comportements antisociaux violents et impulsifs sur un fond fait d'apathie, d'émoussement de l'affectivité, et d'activités stéréotypées. L'héboïdophrénie n'est pas toujours facile à distinguer de la psychopathie. Cependant, l'héboïdophrène n'a pas eu d'histoire particulière, pas d'abandon et les comportements apparaîtront chez lui de manière relativement soudaine. - 21 - -7ème forme : schizophrénie dysthymique (= tout trouble de l'humeur, de la tonalité affective) Les troubles de l’humeur sont importants, soit sur le versant dépressif ou maniaque avec une personnalité qui pourrait être adaptée entre ces deux pôles. Ce qui aide au diagnostique, c’est la symptomatologie discordante qui accompagne les épisodes dépressifs. La question est : est-ce que le sujet souffre d’une schizophrénie ou de la PMD ? Le trouble de l’humeur est uniquement dans le versant dépressif. Il y a des épisodes atypiques, des états maniaques bizarres, des épisodes dépressifs bizarres. Cette schizophrénique est un meilleur pronostique pour le diagnostique car le traitement est moins lourd. Il y a un déterminisme familial et héréditaire. -8ème forme : la forme résiduelle ou terminale non traitée C’est la forme qui la plus déficitaire. Ce sont des patients qui souffrent de schizophrénie depuis de longues années. Ce sont des sujets qui ne sont plus adaptés à la vie sociale et restent internés à vie dans les hôpitaux psychiatriques. Il existe des sujets qui sont très nus pour risque de suicide. On a une évolution vers la désagrégation profonde, vers une vie végétative, une dégradation généralisée. Incohérence idéo-verbale. On note une grande fréquence de mortalité (15 à 20%). Le rôle de l'infirmier est de donner des repères aux schizophrènes: Ces derniers cherchent des modèles pour combler leurs vides psychiques. Le délire va devenir progressivement de l'affabulation pauvre, stéréotypée. Les hallucinations sont remplacées par le soliloque (= rumination mentale dans lequel le sujet entretient avec lui même). 3) Evolution de la schizophrénie C’est une évolution imprévisible pour chaque patient. C’est une maladie chronique et on ne guérira jamais. Ça se manifeste de différentes façons : la plus classique est vers une évolution déficitaire. Cette progression peut être lente ou très rapide. On aussi une évolution par période ou par phase. C'est-à-dire qu’il y a des moments où le sujet va être stable et puis des moments où apparaissent des crises. L’apparition des crises peut être due à l’arrêt du traitement par le sujet. Si le traitement est mal pris, on appelle cela de la non compliance. Certaines schizophrénies arrivent à maintenir une stabilité durant toute leur vie. Ils sont sous traitement. Il y a des variations individuelles, plusieurs possibilités. Ce qui est important est la prise en charge. La tolérance au traitement aide beaucoup l’évolution. 4) Prise en charge de la schizophrénie Elle est essentiellement chimiothérapique à base de neuroleptiques : neuroleptique antidélirant, neuroleptique sédatif ou neuroleptique désinhibiteur. On peut donner aussi des antidépresseurs, des anxiolytiques contre l’angoisse, etc. On fera une prise en charge psychologique qui repose sur le langage verbal avec une thérapie familiale et pour la fratrie car les familles en souffrent beaucoup. Il y a beaucoup de culpabilité s’il n’y a pas de prise en charge. Il y a la honte et beaucoup de sentiments qui s’y rattachent. On prend des mesures sociothérapeutiques avec de mesures occupationnelles : de l’art thérapie, peinture, sculpture, théâtre, etc. pour éviter que le sujet n’aille dans le monde autistique ou dans son délire. On met en place des mesures transitoires, les écouter beaucoup. Il faut un suivi très soutenu et une homéostasie. 5) Les hypothèses étiologiques de la schizophrénie Il y a beaucoup de débats sur l’origine de la schizophrénie car il n’y a pas qu’une seule origine. L’origine des psychoses est certainement multifactorielle. Une prédisposition ou une vulnérabilité génétique ont été prouvées. Par ailleurs, les différentes écoles en psychologie apportent une - 22 - interprétation aux psychoses. Les cliniciens privilégient les dysfonctionnements des interactions précoces. Et d’autres privilégient l’aspect neurologique. D’autres encore privilégient la génétique en mettant en avant une gène mutée qui est responsable de cette maladie. Il y a n’en qui privilégient l’aspect paradoxale du langage. Il y aurait aussi un lien entre la dopamine et la sérotonine. Ce qui est sûr, c’est que l’école systémique de Palo Alto aux Etats-Unis soutient que le système familial envoie des messages paradoxaux aux enfants qui sont alors pris dans un mode pensée contradictoire où ils ne peuvent jamais satisfaire les demandes. Le courant psychodynamique, issu de la psychanalyse, propose une hypothèse explicative. Au plus jeune âge de la vie, la différenciation entre soi et l’autre n’a pas pu s’établir, de sorte que le sujet se ressent comme fusionné avec l’autre. De même, il ne vit pas son corps comme un tout unifié, mais comme morcelé. Cette hypothèse provient du discours des patients psychotiques et de leur observation. IV- La PMD ou Psychose Maniaco-Dépressive (Chap.5) Le problème de base de la psychose maniaco-dépressive (ou PMD) est la thymie, avec variations de l'humeur. On note une alternance de phases d'exaltation (manie) et de phases de dépression (mélancolie). Sans traitement, l'épisode maniaque peut durer jusqu'à 6 mois, puis arrive l'épisode mélancolique, avec inhibition psycho motrice, douleur morale et risque suicidaire. C'est à ce stade que le risque est le plus grand. C'est la forme typique de PMD, dite "bipolaire". On rencontre aussi la forme unipolaire, avec accès mélancoliques peu durables et retour à la vie normale, de manière périodique. La PMD est une maladie cyclique oscillant entre des phases dépressives allant jusqu’à la mélancolie et des phases d’excitations dites « maniaques ». Cette psychose se manifeste en général à partir de 30-40 ans. Elle se manifeste essentiellement par un trouble de l’humeur. L’humeur est une disposition affective fondamentale riche de toutes les instances émotionnelles et instinctives qui donne à chacun de nos états d’âme une tonalité agréable ou désagréable oscillant entre les deux pôles extrêmes du plaisir et de la douleur. Il y a une variation extrême entre le pôle le plus dépressif qui est la mélancolie et le pôle d’exaltation euphorique qui est la manie. Notre humeur est congruente à l’environnement. C'est-àdire qu’elle s’adapte parfaitement avec l’environnement. Autrement dit, il y a des raisons pour être triste ou gai. Notre histoire est empreinte de tout un tas d’émotions. La manifestation de l’humeur est complètement individuelle. Il n’y a pas de jugement à apporter. On va parler de deux troubles de l’humeur ou des troubles thymiques : -l’hyperthymie : intensité émotionnelle et une variabilité importante des pôles. -l’hypothymie : émoussement affectif, le sujet ne semble plus éprouver d’émotion. Le sujet n’est pas syntone à l’ambiance, congruent avec l’environnement. Le sujet passe périodiquement par des crises de manie ou de mélancolie (dépression grave), entrecoupées de phases de normalité avec reprise des relations et activités habituelles. L'accès se traduit à la fois sur les plans psychique et physique : humeur triste ou euphorique, idées délirantes, troubles du comportement alimentaire et du poids, insomnie et, surtout, tendance suicidaire en phase mélancolique. - 23 - 1) Tableau clinique de la PMD Dans le DSM-IV, on a une bonne description de la symptomatologie sauf que les anglo-saxons n’ont pas la même nosographie que les français. La PMD est une perturbation de l’humeur sous deux aspects : Manie Courbe de l’humeur -PMD bipolaire : pôle Mélancolique et Maniaque. -PMD unipolaire : pôle Mélancolique uniquement. Mélancolie Il n’existe pas de PMD unipolaire sur le versant maniaque, elle est présente que sur le versant mélancolique. √ Mélancolie Dans le langage courant, c’est de la nostalgie. En psychiatrie, c’est une dépression extrêmement sévère et intense, avec un risque vital très important. C’est une dépression majeure, avec des idées délirantes de culpabilité, de dévalorisation. C’est une maladie grave qui conduit certains individus au suicide. Elle se traduit par un état de dépression intense vécu avec un sentiment de douleur morale, et caractérisé par le ralentissement et l'inhibition des fonctions psychiques et psychomotrices. Cette dépression profonde de l'humeur est marquée par : -Une inhibition psychomotrice (perte de l'initiative, ralentissement psychomoteur, parfois état de stupeur...), -Une douleur morale intense avec désespoir, anxiété majeure et auto dépréciation, -Des idées délirantes sur le thème de l'indignité, de la culpabilité, de la ruine, -Un risque suicidaire élevé. La mélancolie est un versant grave de la dépression. Elle s'inscrit de ce fait dans la PMD. C'est alors l'opposé de la manie. √ Manie Dans le langage courant, elle a deux aspects : faire de ménages tout le temps et le maniaque sexuel. En psychiatrie, il s’agit d’une exaltation ou euphorie de l’humeur. Les phases maniaques sont des phases de grandes excitations au cours desquelles le patient présente une énergie débordante, une infatigabilité, des troubles du sommeil et un discours délirant. La PMD bipolaire est majoritairement masculine alors que la PMD unipolaire est plutôt féminine. Elle arrive vers 40 ans pour la PMD bipolaire et 50 ans pour la PMD unipolaire. Les patients maniaco-dépressifs suivent un traitement médicamenteux quotidien, même pendant les phases de rémission. - 24 - CM6 du 25 Mar. 08 Clin & Psychopatho. A) La mélancolie Il s’agit d’un état dépressif particulièrement sévère, caractérisée par une douleur morale intense, avec sentiments de culpabilités et d’autodépréciations, une grande tristesse, un ralentissement psychomoteur allant parfois jusqu’à la stupeur et une anxiété majeure s’accompagnant souvent d’insomnie et de troubles digestifs. La mélancolie est présente dans les deux phases (unipolaire et bipolaire). La mélancolie survient sans cause déclenchante. Elle est caractérisée par une douleur morale très intense et toujours liée à l’autoaccusation et la culpabilité. Les sujets se sentent réellement coupable et s’accusent de tous les mots. C’est ce qui revient sans cesse. On a de l’anorexie. Les sujets ne se suicident pas en générale mais sont très affaiblis, présentent beaucoup de troubles de l’endormissement car ils dorment peu. Le désir de mort est présent. Ils se sentent en phase terminale de la vie ou au fond d’un trou. 1) Signes Cliniques La mélancolie représente la forme majeure des états dépressifs. Qu'elle soit réactionnelle à un événement ou d'apparence spontanée, elle s'installe progressivement sur plusieurs semaines. Il n'existe généralement aucun rapport compréhensible entre les symptômes mélancoliques et la situation familiale ou sociale du patient. Cependant, un événement psychologique émotionnel a pu jouer le rôle de facteur déclenchant. 2) Formes de début de l’accès mélancolique Le début de l’accès mélancolique peut être soit progressif ou brutal : -Début progressif : le début est habituellement progressif et insidieux. Pendant quelques semaines le malade se sent envahi par le découragement, l'insécurité. Il devient sombre, pessimiste, morose, sans élan. Son humeur est triste. La fatigue et un malaise général lui font cesser ses activités sociales, professionnelles... "Je ne suis plus comme avant" se dit-il. Sa volonté s'effondre et il se désintéresse de toute distraction. Il se reproche de ne plus aimer comme avant les siens, d'avoir vis à vis d'eux une certaine indifférence. L'insomnie est précoce et constante. Quand il parvient à s'endormir, c'est pour se réveiller définitivement au bout d'une heure. Le patient éprouve des sensations physiques pénibles dans le corps, maigrit, souffre de céphalées... L'entourage commencera à s'inquiéter au vu de ces troubles. -L’accès mélancolique constitué (brutal) ou période d’état : Le visage se modifie et les traits tombent. On a une crispation du visage. L’activité est réduite au minimum, le sujet est inerte, le ton de la voix est monocorde, plus d’intonation qui donne de l’intensité émotionnelle. L’humeur est dépressif, la tristesse est intense, profonde, permanente. Cette humeur va reconstruire complètement la vie du sujet en se remémorant tout les côtés négatifs de la vie du sujet. L’histoire du sujet est réécrite ainsi de cette manière en oubliant les moments heureux. Il y a des sentiments douloureux d’indifférence, ne peuvent plus aimer, le sentiment d’amour n’existe plus. Ils ont une totale indifférence à leur environnement proche, ce qui augmente le sentiment de culpabilité. On a de l’insatisfaction, de l’incurabilité, la honte, le remord qui reviennent tout le temps. L’idée de la mort devient un issu possible qui va les délivrer de cette pénible mélancolie. Il faut une hospitalisation d’urgence. Â noter que ce sont des sujets - 25 - qui refusent l’hospitalisation, ils n’ont pas envie qu’on les soigne, ils n’ont que le désir de mort en tête. Les symptômes somatique sont fréquents, les troubles cardiovasculaires, de la bradycardie (= ralentissement des battements du cœur en dessous de 60 pulsations/minute). L’angoisse n’est pas accès présente. L'aspect du mélancolique est pâle, prostré, immobile, muet ou ne proférant que plaintes et gémissements. Son visage devient tragique, ses traits sont décomposés. Il refuse toute nourriture, déambule lentement jour et nuit en proie à une angoisse très perceptible. Chez les femmes, on constate souvent une aménorrhée. Le ralentissement du tractus digestif entraîne des constipations, de l'aérophagie (= déglutition d'air pouvant entraîner une aérogastrie qui est la présence excessive de l’aire dans l’estomac pouvant entrainer une distanciation de cet organe). Le patient a un pouls inconstant, une tendance à l'hypotension (= diminution pathologique de la tension artérielle). Quand il communique, c'est pour s'accuser de fautes antérieures ou demander qu'on mette fin à sa vie. Il existe alors un grand risque suicidaire (impulsion-suicide). Le syndrome mélancolique comprend une humeur triste, un ralentissement idéomoteur, des idées de suicide, une réticence aux sollicitations, des insomnies, des troubles digestifs, une perte d'appétit, un désintérêt global. La communication, quand elle démarre, est lente, les réponses sont proférées à voix basse, entrecoupées de soupirs. Le discours est centré sur le patient, rien d'autre n'existe. Toutes ces idées pessimistes orientées vers la faute ou le malheur ont pour conséquence les conduites suicidaires du mélancolique. 3) Formes sémiologiques de la mélancolie Il existe plusieurs formes cliniques : -Mélancolie anxieuse L’angoisse est importante avec les équivalents somatiques de l’angoisse : impression de suffoquer, tremblement des mains, etc. Ce sont des patients qui gesticulent beaucoup, s’agitent avec des gestes répétés inutilement. On a de lamentations verbales, des plaintes monotones, l’acte suicidaire est à redouté. Le ralentissement idéomoteur disparaît au profit de l'agitation anxieuse. Le patient ne peut tenir en place, va et vient, guette aux portes. Il est aux aguets, se lamente, essaie de fuir devant un danger imaginaire. La peur est l'élément dominant de cette forme de mélancolie, et elle est vécue comme une véritable panique. Le mélancolique anxieux est en proie à une dramatique agitation. -Mélancolie confuse Les sujets sont dans une confusion importante, ne savent où ils sont, quel jour on est ? On a un aspect très régressif. -Mélancolie stuporeuse L’inhibition psychomotrice est majeure comme dans la catatonie. C’est souvent une mélancolie qui n’a pas était traitée. Dans cette forme, le ralentissement idéomoteur est maximum. Au cours de l'état de stupeur mélancolique, les mouvements volontaires sont suspendus, et il existe une véritable sidération des activités motrices de l'expression. Le visage est inexpressif, figé dans une mimique de tristesse intense. Les paupières sont immobiles, le regard est fixe, des larmes apparaissent parfois. Attention: les idées mélancoliques demeurent très actives et il faut craindre le raptus de suicide chez ce patient. On note une opposition à tout essai d'alimentation. -Mélancolie délirante C’est forme très rare, on a des illusions, interprétations, des hallucinations. Le délire est toujours à tonalité douloureuse. Le mal vient toujours du sujet, centrifuge, des thèmes de deuils, de ruines, des délires hypocondriaques. Dans certains cas on notera la présence envahissante de délire à thème de persécution, etc. - 26 - -Formes frustres de la mélancolie La dépression est masquée, l’humeur dépressive n’exprime rien mais sont de types : algies. Ces algies sont très variables, fréquentes le soir, variable le jour, en fonction de la saison. Ce qui aide au diagnostique, ce sont les antidépresseurs. 4) Traitement Cette recherche de la mort et ce refus des moyens de vivre (refus de nourriture, perte des instincts de conservation...) vont dicter une conduite urgente. Ce sera l'hospitalisation avec la mise en place d'un traitement antidépresseur (pharmacologie par voie parentérale), ou par sismothérapie (si c'est une question d'heures), associé à une nutrition et une hydratation immédiates. L’hospitalisation dure en générale 3 mois, l’humeur devient normale par contre le risque suicidaire devient important car les sujets ont peur. Il faudrait un suivi psychologique qui accompagne la convalescence. La mélancolie a peu de chance d’être résolue. L'utilisation des antidépresseurs et celle des neuroleptiques sédatifs permettent généralement d'obtenir en une ou deux semaines la guérison de deux cas sur trois. La mélancolie délirante en particulier répond assez bien aux traitements antidépresseurs. La fin de l'accès mélancolique se fait habituellement à l'hôpital en quelques semaines: soit de manière brutale, notamment avec les cures de sismothérapie (il faut alors se méfier des rechutes), soit de manière progressive avec les seuls traitements médicamenteux (le risque suicidaire dure alors plus longtemps). B) L’accès maniaque ou la PMD bipolaire Il a uniquement lieu dans la PMD bipolaire. L’humeur est troublée sur versant expansif qui se traduit par une exaltation euphorique de l’humeur. Le sujet se sent complètement révolté avec une tachypsychie (= enchaînement anormalement rapide des idées, caractéristique des états maniaques) et une hyperactivité désordonnée. Dans la phase maniaque de la psychose bipolaire, l'humeur du sujet peut être exaltée, exubérante ou irritable. Le comportement est bizarre, parfois hargneux. Au nombre des autres symptômes possibles figurent une logorrhée sans fin, des pensées confuses, des idées de grandeur, une hyperactivité sociale, sexuelle et professionnelle, une grande distraction, une perte du jugement et une diminution du besoin de sommeil. 1) Formes de début Il y a plusieurs formes d’entrées : -Phase dépressive : ça peut être brutale et plus souvent d’installation progressive. En générale ça s’installe très rapidement. Le sujet se sent envahit par un sentiment d’euphorie, de facilité. Il est très expansif, prend beaucoup de place tout d’un coup avec une activité débordante, souvent décousue. Ils ont envie de tout faire, expérimentent tout. Ne supportent pas la frustration. Ce sont des sujets qui interpellent beaucoup car ils ne sont jamais comme ça. Ils se sentent très bien dans leur vie. Il y a des débordements pulsionnels sur tous les plans. Le sujet modifie son apparence physique. Il ne présente plus de signes de fatigue. Ils vont moins supporter la frustration avec de modification de caractères. On a un débordement pulsionnel qui revient. -L’accès maniaque constitué : on a un visage hilare, une physionomie hyper-mimique, parle tout le temps fort, chante souvent, une tenue extravagante. Le sujet souffre d’une logorrhée (= parlé tout le temps, diarrhée verbale). On dit qu’il est logorrhéique. Il a un contact facilité et superficiel, avoir beaucoup d’amis. Il y a un grand relâchement de la censure morale de la pensée, fait tout sans contrainte. Le monde devient une source de plaisir inépuisable avec des sensations hyper- 27 - développées. Il a l’impression d’être capable de faire tout, infatigable, très versatile, autoritaire, intolérant, très irritable, impatient, etc. Les processus de la pensée sont altérées avec de la tachypsychie, n’arrive jamais au bout de ses idées, souffre d’hypermnésie (= acuité spéciale de la mémoire, se souvient avec détails de toute sa vie), une imagination très exaltée. Il est agité en permanence, ne tient jamais tranquille. On a des troubles du sommeil : dormir devient pour eux une perte de temps. Il n’est plus capable de poser des limites. Il ne sente pas mal mais au contraire toujours bien. Ces sujets refusent la consultation. Beaucoup sont traités à leur insu par l’intermédiaire de leur proche. 2) Formes cliniques de la manie -Manie suraiguë : forme grave avec des retentissements sur tous les plans. -Manie délirante : thèmes délirants, de grandeurs, de puissances, de pouvoirs magiques avec des idées de persécutions. -Manie confuse : le sujet perd de repère, désorienté, exalté, fait des fugues, des changements de pays, de ville. -L’hypomanie : manie moins important, moins intense. Il s’agit d’un état d'excitation passager ou durable se manifestant par une hyperactivité, une humeur exubérante et un flot de paroles. L'hypomanie se rencontre chez les sujets hypersociables. 3) Traitement On donne des neuroleptiques sédatifs (= médicaments, substances ou techniques thérapeutiques qui calment l’excès d’activité d’un organe ou du psychisme, ou atténue un symptôme) qu’on associe à des lithiums pour éviter qu’il y a de variations de l’humeur. Elle est traitée en moins de 2 mois ou entre 5-6 mois. Il y a risque de tomber dans la mélancolie. Ces sujets ne viennent pas en générale consulter. On traite le sujet par conjoint interposé. L’évolution du patient est très aléatoire. Tableau récapitulatif des différents neuroleptiques les plus couramment rencontrés sur le marché 1ère catégorie : -Nozinan -Tercian -Mellleril -Neuleptil -Sédalande 2ème catégorie : -Largactil -Oxaflumine -Haldol -Barnetil 3ème catégorie : -Noditen -Piportil -Fluanxol -Tementil Sédatif Antiproductif ou Antidélirant +++ +++ ++ +++ +++ + + + + + ++ + + + +++ ++ +++ +++ + + + + + + + +++ +++ ++ ++ ++ ++ ++ ++ - 28 - Antidéfictaire ou Antidésinhibiteur -Terfluzine -Triperidol -Dogmatil + + - ++ ++ ++ - 29 - +++ +++ +++