VOCABULAIRE PROSTATE

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R ev u e
de
presse
Coordination : Philippe Beuzeboc et Stéphane Oudard (Paris)
PROSTATE
Utilisation des statines et risque
de récidive chez les patients traités
par radiothérapie
Un nouveau regard s’est récemment fixé sur l’activité
anticancéreuse potentielle des statines (1), fondée sur
leurs propriétés antiprolifératives, proapoptotiques
et radiosensibilisantes montrées dans des modèles
précliniques (2).
Cette étude rétrospective de 691 patients traités à l’université de Chicago de façon curative par radiothérapie
­et/­ou curiethérapie entre 1988 et 2006, avec un suivi
médian de 50 mois après l’irradiation, a montré que,
pour 189 patients traités par statines (27 %), l’intervalle
sans échec biologique selon les critères de Phoenix
(nadir : + 2 ­ng/­ml [p < 0,001]), l’inter­valle sans hormonothérapie de rattrapage (p = 0,0011) et la survie sans
récidive (p < 0,001) étaient améliorés.
À 4 ans, l’intervalle sans échec biologique était de 93 %
en cas d’utilisation de statines versus 80 % sans statines
pour l’ensemble de la cohorte. L’amélioration concernait
tous les groupes à risque (favorable, intermédiaire et
haut risque) et était indépendante de l’utilisation d’une
hormonothérapie et de la dose de radiothérapie. Les
doses de statines étaient ajustées en équivalents de
dose de simvastatine et séparées en doses inférieures
ou supérieures ou égales à 40 mg. Il faut cependant
relever un déséquilibre de présentation, avec plus de
stades T1-2a (88 % versus 79 % [p = 0,02]), pour les
patients traités par statines.
Commentaire. L’effet favorable pourrait néanmoins être
lié à un effet direct anticholestérolémiant (nécessaire pour
la formation des androgènes intratumoraux). Cela pourrait
avoir des implications en raison du faible coût et de la faible
morbidité de ces traitements. Mais d’autres études sont
négatives (3)…
L’utilisation de statines pourrait diminuer
le risque de récidive après prostatectomie
totale
Bien que cela soit controversé, il semble que les statines puissent réduire le risque de cancer de la prostate
avancé.
Récemment, la possibilité d’une association entre l’utilisation de statines et la baisse du PSA a été suggérée
chez des patients ne souffrant pas d’un cancer.
Les auteurs ont donc étudié l’association entre traitement par statines et risque de récidive après prostatectomie à partir d’une base de données canadienne de
1 319 patients en évaluant le temps jusqu’à progression
biologique chez les utilisateurs et les non-utilisateurs.
Après ajustement à de multiples facteurs cliniques et
histologiques, la prise de statines était associée à une
réduction de 30 % du risque de récidive (HR = 0,70 ; IC95 :
0,50-0,97) qui était dépendante de la dose équivalente
de simvastatine (< 20 mg : HR = 1,08 ; IC95 : 0,66-1,73 ;
20 mg : HR = 0,57 ; IC95 : 0,32-1,00 ; > 20 mg : HR = 0,50 ;
IC95 : 0,27-0,93).
Il faut relever que les 236 patients traités par statines
lors de la prostatectomie étaient statistiquement plus
âgés (p = 0,009), plus récemment opérés (p < 0,001)
et diagnostiqués à un stade plus limité (p = 0,009),
avec un taux de PSA inférieur (p = 0,04). Cependant,
ils avaient une tendance à un score de Gleason plus
élevé (p = 0,002).
Commentaire. Toutes ces données nécessitent confirmation par d’autres études avant de trouver une application
pratique.
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les diapositives
de synthèse
des articles résumés
P.B.
1. Hamilton RJ, Banez LL, Aronson WJ et al. Statin medication use and the
risk of biochemical recurrence after radical prostatectomy: results from
the Shared Equal Access Regional Cancer Hospital (SEARCH) Database.
Cancer 2010;116(14):3389-98.
P. Beuzeboc, Paris
• Gutt R, Tonlaar N, Kunnavakkam R et al. Statin use and risk of prostate
cancer recurrence in men treated with radiation therapy. J Clin Oncol
2010;28(16):2653-9.
1. Farwell WR, Scranton RE, Lawler EV et al. The association between statins and cancer incidence in a veterans population. J Natl Cancer Inst
2008;100(2):134-9.
2. Hoque A, Chen H, Xu XC. Statin induces apoptosis and cell growth arrest
in prostate cancer cells. Cancer Epidemiol Biomarkers Prev 2008;17(1):88-94.
3. Soto DE, Daignault S, Sandler HM et al. No effect of statins on biochemical outcomes after radiotherapy for localized prostate cancer. Urology
2009;73(1):158-62.
Étude de phase IB : combinaison d’un angiotoxique anti­m itotique, l’ABT-751, et du
docétaxel dans les cancers de la prostate
métastatiques résistant à la castration
L’ABT-751 est un nouvel agent antimitotique de
type sulfonamide oral se fixant sur le site colchicine de la β-tubuline, et agissant aussi comme agent
angiotoxique (vascular disrupting agent).
Correspondances en Onco-urologie - Vol. I - n° 3 - octobre-novembre-décembre 2010
111
R ev u e
La neuropathie périphérique, l’iléus et la
fatigue en représentent les toxicités limitantes.
Dans cet essai, 32 patients ont reçu un nombre
moyen de 45 cycles tous les 21 jours d’une
combinaison avec escalade de dose de
docétaxel (60-75 ­mg/­m2 à J1) et d’ABT-751
(100-200 ­mg/­j per os pendant 14 jours). Les
principales toxicités non hématologiques
de grade 3-4 ont été les infections (19 %) et
les diarrhées (16 %) ; 53 % des patients ont
développé une toxicité hématologique de
grade 3-4. Les doses recommandées pour les
essais de phase II sont de 60 ­mg/­m2 pour le
docétaxel et de 200 ­mg/­j pour l’ABT-751.
L’activité rapportée est encourageante, avec
une baisse de PSA supérieure à 50 % chez
60 % de ces patients, une réponse objective
dans 45 % des cas et une médiane de survie
de 24 mois (IC95 : 8,3-37,7 mois).
Commentaire. L’addition au docétaxel de cet
agent appartenant à une nouvelle classe thérapeutique d’angiotoxiques apparaît prometteuse,
ce qui justifie la poursuite de son évaluation dans
le cadre d’essais de phase II.
P.B.
• Michels J, Ellard SL, Le L et al. A phase IB study of ABT-751
in combination with docetaxel in patients with advanced
castration-resistant prostate cancer. Ann Oncol 2010;
21(2):305-11.
Méta-analyse
de la surexpression d’HER2
dans les cancers de la prostate
La surexpression d’HER2/neu (HER2) dans
le cancer de la prostate a fait l’objet d’une
récente méta-analyse. Cette étude a sélectionné 38 articles (publiés entre 1991 et 2008)
évaluant le rôle d’HER2/neu, avec un suivi
supérieur à 2 ans (60 à 300 mois), et regroupant un total de 5 976 patients (1). La sur­
expression “tissulaire” d’HER2 était définie
par 2 ou 3 croix de sur­expression en immunohistochimie (IHC) réalisée avec 3 anticorps
différents. Elle a été retrouvée chez 2 135
(31 %) des 6 744 patients évaluables. Le
risque relatif (RR) de décès et le RR de rechute
étaient de 1,63 (1,47-1,82 [p < 0,0001]) et
de 1,87 (1,59-2,81 [p < 0,0001]) respective-
112
de
presse
ment dans cette population (quel que soit
le stade tumoral pour le risque de décès). Il
existait une corrélation directe entre un score
de Gleason supérieur à 7 et une surexpression
d’HER2 (p = 0,01). Cette corrélation n’était pas
retrouvée pour le stade et le taux de PSA.
Selon une méthode de détection par ELISA
(Enzyme-Linked ImmunoSorbent Assay) de la
fraction extracellulaire d’HER2 dans le sérum
de 1 186 patients évaluables, la même analyse
retrouvait, dans la population surexprimant
HER2, un RR de décès de 2,01 (1,21-3,35
[p = 0,007]) et de rechute de 1,74 (1,41-2,15
[p = 0,0001]). Ces données suggèrent que la
surexpression d’HER2 serait un facteur de
mauvais pronostic indépendant du stade et
du PSA, mais pas du score de Gleason.
Commentaire. Le point crucial réside dans la
détermination du statut HER2, en partie abordé
dans cette méta-analyse. Dans le cancer du
sein, il a été clairement démontré que la
surexpression HER2 3+ définie par A.C. Wolff
et al. (2) était corrélée à une amplification du
gène authentifiée par FISH et représentait un
facteur prédictif de réponse au traitement par
trastuzumab ainsi qu’un facteur pronostique
indépendant de survie. Dans les cancers de la
prostate, il n’y a, en règle générale, pas d’amplification en cas de surexpression. Cette étude ne
rapporte d’ailleurs aucune donnée de FISH. Le
chiffre de 30 % de surexpression doit être pris avec
prudence, du fait de données “poolées”, réalisées
avec des techniques hétérogènes. De plus, cette
méta-analyse s’est attardée sur la recherche de
la fraction soluble d’HER2 (shed antigen), non
recommandée dans le cancer du sein (3), en ne
citant que 2 études contradictoires sur la corrélation entre IHC et ELISA (4, 5). Néanmoins, à
l’instar du cancer du sein, la surexpression d’HER2
semble être un facteur de mauvais pronostic.
Les premières études évaluant des traitements
ciblant HER2 se sont révélées jusqu’à présent très
décevantes (6, 7).
G. Roubaud, Bordeaux
1. Neto AS, Tobias-Machado M, Wroclawski ML et al. HER-2/
neu expression in prostate adenocarcinoma: a systematic
review and meta-analysis. J Urol 2010;184(3):842-50.
2. Wolff AC, Hammond ME, Schwartz JN et al. American
Society of Clinical Oncology/College of American
Pathologists guideline recommendations for human epidermal growth factor receptor 2 testing in breast cancer.
J Clin Oncol 2007;25(1):118-45.
3. Lennon S, Barton C, Banken LJ et al. Utility of serum HER2
extracellular domain assessment in clinical decision making:
pooled analysis of four trials of trastuzumab in metastatic
breast cancer. J Clin Oncol 2009;27(10):1685-93.
4. Myers RB, Brown D, Oelschlager DK et al. Elevated serum
levels of p105 (erbB-2) in patients with advanced-stage prostatic adenocarcinoma. Int J Cancer 1996;69:398.
5. Domingo-Domenech J, Fernandez PL, Filella X et al. Serum
HER2 extracellular domain predicts an aggressive clinical
outcome and biological PSA response in hormone-independent prostate cancer patients treated with docetaxel.
Ann Oncol 2008;19(2):269-75.
6. Ziada A, Barqawi A, Glode LM et al. The use of trastuzumab
in the treatment of hormone refractory prostate cancer;
phase II trial. Prostate 2004;60(4):332-7.
7. Lara PN, Chee KG, Longmate J et al. Trastuzumab plus
docetaxel in HER-2/neu-positive prostate carcinoma: final
results from the California Cancer Consortium Screening
and Phase II Trial. Cancer 2004;100(10):2125-31.
REIN
Facteurs pronostiques de survie
sans progression et de survie
globale chez des patients atteints
d’un cancer du rein métastatique
et traités en première ligne
par sunitinib ou par cytokines
Pour le cancer du rein métastatique, les critères pronostiques le plus souvent utilisés
sont ceux du Memorial Sloan-Kettering
Cancer Center (MSKCC), dits “critères de
Motzer”. Les patients sont classés dans les
catégories “bon pronostic”, “pronostic intermédiaire” et “mauvais pronostic” en fonction
de 5 paramètres liés à une survie moindre :
un intervalle de temps entre le diagnostic
initial et la mise en route du traitement systémique de moins de 1 an, un taux élevé de
lactate déshydrogénase (LDH), un taux élevé
de calcium corrigé, une anémie et un mauvais
performance status. Ce modèle du MSKCC a
été validé par des chercheurs de la Cleveland
Clinic. Ces études ont été réalisées à l’époque
où l’immunothérapie constituait le traitement
standard pour le carcinome du rein.
Dans le présent article, les auteurs ont voulu
vérifier la validité de ces critères pronostiques
de survie à l’époque des antiangiogéniques,
en particulier le sunitinib. Un deuxième
objectif consistait à identifier des facteurs
pronostiques de survie sans progression. En
effet, jusqu’à il y a quelques années, la survie
globale a toujours été l’­objectif principal des
études cliniques concernant le cancer du rein
métastatique. Dans les études cliniques les
plus récentes, la survie sans progression
Correspondances en Onco-urologie - Vol. I - n° 3 - octobre-novembre-décembre 2010
DIAPOSITIVES
COMMENTÉES EN LIGNE
Revue de presse
devient un critère plus important, notamment parce que nous disposons de plus en
plus de lignes thérapeutiques.
À cet effet, les auteurs ont analysé les résultats définitifs de l’essai randomisé de phase III
sunitinib versus interféron α afin d’identifier de nouveaux facteurs pronostiques et
de les comparer aux facteurs connus, tels
que les facteurs inclus dans la classification
pronostique du MSKCC. Dans cet essai multicentrique, 750 patients atteints d’un cancer
du rein métastatique ont été randomisés
dans 2 bras : un bras (n = 375) dans lequel
les patients étaient traités par sunitinib, et
un bras (n = 375) où ils étaient traités par
interféron α. L’étude a montré une amélioration statistiquement significative de la survie
médiane sans progression dans le bras sunitinib comparativement au bras interféron α
(11 mois versus 5 mois) [p < 0,001], et une
amélioration de la survie médiane globale
(26,4 mois versus 21,8 mois) [p = 0,051].
L’analyse univariée a confirmé les 5 facteurs
pronostiques de la classification du MSKCC
comme facteurs prédictifs significatifs pour
la survie et pour la survie sans progression.
L’analyse multivariée a permis d’identifier
5 critères prédictifs indépendants pour la
survie sans progression sous sunitinib : le taux
sérique de LDH, la présence d’au moins 2 sites
métastatiques, l’absence de néphrectomie,
un mauvais performance status et un taux de
plaquettes élevé. Six facteurs sont prédictifs pour la survie globale sous sunitinib : les
5 facteurs du MSKCC et un nouveau facteur,
à savoir la présence de métastases osseuses.
Commentaire. Les auteurs confirment que les
facteurs pronostiques de survie issus du modèle du
MSKCC restent valables à l’époque de la thérapie
ciblée. Ils considèrent que d’autres facteurs tels
que la présence de métastases osseuses, un taux
élevé de plaquettes et un taux élevé de neutrophiles
pourraient être liés au pronostic. Ils ont identifié
des facteurs pronostiques pour la survie sans
progression, et ils attirent l’attention sur le fait que
les facteurs prédictifs de survie sans progression et
de survie globale ne sont pas toujours identiques.
B. Beuselinck, Louvain
• Patil S, Figlin RA, Hutson TE et al. Prognostic factors for progression-free and overall survival with sunitinib targeted therapy and with cytokine as first-line therapy in patients with
metastatic renal cell carcinoma. Ann Oncol 2010. On line.
Fonction rénale
après néphrectomie partielle
en fonction de la voie d’abord
Il y a un rationnel pour penser que la néphrectomie partielle laparoscopique est plus à risque
de compromettre la fonction du rein opéré
que la voie d’abord traditionnelle du fait de la
compression vasculaire créée par le pneumopéritoine et des difficultés rencontrées pour
réaliser un refroidissement efficace du rein. Les
auteurs de cette étude ont comparé la fonction
rénale, évaluée par le débit de filtration glomérulaire (DFG) calculé selon la formule MDRD,
en fonction de la voie d’abord laparoscopique
(182 patients) ou ouverte (805 patients). Leur
analyse statistique a tenu compte de l’âge, du
DFG initial, du score ASA, de la taille tumorale,
de la durée d’ischémie et du temps écoulé
depuis la chirurgie.
Les patients des 2 groupes étaient comparables du point de vue de l’âge, de la taille des
tumeurs opérées et du score ASA. En revanche,
dans le groupe chirurgie ouverte, le DFG initial
a été supérieur (67 ­ml/­mn/­1,73 m² versus
73 ­ml/­mn/­1,73 m²), le recours à un clampage
vasculaire a été moins fréquent (84 % versus
95 %), la durée d’ischémie (35 mn versus
40 mn) et les pertes sanguines (379 ± 357 ml
versus 241 ± 201 ml) ont été supérieures.
Les DFG calculés à 2 et à 6 mois après l’opération ont été légèrement mais significativement plus élevés lorsque les patients avaient
été opérés par laparoscopie. Après exclusion
des sujets n’ayant pas eu de clampage vasculaire et de ceux ayant eu un refroidissement
rénal, la même différence en faveur du groupe
opéré par laparoscopie a été observée.
Les auteurs en concluent que la fonction
rénale après néphrectomie partielle laparo­
scopique est plus élevée qu’après néphrectomie partielle par voie ouverte.
Commentaire. Cet article, publié dans la revue
urologique ayant actuellement l’impact factor le
plus élevé, va être très probablement maintes fois
cité en référence en faveur de la voie d’abord laparoscopique pour la néphrectomie partielle. Toutefois,
le niveau de preuve de cette étude de cohorte rétrospective non contrôlée est faible, tous les facteurs de
confusion plausibles n’ont pas été pris en compte et
l’outil de mesure n’est pas le gold standard.
Correspondances en Onco-urologie - Vol. I - n° 3 - octobre-novembre-décembre 2010
Ainsi, un facteur de confusion important n’a pas
été pris en compte : la situation exophytique ou
intraparenchymateuse de la tumeur. La difficulté
technique supérieure de l’exérèse et de la reconstruction du rein en cas de tumeur intraparenchymateuse est à même d’expliquer les différences
observées en termes de durée d’ischémie et de
perte sanguine. Le choix de la voie d’abord ayant
été laissé à la discrétion des chirurgiens, on ne
peut exclure que ceux-ci aient préféré opérer par
laparoscopie les tumeurs exophytiques.
Par ailleurs, l’estimation du DFG par la formule
MDRD chez des patients ayant 2 reins ne permet
absolument pas de discerner la fonction du rein
opéré et la possible hypertrophie compensatrice
du rein non opéré. Une mesure scintigraphique du
DFG par acide diéthylène triamine penta-acétique
(DTPA) marqué aurait permis de parvenir à une
conclusion. Les auteurs ne l’ont pas employée.
Par conséquent, cet article, qui tend à prouver que
la néphrectomie partielle laparoscopique préserve
davantage la fonction rénale des patients que la
voie d’abord traditionnelle, mérite d’être connu
et critiqué afin de ne pas en tirer des conclusions
hâtives.
Y. Neuzillet, Suresnes
• Adamy A, Favaretto RL, Nogueira L et al. Recovery of renal
function after open and laparoscopic partial nephrectomy.
Eur Urol 2010;58:596-601.
PÉNIS
Le “prince Albert” : un facteur
de risque du cancer du pénis ?
Les piercings génitaux restent actuellement
rares dans la population générale. À titre
d’exemple, une étude néo-zélandaise portant
sur 966 adultes âgés de 26 ans montre que
0,8 % des hommes de la série ont un piercing
génital (1). La pose d’un piercing s’accompagne de complications aiguës ou chroniques, infectieuses ou non, et plus ou moins
spécifiques ou non du site anatomique (2).
Le “prince Albert” est le plus fréquent des
piercings génitaux masculins et consiste en
un piercing du frein du pénis avec un bijou
qui ressort par l’urètre.
Dans un récent numéro du Journal of Sexual
Medicine, 2 cas de cancer épidermoïde du
113
R ev u e
pénis sur le site de piercings génitaux ont
été rapportés (3). Dans le premier cas, le
patient était âgé de 60 ans, porteur du VIH
et de l’­hépatite C ; son piercing datait de 4 ans.
Neuf mois après la pose, il présentait un écoulement urinaire autour du site du piercing
et souffrait de douleurs lors des rapports
sexuels ; il avait par la suite retiré son piercing.
Les symptômes cliniques n’ayant pas disparu,
il avait fini par consulter. À l’examen clinique,
la présence d’une fistule urétro-cutanée avec
un tissu de granulation au site du piercing
était constatée. Le diagnostic de carcinome
épidermoïde moyennement différencié était
posé sur la pièce de pénectomie partielle
(pT2N0M0). Un second patient âgé de 56 ans,
également porteur du VIH, avec un “prince
Albert” depuis près de 15 ans, présentait lui
aussi des problèmes urinaires liés au piercing
ainsi qu’une lésion cutanée nécrotique au
niveau du gland. Le patient était diagnostiqué comme souffrant d’un carcinome épidermoïde peu différencié invasif, nécessitant
là aussi une pénectomie partielle (pT3N0M0).
Commentaire. Il s’agit des 2 premiers cas décrits
de cancer lié à un piercing génital. La littérature
médicale relate quelques cas très anecdotiques
de cancer de la peau sur piercing du nez et du
lobe de l’oreille, dont la véritable cause reste
cependant hautement hypothétique. On sait
que des carcinomes cutanés peuvent parfois
survenir sur des sites de traumatisme chronique,
d’inflammation chronique ou sur des cicatrices
(brûlures, etc.). Les auteurs postulent ainsi que le
piercing pourrait avoir contribué à cette inflammation chronique via les traumatismes répétés
sur le pénis et l’urètre (où passe également le
piercing). Ils présument que ces carcinomes sont
d’origine urétrale.
Cependant, il convient de relativiser ces 2 observations. Tout d’abord, les auteurs restent assez flous
aussi bien sur l’anamnèse que sur la chronologie
et l’évolution clinique avant la consultation. De
plus, il n’a pas été démontré, pour le moment,
de lien entre cancer cutané et piercings à partir
de larges séries d’individus “percés”. Enfin et
surtout, les 2 patients étaient infectés par le
VIH et très probablement porteurs du virus HPV,
bien qu’aucun antécédent de condylome n’ait
été retrouvé. Il est très fortement probable que
ces 2 cas de cancer du pénis soient liés au virus
114
de
presse
HPV. Le rôle du piercing dans la survenue de ces
cancers reste donc difficile à confirmer.
À ce jour, en cas de piercing génital et surtout
d’infection par le VIH ou d’autres causes
d’immunodépression, le conseil le plus sage reste
de consulter en cas de lésion apparaissant près
du site du piercing, ou sur le site même.
N. Kluger, Montpellier
1. Skegg K, Nada-Raja S, Paul C et al. Body piercing, personality, and sexual behavior. Arch Sex Behav 2007;36(1):47-54.
2. Kluger N, Guillot B. Complications des piercings. Ann
Dermatol Venereol 2010;137(2):153-8.
3. Edin RS, Aaronson DS, Wu AK et al. Squamous cell carcinoma at the site of a prince Albert’s piercing. J Sex Med
2010;7:2280-3.
VESSIE
Le sunitinib et les tumeurs
urothéliales vont-ils faire équipe ?
À partir du rationnel d’une sur­expres­
sion du VEGF dans un sous-groupe
agressif de tumeurs urothéliales (1), un
essai de phase II a cherché à tester l’efficacité
et la tolérance du sunitinib dans le traitement
des tumeurs urothéliales de stade avancé
après échec d’un traitement cytotoxique
(métastatique ou péri-opératoire) [2]. Entre
septembre 2006 et janvier 2009, 77 patients
ont été inclus, et ont reçu la molécule selon
2 schémas d’admi­nistration : 45 patients dans
la cohorte A (50 ­mg/­j 4 semaines sur 6) et
32 patients dans la cohorte B (37,5 ­mg/­j
en continu). L’étude a mis en évidence
4 réponses partielles dans les 2 cohortes
(3 dans la cohorte A), une durée de réponse
médiane de 5,1 et 3,1 mois respectivement
pour les cohortes A et B, et aucune différence en termes de survie sans progression
(p = 0,4) et de survie globale (p = 0,4) entre
les 2 schémas. Sur le plan de la tolérance,
74 % des patients ont présenté une toxicité
de grade 3-4, comparable dans les 2 schémas,
avec 1 décès toxique. Cette étude n’a pas
atteint son objectif principal (décroissance
tumorale > 20 % chez au moins 8 patients).
Comparée aux autres essais de deuxième
ligne avec le sunitinib, cette étude présente un taux de réponse inférieur (5,1 %
versus 6-32 % dans les autres études) et des
médianes de survie sans progression et de
survie globale comparables (7,1 mois dans la
cohorte A et 6 mois dans la cohorte B versus
4,5 à 11,5 mois dans les autres études). Les
auteurs ont mis en avant le bénéfice clinique
(défini comme une réponse partielle ou une
maladie stable durant plus de 3 mois) de ce
traitement malgré une tolérance médiocre, et
ont rappelé la faible corrélation existant entre
réponse objective (RECIST) et allongement
de la survie (sans progression ­et/­ou globale),
posant la question du choix du critère d’évaluation d’un traitement antiangiogénique
dans une étude de phase II.
Commentaire. Si ces données de phase II ont
pu apparaître encourageantes aux auteurs pour
un traitement de deuxième ligne, la tolérance
s’est avérée très médiocre (3 patients sur 4
présentant une toxicité de grade 3-4). L’étude
française VESSU, de phase II, également en
deuxième ligne, a dû être interrompue pour
toxicité. Récemment, 2 essais de phase II ont testé
l’efficacité du sunitinib en première ligne pour
des tumeurs urothéliales avancées. Le premier,
concernant des patients unfit (3), a montré une
certaine efficacité du sunitinib en monothérapie,
avec une médiane de survie sans progression de
5,9 mois. La deuxième étude (4), évaluant une
association de gemcitabine, cisplatine et sunitinib,
a été suspendue pour cause de toxicité majeure.
Cette étude reposait sur le rationnel d’une synergie
démontrée entre cisplatine et sunitinib sur des
xénogreffes de tumeurs de la vessie (5). Ainsi, la
place des antiangiogéniques (et, plus généralement, des traitements ciblés) reste à définir dans
les tumeurs urothéliales, qui demeurent un des
parents pauvres du développement des nouvelles
molécules.
G. Roubaud, Bordeaux
1. Theodoropoulos VE, Lazaris AC, Kastriotis I et al. Evaluation
of hypoxia-inducible factor 1alpha overexpression as a predictor of tumour recurrence and progression in superficial
urothelial bladder carcinoma. BJU Int 2005;95(3):425-31.
2. Gallagher DJ, Milowsky MI, Gerst SR et al. Phase II study
of sunitinib in patients with metastatic urothelial cancer.
J Clin Oncol 2010;28(8):1373-9.
3. Bellmunt J, Gonzalez-Larriba JL, Maroto JP et al. Firstline treatment with sunitinib monotherapy in patients with
advanced urothelial cancer ineligible for cisplatin-based chemotherapy: pretreatment levels of IL-8 and Hounsfield units
as predictors of clinical benefit. Proc ASCO 2010, abstr. 4540.
4. Galsky MD, Sonpavde G, Hellerstedt BA et al. Phase II
study of gemcitabine, cisplatin and sunitinib in patients
with advanced urothelial carcinoma. ASCO 2010, abstr. 4573.
5. Sonpavde G, Jian W, Liu H et al. Sunitinib malate is active
against human urothelial carcinoma and enhances the
activity of cisplatin in a preclinical model. Urol Oncol
2009;27(4):391-9.
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DIAPOSITIVES
COMMENTÉES EN LIGNE
Revue de presse
Certains facteurs impliqués dans
l’angiogenèse sont surexprimés au
cours des carcinomes urothéliaux
de la vessie
Quelques travaux ont démontré que la
sur­expression de facteurs de croissance
vasculaires était associée à un plus grand
risque de récidive et de progression des carcinomes urothéliaux (1, 2).
Dans une série rétrospective et monocentrique, S.F. Shariat et al. ont cherché
à préciser ces données (3). Ils ont pour
cela analysé une série déjà publiée de
204 patients opérés entre 1995 et 2006 d’un
carcinome urothélial de la vessie par cystectomie radicale (4). L’expression immunohistochimique (IHC) de protéines impliquées
dans l’angiogenèse (vascular endothelial
growth factor [VEGF], fibroblast growth factor
beta [βFGF], thrombo­spondine 1 [TSP1])
était réalisée à partir de tissue micro arrays
edimarksanté
à l’aide d’un logiciel d’analyse d’image.
L’analyse de la densité microvasculaire était
faite manuellement.
L’altération de l’expression du VEGF et du
βFGF (surexpression) et de la TSP1 (sousexpression) était corrélée au grade (non
significatif pour le VEGF), au stade, à la présence d’emboles vasculaires et de localisations métastatiques ganglionnaires (p < 0,01).
En analyse univariée, l’expression IHC de ces
marqueurs était corrélée à la récidive et à la
mortalité spécifique. En analyse multivariée,
cette corrélation demeurait pour le βFGF et
la TSP1 (récidive) et pour la TSP1 seule (mortalité spécifique). L’analyse comparée avec
des facteurs impliqués dans la régulation du
cycle cellulaire (p21, 27 et pRb) ainsi que Ki67
montrait une corrélation dans l’expression de
ces différentes protéines et celles impliquées
dans l’angiogenèse (de p < 0,001 à p < 0,025).
L’analyse de la densité microvasculaire apportait peu d’informations.
Commentaire. Les auteurs soulignent que le
caractère rétrospectif de leur travail, la faible
durée de suivi et les problèmes relatifs à la
quantification des données de l’IHC constituent des éléments limitants de l’analyse des
résultats observés. Cependant, ils font valoir que
ces résultats, intégrés à la compréhension des
mécanismes biologiques sous-jacents tels qu’ils
ont cherché à le montrer dans ce travail, peuvent
constituer des pistes thérapeutiques intéressantes
dans ce type de pathologie.
P. Camparo, Suresnes
1. Liu L, Zhu D, Gao R et al. Expression of vascular endothelial
growth factor, receptor KDR and p53 protein in transitional
cell carcinoma of the bladder. Urol Int 2008;81(1):72-6.
2. Agrawal U, Mishra AK, Salgia P et al. Role of tumor suppressor and angiogenesis markers in prediction of recurrence of
non muscle invasive bladder cancer. Pathol Oncol Res 2010
Jun 23 (Epub ahead of print).
3. Shariat SF, Youssef RF, Gupta A et al. Association of angiogenesis related markers with bladder cancer outcomes and
other molecular markers. J Urol 2010;183(5):1744-50.
4. Shariat SF, Karakiewicz PI, Palapattu GS et al. Outcomes
of radical cystectomy for transitional cell carcinoma of the
bladder: a contemporary series from the Bladder Cancer
Research Consortium. J Urol 2006;176(6 Pt 1):2414-22.
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Correspondances en Onco-urologie - Vol. I - n° 3 - octobre-novembre-décembre 2010
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