
Le Courrier des addictions (12) – n ° 2 – avril-mai-juin 2010
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seuls 17 % d’entre eux. Ces chiffres confirment
bien l’intérêt du recours à des mesures du
souffle pour les populations à risque.
Reste à savoir quand le dépistage d’un trouble
ventilatoire obstructif est justifié. L’OMS a
défini ainsi les critères justifiant la mise en
place d’un dépistage précoce pour une ma-
ladie chronique : la maladie, lorsqu’elle n’est
pas détectée précocement, doit être à l’origine
d’une morbidité et d’une mortalité impor-
tante; le traitement proposé doit être plus ef-
ficace quand il est proposé avant la survenue
des symptômes ; les tests de dépistage doivent
minimiser les faux positifs et négatifs, rester
simples et financièrement abordables, enfin,
être sûrs et sans effets secondaires. Effective-
ment, la BPCO remplit bien ces critères.
Premier traitement :
le sevrage
Parmi les traitements, le sevrage tabagique fait
partie de la prise en charge obligatoire du pa-
tient atteint de BPCO (17, 18). L’effet de l’arrêt
du tabac sur l’évolution de la fonction respira-
toire est bien connu, surtout à la suite de l’essai
de la Lung Health Study : portant sur près de
70 000 patients tabagiques, 6 000 ont été re-
connus porteurs de troubles ventilatoires obs-
tructifs. Chez ces patients, il a été démontré
que l’arrêt du tabac avait une influence sur la
rapidité de diminution du VEMS. La première
année après l’arrêt du tabac, on retrouvait une
petite augmentation du VEMS (57ml d’aug-
mentation contre 38 ml de diminution chez
ceux qui continuaient de fumer). Les années
suivantes, la diminution du VEMS des pa-
tients sevrés rejoignait celle de la population
non fumeuse. Les fumeurs qui continuaient
à fumer voyaient leur VEMS décliner de
manière plus importante. Au terme du pro-
gramme, qui comprenait un sevrage tabagique
avec des gommes ad libitum, on constatait que
35 % des patients avaient arrêté leur intoxica-
tion pour une période significative, et que 22 %
avaient arrêté complètement de fumer au bout
de 5 ans.
Le premier traitement de la BPCO est donc
l’arrêt du tabac, ce qui est souvent difficile,
car ces patients cumulent les handicaps :
une consommation et une dépendance im-
portantes, de fréquentes coconsommations
d’autres drogues, des troubles anxio-dépres-
sifs, une précarité socio-économique, etc.
Les moyens thérapeutiques sont classiques.
Pour les optimiser : traitements nicotiniques
substitutifs souvent prolongés avec des doses
de nicotine fréquemment plus élevées et en as-
sociant les formes galéniques transdermiques
et orales ; adaptation posologique initiale se
faisant au mieux par dosage de la cotinine ;
recours possible au bupropion, efficace chez le
fumeur BPCO dans le respect des contre-in-
dications (19). La varénicline (20) est efficace,
avec une tolérance générale satisfaisante, sans
interférences médicamenteuses, ce qui en fait
un médicament de première intention chez ce
fumeur fortement dépendant. Un suivi pro-
longé (12 mois) et l’apport systématique des
thérapies cognitivo-comportementales (21),
permettent d’augmenter le taux d’arrêt. La ré-
duction du tabac permet d’accroître la motiva-
tion à l’arrêt avant sevrage complet. Elle n’est
qu’une première étape vers l’arrêt total qui
reste la priorité et permet seul la diminution de
la mortalité (22). La correction des fréquents
troubles anxio-dépressifs et/ou coconsomma-
tions par les moyens thérapeutiques adaptés
doit être préalable ou contingent à la prise en
charge de sevrage tabagique.
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La Société de pneumologie de langue francaise (SPLF),
en partenariat avec la Direction générale de la Santé, a
récemment réalisé un CD sur la mesure du souffle. Il est dis-
ponible à la SPLF au 66, boulevard Saint-Michel, 75006
Paris.
Figure 2.
Spiromètre miniaturisé : présentation NEO-6.