422 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XXV - n° 8 - septembre 2016
ÉDITORIAL
”
Sans entrer dans les détails des arguments échangés, on peut considérer
qu’undesrares consensus obtenus lors de cette réunion a porté sur le caractère
inévitable d’une reconfiguration de l’adéquation “soins/structure de soins”.
Les exemples d’une diminution du temps passé par les patients dans la structure,
de la modification de la nature des soins prodigués sur place versus déportés et
delaproxi-surveillance versus la télésurveillance ont démontré de manière indiscutable
lanon-stabilité de l’organisation actuelle. Il apparaît donc indispensable de réfléchir
àunrecentrage de l’activité intra-muros vers des actions non transférables (àcejour).
Dans cette revue à vocation médicale, il est sans doute utile de rapporter
lesinterrogations du groupe “soignants” regroupant médecins et non-médecins.
Pour les médecins, la vision d’une réduction du champ de leur expertise s’est fait
jour, et ce, en raison d’un transfert vers des soignants non médecins, des experts
médicaux consultables à distance, voire des algorithmes. La question posée a donc
été celle de leur place dans ces nouveaux dispositifs hybrides. Le cœur intransférable
denotre métier de demain est anticipé à ce jour comme le praticien réalisant des gestes
thérapeutiques (cimentoplastie, par exemple), et étant l’interface avec les patients
(ce qui, de plus, répond à une crainte exprimée par ces derniers lors des débats).
Ils’agit d’une interface coordonnant les autres expertises (soignants non médecins
ethyperspécialistes) et avec le patient pour débattre avec lui des options et ainsi aboutir
àdes décisions partagées, et pour expliquer et répondre aux interrogations.
Parmi les conséquences que l’on peut anticiper de ce glissement/transfert d’activité,
on peut citer de manière non exhaustive :
➤une modification quantitative des ressources médicales (démographie médicale) ;
➤des modifications qualitatives des compétences médicales attendues ;
➤des modifications des modes de financement des soins ;
➤des modifications des règles juridiques de responsabilité.
Toutes ces conséquences devant faire l’objet de réflexions et de débats.
Pour bien en comprendre la dimension indispensable, onpeut souligner
quecemouvement est déjà en cours aux États-Unis. Àtitre d’exemple, la
gestion desurgences neurologiques (telestroke) est assurée non par un hôpital
mais parunecompagnie se définissant comme une entreprise de télémédecine
(avecdescentres experts délivrant des avis et des hôpitaux partenaires [abonnés]
soumettant des cas). Autre exemple, en 2016, La Kaiser aura plus d’échanges virtuels
(emails, téléphone, vidéos) que de consultations physiques.
Néanmoins, ce qui se passe aux États-Unis ne peut servir de modèle, enraison
d’unmode de financement radicalement différent, d’un niveau d’assurance
despersonnes très disparate (sans aucune mesure avec les différences existant
enFrance), etdelataille du pays. S’inspirer du Canada est sans doute utile, mais
laculture et la taille du pays rendent impossible une simple transposition.
Il faut donc inventer la régulation, sans doute à partir d’expérimentations.
La complexité impose de la réflexion (temps long), mais les choix politiques
etlesinvestissements (décision dans un temps court) ont d’autres logiques.
Le débat s’impose, et il doit être multiple et transparent.
1. Compagnon C. Pour l’AN II
de la démocratie sanitaire,
14 février 2014.
Quelques liens utiles
www.lesdebatspublicsdelipc.com/les-traitements-ambulatoires-du-cancer/
www.lesdebatspublicsdelipc.com/1594-2/
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