Correspondances en Onco-urologie - Vol. I - n° 1 - avril-mai-juin 2010
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dossier thématique
Dépistage
dans le cancer de la prostate
dans le groupe dépisté). Dans l’étude suédoise menée
à Norrköping(11), en intention de dépistage, le risque
relatif de décès par cancer de la prostate était de 1,4
(IC95 : 0,64-1,68).
L’étude américaine PLCO (Prostate Lung Colorectal
Ovarian cancer screening trial) a inclus 73 000patients
âgés de5 à 74ans et randomisés entre un dosage
annuel de PSA et un suivi de routine. Avec un recul
moyen d’environ 10ans, le taux de décès spéci-
que n’est pas statistiquement signicatif : HR=1,13
(IC
95
: 0,75-1,7)[12]. Le taux de contamination dans le
groupe témoin est très élevé (52 %). Cet essai revient
à une comparaison entre 2groupes dépistés de façon
plus ou moins importante.
Ces 3études randomisées ont montré un excès de décès
dans le groupe dépisté de 16 % dans l’étude québecoise,
de 4 % dans l’étude suédoise et de 13 % dans l’étude
américaine.
L’étude européenne ERSPC (European Randomised
Study of screening for Prostate Cancer) a inclus
162 000hommes âgés de55 à 69ans. Cette étude, une
“collection” de données de 7pays avec cependant des
diérences substantielles dans les protocoles, soulève
des problèmes méthodologiques. Avec un suivi médian
de 9ans, il a été rapporté une baisse statistiquement
signicative du taux de décès de 20 % en faveur du bras
dépisté (p=0,04). Le taux de compliance pour le dépis-
tage est de 82 %, avec un taux de contamination dans
le groupe témoin signicativement moindre que dans
l’essai PLCO. Sur 73 000hommes dépistés, 17 500biop-
sies ont été pratiquées pour trouver 5 900cancers. Dans
le groupe dépisté, il y avait 2,77fois plus de prosta-
tectomies.
• Limites des études.
Il est nécessaire de dépister 1 410hommes pour diagnos-
tiquer en plus 48cancers et pour prévenir un décès lié au
cancer. Il faut mettre en balance l’altération de la qualité
de vie et la réduction modérée de la mortalité.
La surveillance active n’est pas sans eets indésirables :
elle peut être source de risque de perte d’assurance
santé, d’angoisse et de dépression, voire de suicide.
•
Une des leçons sera de mieux poser dans l’avenir les
indications du PSA.
En 2000, il était estimé qu’environ 12 514 000tests
avaient été réalisés pour une population de 135mil-
lions d’hommes. Depuis la n de l’année 1996, 35 %
des hommes blancs et 25 % des hommes noirs ont fait
un test au moins tous les 2ans ou plus fréquemment.
En 1996, 83 % des diagnostics chez les Blancs étaient
précédés d’un dosage du PSA.
En 2003, 56 % des seniors avaient un dosage du PSA.
La proportion allait de 64 % pour les hommes âgés
de70 à 74ans à 36 % pour les hommes âgés de 85ans
et plus !!
En 2005, un Américain avait un risque de diagnostic de
cancer de la prostate au cours de sa vie de 17 % et de
décès d’un cancer de la prostate de 3 %(13).
Il existe deux principes de base en santé publique :
Primum non nocere et “la médecine de santé publique
doit être fondée sur la preuve et non sur la foi”…
■
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R é f é r e n c e s
R É S U M É