Risque suicidaire et tentative de suicide santé mentale en population générale.

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L’Encéphale (2010) Supplément 1 au N°3, 39-57
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Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com
journal homepage: www.em-consulte.com/produit/ENCEP
Risque suicidaire et tentative de suicide
en Nord-Pas de Calais. Enseignements de l’enquête
santé mentale en population générale.
T. Danel 1-4, J. Vilain 1-3, J.L. Roelandt 1-2, J. Salleron 3, G. Vaiva 1-2-4-5, A. Amarie 1,
L.Plancke 1, A. Duhamel 3-4- 5
1.
2.
3.
4.
5.
Fédération régionale de recherche en santé mentale du Nord pas de calais (F2RSM)
Centre Collaborateur de l’Organisation Mondiale de la santé pour la recherche et la formation en santé mentale
(CCOMS, Lille, France)/ EPSM Lille-Métropole
Fédération de recherche clinique (FRC) – CHRU de Lille
Centre Hospitalier Régional Universitaire de Lille
Université Lille Nord de France
MOTS CLÉS
Risque suicidaire,
Tentative de suicide,
santé mentale en
population générale,
enquête SMPG
KEYWORDS
Risk of suicide,
Suicide attempt,
mental health in
general population,
MHGP survey.
Résumé L’enquête Santé Mentale en Population Générale est une recherche-action internationale multicentrique à l’initiative du Centre Collaborateur de l’Organisation Mondiale de la Santé pour la recherche et la formation en santé mentale (CCOMS, Lille). Ses objectifs sont d’évaluer la prévalence des principaux troubles mentaux dans la population générale adulte, et de recueillir auprès d’elle les représentations liées à la « maladie
mentale », de la « folie » et de la « dépression » ainsi que des différents modes d’aide et de soins spécialisés ou
profanes. Nous présentons dans ce travail l’exploitation des données concernant le risque suicidaire et les antécédents de tentative de suicide dans la région Nord pas de Calais. L’aspect quantitatif de ces phénomènes
est présenté ainsi que des corrélations avec les facteurs socio-économiques, culturels et psychopathologiques
qui sont discutés en tant que facteurs de protection et de vulnérabilité. Le risque suicidaire et la tentative de
suicide sont étroitement corrélés à ces facteurs et la comparaison de ces résultats avec les données recueillies
dans d’autres régions françaises montre une majoration de 21% du risque suicidaire et de 29% des tentatives
de suicide dans la population de la région Nord pas de Calais.
Abstract Suicide risk and suicide attempt in North Pas de Calais Region. Lessons from the survey Mental Health
in General Population
The Santé Mentale en Population Générale Survey (Mental Health in General Population Survey (MHGP)) is
a multicentre international research and action project initiated by the World Health Organisation Collaboration Centre for research and training in mental health. Its aims are to assess the prevalence of the major
mental health disorders in the general adult population and from this to record perceptions associated with
“mental illness”, “madness” and “depression” together with different means of assistance and specialist or lay
care. In this work we present the analysis of data on risks of suicide and past history of suicide attempts in
the Nord pas de Calais region. We present the qualitative features of these phenomena and correlations with
socio-economic, cultural and psychopathological factors, which are discussed in terms of both protective and
vulnerability factors.
Risk of suicide is present in 15% of the Nord pas de Calais population and is divided into 10.44% slight risk,
2.37% moderate risk and 2.2% high risk.
A comparison with data from the MHGP survey in other regions reveals the high risk of suicide in the NPDC
region. A risk of suicide is present is 13% of the population in other SMPG survey regions, broken down into
9.1% low risk, 2.1% medium risk and 1.7% high risk. Compared to the 2.2% high risk figure for NPDC, the
population in this category is 21% larger.
In terms of risk and protective factors, a bivariate analysis of socio-economic and cultural factors confirms the
classical risk factors of sex, marital, occupational and educational status and income. The odds-ratio for these
socio-economic and cultural factors can be calculated from logistic regression and the protective factors ranked in decreasing order from religion (Muslim versus other religions), martial status (marked versus separated),
age (over 58 years old), occupational status (working or retired versus unemployed), income (more than 1300
euros versus less than 840 euros), sex (men versus women) and immigration.
For mental illness, the bivariate analysis confirms that the risk of suicide is significantly higher regardless of the
mental disorder in question. Logistic regression categorises the mental illnesses as risk factors in the following
Auteur correspondant :
Thierry Danel : Fédération régionale de recherche en santé mentale
3, rue Malpart 59000 Lille
Tel : 33 (0) 3 20 44 10 34
Mail : [email protected]
© L’Encéphale, Paris, 2010. Tous droits réservés.
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T. Danel, J. Vilain, J.L. Roelandt, J. Sallero, G. Vaiva,A. Amarie, L.Planc e, A. Duhamel
order: depression, psychotic disorders, anxiety, alcohol abuse disorders, other drugs and insomnia.
Suicide attempts have been made by 9.7% of the study population. This figure should be compared with the
8% of the study population in other regions in the survey and represents 29% more attempts.
For the risk and protective factors the results of the bivariate analysis of socio-economic on cultural and psychopathological factors are superimposeable on those found for risk of suicide. The ranking of protective factors
obtained from logistic regression places age in first position followed in decreasing order by religion, martial
status, income, employment status and finally sex and immigration.
The same ranking of mental illnesses by logistic regression places depression as the greatest risk factor followed
by anxiety, psychotic disorders, alcohol abuse disorders, drugs and insomnia.
Introduction
L’enquête « Santé Mentale en Population Générale :
images et réalités (SMPG)» est une recherche-action internationale multicentrique menée par le Centre Collaborateur de l’OMS pour la recherche et la formation en
santé mentale (CCOMS, Lille, France), l’Association septentrionale d’Epidémiologie psychiatrique (ASEP), en collaboration avec la Direction de la recherche, des études,
de l’évaluation et des statistiques (DREES) [1,6,7,8,10].
Ses objectifs sont d’évaluer la prévalence des principaux
troubles mentaux dans la population générale adulte, et
de recueillir auprès d’elle les représentations liées à la «
maladie mentale », de la « folie » et de la « dépression »
ainsi que des différents modes d’aide et de soins spécialisés ou profanes.
L’exploitation des données de la base de données SMPG
peut se décliner aux plans international, national et régional et local notamment par secteur pour les données
françaises.
Elle a fait l’objet de nombreuses publications :
http://217.19.202.24/ccoms/docs utiles.htm.
Si les données recueillies par l’enquête permettent de
décrire les représentations liées à la santé mentale et
les modalités d’aide et de soins ainsi que d’évaluer la
prévalence des principaux troubles psychiques dans la
population générale, il s’agit alors d’un outil susceptible
de sensibiliser les partenaires sanitaires, sociaux et politiques à l’importance des problèmes de santé mentale
et promouvoir l’instauration d’une psychiatrie intégrée
dans la Cité.
D’autres exploitations de l’enquête SMPG sont possibles
et le travail présenté en témoigne. Celui-ci s’inscrit dans
le cadre d’une démarche d’exploitation systématique
des données de l’enquête SMPG afin de documenter la
santé mentale et ses déterminants dans le Nord Pas de
Calais (NPDC) ; ce travail est à l’initiative du CCOMS et
de la Fédération régionale de recherche en santé mentale du NPDC (santementale5962.com) en collaboration
avec le pole de santé publique du CHRU de Lille. Ce
travail s’inscrit dans le cadre plus large d’une recherche
visant à définir des indicateurs de santé [2, 4] pour la
santé mentale du Nord Pas de Calais.
Nous présentons dans ce travail l’exploitation des données concernant le risque suicidaire et les antécédents
de TS dans le NPDC. L’aspect quantitatif du phénomène
est présenté ainsi que des corrélations avec les facteurs
socio-économiques, culturels et psychopathologiques
qui sont discutés en tant que facteurs de protection et
de vulnérabilité.
Sujets et Méthodes
L’enquête santé mentale en population générale
L’enquête SMPG est une enquête quantitative. L’échelle
géographique de l’enquête est pour la France le secteur
psychiatrique. Pour chaque site participant à l’enquête
900 questionnaires sont documentés. Ils sont administrés en face à face avec des personnes sollicitées dans
la rue, anonymement, en respectant des quotas sociodémographiques (sexe, âge, CSP, niveau d’étude) de
manière à constituer un échantillon représentatif de la
population vivant sur le secteur concerné.
L’enquête utilise quatre questionnaires :
- Un questionnaire socio-anthropologique concernant
les représentations de la population générale autour
des images de la « folie », la « maladie mentale »,
la « dépression », des modes d’aides et de soins. Les
questions sont fermées et ouvertes en pré codage
autour des thèmes de la souffrance, de la violence, de
la guérison, de la conscience, de la responsabilité, de
l’exclusion, …
- Un questionnaire standardisé d’épidémiologie psychiatrique, le Mini International Neuropsychiatric Interview
[9]
- Des fiches complémentaires sont documentées lorsqu’il
y a trouble(s) : évaluation du sentiment d’être malade,
de la gêne dans la vie de tous les jours, des recours aux
soins effectués…
- Un questionnaire sociodémographique et culturel (respectant l’anonymat des personnes qui n’était pas tenues de répondre pour ce dernier aspect).
Base de données
La base de données qui fait l’objet d’une exploitation
du présent travail, est composée des données recueillies
auprès de 12533 personnes en région Nord-Pas-de-Calais, dans le cadre de l’enquête « La santé mentale en
population générale : images et réalités » (SMPG) réalisée par le CCOMS.
Il s’agit de l’exploitation des données concernant le risque suicidaire et les antécédents de tentatives de suicide. L’aspect quantitatif du phénomène est présenté ainsi
que des corrélations avec les facteurs socio-économiques, culturels et psychopathologiques qui sont discutés
en tant que facteurs de protection et de vulnérabilité.
Analyse statistique
Les variables qualitatives ont été décrites par les fréquences et les pourcentages. Le lien entre chaque facteur
socio économiques ou culturel et le risque suicidaire
a été testé par le test du chi-deux (analyses bivariées).
Dans toutes les analyses, les modalités « risque suicidaire
moyen » et « risque suicidaire fort » ont été regroupées.
(a) Les variables significatives au niveau de signification
5% ont été introduites dans une régression logistique
multivariée afin de déterminer les facteurs indépendants
liés au risque suicidaire. Les odds ratios ajustés et les
intervalles de confiance à 95% ont été calculés. Pour
chaque variable qualititative, la modalité de référence
choisie était celle présentant le moindre risque suicidaire. Une première régression logistique avec pour évènement la présence d’un risque suicidaire quel que soit
son niveau a été effectuée. Puis, pour tenir compte du
niveau de risque, 2 régressions logistiques ont été effectuées, avec pour évènements respectivement la pré-
Risque suicidaire et tentative de suicide en Nord Pas de Calais.
Enseignements de l’enquête santé mentale en population générale.
sence d’un risque suicidaire léger et la présence d’un
risque suicidaire moyen ou fort. Le pouvoir discriminant
de chaque modèle de régression logistique a été estimé
par l’aire sous la courbe, courbe ROC (Receiver Operating Characteristics). La calibration de chaque modèle a
été estimée par le test de Hosmer-Lemeshow [3]. Ce test
permet de comparer les probabilités d’évènements prédites par le modèle aux taux d’évènements observés.
En cas de bonne calibration (niveau de signification du
test supérieur à 0,2), la probabilité prédite par le modèle
peut être interprétée comme un score de risque.
(b) Les analyses (a) ont été effectuées pour les variables
décrivant les troubles mentaux.
(c) la même méthode a été employée pour étudier le
lien entre la tentative de suicide (évènement binaire) et
d’une part les variables socioéconomiques puis d’autre
part les troubles mentaux.
Le niveau de signification des tests était fixé à 5%. Toutes
les analyses ont été effectuées avec le logiciel SAS
Résultats
Le risque suicidaire (RS)
Il est évalué dans le questionnaire MINI à travers X questions pour lequel quatre niveaux de RS sont définis : nul,
léger, moyen et fort.
Parmi les 12533 personnes évaluées quant au RS,
84.98% sont exempts de risque, 10.44% présente un
risque léger, 2.37% un risque moyen et 2.20% un risque
fort.
Corrélation avec les facteurs socio-économiques et
cultuels
Analyse bivariée (tableau I).
Pour cette analyse, les groupes à RS moyen et fort sont
regroupés.
Le sexe. Le RS est significativement plus grand chez la
femme que chez l’homme que le risque soit léger ou
fort.
L’âge. Les classes d’âge les plus concernées par le RS
sont les 18-23 ans et les 37-57 ans. A l’opposé, ce sont
les sexagénaires qui sont le moins à risque, suivis des
24-36 ans. On peut les plus de 70 ans ont le taux de RS
léger le plus grand (13.06%) mais le taux de risque fort
le plus bas (2.35%).
La situation familiale. Le fait d’être marié protège du RS.
Les personnes séparées sont presque 2 fois plus nombreuses, en proportion, à présenter un RS (28.90%) que
la population générale (15.02%) et un peu moins de 3
fois plus par rapport à une personne mariée (10.98%).
Un RS léger (13.06%) est significativement plus important qu’en population générale en cas de veuvage. Les
individus habitant seuls (i.e. célibataires et veufs) sont
plus à RS que la moyenne de la population.
L’emploi. Les personnes ayant une activité professionnelle sont sensiblement moins exposé au RS que les inactifs
et chômeurs (16.71% versus 13.31% ). D’autre part il y
a une grande disparité du RS en fonctions des Catégories Socioprofessionnelles (CSP). En effet, les chômeurs
et inactifs ont, d’une façon générale, un risque suicidaire nettement plus élevé que la moyenne avec près d’un
inactif sur 4 présentant un RS.
Les étudiants qui ont un RS fort supérieur d’un point à
la moyenne (5.55 %) ont un risque léger de plus de 2.5
points à la moyenne (8.98 %). Les femmes au foyer ont
un RS léger plus important que la moyenne (11.76%).
Revenus et niveaux d’étude. Plus le revenu du foyer est
important et plus le niveau d’étude est élevé, moins le
RS est présent.
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Migrants. La proportion de personnes ayant un risque
suicidaire léger est faiblement plus importante chez les
personnes issues de la migration, notamment pour les
personnes dont les grands-parents étaient issus de l’immigration (18.51% contre 15.02%).
Foi et religion. Etre croyant ou pratiquant réduit faiblement le RS. On note que les musulmans ont une tendance à avoir un risque suicidaire sensiblement inférieur à la moyenne.
Régression logistique (analyse multivariée)
Le calcul des Odds Ratio a été appliqué pour trois situations. La première (tableau II, figure 1) comparant
l’absence ou la présence d’un RS quelqu’en soit l’intensité (Test de Hosmer et Lemeshow, p=0.24 ; courbe
ROC=66%). La seconde (tableau III, figure 2) compare
l’absence ou la présence d’une RS moyen ou fort (Test
de Hosmer et Lemeshow, p=0.63; courbe ROC=71.4%).
La troisième (tableau IV, figure 3) compare l’absence ou
la présence d’un RS léger (Test de Hosmer et Lemeshow,
p=0.32; courbe ROC=64.5%).
Corrélation avec les troubles mentaux.
Analyse bivariée
Quelque soit le type de trouble diagnostiqué au MINI,
le RS est significativement majoré (tableau V). Un RS
quelque soit son intensité est observé chez 6.76% des
personnes qui ne présente pas de troubles mentaux
repérés au MINI. Le RS en revanche est observé chez
29.59% des personnes présentant un trouble quel qu’il
soit diagnostiqué au MINI. C’est vrai notamment pour
les troubles de l’humeur, les troubles psychotiques et
ceux liés à l’alcool.
Régression logistique (analyse multivariée)
Comme il en a été pour l’étude des corrélations avec
les facteurs socio-économiques et cultuels, le calcul des
Odds Ratio pour la corrélation avec les troubles mentaux, a été appliqué pour trois situations (tableau VI). La
première comparant l’absence ou la présence d’un RS
quelqu’en soit l’intensité (Test de Hosmer et Lemeshow,
p=0.017; courbe ROC=74.8%). La seconde comparant
l’absence ou la présence d’une RS moyen ou fort (Test
de Hosmer et Lemeshow, p=0.05; courbe ROC=85.7%).
La troisième compare l’absence ou la présence d’un RS
léger (Test de Hosmer et Lemeshow, p=0.0008; courbe
ROC=69.9%).
Les tentatives de suicide (TS)
Un antécédent de TS, documenté chez 12524 sujets,
est rapporté chez 1214 d’entre eux soit 9.69 %.
Corrélation avec les facteurs socio-économiques et
cultuels
Analyse bivariée (tableau VII)
Le sexe. 8.09% des hommes et 11.07% des femmes ont
déjà fait une TS.
L’âge. Les classes d’âge dont le taux de personnes ayant
déjà fait une TS est élevé, sont les 18-23ans (11.62%) et
37-57ans (11.77%). Les plus de 58 ans sont les moins
touchés (7.10% pour les 58-69ans et 5.52 % pour les
plus de 70 ans.
La situation familiale. Les personnes séparées sont 2 fois
plus nombreuses, à avoir tenté de se suicider (20.98%)
que la population générale (9.69%) et un peu moins
de 3 fois plus par rapport à une personne en couple
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T. Danel, J. Vilain, J.L. Roelandt, J. Sallero, G. Vaiva,A. Amarie, L.Planc e, A. Duhamel
(7.27%). Les individus habitant seuls (i.e. les célibataires
et les veufs) ont un taux de TS plus élevé de 3 points par
rapport à la moyenne.
L’emploi. La relation entre CSP et TS oppose les chômeurs (15.72%) aux actifs (sauf employés et ouvriers) et
retraités (respectivement 6.96% et 6.62%). En effet, mis
à part ces 3 catégories, les autres CSP ont un taux de TS
comparable à la population générale.
Revenus et niveau d’étude. Plus le revenu du foyer est
important, plus le taux de TS est faible. Pareillement le
niveau d’étude est inversement corrélé avec la TS.
Migrant. Etre issu de l’immigration influence très légèrement sur le taux de TS, puisque la proportion de personnes ayant déjà essayé de mettre fin à leurs jours est
faiblement plus importante chez les personnes issues de
la migration (10.64% contre 9.39%).Les personnes dont
les grands-parents sont migrants, sont plus exposées à
un risque de TS que les autres (12.17% contre 9.69%).
Foi et religion. Alors qu’être croyant ou pratiquant réduit
faiblement le risque de TS, les personnes de confession
musulmane ont des antécédents de TS sensiblement inférieurs à la population générale.
Régression logistique (analyse multivariée)
Le test de Hosmer et Lemeshow est applicable (p value
= 0.7574 largement supérieure au 0.2 requis). De plus,
en utilisant la courbe ROC, on obtient une aire sous la
courbe égale à 66.8 %, ce qui n’est pas très éloignée du
seuil de 80 %. Les Odd Ratios relatifs à l’analyse multivariée sont rapportés dans le tableau VIII et la figure 4.
Corrélations avec les troubles mentaux
Analyse bivariée (tableau IX)
Des antécédents de TS sont remarquablement plus élevés chez les personnes présentant un trouble mental repéré au MINI par rapport à la population générale. Tout
particulièrement on observe que les personnes souffrant de troubles psychotiques, 28.93 % a déjà tenté
de mettre fin à ses jours au cours de sa vie, alors que la
moyenne en population générale est de 9.69 %. Pour
les autres troubles analysés, ce risque évolue entre 18 et
25 %. Comme on pouvait s’y attendre il ya une corrélation forte entre de RS et la TS.
Régression logistique. Analyse multivariée.
Alors que le test de Hosmer et Lemeshow montre que
le modèle n’est pas adéquat (p value = 0.0170, donc
inférieur au seuil de 0.2 requis), l’aire sous la courbe dépasse le seuil requis de 70 % avec 74.8 %. Le tableau X
ainsi que la figure 5, rapportent les Odds Ratio concernant les antécédents de TS en fonction des troubles
mentaux.
Discussion
Le risque suicidaire est présent chez 15 % de la population du Nord pas de Calais et se répartie en 10.44% de
risque léger, 2.37% de risque moyen et 2.2% de risque
fort.
Une comparaison avec les données obtenues par l’enquête SMPG dans les autres régions [5] montre le haut
risque suicidaire dans la région NPDC. En effet le risque
suicidaire est présent chez 13% de la population des
autres régions de l’enquête SMPG et se réparti en 9.1%
pour le risque faible, 2.1% pour le risque moyen et 1.7%
pour un risque fort. Pour ce dernier chiffre comparé au
2.2% de risque fort pour le NPDC c’est 21% de population en plus pour celui-ci.
En ce qui concerne la mise en évidence des facteurs de
risque et de protection l’analyse bivariée concernant les
facteurs socio-économiques et cultuels confirme les facteurs de risques classiques que sont le sexe, la situation
familiale, l’activité et les niveaux d’étude et de revenus.
La régression logistique permettant le calcul de l’odds
ratio concernant ces mêmes facteurs socio-économiques et cultuels place par ordre décroissant les facteurs
de protection dans l’ordre suivant : la religion (musulman versus autres religions), la situation matrimoniale
(marié versus séparé), l’âge (les plus de 58 ans), l’activité
(actif ou retraité versus chômeur) le niveau de revenus
( supérieur à 1300 euros versus inférieur à 840 euros)
le sexe (homme versus femme) et enfin l’immigration.
Ces résultats sont à mettre en parallèle avec les données
économiques défavorables observés par l’INSEE dans la
région [11]. Ainsi en 2006, le revenu fiscal moyen dans
le NPDC est l’un des plus faibles des régions de France
(14648 euros versus 16648) ; en 2007, 10,6% de la population active du NPDC était au chômage contre 7,5%
de la population active en France métropolitaine. Les
facteurs sociaux tels que la situation familiale vont dans
le même sens puisque l’on a vu que le fait d’être veuf ou
divorcé augmentait le RS et que selon les données du recensement de la population de l’année 2006 de l’INSEE,
parmi les personnes de 15 ans et plus, la proportion de
personnes veuves ou divorcées dans la région était de
15,1%, tandis qu’elle l’était de 14,8% en France métropolitaine et DOM (283 186 personnes veuves et 201
399 cas de divorcés ont été enregistrés dans la région
par rapport à 4 038 592 veufs et 3 587 046 divorcés en
France métropolitaine et DOM).
En ce qui concerne les troubles mentaux l’analyse bivariée confirme que le risque suicidaire est significativement plus grand quelque soit le trouble mental observé. La régression logistique classe les troubles mentaux
comme facteur de risque dans l’ordre suivant : dépression, les troubles psychotiques, l’anxiété, troubles liés à
l’utilisation de l’alcool, les autres drogues et l’insomnie.
Pour ce qui est des tentatives de suicide elle a été faite
chez 9.7% de la population testée. Ce chiffre est à comparer avec le 8% de la population testée dans les autres
régions lors de l’enquête. Ceci représente 29% de tentative en plus.
En ce qui concerne la mise en évidence des facteurs de
risque et de protection l’analyse bivariée concernant les
facteurs socio-économiques, cultuels et psychopathologique les résultats se superposent à ceux mis en évidence pour le risque suicidaire. La hiérarchie des facteurs
de protection obtenus par régression logistique place
l’âge en premier puis par ordre décroissant la religion,
la situation matrimoniale, le niveau de revenu, l’emploi
en enfin e sexe et l’immigration.
Cette même hiérarchie calculée pour les troubles mentaux fait de la dépression le facteur de risque le plus
important suivi de l’anxiété, du trouble psychotique, des
troubles liés à l’utilisation de l’alcool, des drogues et de
l’insomnie.
Conclusion
La santé mentale en population générale dans la région Nord Pas de Calais a été évaluée auprès de 12533
personnes dans le cadre d’une recherche action menée
par le CCOMS.
Risque suicidaire et tentative de suicide en Nord Pas de Calais.
Enseignements de l’enquête santé mentale en population générale.
Le présent travail présente l’exploitation de la base de
données concernant le risque suicidaire et la tentative
de suicide en population générale et ses corrélations
avec des facteurs socio-économiques et psychopathologiques. L’étude confirme le rôle de ces caractéristiques
classées quant à leur importance après calcul par régression logistique. Une attention particulière peut ainsi
être recommandée en fonction de ces facteurs de vulnérabilité.
Remerciements
Gérard Badeyan, Haut comité de santé publique, pour
sa relecture attentive.
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