Revue de presse 517
Major depression or schizoaffective depression
Mania, hypomania, or schizoaffective mania
All episodes
0
10
20
30
40
123456
Baseline global Anxiety Rating
Percent Time in Episodes
L’anxiété chez les bipolaires
constitue un facteur de mauvais
pronostic
Anxiety and outcome in bipolar disorder.
Am J Psychiatry. 2009 Nov ; 166 (11) :
1238-43.
Coryell W, Solomon DA, Fiedorowicz JG,
Endicott J, Schettler PJ, Judd LL.
CONTEXTE
L’anxiété constitue un facteur de risque
de mauvaise réponse thérapeutique chez
les sujets souffrant d’un épisode dépressif
majeur. Il s’agit même de l’un des critères
ayant la plus forte prédictivité pour la
réponse thérapeutique comme cela a été
montré récemment dans l’étude STAR*D.
Les sujets avec un haut niveau d’anxiété ou
souffrant d’une comorbidité anxieuse ont
de même plus de risque de virage, de ten-
tative de suicide, et un délai plus long avant
d’atteindre la rémission. Ces études sont
néanmoins assez courtes, et portent sur-
tout sur des unipolaires. L’équipe de San
Diego a donc analysé une nouvelle fois leur
bien belle cohorte de 430 bipolaires con-
sultants, avec un suivi allant jusqu’à 20 ans
pour certains.
MÉTHODE
Ici, seule la sévérité de l’anxiété à l’inclu-
sion des patients a été analysée. Ce niveau
d’anxiété a ensuite été regroupé en 6 types
de cotation. Le temps passé en dépression
et en phase maniaque sur les années sui-
vantes a par la suite été comparé dans ces
6 groupes. Le niveau d’anxiété étant plus
élevé dans la dépression que dans l’accès
maniaque (ce n’est pas une surprise), ce
niveau d’anxiété indiquait tout d’abord
l’existence d’une dépression, facteur de
risque en soi de plus d’épisodes ultérieurs.
Quelques analyses contrôlant ce biais ont
donc aussi été proposées.
RÉSULTATS
Plus le niveau d’anxiété initial est élevé,
plus le patient passera de temps en dépres-
sion, alors que c’est l’inverse pour les épi-
sodes maniaques. En dehors de la polarité,
le temps passé dans les épisodes thymi-
ques est corrélé à la sévérité initiale de
l’anxiété. Une anxiété quasiment nulle dans
le premier épisode est associée au fait de
ne passer que 15 % des années suivantes
en dépression ou en manie, pour 40 % si
cette anxiété est majeure.
Cet effet prédictif est décroissant dans
le temps, mais reste significatif jusqu’à
20 ans après, ce qui témoigne d’un rôle réel
et solide, quels que soient les facteurs en
jeu. Les effets de la polarité initiale (com-
mencer par une dépression est de plus
mauvais pronostic…) semblent quant à eux
moins solides dans le temps, venant ren-
forcer l’idée que les symptômes anxieux
constituent un facteur de risque relative-
ment autonome.
Enfin, les analyses plus précises des
manifestations anxieuses impliquées sont
plutôt en faveur d’un rôle prédictif de
l’anxiété au niveau dimensionnel, puisque
la comorbidité anxieuse, pour le trouble
panique comme pour tout trouble anxieux
syndromique, n’avait pas de lien avec le
temps passé en phase thymique dans les
années suivantes.
CONCLUSIONS
Un niveau d’anxiété plus élevé au cours
de l’épisode index (le premier traité) est un
facteur de mauvais pronostic. Plus les
sujets sont anxieux initialement, plus ils
passeront de temps dans des épisodes
thymiques les années à venir. Cette anxiété
signe la présence d’un épisode dépressif
plutôt que maniaque dans l’épisode index,
mais cette contamination ne suffit pas à
expliquer le rôle de marqueur négatif du
niveau d’anxiété initial.
C’est l’augmentation récente
de la consommation du
cannabis qui est associée à
l’émergence de prodromes et
d’épisodes schizophréniques
Association of pre-onset cannabis, alcohol,
and tobacco use with age at onset of pro-
drome and age at onset of psychosis in first-
episode patients.
Am J Psychiatry. 2009 Nov ; 166 (11) : 1251-7.
Compton MT, Kelley ME, Ramsay CE, Pringle
M, Goulding SM, Esterberg ML, Stewart T,
Walker EF.
COMMENTAIRE
Une hypothèse séduisante (mais bien peu
étayée par leur travail) serait que les sujets qui
ont souffert de maltraitance infantile ont une
dépression initiale marquée par plus d’anxiété,
et ont donc en général un temps passé en
dépression plus long que les autres bipolaires.
On voit poindre alors le problème de la comor-
bidité avec la pathologie borderline (fortement
comorbide avec le trouble bipolaire). Mais les
auteurs ne s’y avancent pas puisque leur
cohorte ne comprenait pas d’évaluation des
troubles de la personnalité. La conclusion
pragmatique peut être la plus importante, mais
là aussi bien indirecte, est la nécessité de repé-
rer précocement cette anxiété initiale, et peut
être de privilégier des thymorégulateurs ayant
une composante anxiolytique…
Relationship of percent time in depressive episodes to baseline global anxiety level and index
episode polarity in 427 patients with bipolar disorder, by follow-up perioda
Follow-up period
1-5 years
(N = 356)
6-10 years
(N = 311)
11-15 years
(N = 271)
16-20 years
(N = 230)
Measure FpFpFpFp
Global anxiety levelb5,3 0,021 1,1 0,285 4,7 0,031 3,4 0,065
Episode polarityc22,0 < 0,001 9,2 0,003 3,6 0,059 2,1 0,151
a. General linear model analyses for participants who completed each 5-year period.
b. Sum of the somatic and psychic anxiety scores on the schedule for affective disorders and schisophrenia.
c. Pure mania versus pure depression or cycling.