Electroconvulsivothérapie de maintenance et traitement des schizophrénies résistantes 529
mentale et thérapeutique de l’hôpital Sainte-Anne à Paris
ayant bénéficié d’ECT-M ont été analysés afin d’évaluer les
éléments suivants :
•les indications des ECT-M dans notre pratique ;
•l’efficacité des ECT-M sur la symptomatologie et sur la
qualité de vie des patients ;
•la fréquence de survenue des rechutes et leurs possibles
facteurs déclenchants ;
•les traitements médicamenteux associés.
Méthode
Il s’agit d’une étude rétrospective concernant une popula-
tion de 19 patients souffrant d’un trouble schizophrénique
ou schizoaffectif, ayant bénéficié d’ECT de maintenance
entre 1991 et 2005. Sept sujets, inclus après 1997, béné-
ficient encore du traitement par ECT-M. Tous les dossiers
de patients répondant à ces critères diagnostiques et sous
ECT-M dans notre département ont été inclus dans l’analyse.
Résultats
Données cliniques et démographiques
Notre population est composée de 11 femmes et huit
hommes. L’âge de début de la maladie s’étend de 12 à
38 ans, avec un âge moyen de 23,2 ans. Au début des ECT-M,
l’âge moyen est de 47,5 ans (±12,75) et l’ancienneté de
la maladie de 24 ans (±6). Sept patients (37 %) ont des
antécédents familiaux psychiatriques au premier degré, en
majorité de troubles thymiques (70 %). Au vu de la sévérité
de la symptomatologie clinique des patients, de leur degré
de handicap fonctionnel et de leur résistance aux traite-
ments successifs, l’ensemble des patients analysés répond
aux critères de schizophrénie résistante de Kane et al. [20].
Les diagnostics de sous-type de schizophrénie (DSM-IV)
portés au moment de l’étude sont répartis en dysthy-
mique (n= 8), hébéphrénique ou résiduel (n= 3), paranoïde
(n= 5), pseudonévrotique ou indifférencié (n= 3), désorga-
nisé (n= 1).
Symptomatologie
Les 19 sujets présentent des antécédents psychiatriques
personnels de symptômes délirants, dissociatifs, thymiques
de type maniaque (au moins cinq d’entre eux) ou dépressif
(tous).
Les symptômes décrits au long de l’histoire de la maladie,
avant ECT-M sont les suivants :
•les symptômes délirants (n= 19), à thèmes persécutifs
et mécanismes interprétatifs et hallucinatoires de type
acousticoverbal :
◦automatisme mental (n= 5),
◦hallucinations visuelles et cénesthésiques (n= 3),
◦idées délirantes à thèmes mystiques avec refus de boire
(n=1);
•les symptômes dissociatifs (n= 19) ;
•les symptômes thymiques (n= 19) :
◦maniaques (n= 5),
◦dépressifs (n= 19) ;
•les symptômes anxieux (n= 19) ;
•les symptômes obsessionnels compulsifs avec rituels de
lavage et phobie de contamination (n= 2), rituels de véri-
fication (n=1);
•le trouble du comportement alimentaire à type de res-
triction (n=1);
•les symptômes d’allure catatonique (n=2);
•les préoccupations somatiques (délirantes ou anxieuses) à
type de céphalées, vomissements, fourmillements, prurit
(n=7);
•les impulsions suicidaires fortes et quasi permanentes
(n= 1) avec antécédent de passage à l’acte autoagressif
dans le service (n= 1).
Neuf patients avaient fait des tentatives de suicide, sur-
tout médicamenteuses, avec une moyenne de 1,3 tentative
(±3,3) par patient avant le début des ECT-M dont deux par
défenestration et une par arme blanche.
Indications des ECT de maintenance
L’analyse rétrospective des dossiers cliniques montre que la
décision d’instauration d’ECT-M ne repose pas sur l’intensité
ou la sévérité des symptômes cliniques mais sur une conjonc-
tion des critères que sont l’augmentation des épisodes en
fréquence et en intensité, l’échec total ou partiel des
traitements neuroleptiques, l’intolérance aux traitements
médicamenteux (neutropénie sous clozapine, allergie à la
carbamazépine, intolérance au lithium), les rechutes pré-
coces à l’arrêt des cures d’ECT.
Dans tous les cas, il avait été constaté au moins un anté-
cédent de réponse positive au traitement par ECT en phase
aiguë de la maladie. En revanche, le nombre de séances lors
de cures d’ECT antérieures n’a pas constitué un critère de
décision d’instauration des ECT-M.
Durée et nombre des hospitalisations
Un critère essentiel pour mesurer l’efficacité de cette
modalité thérapeutique est la mesure du nombre
d’hospitalisations, de la durée de celles-ci et du temps
passé à l’hôpital, relevées respectivement dans les trois
années précédant les ECT-M, la dernière année avant et
après leur instauration. Ces chiffres sont présentés dans le
Tableau 2
Traitements rec¸us avant et après ECT-M
Le Tableau 3 détaille, pour chaque patient inclus, le nombre
total de séances d’ECT avant l’instauration des ECT-M et leur
répartition par cure ainsi que la périodicité des ECT-M.
Tous les patients ont bénéficié de cures d’ECT avant la
décision de débuter des ECT-M, en moyenne deux cures
et 24 séances au total. Les ECT-M ont été en moyenne de
47 séances espacées d’un à cinq semaines sur une période
moyenne de 43 mois.
Les médicaments administrés avant la cure d’ECT, entraî-
nant la décision d’instaurer les ECT-M, et pendant les ECT-M