Espérance de vie des patients bipolaires S189
Les caractéristiques cliniques associées
Les cycles rapides
Le trouble bipolaire à cycles rapides (au moins 4 épisodes
thymiques/an) concerne 14 à 56 % des sujets bipolaires
selon les études [28]. Les cycles rapides s’atténuent après
2 à 3 ans d’évolution.
Ils sont cependant associés à un moins bon pronostic à
long terme, une moins bonne réponse thérapeutique, un
plus grand nombre de dépressions chroniques et un risque
suicidaire plus élevé.
L’évolution vers la chronicité avec une dégradation psy-
chosociale [6].
L’évolution vers une détérioration cognitive : 32 % de
troubles neurocognitifs [5] et une symptomatologie de
type démentielle chez 3 % des patients bipolaires âgés
[16].
Les facteurs de mauvais pronostic
Le diagnostic tardif après 8 à 10 ans d’évolution en
moyenne [12] et après l’intervention de 5 médecins diffé-
rents, la gravité des épisodes, l’évolution chronique (fré-
quence des récurrences : 0,6 épisodes par an en moyenne)
et des états résiduels, les formes résistantes, en raison de
la mauvaise observance du traitement.
Les formes compliquées, comme les formes à cycles rapi-
des ou les formes rémittentes, sans véritables intervalles
libres, les comorbidités, comme les abus de substance ou
les troubles de la personnalité, la conversion d’une
dépression en trouble bipolaire dans 10–25% des cas [1].
Complications médico-légales (dettes, conduites à ris-
que, hospitalisation d’offi ce).
L’âge d’apparition du trouble a une valeur pronostique :
le trouble bipolaire à début précoce est plus sévère puis-
qu’on retrouve alors un plus grand nombre de récurren-
ces, d’épisodes mixtes, de cycles rapides, des périodes
d’euthymie plus courtes, et une moins bonne réponse aux
traitements thymorégulateurs. Le début à début tardif se
caractérise par l’association avec une grande proportion
de pathologies organiques cérébrales [4], un risque d’évo-
lution démentielle accru [17] et de mortalité plus impor-
tante [11]. Une étude danoise [14] réalisée sur
14 000 patients suivis durant 24 ans a comparé le risque
de survenue d’une démence : le risque le plus élevé est
retrouvé chez les patients bipolaires (3,4 %), comparés
aux patients unipolaires (2,1 %) puis les patients schi-
zophrènes (1,4 %) ;
les patients à formes de début tardif présentent plus sou-
vent des symptômes psychotiques et sont plus à risque de
troubles neurologiques, en particulier d’accidents vascu-
laires cérébraux [29] ;
certains auteurs considèrent que le trouble bipolaire
féminin est de moins bon pronostic par un plus grand
nombre d’épisodes dépressifs.
Les comorbidités
Depuis quelques années, les études cliniques et épidémio-
logiques sur la comorbidité se multiplient mettant en évi-
dence un taux élevé de troubles comorbides chez les
•
•
•
•
•
•
•
–
–
–
patients atteints de troubles bipolaires. Cette comorbidité
peut concerner un ou plusieurs troubles, perturber l’évolu-
tion et la prise en charge tout en péjorant le pronostic. La
comorbidité est associée à un début plus précoce de la
maladie, une accélération des cycles et une plus grande
sévérité des épisodes, avec comme conséquences une
maladie plus sévère.
Selon une méta-analyse réalisée en 2007 par Merkangas
et al. [22], un peu moins de 75 % des patients bipolaires ont
un trouble anxieux associé, 42 % sont associés à une addic-
tion en particulier à l’alcool (39 %) On note aussi des trou-
bles obsessionnels compulsifs (21 %), des troubles du
comportement alimentaire (9,5 %), des troubles de la per-
sonnalité et un trouble défi cit de l’attention/hyperactivité
TDA/H associé (31 %) (Tableau 3). Les comorbidités ne dif-
férent pas signifi cativement entre les formes bipolaires de
type I et de type II.
Tableau 3 Comorbidités psychiatriques des troubles
bipolaires au cours de la vie (Selon Merkangas et al. 2007)
% OR (95 %)
Troubles anxieux 74,9 (2,8) 6,5 (4,7-9,0)
Phobie sociale 37,8 (3,1) 4,6 (3,5-5,9)
TAG 29,6 (2,5) 6,1 (4,6-8,1)
TDAH 31,4 (3,2) 6,7 (4,8-9,3)
Addiction 42,3 (2,7) 4,2 (3,3-5,5)
Abus d’alcool 39,1 (2,6) 4,3 (3,3-5,5)
Dépendance à l’alcool 23,2 (1,9) 5,7 (4,3-7,6
Causes somatiques
Au premier rang des comorbidités somatiques sont : l’obé-
sité, le diabète, les maladies cardio-vasculaires, les endo-
crinopathies et la maladie migraineuse.
Surpoids et obésité
Une récente méta-analyse conduite par McElroy et al. [21],
concernant les travaux effectués entre 1966 et 2003 mon-
tre que les patients souffrant de maladie bipolaire ont un
surpoids ainsi qu’une obésité plus fréquent que la popula-
tion générale (44 % vs 25 %), d’obésité (20 % vs 13 %).
Les personnes obèses sous traitement amaigrissant pré-
sentent une prévalence de troubles de l’humeur comprise
entre 8 et 60 %. Selon McElroy et al. [21], le surpoids
(25 < IMC < 29,9 kg/m2) est présent chez 58 % des patients
souffrant de maladie bipolaire.
Les médicaments thymorégulateurs ont été mis en
cause ainsi que les médicaments antipsychotiques. La prise
de poids, dose dépendante, survient en général dans les
deux premières années de traitement, plus fréquemment
chez les femmes que chez les hommes, et chez les person-
nes déjà en surpoids au début du traitement. La prise de
poids est importante à considérer car elle est l’une des
causes les plus fréquentes de mauvaise observance théra-
peutique. En outre, le surpoids est lui-même corrélé à de
4509_16_Sent i ssi . i ndd 1894509_16_Sentissi.indd 189 14/ 12/ 07 14: 46: 0714/12/07 14:46:07
> XPress 6 Noir