L’Encéphale
(2013)
39,
29—37
Disponible
en
ligne
sur
www.sciencedirect.com
journal
homepage:
www.em-consulte.com/produit/ENCEP
PSYCHIATRIE
DE
L’ENFANT
Troubles
du
comportement
et
troubles
fonctionnels
du
nourrisson
:
caractéristiques,
interactions
mère-enfant,
alliance
et
évolution
après
une
psychothérapie
brève
parent-enfant.
Étude
pilote
Infants
and
toddlers
behavioral
and
functional
disorders:
Characteristics,
mother-child
interactions,
alliance
and
outcome
after
a
brief
parents-child
psychotherapy.
A
pilot
study
M.-J.
Hervéa,,
A.
Jaussentb,
M.
Paradisa,
C.
Rattaza,
S.
Lopeza,
V.
Evrarda,
M.-C.
Picotb,M.
Maurya
aService
de
médecine
psychologique
pour
enfants
et
adolescents,
hôpital
St-Éloi,
CHU
de
Montpellier,
80,
avenue
Augustin-Fliche,
34295
Montpellier
cedex
5,
France
bDIM,
recherche
clinique
et
épidémiologique,
hôpital
de
la
Colombière,
CHU
de
Montpellier,
34295
Montpellier
cedex
5,
France
Rec¸u
le
22
octobre
2010
;
accepté
le
19
octobre
2011
Disponible
sur
Internet
le
12
juin
2012
MOTS
CLÉS
Troubles
fonctionnels
;
Troubles
du
comportement
;
Jeune
enfant
;
Interactions
mère-enfant
;
Alliance
thérapeutique
Résumé
Les
objectifs
de
cette
étude
étaient,
dans
une
population
de
49
jeunes
enfants
âgés
de
trois
à
30
mois
présentant
des
troubles
fonctionnels
(TF)
et/ou
du
comportement,
d’évaluer
après
une
intervention
thérapeutique
brève
l’évolution
de
l’enfant,
des
parents
et
des
inter-
actions
mère-enfant
et
de
comparer
les
enfants
avec
et
sans
trouble
du
comportement
afin
de
mieux
comprendre
pourquoi
les
enfants
avec
des
troubles
du
comportement
(TC)
évoluent
moins
bien
que
les
autres.
Deux
évaluations
ont
été
effectuées,
l’une
avant
le
traitement,
l’autre
un
mois
après
la
fin
de
la
thérapie,
incluant
une
évaluation
des
symptômes
de
l’enfant,
des
symptômes
anxieux
et
dépressifs
des
parents,
des
interactions
mère-enfant
et
de
l’alliance
thérapeutique.
Les
résultats
montrent
une
amélioration
des
symptômes
de
l’enfant,
des
symp-
tômes
anxieux
et
dépressifs
de
la
mère
et
des
symptômes
anxieux
du
père.
Sur
le
plan
des
interactions,
les
mères
deviennent
plus
sensibles,
le
nombre
de
mères
contrôlantes
et
non
disponibles
diminue,
tandis
que
les
enfants
deviennent
plus
coopératifs
et
moins
passifs.
Les
enfants
avec
des
problèmes
de
comportement
sont
plus
âgés,
avec
un
âge
de
début
des
troubles
plus
tardif.
Ils
ont
avant
la
thérapie
des
mères
ayant
plus
de
symptômes
anxio-dépressifs
que
ceux
présentant
des
problèmes
fonctionnels.
L’alliance
thérapeutique,
évaluée
par
la
mère
à
la
première
consultation,
est
plus
basse.
Après
la
thérapie,
ces
enfants
ont
une
moins
bonne
Auteur
correspondant.
Adresse
e-mail
:
mj-herve@chu-montpellier.fr
(M.-J.
Hervé).
0013-7006/$
see
front
matter
©
L’Encéphale,
Paris,
2012.
doi:10.1016/j.encep.2012.02.003
30
M.-J.
Hervé
et
al.
évolution
et
leurs
mères
restent
plus
anxieuses
et
moins
sensibles.
Cette
étude
souligne
cer-
taines
particularités
des
jeunes
enfants
présentant
des
TC
et
confirme
la
plus
grande
difficulté
à
les
traiter.
Il
apparaît
nécessaire
d’élaborer
des
prises
en
charge
spécifiques.
©
L’Encéphale,
Paris,
2012.
KEYWORDS
Behavioral
disorders;
Functional
disorders;
Mother-infant
interaction;
Therapeutic
alliance
Summary
Objectives.
Functional
and
behavioral
disorders
are
the
most
frequent
reasons
for
consul-
tation
in
infant
psychiatry,
but
there
are
still
few
studies
about
the
efficacy
of
parents-child
psychotherapies.
Functional
disorders
appear
to
be
easier
to
treat
than
behavioral
disorders.
The
aim
of
this
study
was:
(1)
to
assess
outcome
after
a
brief
psychotherapy
in
a
population
of
49
infants
aged
3
to
30
months,
presenting
functional
or
behavioral
disorders;
(2)
to
compare
characteristics
before
therapy
and
outcomes
for
children
with
functional
disorders
and
with
behavioral
disorders,
to
have
a
better
understanding
of
the
worse
outcome
of
children
with
behavioral
disorders.
Methods.
Two
assessments
were
performed,
one
before
treatment
and
the
second
a
month
after
the
end
of
the
therapy
including
the
infant’s
symptoms
(Symptom
Check-list),
parents’
anxious
and
depressive
symptoms
(Hospital
Anxiety
and
Depression
scale)
and
mother-infant
interactions
(Crittenden
Experimental
Index
of
adult-infant
relationship).
The
therapeutic
alliance
was
assessed
by
the
therapist
and
the
parents
after
the
first
consultation
(Working
Alliance
Inventory).
Results.
The
assessments
after
therapy
show
complete
or
partial
improvement
in
the
child’s
symptoms,
in
the
mother’s
anxious
and
depressive
symptoms
and
in
the
father’s
anxious
symp-
toms.
During
interaction,
the
mothers
become
more
sensible,
the
number
of
controlling
and
of
unresponsive
mothers
decrease,
while
the
children
become
more
cooperative
and
less
pas-
sive.
Initial
characteristics
and
outcome
are
however
different
according
to
the
type
of
the
child’s
disorder.
The
children
with
behavioral
disorders
are
older
and
present
an
association
of
several
symptoms.
The
disorder
onset
is
later.
Their
mothers
are,
before
therapy,
more
anxious
and
depressive.
The
therapeutic
alliance
is
weaker.
After
therapy,
despite
the
fact
that
their
mothers’
affective
state
and
that
interactive
behavior
improves,
the
mothers
are
more
anxious
and
less
sensible,
while
the
children
no
longer
differ
from
the
group
without
behavioral
disorder
from
the
point
of
view
of
opposition
(assessed
during
mother-child
interaction).
Conclusion.
Although
this
study
is
limited
by
the
lack
of
a
control
group
and
the
sample
size,
it
underlines
some
particularities
of
infants
and
toddlers
presenting
behavioral
disorders
and
the
difficulties
involved
in
their
treatment.
One
can
wonder
if
these
characteristics
are
specific
of
the
behavioral
disorders
or
if
they
are
the
result
of
an
older
dysfunction,
complicated
by
the
developmental
evolution
of
the
child
and
the
duration
of
the
difficulties.
The
small
number
of
cases,
among
the
children
with
behavioral
disorders,
presenting
a
preexistent
functional
disorder,
the
absence
of
difference
in
the
duration
of
the
disorders,
and
the
different
disorder’s
onset
plead
in
favor
of
the
first
hypothesis.
The
behavioral
disorders
often
associate
child
psychopathology,
dysfunctional
parents-child-relationships
and
environmental
factors
difficult
to
modify
with
a
brief
therapy
focused
on
the
relationship.
It
would
appear
necessary
to
develop
specific
treatments
for
this
population.
©
L’Encéphale,
Paris,
2012.
Introduction
Les
troubles
fonctionnels
(TF)
et
les
troubles
du
comporte-
ment
(TC)
constituent
des
motifs
de
consultation
fréquents
chez
l’enfant
de
moins
de
trois
ans.
La
plupart
des
auteurs
s’accordent
sur
une
origine
multifactorielle
de
ces
diffi-
cultés
plusieurs
éléments
entrent
en
interaction
:
le
tempérament
de
l’enfant,
les
interactions
parents-enfant,
l’état
psychologique
des
parents,
le
contexte
familial,
social
et
économique.
La
plupart
des
études
ont
montré
une
asso-
ciation
significative
entre
les
troubles
précoces
de
l’enfant
et
la
présence
de
symptômes
dépressifs
chez
la
mère
[1—3],
ainsi
qu’avec
des
difficultés
dans
les
interactions
mère-
enfant
[4,5].
Plusieurs
types
d’intervention
thérapeutique
(thérapie
psychodynamique
brève,
guidance
interactive,
programme
Wait,
Watch
and
Wonder,
WWW
[«
Regarder,
Attendre
et
Réfléchir
»,
visites
à
domicile,
etc.])
ont
été
développés
ces
dernières
décennies
pour
traiter
ces
diffi-
cultés
[6—8].
Ces
traitements
précoces
prennent
tous
en
compte
l’ensemble
du
système
dans
lequel
vit
l’enfant,
et
ont
pour
cible
la
relation
parents-enfant.
Ils
se
différencient
par
leur
focus
thérapeutique,
constitué
par
les
représenta-
tions
parentales,
par
les
comportements
interactifs,
ou
par
les
deux.
On
assiste
actuellement
à
une
certaine
conver-
gence
de
ces
différentes
techniques
et
à
une
tendance
à
associer
différentes
modalités
de
traitement
[9].
Malgré
un
intérêt
croissant
pour
ces
thérapies,
notam-
ment
du
fait
de
leur
rôle
préventif
vis-à-vis
de
troubles
ultérieurs
chez
l’enfant,
il
existe
encore
peu
d’études
évaluant
leurs
effets
sur
des
échantillons
cliniques.
Les
quelques
études
effectuées
ont
montré
l’efficacité
de
ces
prises
en
charge,
les
gains
thérapeutiques
étant
en
Troubles
du
comportement
et
troubles
fonctionnels
du
nourrisson
31
général
rapides
et
obtenus
avec
un
petit
nombre
de
séances
[6,10—12].
Robert-Tissot
et
al.
[12]
dans
une
population
d’enfants
de
moins
de
30
mois
présentant
des
TF
ou
des
TC,
ont
montré
que
les
changements
les
plus
importants
étaient
observés
au
niveau
du
symptôme
de
l’enfant.
Les
résultats
indiquaient
également
une
amélioration
des
inter-
actions
mère-enfant,
une
amélioration
de
la
confiance
en
soi
de
la
mère
et
une
diminution
de
ses
affects
négatifs,
à
la
fin
de
la
thérapie
et
à
six
mois.
Cohen
et
al.
[6,13]
ont
observé
dans
une
population
similaire
une
réduction
des
symptômes
de
l’enfant,
du
stress
parental,
de
l’intrusivité
de
la
mère
et
du
conflit
mère-enfant
après
intervention
thérapeutique
(thérapie
psychodynamique
mère-enfant
ou
programme
WWW).
Si
les
études
ont
montré
une
efficacité
des
interventions,
il
semble
que
tous
les
symptômes
n’évoluent
pas
de
la
même
fac¸on.
Robert-Tissot,
Cramer,
Stern
et
al.
[12]
trouvaient
sur
l’ensemble
de
leur
population
une
moindre
améliora-
tion
des
problèmes
de
comportement
que
des
troubles
du
sommeil
ou
de
l’alimentation.
Ils
émettaient
l’hypothèse
que
ces
résultats
pouvaient
être
expliqués
par
l’évolution
développementale
de
l’enfant
avec
une
augmentation
avec
l’âge
des
difficultés
de
comportement,
mais
aussi
par
la
plus
grande
difficulté
à
traiter
les
TC.
Ceux-ci
surviennent,
en
effet,
souvent
dans
des
situations
associant
difficultés
parentales,
trouble
des
relations
et
psychopathologie
de
l’enfant.
Dans
une
population
âgée
de
trois
à
30
mois,
nous
avions
également
trouvé
que
les
facteurs
prédictifs
d’une
moins
bonne
évolution
de
l’enfant
après
une
thérapie
brève
parent-enfant
étaient
l’intensité
et
la
fréquence
des
pro-
blèmes
de
comportement,
des
peurs
et
l’absence
du
père
aux
consultations
[14].
Cette
première
analyse
était
glo-
bale
et
n’incluait
pas
l’étude
des
interactions
mère-enfant.
Au
vu
de
ces
résultats
antérieurs,
il
apparaissait
nécessaire
d’approfondir
les
caractéristiques
et
les
critères
d’évolution
des
très
jeunes
enfants
présentant
des
TC
après
une
prise
en
charge
psychothérapeutique.
Les
objectifs
de
cette
étude,
afin
de
compléter
notre
première
analyse,
étaient
:
de
préciser
l’évolution
après
une
intervention
théra-
peutique
brève
des
symptômes
de
l’enfant,
de
l’état
psychologique
des
parents
et
des
interactions
mère-
enfant
;
de
comparer
les
caractéristiques
initiales
et
l’évolution
des
enfants
avec
et
sans
trouble
du
comportement,
afin
de
préciser
ce
qui
différencie
ces
enfants,
d’une
part,
sur
le
plan
des
caractéristiques
démographiques,
symptoma-
tiques
et
familiales,
d’autre
part,
sur
le
plan
des
processus
thérapeutiques,
en
terme
notamment
d’alliance
théra-
peutique.
Méthode
Population
Tous
les
enfants
âgés
de
trois
à
30
mois
ayant
consulté
dans
un
service
de
médecine
psychologique
pour
enfants
entre
juin
2002
et
juin
2004
pour
des
TF
ou
des
TC
ont
été
inclus
dans
l’étude.
Les
parents
ont
donné
leur
accord
écrit
pour
l’étude.
L’étude
a
rec¸u
l’avis
favorable
du
Comité
de
consultation
pour
la
protection
des
personnes
se
prêtant
à
la
recherche
biomédicale
(CCPPRB)
Montpellier
St-Éloi.
Les
enfants
présentant
une
suspicion
de
maltraitance,
un
trouble
envahissant
du
développement
ou
ayant
un
parent
souffrant
d’une
pathologie
psychotique
ont
été
exclus.
Cinquante-cinq
familles
ont
été
inclues,
49
familles
ont
réa-
lisé
à
la
fois
l’évaluation
en
début
et
en
fin
de
traitement
et
ont
été
analysées.
Les
enfants,
31
garc¸ons
(63,3
%)
et
18
filles
(36,7
%)
étaient
âgés
de
quatre
à
29
mois
lors
du
premier
entre-
tien
(m
=
18,8
mois,
ET
=
6,5).
La
majorité
des
parents,
soit
92
%,
vivaient
en
couple
(51
%
mariés,
41
%
vivant
en
concubinage)
;
8
%
étaient
séparés.
Les
catégories
sociopro-
fessionnelles
du
chef
de
famille
(CSP)
se
répartissaient
en
8,2
%
d’artisans
ou
de
commerc¸ants,
30,6
%
de
cadres
ou
pro-
fessions
intellectuelles
supérieures,
42,8
%
de
professions
intermédiaires
ou
employés,
12,2
%
d’ouvriers
et
6,1
%
sans
activité.
L’âge
moyen
des
pères
était
de
32,7
ans
(ET
=
6,2)
et
des
mères
de
30,2
(ET
=
4,8).
Le
motif
de
consultation
était
un
problème
fonction-
nel
(trouble
du
sommeil
ou
de
l’alimentation)
dans
38
cas
(77,5
%),
un
problème
de
comportement
(agitation,
agres-
sivité,
oppositions,
crises
de
colère,
retrait)
dans
six
cas
(12,2
%)
et
une
association
des
deux
dans
cinq
cas
(10,2
%).
Un
nombre
important
d’enfant,
soit
63,3
%,
présentait
plus
d’un
symptôme,
spécifié
ou
non
dans
le
motif
de
consulta-
tion.
Cinq
enfants
consultant
pour
un
problème
fonctionnel
présentaient
aussi
un
trouble
du
comportement
non
évoqué
lors
de
la
demande
par
les
parents.
Au
total,
16
enfants
pré-
sentaient
un
trouble
du
comportement
(associé
ou
non
à
un
trouble
fonctionnel).
Intervention
thérapeutique
Le
suivi
a
consisté
en
des
consultations
thérapeutiques,
effectuées
par
deux
thérapeutes
expérimentés,
s’appuyant
sur
les
théories
du
développement
précoce
et
les
théories
psychodynamiques,
dont
la
théorie
de
l’attachement
plus
particulièrement
[8,9,15].
Le
nombre
de
consultations
n’est
pas
défini
à
l’avance,
mais
il
est
inférieur
à
dix
dans
la
plu-
part
des
cas.
Le
travail
se
déroule
avec
la
mère
ou
avec
les
deux
parents.
Les
objectifs
principaux
du
suivi
sont
de
réduire
le
symptôme
de
l’enfant,
d’améliorer
son
fonction-
nement
émotionnel,
de
réduire
la
souffrance
psychologique
des
parents
et
d’améliorer
les
relations
parent(s)-enfant.
Le
processus
thérapeutique
s’appuie
à
la
fois
sur
une
explo-
ration
des
représentations
et
des
émotions
des
parents
vis-à-vis
de
l’enfant
et
sur
un
travail
sur
les
interactions
survenant
pendant
la
consultation.
Il
s’agit
de
soutenir
la
sensibilité,
la
compréhension
et
la
qualité
des
réponses
des
parents
aux
signaux
et
aux
besoins
de
l’enfant
et
de
ren-
forcer
les
interactions
positives.
L’histoire
antérieure
des
parents
est
en
général
explorée
afin
d’aider
le
thérapeute
à
mieux
comprendre
et
dénouer
les
patterns
relationnels
dysfonctionnels
actuels,
et
notamment
mieux
comprendre
les
stratégies
des
parents
dans
leur
démarche
de
demande
d’aide
pour
leur
enfant
[16].
La
sécurité
fournie
par
la
relation
thérapeutique,
et
notamment
l’empathie
du
théra-
peute,
constitue
un
élément
essentiel
du
traitement
jouant
le
rôle
d’«
expérience
émotionnelle
correctrice
»
[17].
À
noter
qu’un
enfant,
présentant
des
troubles
du
sommeil,
a
32
M.-J.
Hervé
et
al.
bénéficié
d’un
traitement
médicamenteux
prescrit
au
cours
du
suivi.
Procédure
d’évaluation
Deux
évaluations
ont
été
effectuées,
l’une
juste
avant
la
première
consultation
et
l’autre
un
mois
après
l’arrêt
des
consultations.
Les
domaines
suivants
ont
été
explorés
:
la
symptomatologie
de
l’enfant,
la
symptomatologie
anxieuse
et
dépressive
des
parents
et
les
interactions
parent(s)-
enfant.
Deux
types
d’évaluation
des
interactions
ont
été
effectuées
:
lorsque
la
mère
venait
seule
avec
l’enfant
au
premier
rendez-vous,
celle
des
interactions
mère-enfant,
lorsque
les
deux
parents
étaient
présents,
celle
des
inter-
actions
père-mère-enfant.
Nous
ne
présentons
ici
que
les
résultats
concernant
les
interactions
mère-enfant,
les
inter-
actions
père-mère-enfant
n’ayant
pas
montré
d’évolution
significative.
Cinq
familles
ont
accepté
de
remplir
les
ques-
tionnaires
de
l’évaluation
finale,
mais
n’ont
pas
effectué
l’évaluation
des
interactions,
par
manque
de
disponibilité
le
plus
souvent.
L’alliance
thérapeutique
a
également
été
éva-
luée
à
la
fin
de
la
première
consultation
par
le
thérapeute
et
par
les
parents.
Instruments
Symptômes
de
l’enfant
Le
«
Symptom
check-list
»
(SCL)
[18,19]
permet
d’évaluer
les
symptômes
dans
les
domaines
suivants
:
sommeil,
alimenta-
tion,
digestion,
comportement,
peurs-timidité,
séparation,
répercussion
des
troubles
sur
la
famille.
La
fréquence
et
l’intensité
des
difficultés
au
cours
des
quatre
dernières
semaines
sont
évaluées
par
le
parent
par
des
questions
codées
sur
une
échelle
en
cinq
points
de
1
(jamais
ou
non
important)
à
5
(presque
toujours
ou
très
important).
La
durée
des
troubles
est
aussi
notée.
Un
sous-score
moyen
est
calculé
pour
chaque
domaine.
Le
score
global
correspond
à
la
moyenne
des
sous-scores.
Pour
cette
étude,
nous
avons
créé
un
score
appelé
«symptôme
principal
»correspondant
au
score
du
symptôme
principal
de
l’enfant
tel
qu’évalué
par
le
thérapeute
(score
de
sommeil
en
cas
de
troubles
du
som-
meil,
etc.
ou
en
cas
d’association
de
troubles,
la
moyenne
des
scores
des
deux
symptômes
principaux,
par
exemple
sommeil
et
comportement).
Symptômes
anxieux
et
dépressifs
des
parents
L’«
Hospital
Anxiety
and
Depression
Scale
»
(HAD)
[20]
a
été
rempli
par
les
parents
avant
et
après
la
prise
en
charge.
L’HAD,
traduit
et
validé
en
franc¸ais
par
Lépine,
est
un
auto-questionnaire
de
14
items
qui
permet
d’identifier
l’existence
d’une
symptomatologie
anxieuse
ou
dépressive
chez
l’adulte
et
d’en
évaluer
la
sévérité.
Plusieurs
études
ont
montré
son
intérêt
pour
apprécier
l’évolution
de
la
symptomatologie
anxieuse
et/ou
dépressive
au
cours
du
temps.
Chaque
item
est
codé
sur
une
échelle
en
quatre
points
permettant
d’obtenir
deux
scores
variant
de
0
à
21,
l’un
pour
la
dépression,
l’autre
pour
l’anxiété.
L’anxiété
ou
la
dépression
est
considérée
comme
certaine
pour
un
sous-score
supérieur
ou
égal
à
11,
comme
possible
pour
un
sous-score
entre
8
et
10.
Par
ailleurs,
le
thérapeute
a
noté
à
la
fin
du
premier
rendez-vous
son
appréciation
clinique
concernant
la
présence
d’une
anxiété
ou
d’une
dépression
parentale.
Interactions
mère-enfant
L’enfant
et
la
mère
ont
été
filmés
au
cours
d’un
jeu
libre
d’environ
dix
minutes
utilisant
des
jouets
adaptés
à
l’âge
de
l’enfant.
La
qualité
des
interactions
a
été
évaluée
avec
le
«
Crittenden
Experimental
Index
of
adult-infant
relation-
ship
»
[21].
Sept
aspects
du
comportement
interactionnel
(expressions
faciales,
expressions
vocales,
positions
cor-
porelles,
expression
d’affection,
tours
de
parole,
contrôle
et
choix
d’activité)
sont
codés
en
utilisant
trois
items
pour
la
mère
(sensible,
contrôlante
et
non
disponible)
et
quatre
pour
l’enfant
(coopérant,
compulsivement
complai-
sant,
opposant
et
passif),
de
fac¸on
à
obtenir
un
score
de
0
à
7
pour
chacun
des
items.
La
mère
est
considérée
comme
sensible
et
l’enfant
comme
coopérant
pour
un
score
supérieur
à
5.
La
mère
est
considérée
comme
contrôlante
et/ou
non
disponible,
l’enfant
compulsivement
complai-
sant,
opposant
et/ou
passif,
quant
les
scores
respectifs
sont
supérieurs
à
3.
Alliance
thérapeutique
Elle
a
été
évaluée
à
l’aide
du
«
Working
Alliance
Inventory
»
(WAI),
échelle
largement
utilisée
qui
évalue
l’alliance
dans
trois
dimensions
:
liens,
objectifs
et
tâches.
L’échelle
a
été
traduite
en
franc¸ais,
adaptée
aux
consultations
précoces
et
validée
dans
sa
version
courte
observateur
[22].
Les
versions
thérapeute
et
mère
ont
été
calquées
sur
cette
version
vali-
dée.
Elles
comportent
14
questions,
codées
sur
une
échelle
analogique
en
sept
points
(de
pas
du
tout
d’accord
à
tout
à
fait
d’accord)
et
permettent
d’obtenir
un
score
global
variant
de
14
à
98.
Les
échelles
d’alliance
ont
été
remplies
par
le
thérapeute
et
les
parents
à
la
fin
de
la
première
consultation.
Étant
donné
la
présence
de
données
man-
quantes
pour
le
père,
seule
l’échelle
remplie
par
la
mère
a
été
utilisée
ici.
Analyse
des
données
L’évolution
de
l’enfant
et
des
parents
a
été
évaluée
en
com-
parant
les
sous-scores
initiaux
et
finaux
du
SCL,
de
l’HAD
et
de
l’échelle
de
Crittenden
par
le
test
non
paramétrique
pour
séries
appariées
de
Wilcoxon.
Pour
chaque
dimension
de
l’échelle
de
Crittenden
et
pour
les
scores
d’anxiété
et
de
dépression
des
parents,
les
proportions
de
sujets
dépassant
le
seuil
symptomatique
avant
et
après
la
prise
en
charge
ont
été
comparées
(Chi2de
Mac
Nemar).
Les
caractéristiques
initiales
des
enfants
sans
TC
(groupe
TF)
et
avec
TC
(définis
par
un
sous-score
de
comporte-
ment
au
SCL
supérieur
à
2,5
et
un
diagnostic
de
trouble
du
comportement
posé
par
le
thérapeute,
groupe
TC),
ont
été
comparés,
en
particulier
l’âge,
la
durée
des
troubles,
l’alliance
thérapeutique,
les
scores
au
SCL,
à
l’HAD
et
au
cours
des
interactions
(tests
de
comparaison
de
moyenne
non
paramétrique
de
Mann
Whitney).
L’évolution
de
l’enfant,
des
parents
et
des
interactions,
mesurée
par
les
variations
relatives
des
scores
((score
final—score
ini-
tial)/score
initial),
a
été
comparée
en
fonction
du
type
de
trouble
de
l’enfant
(tests
de
Mann
Whitney).
Les
analyses
Troubles
du
comportement
et
troubles
fonctionnels
du
nourrisson
33
ont
été
effectuées
à
l’aide
du
logiciel
SAS
(seuil
de
signifi-
cativité
fixé
à
5
%).
Résultats
Évolution
de
l’enfant,
des
parents
et
des
interactions
Le
Tableau
1
rapporte
les
comparaisons
des
scores
moyens
initiaux
et
finaux
dans
les
différents
domaines
évalués,
ainsi
que
la
comparaison
entre
le
nombre
de
sujets
dépassant
le
seuil
symptomatique
avant
et
après
la
prise
en
charge
pour
l’HAD
et
le
Crittenden.
Pour
l’HAD,
un
seuil
à
8
a
été
choisi
afin
de
privilégier
la
sensibilité.
Il
a,
en
effet,
été
constaté
dans
notre
population
une
tendance
à
la
sous-évaluation
des
éléments
anxio-dépressifs
par
rapport
à
l’évaluation
clinique
du
thérapeute
(avec
un
seuil
à
8,
77
%
des
mères
repérées
comme
anxieuses
par
le
thérapeute
le
sont
aussi
avec
l’HAD,
contre
46
%
avec
un
seuil
à
11
;
pour
la
dépres-
sion
les
chiffres
sont
respectivement
de
43
%
avec
un
seuil
à
8,
et
23
%
avec
un
seuil
à
11).
Pour
l’enfant,
on
constate
une
évolution
significative
dans
tous
les
domaines
en
dehors
des
symptômes
digestifs
et
des
symptômes
de
peurs-timidité.
Pour
les
parents,
on
observe
une
amélioration
significative
des
scores
moyens
d’anxiété
et
de
dépression
de
la
mère
ainsi
qu’une
diminu-
tion
significative
du
nombre
de
mères
symptomatiques
après
la
thérapie.
On
observe
une
diminution
significative
du
score
moyen
d’anxiété
du
père
et
pas
de
changement
pour
le
score
de
dépression.
Concernant
les
interactions
mère-enfant,
le
score
moyen
de
sensibilité
de
la
mère
augmente
de
fac¸on
significative
après
la
thérapie
tandis
que
la
proportion
de
mères
non
sen-
sibles
diminue,
passant
de
71
%
à
33
%.
De
même,
on
observe
une
diminution
du
score
moyen
de
non-disponibilité
à
la
limite
de
la
significativité,
avec
une
diminution
significa-
tive
du
nombre
de
mères
non
disponibles.
Il
n’existe
pas
de
Tableau
1
Comparaison
des
évaluations
initiales
et
finales.
Évaluation
1
Score
1
m
(ET)
Évaluation
2
Score
2
m
(ET)
Variation
absolue
(Wilcoxon)
Évaluation
1
Sujets
symptoma-
tiques
n
(%)
Évaluation
2
Sujets
sympto-
matiques
n
(%)
Variation
de
pourcentage
(Mac
Nemar)
SCL
(n
=
49)
Sommeil 2,62 (0,88)
1,85 (0,74)
0,77***
Alimentation 1,70 (0,84)
1,39 (0,54)
0,31**
Digestion 1,64 (0,50)
1,52 (0,46)
0,12
Comportement
2,22
(0,77)
1,99
(0,69)
0,22***
Peurs
timidité
1,92
(0,71)
1,95
(0,63)
+0,03
Séparation
2,74
(1,27)
2,31
(1,08)
0,44*
Répercussion
2,75
(1,09)
1,87
(1,16)
0,89***
Symptôme
principal
3,09
(0,66)
1,99
(0,99)
1,01***
Score
global
2,22
(0,45)
1,84
(0,52)
0,38***
HAD
mère
(n
=
49)
Anxiété
9,31
(3,89)
7,82
(3,58)
1,49*** 33
(67,3)
24
(49,0)
18,3**
Dépression
5,39
(3,23)
4,10
(3,10)
1,28*** 12
(24,5)
5
(10,2)
14,3*
Anxieuse
et/ou
déprimée
34
(69,4)
24
(49,0)
HAD
père
(n
=
35)
Anxiété
6,71
(3,15)
5,60
(2,56)
1,11*13
(37,1)
8
(22,8)
14,3
Dépression
3,83
(2,58)
3,20
(2,54)
0,63
3
(8,6)
3
(8,6)
0,0
Anxieux
et/ou
déprimé
15
(42,8)
9
(25,7)
Interactions
mère-enfant
(n
=
21)
Mère
Sensible
4,62
(1,32)
5,67
(1,24)
+1,04*** 6
(28,6)
14
(66,7)
+38,1**
Contrôlante
3,57
(1,80)
3,05
(1,80)
0,52
14
(66,7)
8
(38,1)
28,6*
Non
disponible
2,81
(1,83)
2,09
(1,45)
0,71a9
(42,8)
2
(9,5)
33,3**
Enfant
Coopérant
5,29
(1,23)
5,90
(0,89)
+0,62*11
(52,4)
16
(76,2)
+23,8
Compulsivement
complaisant
2,14
(1,42)
2,14
(1,35)
0,00
3
(14,3)
4
(19,0)
+4,7
Opposant
1,43
(1,69)
1,52
(1,40)
+0,09
4
(19,0)
3
(14,3)
4,7
Passif
2,24
(1,78)
1,38
(1,12)
0,86*6
(28,6)
1
(4,8)
23,8a
*p
0,05, **p
0,01, ***p
0,001
;
sujets
symptomatiques
:
HAD
:
score
supérieur
ou
égal
à
8
;
interactions
mère-enfant
:
score
supérieur
ou
égal
à
6
pour
la
sensibilité
de
la
mère
et
la
coopération
de
l’enfant
;
supérieur
ou
égal
à
4
pour
les
autres
scores.
ap
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