184 J. Chambry et al.
Résultats de l’évaluation initiale T0
Descriptif de la population
Les 36 enfants, cinq filles et 31 garc¸ons, adressés pour une
plainte primaire portant sur l’attention et/ou l’agitation,
avaient eu un parcours de soins antérieur (psychothérapie
chez 24 d’entre eux, rééducation orthophonique et/ou psy-
chomotrice chez 31). Ils étaient âgés de huit ans cinq mois
en moyenne et scolarisés en primaire avec un retard scolaire
d’un an pour 16 d’entre eux. Des antécédents familiaux de
troubles de l’attention étaient notés dans cinq familles. Pen-
dant la grossesse ou la période périnatale, un traumatisme
(hospitalisation, perte d’un proche, difficultés familiales)
était rapporté par 27 familles.
Questionnaires et évaluation neuropsychologique
Les résultats sont détaillés dans le Tableau 1.
Les moyennes des scores des questionnaires paren-
taux appréciant l’inattention et l’hyperactivité/impulsivité,
étaient significativement pathologiques en comparaison à
la moyenne théorique (p0,01 à 0,000 Student-t). Néan-
moins, les scores variaient d’un enfant à l’autre. Le score
d’inattention du DSM IV était pathologique chez tous les
enfants sans corrélation avec celui du CBCL, patholo-
gique chez seulement 58 % des enfants. L’hyperactivité
était pathologique au questionnaire de Conners chez 58 %
des enfants alors que l’impulsivité l’était chez une mino-
rité (36 %). Tous les scores d’hyperactivité et d’impulsivité
étaient corrélés entre eux et aux scores d’inattention
(coefficient rde Pearson entre 0,44 et 0,84 ; p< 0,001).
Le questionnaire de Conners rempli par les enseignants,
pathologique chez 53 % des enfants, n’était pas corrélé aux
questionnaires parentaux.
Le QIV moyen était significativement supérieur à la
moyenne théorique et au QIP. La moyenne de tous les tests
attentionnels et des fonctions exécutives était significative-
ment inférieure à la moyenne théorique (p0,01 à 0,000) à
l’exclusion de la planification (Tour de la Nepsy). Le déficit
en attention soutenue s’exprimait par des temps de réac-
tion au Fe-Psy allongés, fluctuants, émaillés d’omissions ;
des indices d’attention soutenue, de variabilité, d’omissions
et un index de ressemblance à un profil de TDA/H élevés au
CPT-2. L’impulsivité au CPT-2 et à la précision visuomotrice
ainsi que le contrôle insuffisant de l’inhibition à la NEPSY
témoignait du déficit des fonctions exécutives. Il existait,
néanmoins, une très grande diversité des déficits observés et
de leur association chez chaque enfant. Soixante-douze pour
cent des enfants avaient des scores d’attention soutenue
pathologiques au Fe-Psy et 52 % au CPT-2.
L’impulsivité motrice était pathologique chez 75 % des
enfants et le contrôle de l’inhibition chez 53 %. Deux enfants
seulement n’avaient aucun score pathologique à l’ensemble
des tests attentionnels et exécutifs, tous les autres avaient
un ensemble très divers de scores déficitaires. Les scores
de mémoire des chiffres étaient corrélés au QIV (r0,6 ;
p< 0,000), évoquant le profil classique des enfants avec
troubles du langage. Les scores d’impulsivité étaient corré-
lés au QIP (r0,4 ; p< 0,05). Les différents indices d’attention
soutenue et d’impulsivité du CPT-2 étaient dans l’ensemble
corrélés entre eux (rentre 0,4 et 0,8 ; p< 0,005), mais pas
à l’impulsivité motrice ou à la planification. Les scores des
questionnaires et les valeurs attentionnelles n’étaient cor-
rélés que ponctuellement.
La comorbidité et l’hypothèse d’organisation
psychopathologique structurelle
Les caractéristiques de ces données sont détaillées dans les
Tableaux 2 et 3.
La majorité des enfants avait au moins une comorbidité
selon l’axe I du DSM-IV. Les troubles anxieux représentaient
la comorbidité la plus fréquente, touchant 57 % des enfants,
avec 40 % d’anxiété de séparation, 29 % de manifestations
de trouble phobique, 3 % de trouble obsessionnel compulsif.
Trois enfants avaient un trouble dépressif. Dans cette popu-
lation, les troubles oppositionnels et de conduites étaient
moins fréquents (respectivement 23 et 3 % des enfants).
L’hypothèse de l’organisation psychopathologique structu-
relle proposée par le pédopsychiatre selon les critères de
la CFTMEA [23], était névrotique chez 70 % des enfants
et limite chez 30 %. Une fragilité narcissique était mani-
feste chez 46 % de la population. Les interactions parentales
étaient considérées comme adaptées seulement chez 23 %.
Dans 35 % des cas, la mère présentait un syndrome dépressif
ou un trouble anxieux avéré. L’hypothèse de l’organisation
psychopathologique structurelle selon les tests projectifs,
était en cours d’organisation névrotique chez 42 % des
enfants et traduisant un fonctionnement limite chez 58 %.
L’organisation de la personnalité, selon l’entretien pédopsy-
chiatrique et l’évaluation projective, était cohérente chez
19 enfants, discordante chez les 17 autres, le plus souvent
dans le sens d’une organisation jugée limite aux projectifs
non retrouvée à l’entretien pédopsychiatrique.
La comparaison des scores des questionnaires, selon
la comorbidité psychiatrique et l’organisation psychopa-
thologique structurelle, ne montrait que des différences
ponctuelles. Les enfants, chez qui le pédopsychiatre avait
diagnostiqué un TOP ou de TCD, avaient au CBCL un score
plus élevé de difficultés de socialisation, trouble de pen-
sée, comportement délictueux et agressif (comparaison de
moyenne des t-scores, p< 0,01). Les enfants pour lesquels
le pédopsychiatre proposait une organisation de personna-
lité limite présentaient des scores plus élevés d’anxiété au
Conners (p< 0,01), non confirmés par le CBCL et plus élevés
de comportement agressif (p< 0,05). Les enfants dont les
projectifs suggéraient une organisation névrotique avaient
un indice de somatisation plus élevé (p< 0,05).
Relations entre les scores attentionnels et les données
psychiatriques et projectives
Elles sont détaillées dans le Tableau 2.
Il n’y avait aucune différence dans les scores atten-
tionnels selon l’existence ou non d’une comorbidité ou
l’hypothèse d’organisation psychopathologique structurelle
à l’entretien pédopsychiatrique.
En comparaison avec les enfants en cours d’organisation
névrotique, les enfants dont l’évaluation projective propo-
sait un fonctionnement limite présentait un QIP plus faible
(95 vs 104, p< 0,05), des scores de variabilité au CPT-2 plus
pathologiques (indices 59 vs 53, p< 0,05) et l’index TDA/H
tendait à être plus élevé (62 vs 54, p: 0,08). Aucun autre
score d’attention ou exécutifs ne différait.