148 M.-C. Gandolphe, J.-L. Nandrino
Nous avons réalisé une analyse de variance (Anova) afin
de mesurer l’effet principal du type de consommation sur
les résultats aux tests préliminaires (RLS-15, STAI Y, TAS 20 et
BDI). Puis, nous avons utilisé le test de Bonferroni pour les
comparaisons deux à deux.
Concernant le test de mémoire autobiographique, l’effet
possible du niveau de dépression des patients sur leur rap-
pel autobiographique [40] a été pris en considération en
procédant à une analyse de covariance (Ancova) (en dépit
de certaines limites induites par cette méthode de traite-
ment). Après nous être assurés de l’homogénéité des pentes,
des comparaisons par paires (test de Bonferroni) ont été
réalisées.
Résultats
Résultats aux tests cliniques préliminaires
Effet principal de la consommation sur les résultats aux
tests cliniques préliminaires
Les résultats de l’Anova montrent qu’ilyauneffet prin-
cipal du type de consommation sur le niveau d’anxiété
état (F(4,102) = 11,2 ; p< 0,001), d’anxiété trait (F(4,102) =19;
p< 0,001), de dépression (F(4,102) = 36,7 ; p< 0,001) et
d’alexithymie (F(4,102) = 7,2 ; < 0,001) (Tableau 1).
Il existe également un effet principal du type de consom-
mation sur les différents paramètres du test de mémoire
épisodique : nombre moyen de mots rappelés (F(4,102) = 2,5 ;
p< 0,05), nombre moyen d’essais (F(4,102) = 8,2 ; p< 0,001) et
nombre de mots rappelés en différé (F(4,102) = 4,9 ; p< 0,01).
Comparaisons par paire des résultats aux évaluations
cliniques préliminaires
Concernant l’ensemble des tests cliniques préliminaires, les
résultats montrent que les scores des individus témoins,
des consommateurs occasionnels de cannabis et des indi-
vidus ayant une consommation abusive de cannabis ne sont
pas différents mais qu’ils se distinguent en revanche des
patients dépendants au cannabis et des patients polycon-
sommateurs (pour les scores de dépression, d’anxiété état
et d’alexithymie). Cependant aucune différence entre le
groupe de patients présentant un abus et le groupe de
patients dépendants au cannabis n’est observée pour les
tests d’anxiété trait et d’alexithymie. De plus, au niveau
des deux groupes de patients dépendants (au cannabis et
polyconsommateurs), il n’y a aucune différence significative
entre les deux groupes de patients dépendants pour les tests
d’anxiété état et d’alexithymie. Cependant, pour les tests
d’anxiété trait et de dépression, les polyconsommateurs ont
des scores supérieurs aux patients dépendants au cannabis.
Au niveau de la mémoire épisodique, l’ensemble des par-
ticipants a globalement rappelé le même nombre moyen
de mots en rappel immédiat aux différents essais, sauf les
polyconsommateurs dont le score est inférieur aux consom-
mateurs occasionnels.
Le nombre moyen d’essais au test de rappel immédiat
ne diffère pas pour les individus témoins, les consomma-
teurs occasionnels et les patients présentant un abus. En
revanche, il est plus important pour les individus dépen-
dants au cannabis et pour les polyconsommateurs que pour
les individus témoins. Ces deux groupes de patients présen-
tant une addiction ont le même nombre moyen d’essais.
Néanmoins, les polyconsommateurs ne manifestent pas non
plus de différence de score avec les individus ayant une
consommation abusive et occasionnelle de cannabis, alors
que les patients dépendants au cannabis ont un nombre
moyen d’essais supérieur aux consommateurs occasion-
nels.
Pour le nombre de mots rappelés en différé, aucune
différence significative n’est observée entre les groupes,
sauf pour les polyconsommateurs. Ces derniers ont un
nombre de mots rappelés en différé inférieurs aux individus
témoins, aux consommateurs occasionnels. En revanche, il
n’y a pas de différence significative remarquable entre les
polyconsommateurs et les patients présentant un abus ou
dépendants au cannabis.
Résultats au test de mémoire autobiographique
Homogénéité des pentes
Pour les souvenirs autobiographiques généraux, les pentes
peuvent être considérées comme homogènes (F(4, 97) = 0,48 ;
p= 0,75), de même pour les souvenirs généraux positifs
(F(4, 97) = 2,25, p= 0,07) et pour les souvenirs généraux néga-
tifs (F(4, 97) = 1,2 ; p= 0,32). L’homogénéité des pentes n’est
pas rejetée.
Effet principal de la consommation sur les résultats au
test de mémoire autobiographique
L’Ancova révèle un effet du type de consommation sur
le pourcentage de souvenirs autobiographiques rappelés
(F(4, 101) = 25,6 ; p< 0,001), quelle que soit leur valence
émotionnelle (positifs : F(4, 101) = 19,3 ; p< 0,001 ; négatifs :
F(4,101) = 13,7 ; p< 0,001). Les résultats montrent également
un effet du type de consommation sur le nombre de non-
réponses (F (4, 101) = 4,7 ; p< 0,01) (Fig. 1).
Comparaisons par paire des résultats au test de mémoire
autobiographique
Concernant les souvenirs autobiographiques quelle que soit
leur valence émotionnelle, les résultats montrent que les
individus témoins ont un pourcentage de souvenirs généraux
rappelés plus faible que les autres groupes. Les consom-
mateurs occasionnels de cannabis ne diffèrent pas à la fois
des individus témoins et des individus présentant un abus,
alors que ces deux groupes sont significativement différents.
Malgré un pourcentage de souvenirs généraux plus élevé
pour les patients présentant un abus que pour les individus
témoins, ces derniers rappèlent significativement moins de
souvenirs généraux que les patients dépendants au canna-
bis et les polyconsommateurs. Ces deux groupes de patients
dépendants ne présentent aucune différence significative
concernant leur pourcentage de souvenirs généraux auto-
biographiques rappelés (Fig. 1).
Si l’on distingue les souvenirs autobiographiques néga-
tifs et positifs, l’évolution du pourcentage de souvenirs
généraux négatifs est la même que pour le pourcentage de
souvenirs généraux toute valence émotionnelle confondue :
le pourcentage de souvenirs négatifs rappelés est le même
pour le groupe témoin et le groupe de consommateurs occa-
sionnels et il augmente en fonction de l’importance de la
consommation.