quartier, a demandé à me voir dans mon bureau. Elle m'a posé plusieurs questions sur la
régularité administrative de l'association et sur les normes de sécurité qui encadrent le
bâtiment de la fondation. J'ai répondu que les équipements de sécurité étaient flambant
neufs et dotés des dernières technologies.
"L'agente d'autorité est alors entrée dans le vif du sujet, en posant une question
détournée sur les artistes proposés dans le cadre de notre programmation du ramadan.
Ne la connaissant pas, j'ai appelé la directrice générale de la fondation, qui m'a appris
qu'El 7a9ed était programmé ce même soir. C'est à ce moment là que j'ai enfin compris
l'objet de cette visite inopinée.
"J'ai donc demandé à mon interlocutrice si l'objet de sa visite était de faire interdire ce
concert. Elle a répondu par la négative, en me suggérant de le faire reporter à une date
ultérieure.
"Conscient que les textes dérangeants du rappeur étaient la cause de la soudaine
mobilisation des autorités, j'ai répondu que si leur visite était intervenue 2 ou 3 jours plus
tôt, nous aurions pu trouver un moyen de sauver la face, de part et d'autre.
"J'ai poursuivi que le fait de venir le jour même du concert pour l'annuler sous couvert
de raisons fallacieuses était inacceptable pour la fondation, car nous avons une image
d'indépendance à défendre.
"Malgré cela, j'ai proposé une solution, en lui demandant un papier officiel interdisant ce
concert. Devant la caïd qui me jurait qu'elle n'était pas là pour interdire le concert, j'ai
rétorqué que sans interdiction formelle des autorités, je ne ferais pas annuler l'événement
musical. La jeune femme et le moqadem ont mis fin à notre entretien et sont partis sans
insister.
"À 21 heures, on m'a averti que toutes les voies d'accès à la fondation étaient bloquées
dans les deux sens par une centaine de policiers. À cela, il faut rajouter que la Lydec a
coupé son approvisionnement en électricité sans aucune autorisation judiciaire.
"J'ai rejoint les environs de l'Uzine à 21h30 mais le dispositif policier m'a interdit d'y
accéder et ce n'est qu'à l'arrivée des journalistes qu'on m'a permis de rejoindre les
locaux, en m'enjoignant de procéder à leur évacuation totale.
"Ce n'est qu'après l'évacuation totale des personnes présentes à la fondation que les
forces de l'ordre ont décidé de lever le camp vers 23 heures trente.
"Des représentants des autorités sont cependant revenus le lendemain matin pour nous
demander de déposer à l'avenir la liste des artistes programmés.
"On peut s'interroger sur la logique de leur intervention, car le concert de ce rappeur
allait tout au plus mobiliser une centaine de ses fans. Grâce à cette démarche
irrationnelle et passionnelle, les autorités lui ont fait un coup de publicité extraordinaire.
Des milliers de gens supplémentaires le suivent désormais sur les réseaux sociaux.
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