technicistes. C’est pourquoi, il importe de réapprécier la crise pour mieux savoir
l’efficacité des décisions prises pour nous sortir de la crise.
I/Pour une réévaluation de la crise et de ses
implications.
Au-delà des controverses académiques, il ne faut point se tromper de
diagnostic : chaque jour révèle que la crise que nous sommes en train de vivre est
une crise financière d’une très grande ampleur, mais elle est aussi une crise planétaire
de société, une crise du capitalisme qui la dominait jusqu’ici et met en lumière
l’incroyable absence de sens moral et civique de nombre d’acteurs de par le monde et
l’inacceptable façon dont les plus habiles ont exploité les failles du système pour
s’accaparer la richesse par des moyens peu avouables (affaire Magdof, parachutes
dorés, bonus immérités, fraude fiscale….).
Jamais l’humanité n’a été confrontée avec une telle succession de crises d’une
rare ampleur : crise énergétique, crise alimentaire, crise financière et économique et
une crise environnementale. On observe de véritables ruptures qui affectent
simultanément le système financier, le système productif, les ressources de la planète,
le climat, la politique, le social et même la culture.
De fait, les fondations des sociétés mises en place après la Seconde Guerre
mondiale, la société « fordiste » notamment, selon les termes de Michel Aglietta, ont
été durement atteintes par le tsunami néo-libéral qui a envahi le monde au cours du
dernier quart du XXème siècle avec l’imposition d’une pensée unique selon laquelle
chacun gagne sa place au mérite dans l’hypothèse d’une utopique égalité des chances
nulle part vérifiée. L’Etat Providence, la régulation par les marchés, les trop fortes
inégalités, la protection sociale, le droit du travail, ont subi et subissent encore
aujourd’hui de rudes coups. Il faut alors savoir comment recomposer les formes de
sociétés pour le monde de demain pour qu’il soit plus juste, moins inégalitaire et plus
respectueux de l’environnement et des doits de l’homme. Il nous a semblé que face
aux périls planétaires, c’est à la résolution de ces questions que le G20 devrait
s’atteler.
Du côté des altermondialistes, malgré l’extrême diversité des discours le cri de
ralliement de toutes les organisations se résume au slogan « changer de monde ».
Comme l’observe la coalition "Put people first" « Avant même que n'éclate la crise
bancaire, le monde souffrait de la pauvreté, des inégalités, et vivait sous la menace
d'une catastrophe climatique ». Dès lors, il est réclamé du G20 de poser les jalons
d’« une gouvernance démocratique de l'économie mondiale, des emplois décents et
des services publics pour tous, la fin de la pauvreté et des inégalités et la mise en
œuvre d'une économie verte ».
Quant à la Commission Stiglitz, elle propose de saisir l’opportunité pour
construire «un autre monde ». Dans ce sens, le Groupe d’experts restituant ses
travaux le 26 mars déclare que « tous les pays doivent adopter un plan de relance,
mais les pays en développement n'ont pas les ressources pour le faire. Dès lors, la
réponse globale va être déséquilibrée si des fonds additionnels ne sont pas alloués
aux pays en développement. Les pays du Nord devraient octroyer 1% de leurs plans
de relance aux pays du Sud. Ces fonds devraient être débloqués sans conditionnalités
inappropriées. La réforme du Fonds Monétaire International (FMI) et de la Banque
mondiale traînant en longueur, les experts préconisent de créer une compétition
salutaire entre les institutions existantes, à commencer par le FMI. Pour cela, il faut
créer un nouveau mécanisme de crédit, par exemple sous les auspices de la Banque