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« 2008 - 2011 : l’échec de la mondialisation ? »
De l’Europe dans tous ses Etats à un monde dans tous ses états
Par Emmanuel MOLINATTI et Michel DAUDIGNY
CHAPITRE 1 : «
Si la zone euro ne survit, l’UE ne survivra pas
» (pages 5 à 19)
SECTION 1 : Les « GIPSY » (pages 4 à 12)
1. Grèce : l’inéluctable faillite d’un membre de la zone euro (pages 4 à 6)
2. Irlande : l’effondrement du « tigre celtique » (pages 7 à 8)
3. Portugal : le troisième « domino » (pages 9 et 10)
4. Spain (Espagne) : l’inenvisageable scénario catastrophe ? (pages 11)
5. Y Italie : une politique gouvernementale saluée (page 12)
SECTION 2 : Les « euros » abstinents (pages 13 et 14)
1. Grande- Bretagne : la Livre ne protège pas (page 13)
2. Islande : « parce qu’elle n’a jamais adopté l’euro » (page 14)
SECTION 3 : Les « euros » pratiquants (pages 15 et 16)
1. Estonie : le 17e membre de la zone euro (page 15)
2. Allemagne : un modèle pour la France ? (pages15 et 16)
SECTION 4 : Les « euros » banques : le système s’écroule (pages 17 à 19)
CHAPITRE 2 : «
No big deal
» (pages 20 à 26)
SECTION 1 : Les Etats-Unis au 2 août 2011 : le nouveau « ground zero » ? (pages 20
à 22)
SECTION 2 : Japon, Chine : des colosses aux pieds d’argile ? (pages 23 et 24)
SECTION 3 : L’hétérogénéité du monde arabe (page 25)
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Au lendemain de l’éclatement de la bulle internet et des attentats du 11 septembre
2001, face au ralentissement de la croissance américaine, l’administration Bush
décida de relancer l’économie en baissant les taux d’emprunt de 6.5% à 1%. Cette
mesure a eu pour conséquence de dynamiser le secteur de la construction au point
de créer une bulle immobilière : chaque nage pouvait souscrire un crédit à taux
variable quelque soit son taux d’endettement. Ce phénomène a pris une dimension
financière lorsque les banques ont transformé les emprunts en titres financiers.
Attirés par des rendements garantis par les agences de notation, des établissements
financiers non américains ont achetés ces titres : le mécanisme des « subprimes »
était en marche et le virus se propageait autour de la planète. Mais lorsque la
Banque centrale américaine (FED) décida de relever ses taux, les ménages
américains n’ont plus été en capacité de rembourser leurs mensualités. De fait au
cours de l’automne 2008, les investisseurs perdaient des milliards de dollars en
bourse et le monde constatait qu’un simple changement des taux directeurs aux
Etats-Unis pouvait provoquer une crise immobilière, financière et boursière.
Si dans un premier temps, l’administration Obama a estimé que la puissance
publique n’avait pas à intervenir quitte à ne pas sauver un établissement tel que
Lehman Brothers, la faillite de ce dernier à provoqué une crise de confiance
internationale appelant un ralentissement des activités de crédit : le monde subissait
alors une crise bancaire, économique et sociale du fait des destructions d’emplois.
Une crise sociale d’autant plus irréversible pour des millions de « petits porteurs »
qui ont confié leurs économies à des fonds de pension disposant de « subprimes ».
Face à un tel constat, les Etats ont explosé leurs déficits budgétaires du fait d’une
baisse des recettes et d’une hausse des dépenses afin de financer des amortisseurs
sociaux et des plans de relances. C’est ainsi qu’en 2009, après avoir tronqué ses
documents budgétaires, la Grèce s’est contrainte à demander l’aide de l’UE afin
d’éviter la faillite.
Dès lors en 2010, l’Europe devenait la zone économique la plus touchée
par la stratégie de la FED visant, en 2001, à baisser les taux directeurs des
Etats-Unis.
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En mai 2010, après de longues tractations1, l’Union Européenne et le FMI mettaient
en place un plan de sauvetage de 110Mds€ pour tenter de sauver Athènes de la
faillite et ce, avant que l’Irlande et le Portugal ne reconnaissent leur incapacité à
contrer les effets de la crise.
Les économies des Etats tombant comme des dominos, de nombreux analystes
craignent que l’Espagne ne soit le prochain Etat à faire appel à un plan de sauvetage.
Dès lors les Etats européens doivent se soumettre à des plans d’austérité afin de
retrouver l’équilibre et l’indépendance budgétaire. Une nécessité également valable
pour l’économie américaine qui demeure tributaire de « la planche à billets » et de la
souscription chinoise aux bons du trésor.
Selon cette thèse, une inaction en la matière pourrait engendrer le
déclassement de l’Occident au profit de la Chine qui, sans avoir recours à la
guerre, deviendrait au mieux la 1ère puissance économique et financière mondiale ;
au pire : la seule hyper-puissance2.
D’autres pensent qu’il n’est pas nécessaire de subir une politique de rigueur à court
terme pour sauver le pouvoir d’achat à long terme, que la théorie des dominos
(grecs, irlandais, portugais, espagnols…) est infondée3.
Les exemples de plusieurs Etats européens et d’établissements financiers de la zone
« euro » permettront à chacun de valider ou non la pertinence d’un scénario
catastrophe mondialisé. La crise ne s’arrêtant pas aux frontières de l’Occident, nous
analyserons également les situations asiatiques et arabes.
1 Il a suffi d’une visite du Premier ministre chinois Wen Jiabo à Athènes pour créer un fonds de soutien de 5mds
USD aux armateurs grecs. AFP : « la Chine crée un fonds de 5 mds USD de soutien à la marine marchande »,
Romandie News du 2.10.2010
2 La restructuration du FMI qui permet à la Chine de devenir le 3e membre le plus influent en 2011 (6e en 2010),
derrière les Etats-Unis et le Japon. « Le FMI accorde plus de pouvoir à la Chine », Radio-Canada.ca du
6.11.2010
3 Une position d’ailleurs défendue en novembre 2010 par la chancelière allemande qui a
suggéré que :
« les banques qui financent les nations avec des hauts niveaux de dette, devraient être prêtes à
prendre le coût d’un possible faut de paiement
». AFP : « Taux : Papandréou critique l’Allemagne »,
LeFigaro.fr du 15.11.2010
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CHAPITRE 1 : «
Si la zone euro ne survit pas, l’UE ne survivra pas
»
SECTION 1 : Les « GIPSY »
Acronyme signifiant « gitane » en anglais » dont chaque lettre renvoie aux pays de la
zone euro les plus touchés par la crise (Grèce, Irlande, Portugal, Spain Espagne et
Y pour l’Italie), il se substitue à l’acronyme « PIGS » (« porcs ») qui désignait de
manière peu respectueuse ces mêmes Etats.
Afin d’aider les « GIPSY », les 17 de la zone euro ont mis en place un fonds de
440Mds€ pour prévenir toute faillite d’un Etat membre jusqu’en juin 2013, date à
laquelle le fonds4 sera remplacé par un nouveau canisme. Coordonné avec les
prêts disponibles du FMI, le fonds dispose d’une capacité d’intervention théorique de
750mds€5. Théorique dans la mesure plus de 150Mds ont déjà été bloqués pour
l’Irlande et le Portugal, et que tout euro ventilé doit être nanti par un euro mis en
garanti.
1. Grèce : l’inéluctable faillite d’un membre de la zone euro
Premier état de la zone euro6 à obtenir un plan de sauvetage de 110 Mds€ en mai
2010, avant la mise en place du FESF, l’économie grecque continue de subir les
conséquences de la crise comme si les mesures d’austérités n’étaient qu’une rustine
sur une jambe de bois : la dette publique représentait 110% du PIB en 2008, 126%
en 2009, 142.8% en 20107 et serait de 150% en 2011 contre 60% autorisés par le
pacte de stabilité monétaire européen8.
4 Fonds Européen de Stabilité Financière sera remplacé par le Mécanisme Européen de Stabilité
5 Officiellement, l’Allemagne doit contribuer à hauteur 168mds€.
6 La zone euro constitue la 2ème zone économique devant la Chine et le Japon mais derrière les Etats-Unis avec
8956mds€ de PIB
7 Catherine CHATIGNOUX : « Union Européenne selon les données annuelles d’Eurostat », Les Echos.fr du
27.04.2011
8 Massimo PRADI : « Moody’s dégrade la dette souveraine de la Grèce à hautement spéculative », Les Echos.fr
du 08.03.2011
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De fait, le marché anticipe un défaut de paiement d’Athènes9. Afin de pallier ce
risque, le gouvernement grec a décidé de recouvrir 50Mds€ d’ici à 2015 en
privatisant l’ensemble des secteurs publics : électricité, téléphonie, chemins de fer,
usines d’armement, ports, aéroports, etc.
A cela s’ajoute depuis juin 2011 de nouvelles mesures d’austérité consistant, à salaire
moindre, d’imposer une augmentation du temps de travail des fonctionnaires à 40
heures hebdomadaires contre 37.5 actuellement10, à imposer davantage tout grec
gagnant plus de 12.000€ annuels pendant 4ans avec un effet rétroactif pour l’année
2010, à baisser les pensions de retraites des moins de 60 ans, ou encore à
augmenter la TVA dans la restauration de 10 points à 23%11 et ce du fait d’une
pression constante du FMI et de l’UE.
Une stratégie qui apparaît de plus en plus comme de l’acharnement thérapeutique
puisque la récession serait de 4% en 2011, que la Troïka (UE, BCE, FMI) envisage
une nouvelle perfusion estimée à 120Mds€ d’ici à 2014, que des analystes anticipent
une restructuration de la dette (350mds€) ayant pour conséquence que la Grèce ne
soit plus membre de la zone euro afin qu’Athènes puisse dévaluer sa monnaie.
9 Isabelle COUET : « La restructuration des dettes des pays périphériques est de moins en moins tabou », Les
Echos.fr du 18.04.2011
10 Le 6 mai 2011, 6 ministres des Fonances de la zone euro se seraient réunis à Luxembourg à cet effet.
Catherine CHATIGNOUX : « La Grèce détaille un plan de privatisations de 50 milliards d’euros », Les Echos.fr
du 18.04.2011
11 RFI : « La Grèce adopte un nouveau plan de rigueur », 10.06.2011
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