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B. A de telles théories, on peut objecter que le bonheur ne se laisse pas maîtriser aussi facilement, ni conceptuellement,
ni pratiquement. Pour reprendre les termes de Kant, le bonheur est « un idéal, non de la raison, mais de l’imagination ».
L’image que nous nous faisons du bonheur est si confuse, si indéterminée, si contradictoire parfois, que nous sommes
incapables d’en déduire des principes de conduite déterminés et infaillibles pour être heureux, et l’on doit se contenter
de quelques recettes empiriques et quelques conseils de prudence ou règles d’habileté. Il est impossible alors de
rassembler dans l’unité d’une finalité (« être heureux ») l’ensemble de nos actions (« tout faire »). L’impératif « on doit
tout faire pour être heureux » est plaisant mais vide de sens, à moins de le ramener à la banalité de bon sens qu’il faut
essayer de se débrouiller au mieux dans les difficultés de la vie. C’est pourquoi, toujours selon Kant, seul le devoir
moral, dans sa formulation rationnelle, est suffisamment déterminé pour constituer un principe de conduite et une
orientation de l’existence. On doit tout faire, non pas pour être heureux, mais pour être dignes d’être heureux.
On pouvait alors s’interroger sur cette injonction actuelle de « bonheur obligatoire », qui nous rend peut-être coupables
de ne pas l’être complètement, et donc malheureux, sans qu’aucun « coach de vie » ne puisse vraiment remédier au
problème.
De plus, une telle injonction sociale de bonheur individuel et d’épanouissement émotionnel semble reléguer au second
rang toutes les autres valeurs ou vertus, notamment civiques.
C. Sauf à en faire l’horizon aveugle de l’imaginaire individuel ou collectif, qui nous assujettit aux représentations
dominantes ou aux modes du moment, il faut repenser le bonheur dans sa relation aux autres valeurs humaines comme
la justice, la liberté et le respect d’autrui. On ne doit pas vouloir être heureux à tout prix (ce qui est peut-être la meilleure
façon d’être malheureux). Il ne s’agit pas non plus d’être malheureux (ce qui est sûrement la situation la plus propice à
la méchanceté), mais de s’efforcer, comme nous le disaient déjà les stoïciens, à exercer au mieux son jugement, dans
toutes les circonstances de l’existence, même celles les plus défavorables et malheureuses.
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corrigé bac 2014
Examen : Bac L
Epreuve : Philosophie
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