Éditorial - 18e dimanche du Temps Ordinaire, année A
Je me suis à nouveau plongé dans la lecture du livre du Deutéronome, cinquième livre du
«Pentateuque » : cet ensemble de cinq livres appelés aussi « Torah ». Un livre magnifique qui
fait appel au devoir de mémoire. Garder en mémoire ce qui s’est passé, le transmettre à ses
enfants. La première action consiste à écouter puis retenir en répétant. La répétition est utile à
la génération qui suit autrement elle perdrait la capacité à trouver du sens à son avenir : tout
paraîtrait nouveau et mériterait essai. Au cœur de ce devoir de mémoire, la parole de Dieu
loge un fait, comme une pierre au milieu du chemin, ce qui n’est pas possible de manquer :
«Ce n’est pas toi qui a fait tout cela … ne va pas dire que ce n’est pas la force de mon bras qui
m’a fait agir avec vigueur … ce n’est pas à cause de tes mérites que tout ceci est arrivé ... ».
Une parole qui rappelle à l’humilité : l’amour de Dieu pour ce petit peuple est seule cause de
son bonheur. Son bonheur n’arrive pas par la force de son bras et de son intelligence, un autre
y contribue. Nécessité de l’autre. La parole de l’autre contribuerait-elle à mon bonheur ? Sa
parole et sa présence. L’autre est-il une présence si irrémédiable que sans lui je ne trouverais
point de paix ? S’il en est ainsi nous comprenons combien peut être redoutable le refus de
dialoguer : il entraîne la haine de l’autre. La haine d’autrui est la fin de mon bonheur, mais
aussi du sien ; et chacun se fait alors possesseur de ce qui n’a jamais été à lui, mais qu’il a
obtenu grâce à la présence de l’autre. N’a-t-on pas ici une réalité de l’image du fruit qu’Adam a
saisi en dépit de la perte de son bonheur ? À l’inverse la multiplication des pains dont nous
relatent les Évangélistes est le signe du bonheur toujours gratuit et disponible. En effet, « rien
ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est en Jésus Christ notre Seigneur. »