Correspondances en Onco-Hématologie - Vol. XI - n° 4-5 - juillet-août-septembre-octobre 2016
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Éditorial
Les leucémies aiguës lymphoblastiques
à travers les âges
L
es “âges” du titre de ce dossier sur les LAL se réfèrent
bien sûr aux âges de la vie et non à de grandes
périodes de l’histoire, même si Marie-Christine
Béné − toujours aussi didactique pour le plus grand
bonheur de Juliette (et le nôtre !) − nous rappelle que
les leucémies n’ont été identifiées comme des maladies
non infectieuses qu’en 1845, ou en 1847, selon que l’on
penche du côté d’Edimbourg ou de Berlin…
Qui dit âges de la vie dit seuils, et c’est là que cela se
complique. Si les pédiatres gardent la main jusqu’à
18 ans (borne supérieure pour le protocole CAALL-01,
qui vient d’être activé en France pour les centres pédia-
triques et les unités adolescents jeunes adultes [AJA]
participantes), les limites d’âge sont plus difficiles à
choisir chez l’adulte : Nicolas Boissel nous rapporte des
expériences de traitement d’inspiration pédiatrique
pour des groupes de patients dont l’âge va jusqu’à
30 ans, voire 39 ans (ce qui fait vieux pour un AJA !),
alors que Mathilde Hunault-Berger nous rappelle que,
pour ce qui concerne le traitement des LAL, on est un
sujet âgé après 45 ans…
Quoi qu’il en soit, les différents chapitres de ce dossier
font le point sur la prise en charge des patients − enfants
et adultes − atteints de LAL et les défis actuels auxquels
sont confrontés les hématologistes.
André Baruchel nous montre que les LAL de l’enfant,
premier cancer pédiatrique, sont en fait une constel-
lation de maladies rares nécessitant une approche
de plus en plus individualisée, même si l’évaluation
systématique de la MRD permet en partie d’homo-
généiser le traitement. Nicolas Boissel nous rappelle
l’importance de l’individualisation des AJA et les
particularités de la prise en charge globale de ces
patients. Le rôle des unités AJA vient, par ailleurs,
d’être officialisé par une directive de la DGOS
(instruction n° DGOS/R3/INCA/2016/177 du
30 mai 2016), et la collaboration avec ces
unités doit devenir une approche stan-
dard pour les hématologues. Françoise
Huguet fait le point sur le traitement
des LAL de l’adulte, dont le pronos-
tic s’est nettement amélioré du
fait de la mise à disposition des
inhibiteurs de tyrosine kinases
pour les LAL-Ph1 et des approches pédiatriques pour
les autres LAL, qui ont fait reculer les indications de
greffes de cellules souches hématopoïétiques en pre-
mière rémission complète. Mathilde Hunault-Berger
souligne les difficultés thérapeutiques de la prise en
charge des sujets âgés, chez qui l’augmentation du
taux de mortalité toxique est rapidement un obstacle
à toute tentative d’intensification et pour lesquels de
nouvelles approches, reposant sur des thérapies ciblées,
apparaissent très prometteuses. Globalement, et cela
quel que soit le groupe d’âge, le pronostic des patients
atteints de LAL continue de s’améliorer. Cela a été rendu
possible, notamment, par une biologie de plus en plus
performante, comme le souligne Naïs Prade. La décou-
verte de nouvelles entités biologiques et la mise en
application de techniques permettant un diagnostic
en temps réel peuvent faire espérer l’utilisation plus
systématique de thérapies ciblées, lesquelles appa-
raissent tout spécialement nécessaires pour certains
sous-groupes comme les LAL BCR-ABL-like.
L’avenir proche nous dira si le traitement des patients
atteints de LAL, que l’on espère tous de plus en plus
individualisé, sera dominé par un traitement sur mesure
reposant sur de nouveaux agents, dont l’utilisation sera
adaptée en temps réel à la biologie des cellules leucé-
miques du patient, ou par une approche que l’on peut
considérer comme plus globale en ce qui concerne ses
indications mais toujours sur mesure si on
considère le patient, celles
des CAR T-cells.
T. Leblanc n’a pas précisé
ses éventuels liens
d’intérêts.
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Thierry Leblanc
Service de pédiatrie-
hématologie,
hôpital Robert-Debré, Paris.
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