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Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (XII), n° 6, novembre-décembre 2008
Dossier
thématique
taire. La surveillance de ces formes
de pubertés précoces a démontré
qu’un traitement par les agonistes
de la GnRH n’était pas indiqué,
puisque l’évolution se fait soit vers
la régression totale des signes puber-
taires pour les plus jeunes, soit vers
une évolution lentement progressive
de la puberté (5). Le tableau III
donne les éléments d’orientations qui
permettent de différencier les formes
évolutives des formes lentement
progressives de puberté précoce.
Traitements des pubertés
précoces centrales
Le concept du traitement des pubertés
précoces centrales par les analogues
du LH-RH est né des travaux de
Belchetz et Knobil (1978-1980) qui
ont montré que la sécrétion normale
des gonadotrophines hypophysaires
requiert la sécrétion pulsatile de
LH-RH et que la sécrétion continue de
LH-RH inhibe la sécrétion des gona-
dotrophines hypophysaires. Les études
ont permis de mettre en évidence le
mécanisme d’action des analogues
agonistes du LH-RH : administrés à
faible dose et de manière pulsatile, ils
stimulent la sécrétion des gonadotro-
phines alors qu’à des doses élevées,
ils la bloquent. En effet, l’exposition
aux agonistes du LH-RH, et donc
l’occupation prolongée des récepteurs
au LH-RH provoque une désensibili-
sation des cellules hypophysaires,
abolit leur réponse au LH-RH endo-
gène, ce qui se traduit par un blocage
de la production des gonadotrophines
hypophysaires et secondairement
de celle des stéroïdes gonadiques.
L’administration prolongée de doses
pharmacologiques des analogues
agonistes du LH-RH entraîne donc,
après une courte période d’hypersti-
mulation des cellules gonadotropes,
une désensibilisation de celles-ci et
une suppression de la fonction gona-
dotrope. Cet effet antigonadotrope est
réversible à l’arrêt du traitement.
Le traitement des pubertés précoces
centrales repose donc essentiellement
sur l’utilisation des agonistes de la
GnRH. Des formes retard, à injec-
tions mensuelles ou trimestrielles
sont utilisées. Les objectifs de ces
traitements sont multiples. Ils visent
à faire régresser ou à stabiliser les
signes de développement pubertaire,
sur les plans physique, psychique
et comportemental. Ces traitements
visent aussi à améliorer la taille qui
peut être compromise par la puberté
précoce. Enfin, la tolérance à court,
moyen et long terme de ces traite-
ments doit être surveillée. Le traite-
ment dure au minimum 2 ans et est
poursuivi d’autant plus longtemps
qu’il a été commencé plus jeune.
Résultats à court terme
et surveillance
Après l’instauration du traitement,
on assiste habituellement à une
régression ou à une stabilisation
des signes pubertaires. La pilosité
pubienne augmente secondairement
sous l’effet des androgènes surréna-
liens. La glande mammaire régresse
partiellement, même si la déforma-
tion de l’aréole persiste. Le volume
testiculaire se stabilise et ne diminue
que secondairement (après 6 mois
à 1 an de traitement) sans revenir à
un volume prépubère. La vitesse de
croissance diminue habituellement
au bout de 6 à 12 mois de traitement,
de même que la vitesse de maturation
osseuse. L’efficacité biologique de
ces traitements doit être surveillée.
Résultats à long terme
Le moment optimal pour l’arrêt des
traitements est débattu (6, 7). L’arrêt du
traitement correspond habituellement
à l’âge physiologique moyen de début
de la puberté (11 ans chez la fille). À
l’arrêt du traitement, la récupération
de la fonction gonadotrope et gona-
dique s’observe en quelques semaines
et les signes cliniques pubertaires
progressent. Chez la fille, les règles
apparaissent en moyenne un an après
l’arrêt du traitement. Dans les séries
publiées, le gain statural estimé par
la différence entre taille prédite avant
traitement et taille adulte varie entre
2,9 et 9,8 cm. Il est d’autant meilleur
que le traitement a été commencé plus
jeune et qu’il n’y a pas eu de retard
dans le diagnostic et la mise en route
du traitement freinateur. Néanmoins,
la taille finale peut être légèrement
diminuée par rapport à la taille cible
génétique. À long terme, la fonction
de reproduction paraît normale et des
grossesses ont été rapportées (8).
Tolérance
La tolérance des agonistes de la GnRH
est en général bonne. Les effets secon-
daires les plus fréquemment observés
sont liés à la l’hypogonadisme induit
par le traitement, bouffées de chaleur,
asthénie, céphalées. Il n’y a pas d’effet
à long terme sur l’index de masse
corporelle exprimé en DS, mais les
études de composition corporelle indi-
quent une augmentation de la masse
grasse et une diminution de la masse
maigre (9). Le problème de l’effet
du traitement sur la masse osseuse a
également été largement débattu, et
les données à long terme montrent
une normalisation de la masse osseuse
après l’arrêt du traitement (10). Les
phénomènes d’intolérance locale au
point d’injection concernent entre 5
et 15 % environ des patients dans les
séries publiées.
Indications des agonistes
de la GnRH dans
les pubertés précoces
Les manifestations pubertaires
précoces ne sont pas synonymes
de puberté précoce centrale, et de
nombreux variants non évolutifs de
puberté précoce ont été décrits. L’âge
physiologique de début de la puberté
est une notion statistique qui dépend
de l’ethnie, de l’état nutritionnel et de
facteurs environnementaux et généti-
ques pour l’instant mal connus.
Pour orienter les indications théra-
peutiques des agonistes de la
GnRH, nous utilisons plusieurs