Médecine
& enfance
janvier-février 2014
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VGM, une anémie, une inflammation
sont en faveur d’une MITD. La sérologie
ANCA et ASCA apporte des éléments (an-
ticorps anticytoplasmes des polynu-
cléaires : RCH, anti-Saccharomyces cere-
visiae : Crohn). Une échographie digesti-
ve peut montrer des lésions du grêle
et/ou du côlon. Un nouvel examen per-
met d’avancer vers le diagnostic : la cal-
protectine fécale, qui est dosée sur
échantillon de selles et signe la présence
de polynucléaires neutrophiles dans la
lumière intestinale, est très en faveur
d’une MITD. Ensuite, un gastropédiatre
prendra en charge ces patients pour une
polyendoscopie et la mise en route du
traitement. Le traitement actuel a re-
cours précocement aux immunosuppres-
seurs et, en cas d’échec, aux biothérapies.
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DU NOUVEAU DANS
L’INTOLÉRANCE AU GLUTEN
Plusieurs évolutions dans ce domaine.
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La disponibilité de techniques fiables
de sérologie a permis de constater que,
dans la population générale, 0,5 à 1 %
des individus étaient porteurs d’anti-
corps spécifiques. La signification et le
pronostic de ces formes actuellement
non diagnostiquées et le plus souvent
asymptomatiques sont en cours d’éva-
luation. Un dépistage de masse n’est pas
envisagé à l’heure actuelle, mais il est
utile d’évoquer la maladie cœliaque de-
vant des signes, mêmes atypiques, qui
lui sont potentiellement associés.
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Les modalités diagnostiques ont évo-
lué : là où trois biopsies du grêle étaient
conseillées, puis une biopsie, il est
maintenant possible d’éviter cet exa-
men dans certains cas typiques, après
bilan biologique complet et avis spécia-
lisé. Le régime d’épreuve est quant à lui
toujours formellement déconseillé. Les
examens de première intention sont le
dosage des anticorps IgA antitransglu-
taminases et les IgA totales. En cas de
déficit en IgA, on demande secondaire-
ment un anticorps de classe IgG (trans-
glutaminase ou endomysium). Si la sus-
picion est confirmée, le patient doit être
confié à un gastropédiatre pour pour-
suivre l’évaluation et poser l’indication
d’une biopsie selon les résultats d’un bi-
lan complémentaire (IgA anti-endomy-
sium et groupe HLA-DQ).
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Enfin, d’autres tableaux cliniques ou
biologiques sont identifiés : les allergies
au blé (IgE- ou non IgE-médiées), les in-
tolérances au gluten sans maladie cœ-
liaque. Les intolérants non cœliaques
sont des patients qui présentent des
troubles soulagés par le régime sans glu-
ten sans avoir les marqueurs biologiques
de l’intolérance vraie (il pourrait s’agir
d’une forme particulière d’intolérance
au gluten, puisque la prédisposition gé-
nétique à la maladie cœliaque est surre-
présentée dans cette population). On ci-
te aussi des mises sous régime par effet
de mode dans certains milieux, sans jus-
tifications mais avec témoignages d’effi-
cacité, le gluten commençant à être dé-
crié dans la population générale.
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DIVERSIFICATION ET
ALLERGIE : LE RETOUR
DE BALANCIER
L’âge « officiel » de la diversification a
évolué avec le temps. Voici les nou-
velles recommandations.
Chez l’enfant à risque allergique comme
chez l’enfant sans risque particulier, la
diversification est conseillée entre
quatre et six mois, pour tous les ali-
ments, y compris les aliments réputés
allergisants et le gluten.
La revue de la littérature a révélé qu’au-
cun argument n’étayait un quelconque
effet protecteur d’un retard de la diver-
sification. Au contraire, ce retard pour-
rait favoriser l’allergie aux aliments non
introduits dans la « fenêtre d’opportuni-
té » d’acquérir la tolérance immunitaire.
Avant quatre mois et après six mois, la
diversification serait susceptible de fa-
voriser l’allergie et l’intolérance au glu-
ten. La situation idéale pourrait être
une introduction progressive de tous les
aliments entre quatre et six mois, si pos-
sible avant la fin de l’allaitement mater-
nel, qui pourrait avoir un effet sur l’im-
munotolérance. Un autre point impor-
tant est que chaque aliment introduit
devrait être donné régulièrement ensui-
te pour entretenir la tolérance.
Il faut noter que les industriels n’ont pas
encore intégré ces éléments, par
exemple les céréales infantiles destinées
au plus de quatre mois sont encore sans
gluten.
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LA FRANCE RESTE
UN TERRAIN DE JEU
POUR LE ROTAVIRUS
Recommandé par les sociétés pédia-
triques de gastroentérologie et d’infec-
tiologie, le vaccin contre le rotavirus
n’est toujours pas recommandé en Fran-
ce. Historiquement, la décision a été re-
tardée par la survenue d’invaginations
avec les vaccins de première génération,
puis par la découverte de fragments de
particules virales porcines dans le vac-
cin, et enfin par l’agitation autour de la
grippe H1N1. Il est réconfortant de
constater que, dans les pays où le dépis-
tage de masse a été promu, le nombre
de diarrhées sévères, d’hospitalisations
et de décès a diminué de façon dras-
tique, au prix d’une légère augmenta-
tion des invaginations intestinales dans
certains pays (1 à 2/100000). Nous at-
tendons…
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GLASS R.I., PARASHAR U., PATEL M., GENTSCH J., JIANG B. et
al. : « Rotavirus vaccines : successes and challenges », J. Infect.,
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MOSCA A., LEBLANC A., BELLAÏCHE M., TOUNIAN P., COHEN
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