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INTRODUCTION
La question de la soutenabilité est au cœur du récent rapport de la commission Stiglitz, sur la mesure
des performances économiques et du progrès social, qui en souligne les trois dimensions, économique,
environnementale, et sociale.
Il observe ainsi que l’euphorie liée aux performances d’avant la crise a été entretenue par des outils de
mesure qui n’intégraient pas d’évaluation de la soutenabilité, et n’accordaient pas assez d’attention à
l’endettement privé croissant, par exemple. Il souligne aussi l’imminence d’une crise environnementale,
tout particulièrement du fait du réchauffement planétaire.
Les améliorations des systèmes de mesure qu’il propose poursuivent l’objectif général de fournir les
éléments pertinents pour concevoir, mettre en œuvre, et évaluer les politiques destinées à accroître le
bien être et favoriser le progrès social.
Mais il faut aussi, pour cela, définir ces politiques, et plus généralement les conditions de ce qu’il est
convenu d’appeler une « croissance verte ». Les débats sémantiques sur cette notion montrent que ses
contours sont perçus de manière très variable et peuvent être source de confusion. Les uns craignent
qu'elle ne serve d'alibi pour masquer ou imposer, des coûts ou des contraintes excessifs. D'autres n'y
voient qu'une opération de « green washing », ou au contraire redoutent les mutations industrielles et
professionnelles à réaliser.
L’objet de ce rapport est de fournir des éléments de clarification et de cadrage pour ces débats. Le
rapport commence par préciser le diagnostic sur l’épuisement de notre modèle de croissance dans ses
différentes dimensions. Il analyse ensuite les contours d’un nouveau modèle de croissance dont l'une
des caractéristiques serait d'entretenir une relation plus équilibrée avec l'environnement. Après avoir
souligné l'insuffisance d'une politique qui prendrait l'organisation socio-économique actuelle comme
donnée et qui se préoccuperait uniquement des gaz à effet de serre, il esquisse enfin un cadre d’action
fondé sur la nécessité d’une vision globale du développement durable.
Loin de clore le débat, ce rapport vise au contraire à l’ouvrir, tant nous avons besoin de renouveler nos
cadres d’action pour répondre à ces enjeux, car la mutation à opérer pour contenir le risque de
changement climatique, pour préserver la biodiversité, et pour faire face à des tensions sur les
ressources, est d'une ampleur considérable : il sera nécessaire de transformer profondément le modèle
de croissance actuel, en un modèle beaucoup plus sobre en énergie et en matières premières.
Répondre à ces défis nécessite des transformations structurelles de notre modèle de croissance,
combinant: des modifications de comportement réalisables avec les technologies existantes; mais
également avec un recours accru aux NTIC; et un processus très puissant d'innovation et de création de
nouveaux produits et services bouleversant les chaînes actuelles de valeur. Le message principal du
rapport est que la remise en cause des ressorts économiques traditionnels de la croissance impose ainsi
d'adopter une vision intégrée pour élaborer une nouvelle stratégie.
La synthèse de la discussion qui a eu lieu sur ce rapport au sein du Conseil Économique pour le
Développement Durable est jointe en annexe sous la forme d'un résumé à l'intention des décideurs.
Elle trace les grandes lignes de ce que pourrait être une telle vision.