1
TRAUMATISMES DES NERFS PERIPHERIQUES
Pr Michel CHAMMAS
Dr Fabien LACOMBE
Dr Bertrand COULET
PLAN
TRAUMATISMES DES NERFS
PÉRIPHÉRIQUES
• Lésions récentes.
• Diagnostic des lésions nerveuses.
• Lésions anciennes.
• Principes de traitement.
TRAUMATISMES DU NERF RADIAL
• Étiologie.
• Clinique.
• Pronostic.
• Formes cliniques.
• Évolution.
• Traitement.
PARTICULARITÉS DES TRAUMATISMES
DU NERF CUBITAL
• Étiologie et anatomie pathologique.
• Signes cliniques.
• Formes cliniques.
• Traitement.
PARTICULARITÉS DES TRAUMATISMES
DU NERF MÉDIAN
• Étiologie.
• Signes cliniques.
• Formes cliniques.
• Traitement.
TRAUMATISMES DU PLEXUS BRACHIAL
• Étiologie et anatomie pathologique.
• Clinique.
• Évolution.
• Formes cliniques.
• Traitement.
TRAUMATISMES DES NERFS PÉRIPHÉRIQUES
LÉSIONS RÉCENTES
ÉTIOLOGIE
TRAUMATISMES OUVERTS
II est habituel d'opposer les plaies civiles et les plaies de guerre. Les plaies civiles correspondent
habituellement à des lésions à bords nets : coups de couteau ou éclats de verre. Les plaies de guerre
sont généralement en relation avec un projectile à haute énergie cinétique comportant souvent une
perte de substance étendue.
II faut rappeler les traumatismes iatrogènes au cours des interventions chirurgicales, non pas tant
section chirurgicale que compression par un écarteur trop appuyé ou au cours des soins infirmiers,
par injection médicamenteuse, dans le nerf sciatique par exemple.
TRAUMATISMES FERMÉS
Ils sont le plus souvent en rapport avec une lésion du squelette. L'atteinte nerveuse est alors
généralement immédiate : contusion, compression, élongation, rupture.
Certaines atteintes nerveuses peuvent survenir secondairement, après consolidation de la fracture,
par englobement du nerf dans un cal ou étirement après consolidation vicieuse.
• Ailleurs, ils peuvent survenir en l'absence de toute lésion osseuse :
— élongation du plexus brachial lors d'une inclinaison forcée du cou ;
— compression lors du sommeil, d'un coma, ou lors d'une anesthésie générale.
RAPPEL ANATOMIQUE ET HISTOLOGIQUE
LA FIBRE NERVEUSE
Sur une coupe transversale, le tronc nerveux se présente sous une forme plurifasciculaire maintenue
en cordon par une gaine de tissu conjonctif.
A l'intérieur du faisceau nerveux se trouvent des fibres nerveuses myéliniques et amyéliniques,
entourées de tissu conjonctif endoneural.
2
La fibre myélinique se compose d'un axone entouré de la gaine de myéline, les deux éléments étant
parfaitement intubés dans la gaine de Schwann. L'axone est le prolongement de la cellule nerveuse.
La gaine de myéline est développée à partir de la cellule de Schwann. Les cellules de Schwann
engainent l'axone sur une longueur d'un millimètre chacune et sont disposées en chaîne, séparées les
unes des autres par une courte zone non gainée, le nœud de Ranvier.
LE TISSU CONJONCTIF
II se divise en trois parties :
• l'endonèvre : barrière de diffusion;
• le périnèvre : rôle mécanique et de barrière de diffusion;
• l'èpinévre : rôle mécanique.
VASCULARISATION
Elle est assurée par deux réseaux longitudinaux richement anastomosés entre eux, extra et intra
fasciculaires
RÉPARTITION FASCICULAIRE
Les échanges de fibres nerveuses entre les différents fascicules se poursuivent bien au-delà des
zones d'anastomoses ou plexus, tout le long du nerf, jusqu'en périphérie : ceci explique à la fois les
possibilités de suppléance à une lésion nerveuse, par les territoires voisins, les possibilités de
récupération d’autant meilleures que la lésion est plus périphérique et, enfin, des variations
individuelles très importantes de la systématisation des territoires nerveux.
ANATOMIE PATHOLOGIQUE
On distingue selon qu'il existe ou non une ouverture de la gaine du nerf.
Les lésions avec solution de continuité au niveau de la gaine : sections complètes ou incomplètes,
ruptures totales ou partielles. Les conséquences de ces lésions sont :
3
la dégénérescence wallérienne du segment distal, elle débute quelques heures après la
section, intéresse l’ensemble du segment d'aval et ainsi que quelques millimètres du bout
proximal jusqu’au 1er nœud de Ranvier ; elle comporte la désintégration de l’axone au niveau
de chaque fibre, qui contraste avec la conservation de la gaine de Schwann.
la régénération nerveuse se fait à partir du bout proximal et débute dès les premiers jours qui
suivent l’accident :
lorsque les deux tranches de section sont affrontées par une suture, les ramifications névritiques
provenant du bout proximal sont attirées par les « gaines vides » du bout distal : les néo-axones
progressent ensuite dans ces gaines à la vitesse de un à deux millimètres par jour. Des erreurs
d'aiguillage sont responsables de la qualité imparfaite de la récupération et sont d’autant plus
nombreuses que le siège de la lésion est haut situé ; il ne faut pas que le délai de réinnervation soit
trop long, car les muscles dénervés trop longtemps se sclérosent ;
en l'absence d'affrontement des tranches nerveuses, la prolifération de tissu conjonctif de voisinage
s'oppose à la progression des néo-axones qui prolifèrent sur place et sont à l'origine d'un névrome.
Dans les lésions sans solution de continuité au niveau de la gaine, l'intégrité de la gaine n'exclut pas
la possibilité de lésions importantes des axones ;
la contusion peut n'entraîner qu'une simple sidération, mais peut également provoquer la rupture
de certaines fibres ou leur compression du fait d'un hématome développé dans la gaine elle-même ;
la compression peut s'accompagner de rupture d'un certain nombre de fibres nerveuses ;
l'élongation comporte généralement la rupture d'un grand nombre de fibres. La classification de
Sunderland a l'avantage de ne tenir compte que de l'importance des dégâts au niveau des axones ;
elle distingue :
Classification des lésions nerveuses:
la neuropraxie qui désigne la sidération nerveuse sans lésion anatomique ; le pronostic est
excellent.
l'axonotmésis désigne la rupture des axones, mais sans interruption, des enveloppes
schwanniennes, condition idéale pour une régénération spontanée : il n'y a pas de risque d'erreur
d'aiguillage ;
le neurotmésis : interruption complète de tous les éléments du nerf par section ou rupture
complète ;
4
DIAGNOSTIC DES LESIONS NERVEUSES
* Pour ne pas méconnaître une lésion nerveuse :
il est essentiel d'explorer cliniquement le territoire sensitif et moteur d'un nerf sur le trajet duquel
existe une plaie des parties molles ;
l'existence de lésions squelettiques, associées par l'impotence fonctionnelle qu'elle provoque, gêne
souvent la recherche du déficit sensitivomoteur ; il est essentiel de faire constater le déficit par le
blessé et son entourage avant toute manœuvre de réduction. (intérêt médico-légal, à consigner dans
le dossier médical).
* L'appréciation de la nature de la lésion nerveuse est difficile d'emblée :
certes, hypoesthésie et parésie témoignent avec certitude d'une lésion incomplète ; par contre, une
anesthésie avec paralysie complète peut être en rapport aussi bien avec une neuropraxie qu'avec un
neurotmésis ;
en cas de plaie, l'exploration chirurgicale peut préciser la nature de la lésion ; par contre, en cas de
traumatisme fermé, l'exploration est rarement indiquée ; c'est le plus souvent révolution des signes,
qui permet de préciser la nature de la lésion.
LES SIGNES CLINIQUES
Le signe de Tinel : la percussion des axones en cours de régénération à leur extrémité distale
provoque normalement des fourmillements. Lorsque cette symptomatologie reste localisée à la zone
de suture, elle traduit la formation d'un névrome. Par contre, si à des examens successifs on retrouve
ce symptôme au niveau, puis au-dessous, de la zone de suture, cette descente du point excitable
traduit la régénération nerveuse. Bien entendu, ce signe peut manquer ou être malaisé à mettre en
évidence (trajet profond du nerf).
La récupération sensitive : le territoire cutané d'un nerf est constitué de deux zones, l'une centrale,
l'autre périphérique. La zone centrale est innervée exclusivement par le nerf considéré. La zone
périphérique représente le territoire cutané bordant la zone centrale, les territoires sensitifs des
nerfs de voisinage tendent à déborder ;
seule, la récupération sensitive dans la zone centrale témoigne de la récupération du nerf
considéré ; la récupération dans la zone périphérique ne témoigne que d'une suppléance par les nerfs
voisins ; cette récupération peut être appréciée par le test de Weber (test de discrimination de deux
points : écart normal 5mm) ;
dans la zone centrale, la sensibilité profonde réapparaît généralement en premier, puis les
sensibilités tactiles et douloureuses ; leur réapparition peut s'accompagner d'hyperesthésie.
5
La récupération motrice du premier muscle en dessous de la lésion nerveuse est le meilleur signe
de récupération. La réapparition des contractions volontaires est précédée par la récupération du
tonus et de la sensibilité musculaire.
ÉLECTRODIAGNOSTIC
Électromyographie : elle possède l'avantage de dépister très tôt les signes de régénération ;
le tracé de repos d'un muscle normalement innervé est plat ; la contraction musculaire provoque
l'apparition de pointes dont le nombre et l'aspect dépendent de la force de contraction, c'est-à-dire du
nombre d'unités motrices sollicitées ; un muscle dénervé présente sur le tracé de repos des potentiels
brefs et faibles, qui apparaissent trois semaines environ après l'accident, c'est-à-dire lorsque les
axones ont complètement dégénéré (on appelle ces potentiels « potentiels de fibrillation ») ;
en outre, les tentatives de contraction volontaire ou la stimulation nerveuse ne provoquent pas de
pointes ; la régénération nerveuse entraîne une diminution des potentiels de fibrillation et l'apparition,
lors des tentatives de contraction volontaire, de potentiels de régénération.
LESIONS ANCIENNES ou PLAIES NEGLIGEES
Les lésions anciennes ne présentent pas de particularités par rapport aux lésions récentes, à ceci
près que les troubles sensitifs peuvent y être discrets, limités au territoire autonome et que le déficit
moteur peut être en partie masqué par la suppléance des muscles voisins. Elles nécessitent un
examen neurologique très soigneux. Quatre grands syndromes peuvent être individualisés.
SYNDROME D'INTERRUPTION COMPLÈTE
Cliniquement : il existe une anesthésie complète à tous les modes, une paralysie complète du
territoire concerné avec amyotrophie, hypotonie et abolition des réflexes ostéotendineux.
Électriquement : inexcitabilité farado-galvanique, présence de potentiels de fibrillation, absence de
pointes lors de la stimulation nerveuse ou des tentatives de contraction musculaire.
SYNDROME D'INTERRUPTION PARTIELLE
Toutes les associations peuvent se voir selon le déficit partiel sensitif et moteur.
Une paralysie dissociée avec conservation de la sensibilité et paralysie traduit une simple élongation
nerveuse et est de bon pronostic avec a priori récupération ad integrum.
SYNDROME DE RÉGÉNÉRATION (1 mm / jour)
Cliniquement :
— signe de Tinel évolutif à rechercher de distal en proximal au niveau du trajet du nerf,
— réapparition de la sensibilité dans la zone autonome,
— réapparition de contractions volontaires.
Électriquement :
diminution des potentiels de fibrillation avec, lors des tentatives de contraction musculaire
volontaire, présence de potentiels polyphasiques de régénération ;
— réapparition des contractions musculaires par stimulation galvanique et faradique du nerf.
SYNDROME D'IRRITATION
Ce syndrome désigne les phénomènes douloureux qui peuvent s'observer après un traumatisme
nerveux. La lésion initiale peut avoir été une section complète, mais bien souvent, il ne s'agit que
d'une section partielle ou encore d'une contusion par écrasement. Il peut s'agir :
de douleurs au niveau de la lésion : névrome douloureux simple, douleur exquise très localisée,
réagissant bien à la thérapeutique médicale ou chirurgicale locale ;
de douleurs sous-jacentes à la lésion :
— hyperesthésie cutanée douloureuse,
1 / 17 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !