Association de Botanique du Bassin de l’Adour Section locale de la Société Botanique de France Sortie du 15 septembre 2015 sur le lac de Biron guidée par Alain Létrange Participants : Florent Beck, Joceline Chappert-Bessiere, Romain Garbage, Paule Lamouroux, Alain Létrange, Jean-Pierre Patoux, Marie-France Petibon, Josette Puyo, Dany Roussel, Brigitte et Lucien Scipion. Situation d’Orthez dans les Pyrénées Atlantiques Situation du lac de Biron par rapport à Orthez La sortie a lieu dans le cadre du projet de création de l’ABBA, Association de Botanique du Bassin de l’Adour. Une réunion informelle de discussion est prévue l’après midi et il a été proposé de se rencontrer le matin dans le cadre d’une sortie botanique. Nous nous retrouvons sur le parking du lac de Biron dans le département des Pyrénées Atlantiques. Situé sur les communes d’Orthez, Biron et Castétis, il est constitué d’un parc de 100 hectares avec en son centre un lac de 40 hectares. Nous partons pour un tour du lac en sens horaire. Au cours de notre balade, nous rencontrons saules et aulnes, typiques de ce milieu humide. La rencontre avec diverses poacées et cypéracées nous amène à une discussion sur la définition des herbes. On peut en effet les considèrer comme des graminoı̈des (en forme de graminée), ensemble de trois familles : Poacées (ex Graminées), Cyperacées et Joncacées. Elles ont en commun d’être des monocotylédones, à feuilles linéaires longues et à fleurs insignifiantes : petites et de couleur dominante dans les verts, jaunes ou bruns. Habituellement, les pièces florales chez les plantes à fleurs sont disposées en verticilles : au centre se trouve le pistil, puis autour de celuici se trouvent les étamines, qui sont entourées des pétales (pièces colorées), puis des sépales (pièces vertes), les plus à l’extérieur/inférieurs. Lorsque pétales et sépales ont la même couleur, la même texture et à peu près la même taille et forme et qu’ils sont donc difficiles à distinguer les uns des autres, on les appelle tépales. Les fleurs des Joncacées ont 6 tépales entourant les étamines et le pistil comme dans une architecture florale ”classique”. Les Joncacées (Juncaceae) contiennent seulement les joncs, à feuilles normalement cylindriques, et les luzules ; à feuilles planes et velues. Les fleurs des Poacées n’ont pas de tépales mais simplement deux ”écailles” qui se font face et qui abritent les organes sexuels (pistil et étamines). Ces ”écailles” sont appelées ”lemme” et ”paléoles” (glumelle inférieure et glumelle supérieure). Ces fleurs sont réunies dans une unité appelée ”épillet”, l’épillet est à nouveau protégé par deux écailles qui prennent le nom de 1 ”glume” et qui protègent les fleurs ou bien sont simplement situées à la base de l’épillet. Parmi les Poacées (Poaceae ou Graminae), on peut trouver le Dactyle aggloméré, les Fétuques, le Millet, le Riz, le Blé, etc. Les fleurs de Cypéracées sont composées d’une seule écaille et sont généralement disposées en spirales pour former une ”tête”. Plus rarement, elles sont disposées en deux rangs qui se font face (comme chez les Souchets - Cyperus). La famille des Cypéracées (Cyperaceae) contient les Laı̂ches (genre Carex), les Scirpes et les Souchets (dont le Papyrus est le représentant le plus connu). Panic capillaire ou Millet capillaire (Panicum capillare - Poaceae) Souchet vivace (Cyperus eragrostis - Cyperaceae) Paspale dilaté (Paspalum dilatatum - Poaceae) Nous avons aussi rencontré un parterre contenant trois espèces de morelles différentes : la morelle douce-amère, la morelle noire et la morelle faux-chénopode. Nous avons pu faire des observations très intéressantes sur les différences entre la morelle noire et la morelle fauxchénopode, deux plantes très proches l’une de l’autre à première vue et qui poussaient côte à côte : pilosité, feuilles, orientation des pédoncules, calices, fruits, etc., autant de caractères qui ne sont pas forcément indiqués dans les flores. A noter que les fruits de la Morelle noire, quoique jugés ”vénéneux” par Gaston Bonnier (Fore complète de la France) et ”dangereux” par Paul-Victor Fournier (Dictionnaire des plantes médicinales et vénéneuses de France) sont parfois consommés bien mûrs 1 et appelés ”tomates-myrtilles” ! Il est intéressant de constater qu’au sein du genre Solanum se croisent des espèces toxiques et parfois mortelles (les trois précédentes), mais également des espèces dont on consomme certaines parties : Solanum tuberosum - la pomme de terre, Solanum lycopersicon - la tomate, Solanum melongena - l’aubergine. Morelle douce-amère (Solanum dulcamara - Solanaceae) Morelle noire (Solanum nigrum - Solanaceae) Morelle faux-chénopode (Solanum chenopodioides Solanaceae) Parmi les plantes d’intérêt usuel, nous avons rencontré le houblon, comestible, la scutellaire et le galéga, toxiques mais utilisées autrefois en tant que plantes médicinales. Le nom de la scutellaire, ”scutellaria” vient du latin ”scutella” et signifiant ”soucoupe”, ”sébile”. Il fait allusion 1. http://www.jfdumas.fr/La-morelle-noire-Solanum-nigrum_a138.html, consulté le 13/10/2015. 2 à la bosse se trouvant sur le calice 2 (voir photo). Houblon et renouée du Japon (Humulus lupulus - Cannabaceae & Reynoutria japonica Polygonaceae) Scutellaire à casque (Scutellaria galericulata Lamiaceae) Galéga officinale (Galega officinalis - Fabaceae) À noter que plusieurs espèces invasives, comme la renouée du Japon, le buddleja ou la jussie, ont occupé les lieux. La présence de molène sinuée, fréquente dans la région méditerranéenne, est plus exceptionnelle ici. Arbre à papillons (Buddleja davidii Scrophulariaceae) Jussie rampante (Ludwigia peploides - Onagraceae) Molène sinuée (Verbascum sinuatum Scrophulariaceae) Onagre rosée (Oenothera rosea Onagraceae) Cucubale (Silene baccifera = Cucubalus baccifer - Caryophyllaceae) Saponaire (Saponaria officinalis Caryophyllaceae) Iris des marais (Iris pseudacorus - Iridaceae) Plantain aquatique (Alisma plantago-aquatica - Alismataceae) 2. Paul-Victor Fournier, Dictionnaire des plantes médicinales et vénéneuses de France. 3