Principales intoxications végétales chez les bovins : la Morelle noire Les intoxications végétales représentent les principales causes d’intoxication chez les bovins. Elles peuvent être très graves, voire mortelles, ce qui nécessite un diagnostic étiologique (recherche de la plante ingérée). => 28% des appels reçus au centre de toxicologie de Lyon pour les ruminants concernent des intoxications végétales. Pour les bovins les principales plantes incriminées sont : 1‐ L'If 2‐ Les glands 3‐ La Morelle noire 4‐ La Fougère aigle 5‐ La Mercuriale 6‐ Le Thuya 7‐ Galega officinalis 8‐ Laurier rose Description botanique La morelle noire est une plante herbacée annuelle mesurant de 10 cm à 1 m. On l'appelle aussi amourette, raisin de loup, crève‐chien, tue‐chien, herbe à gale ou herbe au magicien. Les fleurs sont blanches avec des pétales étalés et le fruit est une petite baie sphérique et charnue d'abord verte puis noire à maturité. Cette plante est présente dans toute la France et peuple les jardins, les cultures, les friches, les bords de chemins et les cours de ferme. Elle fleurit de juin à octobre. Parties toxiques de la plante Les parties toxiques de la plante sont les fruits verts et les feuilles ; les fruits mûrs ne semblent par contre pas toxiques. La toxicité est conservée après dessiccation. La morelle noire contient de nombreux alcaloïdes toxiques (dont la solanine), des nitrates et des substances proches de l'atropine. L'épandage de fumier favorise la croissance de cette plante et elle contamine fréquemment les ensilages, même si leur acidité entraîne une diminution en teneur de produits toxiques. La morelle possède un pouvoir irritant et provoque des contractions intenses des muscles lisses à l'origine de troubles digestifs violents. Elle est également toxique pour le muscle cardiaque et pour le cerveau. Enfin, l'ingestion de morelle par des femelles en gestation a conduit à la formation de fœtus anormaux. Dose toxique Les troubles graves apparaissent à partir de 3 à 25 g de solanine pour 100 kg de fourrage. Circonstances d'intoxication Les intoxications à la morelle noire représentent 4,7 % des appels de toxicologie végétale pour les bovins. La plante contamine fréquemment les ensilages de maïs et plus rarement les fourrages. Elle est devenue résistante à certains herbicides tels que l'atrazine ou la simazine. Les bovins s'intoxiquent en consommant l'ensilage contaminé : plus de 10 à 15 % de morelle du poids frais. En revanche, la plante fraîche est peu appétente pour le bétail (goût âcre et odeur fétide). La majorité des intoxications sont réparties d’août à octobre, pendant la période de floraison et de fructification de la plante. Signes cliniques Les signes cliniques apparaissent après plusieurs jours de consommation : diminution de la lactation, abattement et prostration, anorexie, salivation, coliques, diarrhées violentes ou constipation, troubles de l'équilibre, faiblesse musculaire puis paralysie, convulsion et coma, troubles cardiaques avec œdèmes, augmentation de la respiration, difficultés respiratoires, urines foncées, troubles de la reproduction : malformations fœtales et résorption embryonnaire ou avortement. L'évolution se fait vers la mort après une phase de coma en 3 à 4 jours. Des cas de mort subite sont également rapportés (3,5 %). Le diagnostic peut être réalisé par la mise en évidence des débris végétaux contenus dans le rumen et l'analyse des ensilages. Traitement et pronostic Il n'existe pas d'antidote à l'intoxication à la morelle noire, le traitement est purement symptomatique : charbon végétal activé, purgatifs, perfusions, pansements digestifs, soutien des fonctions cardio‐respiratoires. Le pronostic est bon : seuls 28 % des bovins ayant consommé de la morelle vont être malades. La mortalité chez ces animaux s'élève à 11 % (contre 78 % chez les ovins). Principales intoxications végétales chez les bovins : la Morelle noire