Quand les dents provoquent des maladies à distance

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Quand les dents provoquent des maladies à distance
Les dents et les gencives sont une source potentielle d’infection et d’inflammation pouvant
provoquer des maladies à distance. La bouche joue, en effet, un rôle extrêmement important
dans la vie de chacun. Elle nous donne accès au monde extérieur : bébés, nous découvrons le
monde en goûtant à tout. Adultes, notre bouche nous sert tous les jours à parler, manger,
embrasser…
Par Pascal Eppe
Toujours en contact avec l’environnement, la bouche est un filtre, un "sas" entre notre corps et
le monde qui nous entoure. En prendre soin est indispensable car une bouche et des dents
saines sont synonymes de bonne santé. En effet, une carie mal soignée ou des gencives
enflammées peuvent entraîner des maladies à distance bien plus graves. Or cette notion de
troubles à distance n’est pas nouvelle. Déjà, au début du XIXe siècle, Osler soulignait le
risque d’endocardite lors de bactériémies engendrées par des germes provenant de la cavité
buccale, par exemple lors d’extractions dentaires ou d’interventions chirurgicales pour
assainir l’infection des gencives. Le risque est donc extrêmement sérieux et, aujourd'hui, bien
documenté par de nombreuses études et et publications scientifiques.
Les infections et les inflammations dentaires mises en causes
Les maladies parodontales - le déchaussement dentaire - constituent une des premières causes
de foyers infectieux. Elles sont causées par la présence de champignons, parasites et bactéries
agressives, associée à une fragilité du terrain du patient. Ceci entraîne une réaction
inflammatoire qui est globale et non-spécifique. Cette réaction provoque la production de
molécules inflammatoires et la formation d’une poche parodontale. Cette poche devient alors
un réservoir chronique de bactéries, de toxines et de médiateurs de l’inflammation qui se
disséminent dans toute la circulation sanguine et lymphatique.
Une carie mal soignée évolue vers la pulpite - la rage de dent - puis la nécrose de la pulpe
dentaire, suite à sa colonisation par les micro-organismes pathogènes. Cette nécrose est
généralement très douloureuse, et peut diffuser par les racines et se compliquer avec une
infection s'étendant à l'os. Cette infection évolue, souvent silencieusement, pendant plusieurs
mois, voire plusieurs années. Il peut y avoir un envahissement bactérien général par voie
sanguine : il s’agit de la bactériémie et la septicémie. Le pronostic vital est alors engagé.
Les dents incluses et principalement les dents de sagesse constituent une autre source
d’infection chronique. La péricoronarite est une infection des dents incluses et cela peut
évoluer vers la formation d'un abcès. L'évolution peut se faire vers des complications graves,
locales ou générales. Devant une évolution incertaine, la difficulté réside dans l'indication de
l'extraction ou de la conservation d'une dent de sagesse qui peut guérir ou peut être à l'origine
de nombreuses complications à distance.
Des conséquences à distance, parfois insoupçonnées ?
De nombreuses études scientifiques montrent que les foyers infectieux dentaires représentent
un risque élevé en matière de pathologies cardio-vasculaires et artérielles : endocardite,
infarctus, artériosclérose, athéromatose et thrombose. Les infections chroniques respiratoires
et ORL tels que les otites, méningites, laryngites, mastoïdites, sinusites, amygdalites, abcès
pulmonaires et les infections pleuro-pulmonaires sont souvent en lien avec une infection
dentaire non traitée. Les infections chroniques altèrent l’équilibre métabolique et digestif des
patients en induisant une insulino-résistance et donc une mauvaise gestion du diabète. Il est
connu que l’élimination des infections buccales permet aux patients diabétiques de mieux
contrôler leur taux de glycémie.
Les abcès cérébraux, les accidents vasculo-cérébraux et les scléroses neurologiques peuvent
également être la conséquence d’une infection bactérienne buccale ou dentaire. Des études
récentes montrent un lien étroit entre la gravité du déchaussement dentaire et le déclin des
performances intellectuelles. On sait maintenant qu’une inflammation gingivale chronique
peut influencer le déroulement d’une grossesse en augmentant le risque d’un accouchement
prématuré et d’un bébé de faible poids - c'est-à-dire pesant moins de deux kilos et demi.
Les tendinites chroniques et les infections de prothèses de la hanche sont les pathologies les
plus fréquemment rencontrées en relation avec des infections buccales. La radiographie
panoramique dentaire devrait faire partie systématiquement du dossier du cardiologue et de
l’orthopédiste. Les sportifs sujets aux tendinites chroniques devraient toujours vérifier
l’absence de foyers infectieux dentaires car ces foyers libèrent des toxines qui perturbent les
tissus tendineux et ligamentaires et provoquent une acidose tissulaire chronique. Il est
aujourd'hui établi que la maladie parodontale est un facteur de risque pour la polyarthrite
rhumatoïde.
Un terrain fragilisé est souvent le point de départ
L’apparition de pathologies à distance dépend non seulement de la quantité de bactéries
présentes au niveau du foyer primaire, mais aussi de la résistance et du terrain du patient.
Claude Bernard, le célèbre physiologiste déclarait, dans les années 1850, que "le microbe n'est
rien, le terrain est tout".
Les carences micronutritionnelles prédisposent à ces pathologies. L’organisme n’ayant plus
les moyens de réguler et d’optimiser son système immunitaire. Si le terrain du patient est
affaibli, cela peut aboutir au déclenchement d’endocardite, d’infarctus du myocarde ou
d’accidents vasculaires cérébraux (AVC). Les foyers infectieux peuvent également dérégler le
système neuro-végétatif. Le nerf Trijumeau, nerf de la sensibilité dentaire, est le nerf le plus
réflexogène de l’organisme, et ceci explique souvent certaines réactions et douleurs à
distance. Les carences en vitamine D sont tellement fréquentes et leur correction par la
supplémentation améliore considérablement le terrain en renforçant l’immunité et la
minéralisation osseuse. Le tabagisme est un facteur de risque important car il provoque une
chute importante du taux de vitamine C et de différents nutriments essentiels à une bonne
vascularisation et cicatrisation tissulaire. Le dentiste joue un rôle de plus en plus important
dans la gestion du tabagisme et pourra informer le patient et l’orienter vers un professionnel,
un tabacologue par exemple.
Quelques conseils généraux
- Bien réfléchir avant d’enlever les dents concernées
La solution qui consiste à se faire enlever une dent n’est pas sans conséquences :
effondrement de l’os sous-jacent, risque de déplacement des dents voisines, problèmes
d’occlusion et donc de mastication. De plus, perdre ses dents provoque un choc
psychologique : le patient peut se sentir mutilé, surtout si la décision a été prise par quelqu’un
d’autre.
- Dents dévitalisées et toxines bactériennes
Pour éviter l’extraction, le dentiste propose souvent la dévitalisation de la dent. Ce traitement
consiste à retirer le nerf de la dent et à le remplacer par une pâte d'obturation. Il est souvent
difficile d’enlever complètement les tissus nécrosés dans les racines et d’obturer l'intégralité
des canaux radiculaires de la dent. Ces derniers finissent par héberger des bactéries
résiduelles. L’obturation partielle des racines d’une dent provoque alors la formation d’un
foyer infectieux dans l’os.
Proposer l'extraction systématique d'une dent dévitalisée, n'est pas une solution éthique ou
biologique ! Ces traitements mutilants ne tiennent pas compte des nouvelles possibilités de
nettoyer les racines dentaires avec l’aide d’un microscope par exemple. Il est préférable dans
un premier temps de refaire le traitement des racines de la dent suspecte avant d'envisager
l'extraction. Le comblement des racines se fera alors avec une pâte d’obturation biologique
qui sera la plus naturelle possible, à base d'huiles essentielles - clou de girofle - et de propolis,
par exemple.
- Préférer des traitements et remèdes biologiques
"Les antibiotiques, ce n’est pas automatique !" La présence d’une infection ne signifie pas le
recours systématique à une antibiothérapie. La nature met à notre disposition une série de
remèdes ayant fait leur preuve comme alternatives aux antibiotiques. La désinfection locale
des gencives pourra se faire avec l’aide d’huiles essentielles : l’huile de Tea tree, mélangée
avec du bicarbonate de soude, en brossage intensif, deux fois par jour, par exemple.
On utilisera également des alternatives aux antibiotiques, par voie générale, pour
accompagner le nettoyage des racines ou le traitement des gencives : propolis purifiée en
gélules, pépins de pamplemousse, Echinacea, capsules d’Origan, argent colloïdal, par
exemple. Ces produits - issus de laboratoires sélectionnés pour leur qualité - seront prescrits
par des praticiens formés et habitués à l’utilisation de ces remèdes naturels, avec des doses
adaptées et individualisées.
- Rechercher une solution la plus biocompatible possible
Pour remplacer les dents manquantes, les appareils amovibles ou dentiers sont souvent mal
acceptés car inconfortables et peu stables en bouche.
Si des implants - de fausses racines vissées dans l’os - sont envisagés, il faut savoir que ceuxci contiennent du titane - et parfois de l’aluminium qui est neurotoxique - et peuvent créer des
allergies ou des intolérances, ainsi que des problèmes de corrosion et d’électrogalvanisme.
Ces implants peuvent libérer des particules de métal dans l’organisme et s’y accumuler. Des
réactions allergiques sont aussi possibles. Il convient de choisir autant que possible la mise en
place de matériaux biologiques, sans métal, comme par exemple les implants en zircone
intégral, 100% biocompatibles. Ces implants 100% biocompatibles se développent de plus en
plus, mais il est encore difficile de trouver des implantologues habitués et formés à ce type
d’implants.
- Ne pas dévitaliser ni extraire trop vite et priorité donnée à la prévention
Il appartient au dentiste de ne pas dévitaliser trop vite et de tout mettre en œuvre pour garder
les dents vivantes, autant que possible. La prévention joue donc un rôle fondamental en
matière de santé dentaire comme de santé en général. Pour cela, il faut donc surveiller ses
apports en sucres rapides, assurer un bon brossage dentaire et respecter les visites régulières
chez le dentiste qui pourra alors déceler les problèmes dès leur apparition.
Pascal Eppe est chirurgien dentiste et homéopathe (licence professionnelle et master en
micronutrition - diplôme universitaire en biomatériaux et systèmes implantables)
www.biodenth.be
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