B. TRAVAIL, SALAIRE ET EMPLOI L`emploi, et plus précisément la

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B. TRAVAIL, SALAIRE ET EMPLOI
L’emploi, et plus précisément la pénurie d’emplois est une question centrale de nos sociétés. En effet, le
problème du chômage constitue un enjeu majeur de société, et recouvre trois aspects :
?Sur le plan économique, le chômage se traduit par une réduction voire une perte de revenu
?Sur le plan social, le chômage entraîne une profonde remise en cause du statut des individus
?Et enfin, la résorption du chômage reste un objectif prioritaire des gouvernements successifs .
1°) Le fonctionnement du marché du travail
a- Le modèle théorique du marché du travail et sa contestation
§1. Le modèle néoclassique du marché du travail
Le marché du travail est le lieu abstrait de la confrontation entre l’offre et la demande de travail
Attention : il convient de ne pas confondre le travail et l’emploi !
En effet, les entreprises offrent des emplois et demandent du travail, tandis que les actifs offrent leur force de
travail demandent des emplois.
Ainsi, l’offre de travail, qui équivaut à la demande d’emploi, émane des actifs, tandis que l’offre d’emploi
correspond à la demande de travail des employeurs.
?L’offre de travail émane de la population active
?La demande de travail émane principalement des entreprises et des administrations
Dans cette optique, le travail est considéré comme une simple marchandise, dont le prix est le salaire réel.
On rappelle que :
Salaire réel = [Salaire nominal / Indice des prix] * 100
Plus précisément,
?L’offre de travail est fonction croissante du prix du travail, en l’occurrence le salaire réel.
(à la limite, si le salaire réel était nul, l’offre de travail serait nulle également)
Dans l’arbitrage travail - loisir, le salaire représente le coût du loisir, et toute augmentation du salaire renchérit
le loisir et donc sa consommation, au profit du travail.
?La demande de travail est fonction décroissante du salaire réel
(à la limite, si les salaires réels étaient nuls, la demande de travail serait infinie et au-delà d’un certain niveau
de salaire, l’embauche d’un salarié n’est plus rentable).
En effet, un employeur n’acceptera d’embaucher un travailleur supplémentaire dans la mesure où celui-ci lui
rapporte plus qu’il ne lui coûte.
Ainsi, lorsque le salaire s’accroît, cela réduit mécaniquement le nombre d’embauches rentables.
De plus, les entrepreneurs déterminent leur choix de combinaison productive en fonction du coût des facteurs
de production.
On sait que le salaire représente le prix du travail tandis que le taux d’intérêt représente le coût du capital.
Ainsi, lorsque le prix relatif du travail (w / r) s’accroît, les entreprise vont privilégier les combinaisons
productives capitalistiques, au détriment du facteur travail.
De la confrontation de l’offre et la demande de travail résulte un salaire d’équilibre (w*) et une quantité de
travail d’équilibre (Q*). Ainsi, le salaire d’équilibre est celui qui permet d’égaliser l’offre et la demande de
travail.
Salaires
O
w *
D
Q* (Qo = Qd)
Quantité de travail
On note
Qo : Quantité de travail offerte
Qd : Quantité de travail demandée
Il est possible de distinguer deux configurations de déséquilibre :
Si le salaire du marché (w1) est supérieur au salaire d’équilibre :
Salaires
w1
w *
Qd
?Si w 1 > w*
Q*
Qo
Quantité de travail
: Qo > Qd, donc Qo - Qd > 0
Excès de travail offert (chômage)
Si le salaire du marché (w2) est inférieur au salaire d’équilibre :
Salaires
w *
w2
Qo
?Si w 2 < w*
Q*
Qd
Quantité de travail
: Qo < Qd, dc Qd - Qo > 0
Pénurie de travailleurs
Q. Que se passe- t- il suite à un choc positif sur l’offre de travail ?
Salaires
w *
w* ’
Q*
Q* ’
Quantité de travail
Si l’offre de travail augmente (accroissement des taux d’activité, solde migratoire positif...), la courbe d’offre se
déplace vers la droite.
?Phase 1 : à salaire constant, déséquilibre entre l’offre et la demande de travail (en l’occurrence excès d’offre
de travail par rapport à la demande)
? Phase 2 : réduction des salaires, ce qui réduit l’offre et accroît la demande de travail, jusqu’au salaire
d’équilibre (noté w* ’ ).
Q. Que se passe- t- il suite à un choc positif sur la demande de travail ?
Salaires
w* ’’
w *
Q*
Q*’’
Quantité de travail
Si la demande de travail augmente (croissance économique, création de nouvelles entreprises, de nouveaux
secteurs d’activité (TICE...), RTT...), graphiquement, la courbe de demande se déplace vers la droite.
?Phase 1 : à salaire constant, déséquilibre entre l’offre et la demande de travail (en l’occurrence insuffisance
de l’offre de travail par rapport à la demande)
?Phase 2 : augmentation des salaires, ce qui accroît l’offre de travail et réduit la demande de travail, jusqu’au
salaire d’équilibre (noté w* ’’ ).
Ainsi, l’analyse néoclassique considère que le chômage, à savoir en l’excès d’offre de travail par rapport à la
demande) résulte de la rigidité à la baisse des salaires, du fait de l’existence d’un salaire minimum (en
France : le SMIC). Pour résorber le chômage, il suffirait donc de supprimer le salaire plancher, qui bloque le
retour à l’équilibre.
Suite à un choc sur l’offre ou la demande, le libre jeu des forces du marché est censé permettre le retour
spontané à l’équilibre. Ainsi, dans l’optique néoclassique, le chômage est impossible. S’il existe, il s’agit
simplement de chômage volontaire. Autrement dit, les chômeurs ne sont pas des individus ne pouvant
travailler, mais des individus qui ne veulent pas travailler.
§2. Les limites de ce modèle
- La distinction coût du travail - salaire
Le coût du travail représente ce que coûte réellement le salarié à l’employeur, il s’agit de la somme
effectivement versée par l’employeur.
Coût du travail = Salaire brut + Cotisations sociales patronales - Aides à l’emploi versées par l’Etat
C’est le coût du travail qui détermine l’embauche ou le licenciement d’un salarié.
Le sala ire brut équivaut au coût du travail net des cotisations sociales patronales
Salaire brut = Coût du travail - Cotisations sociales patronales
Le salaire net correspond à la somme réellement perçue par le salarié
Salaire net = Salaire brut - cotisations sociales salariales
C’est le salaire net qui détermine l’entrée ou la sortie du marché du travail, c’est à dire l’offre de travail.
Ainsi, des cotisations sociales trop importantes, constituent :
?Pour les employeurs : un frein à l’embauche
?Pour les salariés
: un frein à la consommation
Au sein de l’Union Européenne (UE), c’est en France que l’écart entre le coût du travail et le salaire net est le
plus fort.
Ainsi, l’offre de travail est fonction (croissante) du salaire net, tandis que la demande de travail est fonction
(décroissante) du coût du travail. Il n’y a donc pas un prix unique sur le marché du travail.
- La critique keynésienne
J.M. Keynes considère que le modèle néoclassique reste très théorique et donc peu réaliste, c’est à dire qu’il ne
représente pas « le monde tel qu’il est ».
En fait, selon J.M. Keynes, les entrepreneurs déterminent le niveau de la demande de travail en fonction, non
pas du salaire réel, mais de leurs anticipations concernant la demande, qualifiée « d’effective ».
Plus précisément, si les entrepreneurs anticipent une hausse de la demande, ils décideront de recruter le
personnel permettant d’y faire face.
Approche comparative
?Selon l’optique néoclassique: Le salaire réel détermine la demande de travail des entreprises
Plus précisément :
Salaire réels
Demande de travail
Chômage
?Selon l’optique keynésienne : La demande de travail des entreprises dépend de la demande anticipée des
ménages qui dépend elle même des salaires des actifs occupés.
Plus précisément :
Salaires réels
Demande des ménages
Demande de travail
Chômage
Ces divergences radicales de vues s’expliquent par l’ambivalence de la notion de salaire. En effet, l’analyse
néoclassique considère le salaire comme un coût de production à minimiser, tandis que l’analyse keynésienne
appréhende le salaire en tant que revenu à maximiser.
- La segmentation du marché du travail
Les statistiques montrent qu’un chômage important est tout à fait compatible avec des pénuries de main
d’œuvre dans des secteurs bien spécifiques. Ainsi, il n’existe pas de marché du travail unique.
Dans son analyse du dualisme du marché du travail, M.J. PIORE, distingue deux compartiments étanches sur le
marché du travail, qui regroupent des types d’emploi spécifiques en fonction du niveau de salaire et des
conditions de travail.
Plus précisément :
? Le marché primaire, qui regroupe les emplois les mieux rémunérés et bénéficiant de bonnes conditions de
travail (sécurité, perspectives de carrière...) Il s’agit là d’emplois « privilégiés, protégés » (cadres de la fonction
publique par exemple)
?Le marché secondaire qui concernent des emplois faiblement rémunérés, pénibles, peu attrayants, instables.
Il s’agit là d’emplois défavorisés, exposés (ouvriers intérimaires peu qualifiés par exemple)
Attention, il convient de ne pas confondre les secteurs au sens de J.M PIORE avec les secteurs d’activité au
sens de CLARK !
b- L’analyse empirique du marché du travail
§1. Les déterminants de l’offre de travail
L’offre de travail émane de la population active (PA), qui se décompose entre actifs occupés (PAo) et non
occupés (PAno), c’est à dire les chômeurs.
PA = PAo + PAno
De même, on rappelle que :
Taux de chômage = [PAno / PA] * 100
Taux d’emploi = [PAo / PAT] * 100
Taux d’Activité Global (TAG) = [PA / PAT] * 100
(PAT : Population en Age de Travailler)
Plus généralement, le niveau de la population active dépend de 2 paramètres :
?La population en âge de travailler (> 16 ans)
(PAT)
?Le taux d’activité global
(TAG)
En effet,
PA = [PAT * TAG] * 100
La population en âge de travailler dépend elle même de plu sieurs facteurs :
?Les facteurs démographiques
- Le solde migratoire : s’il est positif (flux entrants > flux sortants) et concerne une immigration économique,
il permet d’accroître le nombre d’actifs d’une population.
- L’accroissement naturel : s’il est positif (naissances > décès), il entraîne l’augmentation de la population
active, une vingtaine d’année plus tard.
Le niveau de la population en âge de travailler est aussi influencé par :
?L’âge d’entrée sur le marché du travail
Entrée de plus en plus tardive du fait de la prolongation des
études)
?L’âge de sortie du marché du travail
Sortie de plus en plus précoce du fait de l’abaissement de l’âge
de la retraite, des préretraites, des CPA (Cessation Progressive d’Activité ...))
Ces deux effets conjugués aboutissent au raccourcissement de la vie active, ayant pour conséquence de réduire
mécaniquement la population active.
Le taux d’activité global, qui représente la propension à l’activité d’une population dépend lui même de
nombreux facteurs :
?Le taux d’activité global est influencé par la conjoncture économique
Plus précisément :
- si la conjoncture s'améliore, des chômeurs anciennement découragés (comptés comme inactifs) vont chercher
à exercer une activité, et compter parmi les actifs.
Ainsi, lorsque la conjoncture s'améliore (toutes choses égales par ailleurs), le taux d’activité global s’accroît.
Par exemple, en France, certains étudiants peuvent souhaiter interrompre leurs études pour bénéficier des
« emplois jeunes ».
- inversement, si la conjoncture se détériore, certains actifs non occupés vont renoncer à chercher une activité,
il s’agit des chômeurs découragés, comptés parmi les inactifs. De même certains étudiants vont prolonger leurs
études plutôt qu’entrer sur le marché du travail.
Ainsi, lorsque la conjoncture se dégrade (toutes choses égales par ailleurs), le taux d’activité global diminue.
Ce phénomène porte le nom « d’effet de flexion des taux d’activité », qui joue d’ailleurs un rôle
d’amortisseur sur le taux de chômage. En effet, il tend à freiner la baisse du chômage en cas d’amélioration de
la conjoncture, tandis qu’il tend à ralentir l’augmentation du chômage si la conjoncture se détériore.
Ainsi, les économistes estiment que pour réduire le chômage de 100 personnes, il est nécessaire de créer
environ 140 emplois.
?Des éléments sociologiques influencent également les taux d’activité d’une population
Ainsi, l’augmentation du taux d’activité féminin depuis la fin des années soixante s’explique notamment par la
volonté des femmes d’accéder à un statut social plus valorisant que celui de « mère au foyer ».
§2. Les déterminants la demande de travail
J. FOURASTIE a montré que la demande de travail dépend de l’évolution différentielle des paramètres
suivants : la production, la productivité et la durée du travail.
En effet, on sait que :
Productivité du travail = Production / Effectifs employés
c’est à dire
Effectifs employés = Production / Productivité du travail
En termes de variations (? ) :
? Effectifs employés = ? Production / ? Productivité du travail
On peut en déduire la formule approximée suivante :
? de l’emploi = ? de la production - ? de la productivité
Si la production augmente plus vite que la productivité, des emplois sero nt créés.
Inversement, si le rythme d’augmentation de la productivité est supérieur au rythme d’augmentation de la
production, des emplois seront détruits.
Il est d’ailleurs possible d’affiner la formule en intégrant la durée du travail :
? de l’emploi = ? de la production - (? du temps de travail + ? de la productivité)
Ainsi, la réduction du temps de travail (RTT), toutes choses égales par ailleurs, tend mécaniquement à créer
des emplois.
(cf TD sur les 35h00)
2°) Les dysfonctionnements du marché du travail
a- Le chômage : définitions et mesures
§1. La montée du chômage
Même si le chômage nous semble aujourd’hui un problème majeur, celui-ci n’a pas toujours existé. En effet,
l’apparition du chômage est un phénomène historiquement daté, qui coïncide avec la montée du salariat. En
effet, un chômeur est un salarié (potentiel) qui ne parvient pas à vendre sa force de travail. Par contre, les
travailleurs indépendants ne connaissent pas véritablement le chômage, mais plutôt une baisse de leur act ivité
et de leur revenu. On rappelle qu’aujourd’hui, près de 90% de la population active française est salariée !
Sur la période 1963 - 1993, le taux de chômage est à la hausse dans les pays de l’OCDE, hormis pour les EtatsUnis où celui-ci est en baisse depuis 1975.
A partir de 1975, on note une forte augmentation du taux de chômage dans les pays de l’OCDE, hormis pour le
Japon où celui-ci reste faible (autour de 2 -3%).
La France est particulièrement touchée par le chômage, notamment par rapport à l’Allemagne, aux Etats-Unis
et au Japon.
§2. Les deux définitions du chômage
D’une définition internationale ambiguë...
La définition du BIT constitue une norme statistique commune et permet de procéder à des comparaisons
internationales.
Plus préciséme nt, selon le BIT, sont considérés comme chômeurs les personnes :
?Sans emploi (qui n’ont pas travaillé plus d’une heure au cours de la semaine précédant l’enquête)
?Disponibles pour travailler dans un délai de 15 jours
?A la recherche d’un emploi
Cette définition est retenue par l’INSEE pour déterminer les Personnes Sans Emploi à la Recherche d’un Emploi
(PSERE)
... A des définitions nationales fluctuantes
Selon l’ANPE, sont considérés comme chômeurs les personnes :
?Sans emploi (qui n’ont pas travaillé plus de 78 h00 au cours du mois écoulé)
?Disponibles pour travailler
?A la recherche active d’un emploi
L’ANPE publie chaque mois les Demandes d’Emploi en Fin de Mois (DEFM)
On note que les statistiques du chômage évoluent en fonction de la réglementation en vigueur, et que les
estimations du BIT et de l’ANPE ne coïncident pas toujours.
Par exemple, un chômeur inscrit à l’ANPE qui travaille 2h00 seulement par semaine n’est pas un chômeur au
sens du BIT. D’une façon générale, les chômeurs au sens du BIT sont moins nombreux que les chômeurs au
sens de l’ANPE, même si les évolutions sont similaires.
§3. Les contours incertains de l’emploi, du chômage et de l’inactivité
Les ambiguïtés de la mesure du chômage
De plus ces définitions restent délicates à mettre en pratique. En effet, les frontières entre le chômage, l’emploi
et l’inactivité sont de plus en plus incertaines :
? Certaines personnes sont considérées comme actives occupées, alors qu’elles occupent des emplois
précaires ou bien sont en situation de sous emploi.
Il peut s’agir par exemple :
de travailleurs intérimaires
de salariés en CDD
d’emplois aidés (Contrats Initiative Emploi (CIE), Contrats Emploi Solidarité (CES), « Emplois
jeunes »)
...
Le sous-emploi frappe les personnes qui travaillent involontairement moins que la durée normale du travail et
qui souhaiteraient donc travailler davantage. Il regroupe 2 situations :
Les personnes exerçant un emploi à temps partiel subi
Les personnes exerçant un emploi à temps plein ma is souffrant de chômage technique
La notion de sous-emploi permet d’affiner l’analyse des chiffres du chômage. Plus précisément, l’existence du
sous-emploi contribue à sous-estimer les chiffres du chômage.
? A l’inverse, certaines personnes sont considérées comme inactives mais aimeraient travailler, si la
conjoncture économique le permettait. Il s’agit des « chômeurs découragés ».
Exemple :
Des étudiants qui poursuivent leurs études, par crainte du chômage
Des « femmes au foyer » qui élèvent leurs enfa nts mais préféreraient travailler
L’existence de chômeurs découragés contribue à sous-estimer les chiffres du chômage
Ainsi, il y aurait en France près de 2 millions de personnes difficiles à classer.
§4. Les différents types de chômage
?Chômage conjoncturel
?Chômage structurel
démographique, économique
?Chômage frictionnel
?Chômage déguisé
?Chômage saisonnier
?Chômage technique
pénurie
: résulte d’un ralentissement temporaire de la croissance
: lié aux mutations de longue période intervenus dans la structure
ou sociale... (variation des taux d’activité, désindustrialisation...)
: lié aux délais d’ajustement de la main d’œuvre, d’un emploi à l’autre
: emplois dont la productivité est faible, voire nulle
: lorsque l’activité du salarié fluctue selon l’époque de l’année (agr., tourisme)
: du à une interruption de la production à la suite de panne, de grève, de
?Chômage technologique
: lié à la substitution de capital au travail (remplacement des salariés par des
machines)
?Chômage d’insertion
: concerne les jeunes ayant achevé leurs études qui entrent sur le marché du
travail (JD)
?Chômage récurrent
: (ou répétitif) : passage fréquent par le chômage entre deux emplois
?Chômage d’exclusion
: frappe les personnes ayant de grandes difficulté à retrouver un emploi,
généralement souffrant de handicaps sociaux (absence de diplômes, analphabétisme...)
?Chômage de Longue Durée: (CLD) chômage dont la durée excède 1 an
En France, l’ancienneté moyenne du chômage s’élève en moyenne à 15 mois.
§5. Les inégalités face au chômage
Le chômage reste très inégalitaire selon les pays, le sexe, l’âge, le niveau de diplôme, le secteur d’activité, le
type d’entreprise, la région, la nationalité, les caractéristiques personnelles (handicaps sociaux...)
?Le taux de chômage selon le sexe et l'âge
Les femmes et les jeunes sont plus victimes du chômage que les autres catégories de population
?Le taux de chômage selon le niveau de diplôme
Plus le niveau de diplôme s’élève, plus le risque de chômage diminue. Il existe donc une relation inverse entre
le niveau de diplôme et le taux de chômage. En effet, aujourd’hui, les entreprise recherchent des salariés
qualifiés.
Toutefois, l’élévation du niveau de diplôme accroît le risque de surqualification, c’est à dire occuper un emploi
qui ne correspond pas à son niveau de diplôme.
?Le chômage BIT par PCS
Les ouvriers et les employés sont particulièrement frappés par le chômage, tandis que les agriculteurs, les
artisans, les cadres semblent « épargnés » par ce fléau. Les plus touchés sont naturellement les salariés.
?Le taux de chômage selon la région
Régions fortement touchées : Aquitaine, PACA, Nord-Pas de Calais
Régions moins touchées
: Centre de la France : Auvergne, Limousin...
?Le taux de chômage selon la nationalité
Les étrangers sont plus touchés par le chômage que les « français de souche ». Parmi les étrangers, les
maghrébins sont particulièrement victimes de ce fléau, par rapport aux portugais par exemple.
Ainsi, il est possible de définir :
La vulnérabilité, qui concerne les actifs occupés ayant une forte probabilité de tomber au
chômage
L’employabilité, qui concerne les chômeurs ayant de grandes chances de trouver un emploi
b- Eléments explicatifs et remèdes au chômage
§1. Le déséquilibre entre l’offre et la demande de travail
Sur le plan statistique, une situation de chômage se caractérise par :
Offre de travail > Demande de travail
ou encore
Demande d’emplois > Offre d’emplois
Depuis 1955, la France connaît du chômage (frictionnel à cette époque) car l’offre de travail reste supérieure à
la demande. Jusqu’en 1973, en France, le nombre de chômeurs reste stable car la demande et l’offre de travail
augmentent au même rythme. Par contre, le chômage augmente à partir de 1975, lorsque l’offre de travail
augmente plus rapidement que la demande de travail .
En effet, en France, sur la période 1975-1993, l’offre de travail s’est accrue de 25% et la demande de travail de
16% « seulement ».
Ainsi, pour réduire le chômage, il « suffirait » de diminuer l'offre de travail (par la RTT par exemple) ou bien
accroître la demande de travail, en créant des emplois.
Sur ce dernier point toutefois, on remarque que la création d’emplois et la variation du chômage ne sont pas
symétriques. En effet, la création d’emplois nouveaux ne fait pas automatiquement et mécaniquement baisser
d’autant le nombre de chômeurs. Par exemple, lorsque la conjoncture s'améliore (création d’emplois
nouveaux), certaines personnes auparavant inactives vont se porter sur le marché du travail chercher un
emploi. Du fait de cet effet de flexion des taux d’activité, des économistes ont calculé qu’il fallait créer de 130
à 150 emplois pour réduire le chômage de 100. Ainsi, il faudrait créer en France 2,8 millions d’emplois pour
résorber totalement le chômage (qui s’élève aujourd’hui à environ 2 millions de chômeurs).
Au-delà de ces constats empiriques, il convient de préciser les analyses théoriques concernant le chômage.
§2. L’analyse néoclassique
Selon l’analyse néoclassique, le chômage résulte d’un simple déséquilibre sur le marché du travail.
Plus précisément, c’est l’existence d’un salaire minimum (noté w) supérieur au salaire d’équilibre (noté w*) qui
bloque le retour automatique à l’é quilibre.
(se reporter au B - 1° - a - §1 : §1. Le modèle néoclassique du marché du travail)
Pour rappel
Salaires
w
w *
Qd
Q*
Qo
Quantité de travail
Ainsi, pour résorber le chômage, il suffirait de supprimer, ou du moins réduire le salaire minimum, jusqu’à son
niveau d’équilibre (celui qui assure l’égalité entre l’offre et la demande de travail). Sont également préconisées
des réductions de charges qui pèsent sur les salaires, notamment les plus bas, ceux des salarié s les moins
qualifiés.
Le chômage résulterait d’une sorte de cercle vicieux :
L’indemnisation du chômage renchérit le coût du travail (à travers les charges sociales) ce qui entraîne du
chômage, et accroît le montant des indemnisations versées aux chôme urs...
Ainsi, en supprimant, (ou en réduisant) l’indemnisation du chômage, cela réduirait le coût du travail et par là, le
chômage (cercle vertueux)
En fait, les économistes libéraux dénoncent les effets pervers d’un coût du travail trop élevé :
? Si les allocations chômage sont trop élevées par rapport au salaire minimum, il peut être plus intéressant
(financièrement parlant) pour un chômeur de rester oisif plutôt que d’occuper un emploi (cf polémique sur les
« faux chômeurs » ou « les carrières d’assistés »...).
?Si les salaires sont trop élevés, cela alourdit les charges des entreprises, répercutées sur le prix des produits,
ce qui altère leur compétitivité par rapport aux produits importés des pays à bas salaires.
?Si les salaires sont trop élevés, les entreprises substituent du capital au travail, c’est à dire remplacent les
Hommes par des machines.
Ainsi, selon les économistes libéraux, il convient de libéraliser le marché du travail, et éviter toute intervention
de l’Etat et des syndicats dans son fonctionnement, perçus comme des éléments perturbateurs qui l’éloignent
de l’équilibre et de l’efficience.
§3. L’analyse keynésienne
Critique keynésienne de l’analyse néoclassique : si l’on réduit les salaires ou si l’on supprime les
allocations chômage, cela entraîne une diminution des revenus des ménages, préjudiciable à leur
consommation, et par contrecoup à la production des entreprises, risquant d’entraîner récession économique et
pauvreté.
En fait, selon les keynésiens, l’offre d’emplo is des entreprises résulte de leurs anticipations concernant la
demande « effective ».
Si les salaires diminuent, cela risque de déprimer la demande, les entrepreneurs seront pessimistes et
renonceront à recruter du personnel. Ainsi, il convient plutôt de relancer l'économie par une politique
d’accroissement de la demande en :
?Valorisant les salaires des ménages, notamment les plus modestes, là où la propension à consommer est la
plus forte (cf « loi de Keynes »)
? Diminuant les taux d’intérêt, ce qui décourage l’épargne, favorise la consommation et l’endettement, des
ménages (consommation finale), des entreprises (investissement) et de l’Etat (dépenses publiques)
Toutefois, la politique d’inspiration keynésienne menée en 1981 par le gouvernement de F. Mitterrand fut un
échec complet. En effet, la consommation des ménages s’était portée sur des produits étrangers, ce qui avait
creusé le déficit commercial et budgétaire de la France. En fait, pour être efficace, une politique de relance doit
être co ncertée, ou bien assortie de mesures protectionnistes sévères.
A travers le débat néoclassique / keynésiens sur la question des salaires et de l’emploi, on retrouve
l’ambivalence du salaire :
?Pour l’entreprise, un coût à minimiser, puisqu’il détermine la compétitivité des entreprises (« économistes de
l’offre »)
? Pour le salarié, un revenu à maximiser, puisqu’il détermine le pouvoir d’achat et la consommation des
ménages (« économistes de la demande »)
Schématiquement, il est possible de résumer à g rands traits les oppositions théoriques entre néoclassiques et
keynésiens à l’aide du tableau suivant :
Analyse Théorique
Courant politique
Salaires
Salaire minimum
Allocations chômage
Impôts
Taux d’intérêt
Analyse néoclassique
Libérale (la « Droite »)
Baisse, jusqu’au salaire d’équilibre
Réduction voire suppression
Baisse voire suppression
Baisse (« trop d’impôt tue l’impôt »)
Hausse (politique monétaire restrictive)
Analyse Keynésienne
Sociale (la « Gauche »)
Hausse, notamment pour les plus bas
Maintien ou hausse
Hausse
Hausse nécessaire
Baisse (politique monétaire expansive)
§4. L’analyse marxiste
L’existence d’une armée de réserve industrielle (les chômeurs) permet de fixer le salaire au niveau minimum de
subsistance, c’est à dire permettant simplement reconstituer la force de travail utilisée par les capitalistes. Dans
l’analyse marxiste, le chômage est une nécessité fonctionnelle, du mode de production capitaliste, puisqu’il
permet aux entreprises de conserver leur profitabilité.
Auteur : [email protected]
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