la prise en charge des diarrhées aiguës
dans le monde et fait chuter la mortalité
de façon majeure là où elles étaient dis-
ponibles et correctement utilisées.
Les premières SRO étaient à base de
glucose, très osmolaires et riches en so-
dium (90 mmol/l) pour s’adapter au
choléra. Un de leurs inconvénients était
d’aggraver la diarrhée dans un premier
temps, ou au moins de ne pas l’améliorer.
L’autre inconvénient était et est toujours
leur manque de crédibilité : « de l’eau du
sucre et du sel» représente une proposi-
tion peu convaincante pour les parents,
voire les médecins, de tous les pays, de-
mandeurs ou prescripteurs de « vrais mé-
dicaments ». Il est cependant avéré qu’au-
cun médicament (à part la vaccination
contre le rotavirus) n’est capable de pré-
venir ou de traiter la déshydratation ai-
guë dans une diarrhée sévère et de sau-
ver la vie des enfants qui en sont mena-
cés, même si certains ont prouvé qu’ils
étaient capables de diminuer la durée ou
l’intensité de la diarrhée.
Plusieurs déclinaisons de ces SRO ont
été proposées : avec divers amidons ;
avec acides aminés, probiotiques, cellu-
lose, riz, zinc ; solutés spécifiques pour
diarrhée non cholérique ou pour dénu-
tri, etc. La composition des SRO pour la
gastro entérite en Europe fait l’objet
d’une recommandation de l’Espghan.
L’osmolarité doit être basse (autour de
250 mosm) ; le contenu en sodium doit
être de 50 à 60 mmol/l, en potassium
de 20 à 25 mmol/l ; la SRO doit conte-
nir un alcalinisant et des glucides (po-
tentiellement du glucose, de la dextrine
maltose et/ou du saccharose). Aucun
autre ingrédient n’est jugé pertinent et
n’est conseillé actuellement sous nos la-
titudes, même si certaines souches de
probiotiques (Lactobacillus LGG) peu-
vent être une piste d’avenir comme in-
grédient dans les SRO.
Le nourrisson est à risque majeur de
déshydratation, car il échange quoti-
diennement avec l’extérieur une fois et
demie sa masse sanguine (120 ml/kg).
Si elles ne sont pas compensées du fait
d’un défaut d’apport ou de vomisse-
ments, des pertes doublées pour un
nourrisson entraînent une déshydrata-
tion de 10 % du poids. Le risque dimi-
nue au fur et à mesure que l’enfant
prend de l’âge et est capable d’adapter
spontanément ses boissons aux besoins.
Les recommandations conseillent bien
les SRO en première intention pour pré-
venir et traiter la déshydratation, don-
nées à volonté en fractionnant les prises
en cas de vomissements. En cas d’échec,
une consultation hospitalière est néces-
saire, avec un recours possible selon
certains auteurs à l’ondansétron en une
prise ou injection unique avant d’envi-
sager l’étape suivante.
En l’absence de troubles hémodyna-
miques ou ioniques menaçants, cette
étape est, selon les recommandations,
l’administration des SRO par sonde
naso gastrique et non par perfusion. Ces
recommandations sont malheureuse-
ment peu appliquées en France, où la
perfusion est encore largement utilisée
dans les services hospitaliers. Certaines
études montrent cependant l’intérêt
d’un bolus intraveineux aux urgences,
qui permet un retour à domicile une
fois améliorées une hypovolémie modé-
rée et la cétose de jeûne.
Un des problèmes associés aux SRO,
lorsque les parents et les médecins
adhè rent au principe, est le refus des
enfants (hors trouble de conscience).
Ces SRO ont un goût neutre, un peu sa-
lé, assez peu sucré en dehors de celles
contenant du saccharose. De ce fait,
l’acceptabilité peut être mauvaise
lorsque ces solutions sont utilisées en
préventif. L’enfant n’ayant pas une soif
importante peut refuser de boire, ce qui
inquiète les parents conscients des en-
jeux. Le problème ne se pose générale-
ment pas lorsque la déshydratation est
constituée. L’âge est aussi un paramètre
important : le petit nourrisson est moins
susceptible de refuser que le plus grand,
mais ce dernier est moins menacé.
De ce fait, des SRO plus « attractives »,
aromatisées, sucrées, voire sous forme
de bâtonnets glacés, sont commerciali-
sées dans certains pays pour améliorer
l’acceptabilité, avec des résultats posi-
tifs. La question importante est donc de
savoir si apporter à un nourrisson ou à
un jeune enfant au début d’un risque de
déshydratation par diarrhée une solu-
tion plus attractive qu’une SRO peut
avoir un avantage.
L’étude de Freedman et al. tente de ré-
pondre à cette question en comparant
l’efficacité du jus de pomme dilué suivi
de la boisson sucrée préférée à celle
d’une SRO colorée aromatisée à la pom-
me. L’étude a porté sur 650 enfants âgés
de six mois à cinq ans présentant une
diarrhée avec une déshydratation ab-
sente à légère. Ses conclusions étaient
que le groupe jus de pomme-boisson
préférée n’était pas inférieur au groupe
SRO pour le risque d’échec (17 vs
25 %), échec défini par les événements
suivants : hospitalisation ou perfusion,
consultation non programmée, symp-
tômes prolongés plus de 7 jours, néces-
sité d’utiliser la SRO dans le groupe jus
de pomme, perte de poids lors du suivi.
Quelques éléments sont à ajouter pour
interpréter cette étude qui comporte
des biais et suscite certaines critiques :
첸
les résultats sont plus favorables chez
les plus de deux ans, l’étude n’incluait
aucun enfant de moins de six mois et
seulement 17 % de l’effectif avait entre
six et douze mois. Cette étude n’était
donc pas centrée sur les enfants les plus
à risque ;
첸
il est étonnant de voir que le recours
en cas d’échec est la perfusion, et qu’au-
cune mention n’est faite de la réhydra-
tation par sonde, qui figure pourtant
dans les recommandations. Or, la réhy-
dratation IV était le critère principal
d’échec de la réhydratation dans ce pro-
tocole, et le refus de boire le liquide
proposé était la principale indication de
la réhydratation IV. Aucune différence
n’était notée en ce qui concerne les hos-
pitalisations ou l’importance de la diar-
rhée et des vomissements ;
첸
cette étude ne concerne que des en-
fants non déshydratés à modérément
déshydratés (en fait 32 % seulement
étaient déshydratés). Elle confirme la
difficulté de faire boire une SRO en pré-
ventif, surtout à des enfants en âge de
choisir de refuser (selon l’article, la pa-
latabilité de la SRO était inférieure à
celle du jus de pomme dilué) ;
첸
la composition du jus de pomme dilué
Médecine
& enfance
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