TD/B/C.II/EM.1/2
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développement émergents avaient quasiment éliminé leur déficit des opérations courantes,
tandis que celui des autres pays en développement restait important.
5. On constate que, dans les pays qui sont très tributaires de l’exportation de produits
primaires, les variations du solde des opérations courantes sont en grande partie
déterminées par l’évolution des cours de ces produits, tandis que dans les pays dont la
production et les exportations sont plus diversifiées, c’est le taux de change réel qui joue le
rôle clef dans l’évolution du solde des opérations courantes. Un rapide redressement de ce
solde résulte généralement soit d’une brusque amélioration des termes de l’échange, soit
d’une baisse du taux de change réel, et ce redressement permet d’appliquer une politique
monétaire plus favorable à l’investissement et à la croissance.
6. Mais les variations du solde des opérations courantes sont déterminées par divers
facteurs autres que le taux de change réel et les termes de l’échange: le solde des opérations
courantes des pays en développement ou en transition est inversement corrélé avec la
croissance du PIB des pays développés. Les chocs financiers exogènes (par exemple les
modifications du taux directeur des États-Unis) n’ont guère d’effet sur la probabilité d’un
retournement du solde des opérations courantes des pays en développement dont le compte
de capital n’est pas libéré − mais pour les pays dont le compte de capital est libéré, en
revanche, ils peuvent avoir un effet positif important. Il apparaît donc que le retournement
du solde des opérations courantes des pays en développement est déterminé beaucoup plus
par des chocs exogènes sur les marchés des produits ou sur les marchés financiers que par
les décisions autonomes d’épargne et d’investissement des agents économiques nationaux.
7. Si plusieurs pays en développement accumulent rapidement des réserves de change,
au lieu d’employer ces fonds pour accroître leurs importations, c’est parce qu’ils s’efforcent
de préserver leur compétitivité résultant de la sous-évaluation de leur monnaie, elle-même
induite, dans la plupart des cas, par une grave crise financière. C’est dû aussi au fait que ces
pays veulent éviter d’être dépendants du marché international des capitaux et de sa
volatilité. Pour un pays en développement à économie ouverte, c’est la seule manière de
mettre sa politique monétaire au service de l’investissement intérieur et de l’accroissement
des capacités de production. Un des éléments cruciaux est la disponibilité de ressources
suffisantes, fiables et pas trop coûteuses pour financer l’investissement.
8. Ces flux de capitaux à contre-courant ont été considérés comme des «paradoxes»,
mais ils apparaissent moins surprenants si l’on prend conscience des limites des théories
sous-jacentes, à savoir: le modèle du déficit d’épargne et le modèle néoclassique de la
croissance. Ces modèles reposent sur l’hypothèse selon laquelle l’investissement est financé
à partir d’un réservoir d’épargne créé essentiellement par l’épargne des ménages. En
conséquence, l’investissement des entreprises sera optimisé par des politiques qui visent à
accroître le taux d’épargne des ménages et les importations de capitaux («l’épargne
extérieure»), ainsi que l’efficacité de l’intermédiation financière en mettant en place un
système financier compétitif et en créant des marchés de titres. Non seulement les
hypothèses sur lesquelles reposent ces modèles sont éloignées de la réalité, mais leurs
anticipations ont aussi été contredites à plusieurs reprises par les données empiriques. Par
exemple, de nombreux pays en développement, en particulier en Amérique latine, ne sont
pas parvenus à enregistrer un taux d’investissement productif plus élevé malgré des
politiques monétaires et financières qui ont attiré plusieurs vagues de capitaux.
9. Selon une autre thèse, fondée sur les travaux de Schumpeter et de Keynes et sur les
enseignements tirés de l’évolution de l’Europe occidentale après la guerre et des
expériences réussies de rattrapage en Asie de l’Est, le financement de l’investissement
dépend avant tout de l’épargne provenant des bénéfices des entreprises et de la possibilité
pour le système bancaire d’octroyer des crédits. Des bénéfices élevés ont pour effets à la
fois d’inciter davantage les entreprises à investir et d’accroître leur capacité de financer de
nouveaux investissements grâce aux bénéfices non distribués. Cette thèse prend mieux en