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palais et des invasions étrangères occupant Ceuta, Larache, el Jadida, Essaouira et enfin au
lendemain de la Reconquista qui mit fin à la présence arabe en Espagne. La dynastie alaouite
essaya de sauvegarder l’intégrité territoriale du royaume mais sans y parvenir à cause des
conflits tribaux d’une part, et des désaccords entre les confréries d’autre part.
I- L’évolution historique du Maroc précolonial
Depuis la mort du deuxième et puissant sultan alaouite Moulay Ismail en 1727, après
55 ans de règne, le Maroc traverse des crises internes affaiblissantes. D’abord, les membres
de la famille royale se disputent le droit au pouvoir et les hauts gradés de l’armée de Moulay
Ismail, constituée essentiellement de sub-sahariens (anciens esclaves), font et défont les
sultans.
De leur côté, les tribus se sont révoltées contre le pouvoir central en raison de
l’augmentation des impôts et ont refusé, de ce fait, de participer aux opérations militaires
réunificatrices du territoire marocain, échelonnées par les velléités indépendantistes des
Zaouïa, des leaders tribaux et par les querelles dynastiques qui se déclenchaient
répétitivement entre le sultan d’un côté, et ses cousins, demi-frères ou préfets, de l’autre.
En 1757, le sultan Mohamed III (Sidi Mohamed Ibn Abdullah) accède aux
commandes et procède à la restauration de l’unité de l’institution sultanienne. Il initie
également des ouvertures commerciales vers l’étranger en vue de collecter des redevances et
des taxes douanières et du coup, alléger la pression fiscale qui pesait sur l’agriculture
paysanne.
Il importe de rappeler que c’est sous le règne de ce Roi que le Maroc a reconnu en
1777 l’indépendance des Etats-Unis d’Amérique.
Mohamed III a pu récupérer la stabilité interne de son pays, a développé notoirement
le commerce maritime et les échanges avec l’Afrique sub-saharienne et « Quand il écrivait
aux souverains européens, le sultan Sidi Mohammed ben Abdallah signait, entre autres
« souverain de Gao et de Guinée », ce qui reflétait la réalité : nombre de tribus reconnaissant
son autorité. De plus, la prière fut dite en son nom à Tombouctou »
.
Après la mort de Mohamed III, le Maroc retombe de nouveau dans le désordre et
l’anarchie tribale. Le sultan Suleyman, successeur de Mohamed III, mène une politique
Bernard Lugan, op.cit, page 196