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Séminaire de formation au Pädagogische
Institut de Munich Allemagne, le 05 juin 2013.
Regards sur le Maroc
Mohammed HAMMOUDI - Professeur de droit international
Faculté de Droit Souissi - Rabat. Maroc.
Plan :
I. Le Maroc précolonial ………………………………………………………….P 3
II. Le Maroc colonial……………………………………………………………….P 14
III. Le Maroc indépendant………………………………………………………….P 25
IV. Le Maroc et le printemps arabe………………………………………………...P 43
V. La coopération maroco-française au-delà des relations diplomatiques………P 51
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LE MAROC PRECOLONIAL
Le royaume du Maroc suscite dans l’imaginaire collectif occidental un florilège
d’histoire et de traditions, un paysage politique et social fragmenté par le débat lié à la
modernité et une économie basée sur les rendements du tourisme et de l’agriculture.
Derrière ces images le Maroc est un Etat pivot, à la jonction de deux continents,
ouvert naturellement sur le monde à travers deux façades maritimes, l’Atlantique et la
méditerranée. Cela le prédispose à être un trait d’union entre l’Europe et l’Afrique, à la
croisée des routes maritimes entre l’Europe, le Proche-Orient, l’Afrique et les Amériques.
Le Maroc reste aussi une vieille nation chargée d’histoire millénaire. Les premiers
hommes installés dans la région sont les ancêtres des actuels berbères. La région s’inséra
ensuite dans le jeu des rivalités entre Carthage et Rome avant de connaitre plusieurs siècles
obscurs qui précédent la conquête arabo-musulmane du VIIème siècle.
L’histoire du Maroc-Etat débuta avec l’islamisation qui, en plus de la création d’un
noyau d’administration, introduisait la langue arabe, langue de culte et bientôt instrument de
communication et de culture. Cependant, si le Maroc berbère fut rapidement islamisé il ne
fut arabisé que tardivement.
L’acte fondateur du Maroc-Etat est l’œuvre d’Idriss 1er et intervient comme une
réaction négative au pouvoir du califat de Bagdad.
A la différence des berbères de l’orient (l’Algérie et la Tunisie de nos jours), les
berbères marocains ont violemment résisté à l’avancée des conquérants arabo-musulmans
intéressés plutôt par la quête des esclaves et des impôts au profit de leur calife que par la
diffusion de l’Islam. Ce n’est qu’en 681 que ceux-ci ont pu étendre leur domination sur le
Maroc. A partir de cette année, les populations autochtones marocaines, constituées des tribus
berbères, adhèrent massivement à la religion islamique. Au final, le Maroc devient une
province prêtant allégeance au de Damas (les Omeyyades).
Avec l’accès des Abbassides, descendants de l’oncle du prophète, au pouvoir, un
conflit violent les oppose aux Alides, descendants d’Ali, cousin et gendre du prophète et qui
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estiment qu’ils sont généalogiquement plus proches de l’Envode Dieu et du coup, ils sont
les héritiers les plus légitimes du califat
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En conséquence, les Alides entrent en combat avec les Abbassides et n’ont arrêté leur
révolte qu’après qu’ils furent battus à la bataille de Fakh de 786. Après leur victoire, les
Abbassides affermissent leur pouvoir et pacifient le Moyen-Orient.
Cependant, un des alides vaincus, Idriss Ibn Abdullah, réussit à échapper au massacre
de Fakh et se réfugie au Maroc il fut chaleureusement accueilli par la tribu Awraba qui
contestait constamment la légitimité du califat abbasside. Certains auteurs estiment que les
berbères du Maroc ont trouvé dans la venue d’Idriss 1er une occasion qu’il ne faut absolument
pas rater pour parer aux abus du califat oriental.
Idriss 1er fonde la dynastie des Idrissides ayant dirigé le Maroc de 789 à 985 et prend
lui-même le titre de commandeur des croyants pour marquer son indépendance vis-à-vis du
califat de l’orient d’alors, détenu par les Abbassides.
Hormis la dynastie almoravide (1035-1147), les différentes dynasties ayant régné sur
le Maroc (Les Almohades (1147-1269), les Mérinides (1269-1465), les Wattassides (1471-
1554), les Saadiens (1554-1659) et les Alaouites (1664 jusqu’à nos jours)) se sont proclamées
des califats indépendants du califat oriental. A cet effet, ils ont eux-mêmes pris le titre de
« commandeur des croyants » resté, d’ailleurs, en vigueur jusqu’à l’heure actuelle. Il faut
noter que depuis les Almoravides, le Maroc s’étendait du Sénégal jusqu’en Espagne et du
littoral atlantique jusqu’ à l’actuelle Libye. De ce fait, il représentait à l’époque une puissance
gionale importante avec laquelle l’Europe se souciait de nouer des accords de paix et de
coopération.
Durant sept siècles, le pays a su jouer un rôle important dans le domaine de la
connaissance et des sciences en exploitant et en enrichissant le savoir légué par la
civilisation gréco-romaine. Cependant, au lendemain de la Reconquista, qui avait chassé les
arabes de la péninsule ibérique, il s’est replié sur lui-même ce qui a été source de déclin face
à un occident dynamique
Le déclin avait commencé au XIVème siècle après le règne de la dynastie des
Mérinides suivis par les Saadiens et s’est accentué au lendemain de multiples révolutions de
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Le mot « califat » désigne en langue arabe : la succession. Le calife est donc le successeur du prophète
dans la direction des affaires de la communauté musulmane.
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palais et des invasions étrangères occupant Ceuta, Larache, el Jadida, Essaouira et enfin au
lendemain de la Reconquista qui mit fin à la présence arabe en Espagne. La dynastie alaouite
essaya de sauvegarder l’intégrité territoriale du royaume mais sans y parvenir à cause des
conflits tribaux d’une part, et des désaccords entre les confréries d’autre part.
I- L’évolution historique du Maroc précolonial
Depuis la mort du deuxième et puissant sultan alaouite Moulay Ismail en 1727, après
55 ans de règne, le Maroc traverse des crises internes affaiblissantes. D’abord, les membres
de la famille royale se disputent le droit au pouvoir et les hauts gradés de l’armée de Moulay
Ismail, constituée essentiellement de sub-sahariens (anciens esclaves), font et défont les
sultans.
De leur côté, les tribus se sont révoltées contre le pouvoir central en raison de
l’augmentation des impôts et ont refusé, de ce fait, de participer aux opérations militaires
réunificatrices du territoire marocain, échelonnées par les velléités indépendantistes des
Zaouïa, des leaders tribaux et par les querelles dynastiques qui se déclenchaient
répétitivement entre le sultan d’un côté, et ses cousins, demi-frères ou préfets, de l’autre.
En 1757, le sultan Mohamed III (Sidi Mohamed Ibn Abdullah) accède aux
commandes et procède à la restauration de l’unité de l’institution sultanienne. Il initie
également des ouvertures commerciales vers l’étranger en vue de collecter des redevances et
des taxes douanières et du coup, alléger la pression fiscale qui pesait sur l’agriculture
paysanne.
Il importe de rappeler que c’est sous le règne de ce Roi que le Maroc a reconnu en
1777 l’indépendance des Etats-Unis d’Amérique.
Mohamed III a pu récupérer la stabilité interne de son pays, a développé notoirement
le commerce maritime et les échanges avec l’Afrique sub-saharienne et « Quand il écrivait
aux souverains européens, le sultan Sidi Mohammed ben Abdallah signait, entre autres
« souverain de Gao et de Guinée », ce qui reflétait la réalité : nombre de tribus reconnaissant
son autorité. De plus, la prière fut dite en son nom à Tombouctou »
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Après la mort de Mohamed III, le Maroc retombe de nouveau dans le désordre et
l’anarchie tribale. Le sultan Suleyman, successeur de Mohamed III, mène une politique
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Bernard Lugan, op.cit, page 196
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isolationniste dont les outils se traduisent par la suppression des postes douaniers créés par
son prédécesseur et l’adoption de décisions d’inspiration salafiste (cela marque le début du
sunnisme au Maroc) : interdiction du soufisme et marginalisation des Zaouïas. Le pouvoir
salafiste instauré par Moulay Suleyman a engenddes soulèvements tribaux qui entraînent
finalement son abdication en 1822.
En 1830, la France envahit l’Algérie et s’apprête à intervenir dans l’empire chérifien.
Dans le but de protéger l’indépendance du pays, le sultan édicte des mesures
réformatrices d’importance telles que la modernisation de l’armée, l’introduction des
industries (sucre, papier…) et l’établissement de la première imprimerie arabe moderne à Fès
en 1865. Cependant, le coût financier de la réforme était hypertrophique et le Maroc s’est vu
astreint à lever des taxes non islamiques, ce qui a occasionné la colère des Oulémas. De plus,
le pays commence à s’endetter auprès des européens.
Sous stratagème du contrôle du service normal de la dette, la conférence de Madrid de
1880 intervient. A l’instar de l’empire ottoman, l’empire chérifien est devenu, selon la
formule colonialiste très répandue à l’époque, « un homme malade ». Les réunions de Madrid
ont forle cadre général du partage du Maroc entre les puissances européennes desquelles
sont économie est profondément tributaire.
Hassan 1er tente de mettre en œuvre une politique de la balance, instrumentalisant les
rivalités intra-européennes, mais sans résultats concrets. En effet, les puissances européennes
signent des accords consistant en une territorialisation gociée de leur influence en Afrique
et au Moyen-Orient. Ainsi, en application de l’Entente cordiale de 1904, les français cèdent
aux britanniques l’Egypte en contrepartie du Maroc.
II- Des origines de la pénétration européenne
L’histoire du Maroc au XIXème siècle s’est déterminée dans ses grandes lignes par
des facteurs extérieurs. La mainmise des puissances européennes sur le Maroc s’est effectuée
à travers trois étapes :
L’ouverture
La consolidation de la domination
La compétition des puissances
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