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UNIVERSITE ROBERT SCHUMAN
INSTITUT D’ETUDES POLITIQUES DE STRASBOURG
LA VIOLENCE DES MINEURS A RIO DE
JANEIRO : CULTURE DE LA PEUR ET
REPRESSION
Antoinette Kuijlaars
Mémoire de 4
ème
année d’IEP
Direction : Vincent Dubois
Juin 2007
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Remerciements
Je remercie Vincent Dubois, mon directeur de mémoire, pour avoir toujours
relu mon travail, et pour ses conseils avisés ; ainsi que Philippe Juhem, membre du
jury, pour avoir accepté d’y participer dans l’urgence.
Merci à Françoise, ma mère, pour ses relectures attentives et efficaces, Emilie,
ma sœur, pour son œil neuf sur mon travail, Martin, mon père, pour son soutien sans
faille. Merci à Oma pour les hagelslag.
Merci aux cultivateurs indiens sans lesquels je n’aurais pu boire trois litres de
thé par jour, pour me permettre de continuer à travailler sur mon ordinateur.
Je remercie Érico, Pedro, Marília, Bernardo, Felipe, mes ami-e-s et collègues
de la Universidade Federal Fluminense de Rio de Janeiro, pour nos discussions
enrichissantes.
Merci à mes professeurs de la UFF, Norberto, Cláudio, Samuel, Leonel, pour
leurs cours, leur accueil et leur soutien face aux méandres de l’administration de la
fac.
Merci à mes ami-e-s de l’école de samba Unidos do Viradouro, Sorriso,
Cláudia, Renata, Barla, Carla, Magrão, Glauco, pour m’avoir acceptée sans préjugé, à
mes companheiras d’allers-retours France-Brésil Céline et Soumia, à Vovô Dudu,
mon grand-père spirituel.
Merci à Plab, Julien, David, pour avoir toujours su me remonter le moral, à
Cynthia et Chloé.
Et de tout cœur, merci à André.
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SOMMAIRE
Introduction……………………………………………………………………….p. 4
1
ère
partie : Aperçu de la violence à Rio de Janeiro : diversité des acteurs et
idéologie moralisante contre le « bandido »………………………………..…...p. 15
2
ème
partie : Le rôle du fait divers dans la production de la culture de la peur…..p. 48
3
ème
partie : Des forces concurrentes quant à l’application du Statut de l’enfant
et de l’adolescent (ECA)………………………………………………….…….p. 89
Conclusion……………………………………………………………………....p. 113
Annexes I à VI ………………………………………………………………….p. 117
Bibliographie……………………………………………………………………p. 135
L’Université Robert Schuman n’entend donner
aucune approbation ou improbation aux opinions
émises dans ce mémoire. Ces opinions doivent
être considérées comme propres à leur auteur.
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Introduction
« Moço, quem mora no morro não tem sonho »
« Jeune homme, celui qui habite le morne
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n’a pas de rêve » est la réponse de
la mère d’une adolescente tuée par balle perdue, en mars 2007, à un journaliste qui lui
demandait quels étaient les rêves de la jeune fille. Cette phrase, qui a fait les gros
titres de la presse, peut révéler l’état de détresse et de misère dans lequel vivent les
populations des favelas cariocas
2
.
En 2005-2006, j’ai vécu à Rio de Janeiro dans le cadre de mon année à
l’étranger. La première chose que l’on m’a dite, avant même de partir, c’est qu’il
s’agit d’une ville très violente et dangereuse. Arrivée sur place, les Brésiliens ont
réitéré ce constat, tout en m’avertissant des dangers au quotidien : notamment, l’on
m’a vivement conseillé de faire très attention aux enfants des rues, et au cas où j’en
rencontrerais, de changer de trottoir. Même consigne en cas de rencontre de jeunes
« favelados »
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. Il s’agit d’un sujet majeur et récurrent de conversation, et ce d’autant
plus que selon le sens commun, être française, donc « gringa »
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, m’exposait tout
particulièrement au risque de braquage. Au fur et à mesure de l’année, je me suis
rendue compte à quel point les cariocas peuvent être effrayés à la perspective d’être
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Le morne désigne les collines de la ville de Rio de Janeiro, et par extension, les favelas qui s’y
trouvent.
2
Favela : terme désignant les bidonvilles brésiliens, et par extension les quartiers pauvres construits
illégalement sur des terrains publics ou privés. Les favelas cariocas sont celles de la ville de Rio de
Janeiro au Brésil.
3
Terme relativement péjoratif désignant les habitants des favelas.
4
Terme relativement péjoratif désignant les Européens ou Nord-Américains, blancs, riches, voire naïfs
considérés comme des proies faciles.
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victime d’un braquage, crainte allant parfois jusqu’à la paranoïa. Par exemple, un jour
je prenais le van effectuant la liaison Charitas-Copacabana (quartiers aisés), ma
voisine, en s’apercevant de la présence d’un jeune homme à l’apparence marginale en
train de dormir à l’arrière du van, est entrée dans un état de panique démesuré. « Je
n’ai jamais eu aussi peur de ma vie », m’a-t-elle dit les larmes aux yeux, après avoir
répété plusieurs fois : « on va mourir ». S’il existe effectivement des risques
relativement élevés en termes d’« assalto »
5
, on peut s’interroger sur les raisons d’une
peur à ce point exacerbée. C’est pourquoi j’ai souhaité approfondir le sujet dans le
cadre de ce mémoire.
Ainsi, de façon générale, Rio de Janeiro est considéré comme étant une des
villes les plus dangereuses et violentes du Brésil, avec São Paulo ; les médias
n’hésitent pas à comparer la situation avec la Colombie
6
et évoquent fréquemment la
« guerre civile », notamment entre le « trafic » et la police militaire. Dans ce contexte,
ils relatent de façon gulière des faits violents commis par des mineurs, le plus
souvent impliqués dans le trafic de drogues.
5
Terme signant, dans le langage courant, le braquage dont le but est de dépouiller le particulier,
qu’il soit passant ou dans un bus. Il peut prendre plusieurs formes selon le sens commun : effectué par
un « bandido » (« bandit ») seul, ou par un groupe de « bandidos », il consiste le plus souvent à
récupérer le liquide disponible sur la victime, voire sa montre ou son téléphone portable, mais peut
aller jusqu’à forcer la victime à retirer tout l’argent dont elle dispose sur son compte en banque. La
règle de conduite en cas d’« assalto », régulièrement répétée par les Brésiliens, est de ne pas résister,
ceci pour ne pas mettre sa vie en danger.
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Récemment dans le quotidien en ligne O Globo Online, dans le cadre de la rubrique « Opine, sua
opinião » (« Réagissez, donnez votre opinion »), a été posée la question suivante : « Pensez-vous qu’il
existe des ressemblances entre Rio et la Colombie ? Lesquelles ? ».
(« Você acha que existem semelhanças entre o Rio e a Colômbia ? Quais ? » www.oglobo.com.br,
avril 2007).
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