
Toutes les interventions ont été de qualité.
Mais si je devais en retenir deux, je signale-
rai tout d’abord celle de Claude Leicher pré-
sident de MG France. L’idée que médecin et
pharmacien sont des alliés, pour une prise
en charge optimale des patients n’avait sans
doute jamais été aussi clairement manifestée
par un représentant des médecins.
Par ailleurs l’intervention de Jean-Luc
Harousseau est également un point clef
de ces débats en raison de l’institution de
référence qu’il représente. Enfin j’ai particu-
lièrement apprécié que l’un comme l’autre nous
enjoignent à appeler un chat un chat.
Quand nous avons préparé ce colloque nous
avons longuement réfléchi aux termes que
nous utiliserions. Nous étions obsédés par
l’idée qu’il fallait trouver des mots ou des
expressions qui ne fâchent personne. A force
de vouloir faire des périphrases nous avons fini
par assombrir les concepts que nous voulions
développer. Jean-Luc Harousseau et Claude
Leicher nous ont à juste titre ramené à la
réalité, et nous ont rappelé que pour des
échanges dignes de ce nom il faut savoir
désigner les choses par leur nom ! Ainsi de la
participation du pharmacien aux «soins de pre-
mier recours» ou de la « porte d’entrée» qu’il
constitue dans le parcours de santé du patient.
Quelle est la prochaine étape pour
Coopération Santé et comment comp-
tez-vous agir après ce colloque ?
La logique de Coopération Santé est de
mettre ensemble des acteurs du système de
santé qui se connaissent mal et ont peu d’oc-
casions d’échanger, afin qu’ils se rencontrent
dans un climat de confiance et de bien-
veillance, et puissent formuler, ensemble,
des propositions constructives.
Nous essayons d’établir des ponts, de réduire
la distance entre tous ces acteurs, et donc
de déconstruire les malentendus qui les
séparent voire les opposent. C’est plus que
Gilles BONNEFOND,
dans ce colloque auquel vous avez
participé, y a-t-il des éléments que
vous attendiez depuis longtemps que
vous avez enfin entendus ?
J’ai tout d’abord entendu les expressions
«parcours de soin», «porte d’entrée» et
«premier recours» qui remettent le pharma-
cien au cœur du système de soin.
J’ai entendu que le pharmacien ne dispensait
pas seulement des molécules anciennes qu’il
avait à sa disposition mais pouvait dispenser
des molécules récentes et performantes dans
des conditionnements adaptés au conseil
pharmaceutique et qu’en outre les industriels
s’engageaient à mettre à la disposition du
conseil pharmaceutique encore plus de molé-
cules récentes. C’est une excellente nouvelle.
Enfin j’ai entendu Claude Leicher, Président
de MG France confirmer la place du phar-
macien dans le parcours de soin, et le
partage des responsabilités dans ce par-
cours. Mais surtout je n’ai pas entendu
nécessaire dans notre société de l’image et
du spectacle où lorsqu’on parle d’organiser un
débat, on cherche plutôt à mettre en scène
des joutes, à aiguiser les conflits, pour mieux
applaudir celui qui va vaincre par KO.
Nous, nous sommes des assembleurs.
Nous n’avons en revanche pas vocation à
nous substituer à ces acteurs et à mener des
actions. Un certain nombre des participants
iront à la rencontre d’élus, ou prendront ren-
dez-vous avec le ministère de la Santé, mais
nous, en tant que «Coopération Santé »,
nous resterons en retrait.
DU CONSEIL ADAPTÉ AU PARCOURS DE SOINS SÉCURISÉ
6 7PHARMACIEN DEMAIN
ce qu’on entendait il y a 15 ans : on vous
disait que si vous alliez voir le pharma-
cien pour soigner vos migraines vous ris-
quiez de passer à côté d’un cancer ! Ces
combats d’arrière-garde sont terminés!
Inversement avez-vous été déçu par
certains propos qui n’allaient pas
assez loin ou qui témoignaient d’in-
compréhensions ?
Au contraire. J’ai trouvé qu’il y avait un
consensus réel entre tous les participants
pour valoriser le rôle du pharmacien et rap-
peler l’importance de ce premier recours, sur-
tout dans un contexte de démographie médi-
cale assez hétérogène et d’inégalité d’accès
au soin. Nous étions tous plus ou moins sur la
même longueur d’onde, loin de la «banalisa-
tion» du médicament. Tous dans une volonté
de «valoriser» le parcours de soins. Ma dé-
ception serait que cette belle unanimité ne
porte pas ses fruits sur le plan législatif.
Avec ce colloque, il y a eu un signal politique
fort. Il faut que la loi suive. Il faut que dans la loi
de santé en préparation on intègre cette no-
tion de parcours de soin et son financement.
Du côté des incompréhensions, il convient
peut-être de faire attention au mot «auto-
médication » qui n’a pas le même sens
pour tout le monde. Pour moi l’automédica-
tion c’est quand à 2 heures du matin vous
vous levez et prenez un cachet dans votre
armoire à pharmacie… pour d’autres c’est un
synonyme du conseil pharmaceutique, pour
certains industriels cela rejoint la notion de
«patient autonome». Et si on suit jusqu’au
bout cette notion de patient autonome,
Gilles bonneFond,
président de l’upso (union
des syndicats des pharmaciens d’oFFicine)
dr catherine Genisson,
sénatrice du pas-de-calais