Dossier Epidémiologie du diabète traité – Caisse nationale de l’Assurance Maladie – 7 juin 2007
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Point d’information mensuel
7 juin 2007
Diabète : une forte augmentation en 5 ans
Une nouvelle étude de l’Assurance Maladie
sur les évolutions entre 2000 et 2005
En France, le nombre de diabétiques (pris en charge à 100% au titre d’une affection de
longue durée) a doublé en dix ans, aujourd’hui 8 diabétiques sur 10 sont pris en
charge à 100%. Le diabète est la deuxième affection de longue durée en terme de
prévalence, il représente un enjeu de santé publique considérable et figure dans les
objectifs prioritaires de la loi de santé publique d’août 2004.
Face à cet enjeu, l’Assurance Maladie a actualisé l’épidémiologie du diabète et mesuré les
évolutions de la prise en charge médicamenteuse des patients et son coût. Pour ce faire, elle
a analysé la consommation de soins des patients diabétiques traités
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de l’échantillon
permanent des assurés sociaux (EPAS) sur la période 2000-2005. L’étude publiée dans sa
revue « Pratiques et Organisation des Soins » met en lumière les éléments suivants :
- La prévalence du diabète a fortement augmenté entre 2000 et 2005, avec un taux de
croissance annuel moyen de 5,7%. Les classes d’âge élevées et les hommes sont
plus particulièrement concernés par cette hausse.
- La prise en charge dicamenteuse des facteurs de risque cardiovasculaire a
progressé tandis que les traitements médicamenteux du diabète apparaissent plus
agressifs.
- L’augmentation du nombre de patients combinée à ces évolutions thérapeutiques ont
multiplié par deux le coût de la prise en charge des traitements en 5 ans.
En mars 2006, l’Assurance Maladie et les représentants des médecins libéraux ont fait de la
prévention des complications cardio-vasculaires des diabétiques l’une des missions
prioritaires du médecin traitant. Dans ce cadre, l’Assurance Maladie a diffusé aux médecins
plusieurs outils consacrés à la prise en charge du diabète dont une fiche mémo sur le
protocole de soins et trois guides réalisés par la Haute Autorité de Santé (HAS).
Les patients, quant à eux, reçoivent de l’Assurance Maladie un livret sur la prise en charge
de leur affection de longue durée. Leur médecin leur remet un guide réalisé par la HAS pour
les aider à suivre leur traitement.
Enfin, l’Assurance Maladie mettra en œuvre un programme d’accompagnement des patients
diabétiques avec une première phase d’expérimentation au début de l’année 2008. Ce
programme est élaboré en concertation avec les associations de patients et les
professionnels de santé.
Pour en savoir plus voir la revue « Pratiques et organisations de soins » volume 38/1 sur
www.ameli.fr/connaître l’Assurance Maladie
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Les personnes diabétiques sont identifiées par le remboursement d’insuline ou d’antidiabétiques oraux, à au moins deux
reprises au cours de l’année calendaire.
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I – Une augmentation forte et régulière du nombre de personnes diabétiques
Dans la plupart des pays, la prévalence du diabète de type 2 est en très forte augmentation.
En 2005, le taux de prévalence du diabète (type 1 et 2) en France métropolitaine est de
3,6% pour le Régime général
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contre 2,9% en 2000. Entre 2000 et 2005, le taux
d’augmentation annuel moyen s’élève ainsi à 5,7%, dont 0,7 point lié au vieillissement de
la population. Au total, le nombre de diabétiques traités en France métropolitaine est estimé
à environ 2 325 000 personnes (données au 1er janvier 2006).
Dans les 4 départements d’outre-mer, le taux de prévalence du diabète est estimé en 2005 à
7,7% : 10,1% pour la Guadeloupe, 7,9% pour la Martinique, 7,4% pour la Réunion et 1,8%
pour la Guyane. Ces chiffres supérieurs à la Métropole s’expliquent par la combinaison de
plusieurs facteurs : risque génétique élevé, conditions socio-économiques favorables et
modifications rapides du mode de vie.
En 2005, la population des diabétiques est composée majoritairement d’hommes (plus de
53% des malades traités) et en moyenne âgée de 64,7 ans.
Entre 2000 et 2005, le diabète a augmenté dans toutes les classes d’âge,
particulièrement dans les tranches élevées entre 70 et 89 ans (cf Annexe 2). Ainsi, en 2005,
le taux de prévalence maximum est constaté chez les 70–79 ans, avec 17,7% des hommes
diabétiques et 11,5% des femmes.
A l’instar de la plupart des pays européens et de l’Amérique du Nord, il existe des différences
significatives entre les hommes et les femmes, avec une prédominance masculine
importante : en 2005, à âge égal, entre 40 et 90 ans, les hommes ont 1,5 fois plus de risque
d’être diabétique que les femmes.
Sur l’échantillon observé, le taux annuel de décès est de 2,3% en 2005 avec un âge moyen
de 75,2 ans (contre 79,6 ans pour la population générale).
Plusieurs études récentes
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conduisent à estimer à l’horizon 2016 la population de
personnes diabétiques à 2,8 millions, soit une prévalence du diabète d’environ 4,5% :
- Progression de l’obésité : elle constitue le principal facteur d’augmentation du
nombre de diabétiques et compterait pour près de la moitié des nouveaux cas
estimés à l’horizon 2016.
- Facteurs démographiques : allongement de la durée de vie, vieillissement de la
population et arrivée de la génération du baby-boom dans les classes d’âge à risque
pour le diabète contribuent à la progression de la maladie.
- Intensification du dépistage : la baisse du seuil glycémique comme critère de
diagnostic du diabète (de 1,40 g/l à 1,26g/l) a également contribué à augmenter le
nombre de patients traités. Inversement, il existe en France peu de diabétiques non
diagnostiqués.
2 3,8% pour la population tous régimes – France métropolitaine.
3 Bonaldi C, Romon I, Fagot-Compana A, Impacts du vieillissement de la population et de l’obésité sur
l’évolution de la prévalence du diabètre traité : situation de la France métropolitaire à l’horizon 2016,
Bull. Epidémiol. Hebdo 2006. Institut Roche de l’obésité, Inserm, ObEpi 2003 – ANAES, Principes de
dépistage du diabète de type 2, 2003.
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D’après l’étude menée par l’Assurance Maladie sur l’échantillon EPAS, la récente hausse du
nombre de diabétiques indique que la France n’est pas à l’abri de l’épidémie mondiale
annoncée depuis plusieurs années : cela pourrait se traduire, selon certains experts
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, par
une prévalence supérieure à 9% en Europe et proche de 10% en Amérique du Nord, en
2025.
Pour mémoire : Qu’est-ce que le diabète ?
Le diabète est défini par la présence d’une hyperglycémie chronique (glycémie à jeun
supérieure ou égale à 1,26g/l) qui résulte d’une déficience de sécrétion d’insuline ou d’une
anomalie de l’action de l’insuline sur les tissus cibles. Il existe deux formes principales de
diabète :
- le diabète de type 1, ou diabète insulino-dépendant : il représente moins de 10% des
cas de diabète en France et débute en général dans l’enfance ou l’adolescence. Le
traitement du diabète de type 1 repose sur l’injection quotidienne d’insuline.
- le diabète de type 2, ou diabète non insulino-dépendant : le diabète de type 2 apparaît
en général à partir de l’âge de 40 ans et représente 90% des cas de diabète en France. Il
peut débuter sous l’influence de facteurs favorisants comme une surcharge pondérale à
dominante abdominale et la sédentarité. Il peut aussi être diagnostiqué à l’occasion de la
prise en compte d’antécédents familiaux ou d’une autre pathologie comme l’hypertension
artérielle, par exemple. En l’absence de traitement adapté et bien suivi, les complications
sont potentiellement nombreuses et graves : complications cardiovasculaires (infarctus,
maladie coronaire, artérite, accident vasculaire cérébral), problèmes oculaires et rénaux.
Le traitement initial du diabète de type 2 doit d’abord reposer sur l’éducation du patient
afin de modifier ses habitudes de vie (régime alimentaire, exercice physique et arrêt du
tabac), le plus souvent en association avec un traitement médicamenteux
(hypoglycémiants oraux).
Lorsque le diabète de type 2 ne peut plus être équilibré par les médicaments, le recours
à l’insuline est nécessaire.
4 Fédération internationale du diabète. Diabetes atlas. Résumé. 2ème édition. Bruxelles : Fédération
internationale du diabète ; 2003.
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II – Une meilleure prise en charge des risques cardio-vasculaires des
diabétiques
Face à cette croissance sensible de la maladie et compte tenu des récentes
recommandations sanitaires pour le suivi des patients, l’Assurance Maladie a analysé les
évolutions de la prise en charge médicamenteuse des patients et les coûts liés à ces
traitements.
Le traitement du diabète repose avant tout sur des mesures visant à améliorer la diététique
et l’hygiène de vie des malades sur le long terme (lutte contre la sédentarité et corrections
des principales erreurs alimentaires notamment). Il s’appuie également sur une bonne
observance thérapeutique combinée à la prise en charge de l’ensemble des risques
cardiovasculaires.
Les médicaments les plus fréquemment utilisés pour le traitement du diabète appartiennent
aux classes thérapeutiques suivantes :
- Antidiabétiques
- Antihypertenseurs
- Hypolypémiants : médicaments visant à prendre en charge l’hypercholestérolémie
- Antiagrégants plaquettaires : médicaments destinés à prévenir les évènements liés à
l’athérosclérose (accident vasculaire cérébral, infarctus du myocarde…)
Les différentes autorités sanitaires (HAS, Afssaps) recommandent pour le diabète de type 2
des traitements plus agressifs : association de plusieurs principes actifs hypoglycémiants
dès que l’équilibre glycémique ne peut être atteint et traitements préventifs à visée
cardiovasculaire.
L’étude menée par l’Assurance Maladie montre ainsi des évolutions significatives des
modalités thérapeutiques entre 2000 et 2005, en lien avec les derniers référentiels de
santé.
Traitement du diabète :
- La prescription de biguanides (antidiabétiques oraux) a progressé, traduisant un meilleur
respect des référentiels : en 2005, 58% des patients sont traités avec des biguanides
contre 50% en 2000.
Parallèlement, les glitazones (autres antidiabétiques oraux) ont été introduites pendant
cette période et peuvent être utilisées en monothérapie depuis 2004. En 2005, près d’1
personne diabétique sur 10 en prend. Cependant, l’Agence Européenne des
Médicaments s’interroge sur le bénéfice à long terme de ces médicaments
5
.
- L’association plus fréquente de plusieurs antidiabétiques oraux répond aux
dernières préconisations des experts en faveur d’une escalade thérapeutique précoce.
La proportion de diabétiques traités avec 2 classes d’antidiabétiques est de 36% en 2005
et celle des malades traités avec 3 classes distinctes s’élève à 12,4%.
- Une plus grande agressivité thérapeutique est constatée avec l’augmentation du
nombre de patients traités par insuline, en association à des antidiabétiques oraux (de
8% des malades en 2000 à 10,4% en 2005). L’insuline représente ainsi une part
croissante dans le traitement du diabète avec 24% des diabétiques traités par insuline
seule ou associée contre 21% en 2000.
5 Agence Européenne des Médicaments (EMEA). Product Information / Human medicines / European
public assessment report (EPAR) – 12/07/2006 pour Avandia®, 21/08/2006 pour Avandamet® et
31/08/2006 pour Actos®. London : EMEA.
Dossier Epidémiologie du diabète traité – Caisse nationale de l’Assurance Maladie – 7 juin 2007
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Traitement des facteurs de risque cardiovasculaire :
- En 2005, les facteurs de risque cardiovasculaire associés au diabète ont été plus
fréquemment traités par médicaments qu’en 2000. En effet, l’association très fréquente
au diabète d’une dyslipidémie induit un risque cardiovasculaire majoré.
Dans ce cadre, l’étude vèle que 55% des diabétiques sont traités avec des
médicaments hypolipémiants en 2005. Le taux de patients traités par la classe des
statines a augmenté de manière considérable en 5 ans (de 24% en 2000 à plus de
40% en 2005).
- En outre, la prescription d’antihypertenseurs s’est généralisée (près de 74% de la
population en 2005) alors que, selon les experts, entre 50 et 74% des diabétiques sont
hypertendus au moment de la découverte de leur diabète.
- Enfin, le risque d’accident vasculaire cérébral, d’infarctus du myocarde ou de mort
cardiovasculaire est 2 à 4 fois plus élevé chez une personne diabétique que parmi la
population générale. En 2005, seuls 32% des diabétiques sont traités avec des
antiagrégants plaquettaires (dont 8 sur 10 par aspirine à faible dosage). De manière
générale, les experts recommandent l’administration de faibles doses d’aspirine en
prévention.
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