et santé, état psychiatrique, délinquance, migrations, mortalité, grossesses adoles-
centes, origine ethnique/couleur de peau, genre, structure familiale, emploi, loge-
ment, quartier, etc. L’étude longitudinale présente en effet des avantages méthodo-
logiques majeurs dans ce domaine, puisqu’elle offre une image plus complète que
celle des effets nets qui ressortent en coupe transversale. Elle permet de montrer
l’hétérogénéité des expériences de pauvreté, en distinguant au sein d’un «groupe»
de pauvres quelle est la part de la pauvreté transitoire, de la pauvreté récurrente et
de la pauvreté chronique. Le suivi des mêmes individus sur plusieurs années permet
d’étudier l’impact de certains événements sur les transitions des individus, et d’en
percevoir les effets différés et les conséquences à long terme. En dehors de l’effet
des événements d’emploi ou familiaux, il est possible de distinguer les rôles d’autres
variables sur les trajectoires de pauvreté et la vulnérabilité de certains groupes, en
fonction de leurs caractéristiques individuelles, de leur environnement local, ou
encore de l’évolution du contexte social et économique. Grâce à la connaissance de
la chronologie des événements, plus fiable et plus précise que celle que l’on peut
obtenir par les enquêtes rétrospectives, il est possible de reconstruire les trajec-
toires des personnes pauvres en identifiant la manière dont les événements appa-
raissent, s’enchaînent et se développent, et de mettre en évidence certaines rela-
tions de causalité.
Le développement des travaux portant sur les dynamiques de la pauvreté, la
création de nouvelles enquêtes de ménages longitudinales telles que le Survey of
Labour and Income Dynamics (SLID), le Household, Income and Labour Dynamics
in Australia (HILDA), EU-SILC, les panels Living Standards Measurement Surveys
(LSMS) de la Banque mondiale dans les pays en voie de développement (PED)…,
l’amélioration des enquêtes existantes (le German Socio-Economic Panel, GSOEP,
le British Household Panel Survey, BHPS), l’adjonction d’indicateurs dynamiques à
plusieurs statistiques officielles (exemples: statistiques de l’EU-SILC pour l’Union
européenne, indicateurs de Laeken), la sophistication accrue des méthodes
(Jenkins, 2007) sont autant de signes de l’intérêt croissant porté à l’analyse longitu-
dinale de la pauvreté ces dernières années.
Cet article vise à recenser et analyser la littérature étrangère, afin d’en tirer les
principaux enseignements en termes de méthodes, de résultats et de recomman-
dations pour la compréhension des trajectoires de pauvreté et d’exclusion5. Nous
nous restreignons ici à l’analyse des pays dont le développement économique et les
préoccupations en matière de pauvreté sont comparables à la France: l’Europe et
les États-Unis.
Dans une première partie, nous mettons en évidence les principaux apports des
études longitudinales en termes de résultats, en opérant un découpage qui cor-
Les Travaux de l’Observatoire
563 2007-2008
5. Quelques revues de littératures plus spécifiques peuvent être mentionnées dès maintenant: Smith, Middleton
(2007) pour un survey récent et assez complet des travaux au Royaume-Uni, Bruniaux, Galtier (2003) pour une riche
revue systématique des travaux américains et britanniques sur la transmission intergénérationnelle des désavantages,
le survey de Jenkins, Siedler (2007) sur la transmission intergénérationnelle de la pauvreté en Europe et aux États-
Unis, l’ouvrage dirigé par Baulch et Hoddinott (2000) pour les analyses dynamiques de la pauvreté dans les PED, et
enfin Jenkins (2007) sur l’évolution des méthodes et des modèles.
L’apport des analyses longitudinales dans la connaissance des phénomènes de pauvreté et d’exclusion sociale