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différents estimateurs, ainsi que les procédures de filtrage de la valeur permanente des
fondamentaux, délivrent des conclusions relativement convergentes. Les pourcentages de
mésalignement diffèrent toutefois du simple au double pour le Maroc et la Jordanie. Ils sont à
peu prés du même ordre de grandeur, pour l’Egypte et la Tunisie, quand on passe de la
moyenne mobile au filtre de type Hodrick Prescott.
Au total, les résultats de fin de période suggèrent qu’en tendance, toute chose égale
par ailleurs, les monnaies seraient plutôt au voisinage du taux de change de parité des prix et
coûts. En revanche, ils seraient plutôt sous évaluées en regard du critère du taux de change
d’équilibre de l’ordre de 10 % à 30 %. D’un côté, cette situation pourrait signifier que les
producteurs de biens manufacturés n’ont pas beaucoup à espérer dans une politique de change
plus « active ». Mais d’un autre côté, la sous-évaluation en regard du critère du taux de
change d’équilibre peut aussi signifier que la politique de change a déjà internalisé les
contraintes de compétitivité de certains producteurs manufacturiers, notamment en termes de
libéralisation commerciale et de concurrence accrue sur les marchés mondiaux.
Les prix relatifs et la compétitivité manufacturière
Les taux de change effectifs réels sur les productions manufacturières sont calculés
selon le principe suivant. Le profil des exportations de chaque pays est d’abord défini en
considérant ses échanges moyens de la période (1999-2003) sur les produits des classes 5 à 8
de la Classification Type du Commerce International (CTCI). Pour chaque groupe de
produits : trois et quatre chiffres selon la nomenclature, un TCER est construit. Il met le pays
en relation avec les dix principaux exportateurs mondiaux du groupe de produits considérés.
La moyenne géométrique de ces différents indices géométriques est ensuite calculée en
utilisant un schéma de pondération reflétant la structure des exportations manufacturières du
pays. De ces indices à double pondération, on retiendra que la mesure de la compétitivité
sectorielle délivre des enseignements voisins de ceux dégagés avec les TCER
« macroéconomiques ». En d’autres termes, les partenaires et les pondérations changent, mais
les résultats établis demeurent en évolution comme en niveau sur la fin de période. Par rapport
à l’année de base 1995, on retrouve notamment une dépréciation sensible, de l’ordre de 25%
pour les TCER des exportations manufacturières de l’Egypte et de la Tunisie. A contrario, des
appréciations sont mises en évidence, d’ampleur modérée, pour la Jordanie : 11 % et de plus
forte intensité pour la Turquie, environ 50 %.
Une manière de compléter le diagnostic, tout en relâchant certaines des hypothèses
restrictives des indices sectoriels des TCER, peut consister à recentrer l’attention sur les prix
relatifs internes, en particulier sur le rapport de prix entre les biens non échangeables et les
biens manufacturiers échangeables que l’on assimile aux produits effectivement exportés.
Chacun de ces produits est ensuite pondéré en fonction de son importance relative dans les
échanges internationaux du pays. Le rapport des deux indices de prix : biens à la
consommation et biens exportés, établit un taux de change réel (TCR) qui éclaire les
incitations internes à la production de biens échangeables. Dans l’ensemble, à l’exception de
la Jordanie, tous produits confondus, ces prix relatifs internes sont plutôt moins favorables
aux pays étudiés que ne l’étaient les taux de change effectifs réels. En moyenne, la
dégradation comparée est de l’ordre de 5 à 10 points d’indice. On observera cependant qu’en
dehors de la Turquie, pays pour lequel le diagnostic demeure avec une surévaluation des coûts
relatifs de production de l’ordre de 60 %, les autres pays ne révèlent pas de graves handicaps
de compétitivité prix. En Jordanie, bien que les chiffres ne soient pas disponibles après 2003,