Conférence Maurice Baslé
CREM CNRS Université Rennes 1
Chaire Jean Monnet
Maison de l’Europe 13 février 2006
Interview parue dans Ouest France samedi 11-12 février 2006
Votre tout dernier livre s’y réfère, qu’appelez-vous « économie de la connaissance » ? Quel exemple
concret pourriez-vous citer pour illustrer ?
L'économie a toujours été fondée sur la science de la production, sur les savoirs et les savoir-faire, sur les
leçons de l'apprentissage et des expériences du passé. Mais il y a différentes phases : Désormais, c'est
dans la coopération étroite -presque physique- entre les chercheurs, les créateurs, les éducateurs, les
éditeurs de connaissances, les développeurs d'innovation en entreprise et les clients usagers participants
à de nouvelles utilisations de nouveaux services que se trouve le moteur de la productivité : l'usage des
nouveaux services en réseau grâce à l'internet fait de la productivité : les outils sortent de la recherche,
les utilisateurs ont de nouvelles compétences, pensez aux médecins chercheurs et aux thérapies du futur
par exemple, mais aussi aux plateformes pour l'alimentation humaine.
En somme, investir dans la connaissance revient à rendre plus efficace le développement économique
d’un pays ?
Le "nouveau chercheur" est le moteur de la productivité aux Etats-Unis et dans la vieille Europe : ce
moteur n'est plus la consommation ou le simple investissement matériel. C'est l'intellectualisation de la
production (plus d'intelligence au quotidien dans tous les actes dans l'entreprise), la matière grise
disséminée chez chacun d'entre nous et partagée dans des communautés intensives en nouvelles
connaissances qui peut augmenter la croissance …et le bien-être car on ne s'ennuie pas avec les
créations des développeurs-entrepreneurs : on bénéficie de nouveaux services….pour mieux travailler ou
mieux vivre.
Dans quel état se trouve le moteur de la connaissance en Europe ?
Reste en effet la géographie de l'économie de la connaissance : les "niches", l'habitat écologique et les
conditions de travail des chercheurs créateurs n’ont pas été assez soignées en europe. Le malaise des
chercheurs français en est la preuve. Le vote de la loi recherche s'est fait attendre…Les régions ou les
métropoles n'ont pas de compétence réellement transférée et ne peuvent agir que de manière indirecte.
L'Union européenne, elle, a choisi de devancer les esprits chagrins en créant l'espace européen de la
recherche et en magnifiant la recherche et l’éducation : il reste aux Etats-membres à accepter de payer
pour cela ou au Parlement européen d'arbitrer un peu plus en faveur de la recherche, recherche-
développement et innovation. L'opinion publique peut évidemment participer à cette gouvernance de
l'effort de recherche.