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PROGRAMME GÉNÉRAL GASTROENTÉROLOGIE
PCRs spécifiques à l’espèce en question sont
généralement recommandées.
Quand suspecter une diarrhée
infectieuse
Une origine bactérienne devrait être sus-
pectée en cas de diarrhée hémorragique, de
signes cliniques de gravité, diarrhée aiguë
persistant plus de trois jours en dépit d’un
traitement symptomatique adéquat, forte
probabilité d’avoir une diarrhée aiguë d’origine
bactérienne (données de l’anamnèse telles
que: Récent traitement antibiotique, Infection
nosocomiale, Ingestion de produits conta-
minés (viandes crues, oreilles de cochon…),
Séjour en chenil, chatterie, éleveur, refuge,
Plusieurs chiens/chats en contact montrent
des symptômes similaires, Diarrhée chez un
membre de la famille, Récent stress, Jeune
animal). Rarement, les diarrhées chroniques
peuvent avoir une origine bactérienne.
Quels sont les objectifs d’une
recherche bactérienne dans les
selles
La finalité de la coproculture consiste à ten-
ter d’isoler au sein d’une flore complexe un
nombre limité d’espèces, réputées patho-
gènes, responsables de diarrhées.
Objectifs :
Confirmer la cause des symptômes cliniques
chez l’individu atteint.
Guider le traitement (Obtenir un antibio-
gramme).
Évaluer le risque de transmission (éleveur,
hôpital).
Sélection de donneur en vue d’un transfert
fécal.
• Évaluer le risque zoonotique.
• Études épidémiologiques.
Quels sont le principaux
entéropathogènes chez le chien et
le chat
• Principales bactéries responsables de diar-
rhées :
Un nombre et une variété infinis d’espèces
microbiennes composent la flore intestinale
canine et féline. Cette flore intestinale a de
multiples rôles physiologiques: capacité fer-
mentaire, pouvoir immunorégulateur, effets
sur la motricité, la vascularisation et la trophi-
cité intestinales, moyen efficace de défense
contre les agents infectieux. La relation hôte/
flore est un modèle de symbiose qui définit “
l’écosystème intestinal “. Toutefois, l’équilibre
de cet écosystème est fragile et sa rupture
peut intervenir dans la physiopathologie de
diverses affections digestives. L’importance
de la flore a généré ces dernières années un
effort de recherche considérable utilisant les
techniques les plus modernes de la biologie
moléculaire, la microbiologie et la médecine.
La flore intestinale est constituée de bactéries
résidentes et de bactéries en transit. La flore
intestinale résidente se met en place à la nais-
sance et colonise chaque segment digestif de
manière différente en raison de différences
anatomiques et physiologiques (variation de
pH par exemple). Une fois installée, cette flore
microbienne varie peu au cours du temps et
lorsqu’elle varie en raison de circonstances
environnementales transitoires (traitement
antibiotique par exemple), elle retourne à sa
composition originelle rapidement. La flore
endogène intestinale est dans un état perpé-
tuel d’équilibre grâce à des phénomènes de
régulation complexes. Toute rupture de cet
équilibre (régime alimentaire, stress, antibio-
thérapie, parasitisme, infections virales diges-
tives...) entraîne des changements de la mi-
croflore physiologique. Ces derniers peuvent
soit impliquer des bactéries endogènes qui
peuvent devenir pathogènes (micro-orga-
nismes pathogènes occasionnels), soit des
bactéries transitoires entéro-pathogènes pro-
venant de l’environnement ou de l’alimenta-
tion, qui ont pu coloniser le tractus digestif car
les conditions locales leur ont été favorables.
Une fois que la colonisation a eu lieu, les bac-
téries pathogènes strictes ou occasionnelles
peuvent se multiplier et induire une diarrhée.
L’étude de la flore microbienne est basée
sur l’utilisation de techniques de culture ou
de techniques moléculaires. Le choix de la
méthode dépend du but de l’étude (détection
d’un pathogène spécifique dans un échantil-
lon clinique versus étude et caractérisation
de l’écosystème intestinal en général dans
un cadre d’étude épidémiologique). Dans un
cadre clinique, les techniques de culture et les
– Salmonella
– Campylobacter
– Clostridium
– E. coli
– Yersinia
– (Shigella (chien))
Il est important de noter que tous ces orga-
nismes (a l’exception de Shigella) sont des or-
ganismes isolés chez le chien/chat sain et leur
isolement chez un animal soufrant de diarrhée
n’est pas preuve de causalité.
• Problème posé par les porteurs asymptoma-
tiques :
Tous ces entéropathogènes sont des agents
zoonotiques et en tant que tels peuvent être
une source de contamination pour l’humain.
En revanche en raison de l’absence de recom-
mandations en ce qui concerne le traitement
d’animaux sains porteurs et également parce
que la sensitivité des méthodes de détection
reste faible, il n’est pas recommandé de tes-
ter les animaux sains. De la même façon un
dépistage chez l’animal dont le propriétaire
a récemment eu un diagnostic de Campylo-
bacter ou Clostridium n’est pas recommandé,
a moins que l’animal ne présente des signes
cliniques compatibles..
Démarche diagnostique
A quel moment prélever un échantillon
de selles au cours de l’épisode
diarrhéique?
Les chances d’isoler un entéropathogène res-
ponsable d’un épisode diarrhéique sont maxi-
males durant la première semaine de maladie.
Lexcrétion bactérienne devient intermittente
ou absente suivant les espèces durant les se-
maines suivantes. Il est important de ne pas
administrer d’antibiotiques au préalable ou
de médicaments susceptibles d’augmenter la
durée du transit. En raison de la fréquence des
faux négatifs, il est conseillé de récolter trois
échantillons consécutifs dans le stade aigu de
la diarrhée.
Prélèvement
Les échantillons soumis pour culture peuvent
être prélevés à l’aide d’un doigt ganté direc-
tement dans le rectum ou dans la litière/sol.
Bactéries et Diarrhée
Bonnes et mauvaises indications
d’une recherche bactérienne dans les selles
Florence JUVET
Dip. ECVIM-CA
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Idéalement l’échantillon ne devrait pas être
contaminé par de la litière ou sol/plantes…
Remplacer la litière par du papier journal est
conseillé. Alternativement un écouvillon rectal
peut être utilisé. La quantité de selles et donc
de bactéries prélevées à l’aide d’un écouvillon
étant nettement inferieure à celle d’un échan-
tillon de selles, il paraît plus probable d’obtenir
un faux négatif qu’avec des selles fraîches. Ils
sont à placer directement dans un milieu de
transport présent dans un tube stérile. Deux
à trois grammes de selles fraiches conservés
entre 4 et 8°C jusqu’au moment de l’envoi au
laboratoire suffisent.
Modalités de transport
Même si, en pratique, les laboratoires d’ana-
lyses vétérinaires n’exigent pas de milieu de
transport pour les selles fraîches, il est quand
même conseillé pour ce type de prélèvement.
En effet, les bactéries sont sensibles aux varia-
tions de température, de pH, de pression en
oxygène et sont détruites dans un environne-
ment qui ne leur est pas favorable et doivent
donc être conservées dans des milieux adap-
tés. Les écouvillons rectaux sont systémati-
quement envoyés avec un milieu de transport
bactérien classique dans un tube ou un sachet
hermétique de transport, stériles.
Pour résumer, voici quelques principes qui
sont recommandés pour le transport et la
conservation des échantillons :
Les échantillons devraient être envoyés au
laboratoire sous couvert du froid (+4°C) dans
les 24 à 48 heures après leur collecte.
Les milieux de transport pour les selles
fraîches sont fortement recommandés : Cary
Blair, Amies ou Stuart,...
Il faut éviter les écarts de température, l’expo-
sition à la lumière et à l’oxygène atmosphé-
rique des prélèvements.
Techniques parallèles à la coproculture
Cytologie
La cytologie peut également donner des ren-
seignements précieux incitant à la réalisation
d’une coproculture. Les selles sont étalées en
couche très fine. Si l’échantillon est trop épais,
la coloration ne sera pas optimale. On peut
aussi prélever les selles à l’aide d’un coton tige
que l’on aura introduit dans le rectum puis que
l’on fera rouler sur la lame. La lame est ensuite
séchée à l’air libre (un sèche-cheveux peut
aussi être utilisé au besoin pour accélérer le
séchage) pour préserver la morphologie cel-
lulaire. Les colorations utilisées sont des colo-
rations rapides (Diff-Quick®) ou de Wright-
Giemsa. Les morphologies cellulaires et les
bactéries sont le mieux appréciées au plus
fort grossissement avec immersion. D’autres
colorations peuvent être utilisées selon la
suspicion du clinicien. Si une diarrhée d’ori-
gine bactérienne est fortement suspectée une
coloration de Gram sera préférée.
Un nombre important de polynucléaires neu-
trophiles sur un frottis fécal, lors de diarrhée
hémorragique plaide en faveur d’une origine
bactérienne impliquant un germe invasif (en
particulier une salmonella ). La visualisation
de spores en forme « d’épingle à nourrice
» oriente vers une recherche de Clostridium
perfringens lors de la coproculture. La sporu-
lation de C. perfringens est en effet co régulée
à la production d’entérotoxines. La présence
de bactéries en forme d’ « aile de mouette »
au frottis fécal oriente vers une suspicion de
campylobactériose.
Immunodétection de toxines (ELISA)
Les souches entérotoxinogènes de Clostridium
perfringens et Clostridium difficile produisent
des toxines responsables de l’apparition de la
diarrhée par un mécanisme d’hypersécrétion.
Elles peuvent être détectées dans les selles
des chiens et chats atteints de diarrhée et
ainsi, couplées à la coproculture, renforcer la
suspicion de diarrhée causée par ces germes.
Les tests immunologiques peuvent se faire,
soit sur les selles, soit sur les souches bac-
tériennes isolées par la coproculture. Toutes
les souches de clostridies ne sont pas toxi-
nogènes, il est alors essentiel de déterminer
si celles qui ont été isolées à la coproculture
le sont ou non. En l’absence de standardisa-
tion des méthodes de détection de toxines de
Clostridium dans les selles, la découverte de
toxines A ou B de C. difficile ne constitue pas
une preuve d’infection et doit généralement
être combinée aux résultats de culture.
La principale toxine de C. perfringens est la
toxine A, c’est donc celle qui fait l’objet des
techniques de détections disponibles. Lenté-
rotoxine de type A peut être détectée par la
méthode ELISA ou la méthode d’agglutination
passive. Cette dernière n’est pas conseillée
en raison des nombreux faux positifs générés
en comparaison de la technique ELISA. Les
échantillons fécaux analysés par cette tech-
nique doivent idéalement être analysés le plus
vite possible pour réduire le risque de faux né-
gatifs. Un milieu tampon de stabilisation peut
être ajouté à l’échantillon fécal lors de délais
pressentis.
Le potentiel pathogène de C. difficile est dû
principalement a deux toxines : A et B. Cer-
taines souches pathogènes peuvent être
négative pour la toxine A et positives pour la
B. La plupart des tests disponibles détectent
uniquement la toxine A. Les tests permettant
de détecter la toxine B sont rarement utilisés
en raison de leur coût élevé et des délais asso-
ciés. En raison du grand nombre de faux posi-
tifs associé au test ELISA, idéalement un dia-
gnostic de diarrhée due a C. devrait être basé
non seulement sur l’isolement de toxines A
ou/et B mais aussi sur la démonstration de la
présence de C par culture ou PCR. Le nombre
de faux positifs associé au test ELISA sur les
selles canines peut être expliqué par une liai-
son non spécifique de certaines protéines pré-
sentes dans les selles aux anticorps utilisés
dans le test.
Le nombre important de faux négatifs
lorsqu’on utilise le test ELISA (en raison
d’une faible sensibilité) sur les selles canines
est expliqué par trois facteurs importants: la
présence de certains inhibiteurs fécaux, la
présence de protéases fécales dégradant les
toxines et la présence de la toxine à des ni-
veaux inférieurs au seuil de détection du test.
Escherichia coli peut produire de nombreuses
toxines (7), les toxines relevantes en matière
de diarrhée sont: les toxines entérotoxino-
gènes (ECET) et vérotoxinogènes (ECVT). Les
recherches de toxines des différents patho-
types d’Escherichia coli ne se font pas de ma-
nière routinière dans les laboratoires d’ana-
lyses vétérinaires mais plutôt dans le cadre
d’études épidémiologiques.
PCR
Des méthodes génomiques peuvent être uti-
lisées pour détecter les gènes codant pour les
toxines bactériennes mais aussi pour d’autres
gènes directement en lien avec le pouvoir
pathogène de la bactérie. Les méthodes molé-
culaires permettent ainsi d’identifier l’agent
pathogène directement dans l’échantillon, de
distinguer des souches toxinogènes de celles
qui ne le sont pas et de distinguer des facteurs
de virulence spécifiques à certains agents. Ces
méthodes ont souvent une haute sensibilité et
spécificité. En revanche, étant donné qu’elles
détectent aussi bien organismes morts que
vivants et que la plupart ne sont pas quantita-
tives, ces méthodes ne peuvent remplacer la
coproculture.
Interprétation
Examen direct
Coloration Gram, cytologie
Il permet :
Identification (suspicion) de certaines bacté-
ries (Campylobacter)
Identification d’un déséquilibre de la flore,
normalement constituée majoritairement de
bacilles à Gram négatif. Lappréciation globale
du déséquilibre de la flore microbienne intesti-
nale peut se faire à l’examen direct après colo-
ration de Gram. Cet examen doit être inter-
prété en fonction de l’espèce animale, de son
âge, de l’alimentation, des commémoratifs...
La perturbation de la flore physiologique peut
se faire par l’appréciation semi-quantitative
du nombre de bactéries ou par la présence de
certaines bactéries normalement absentes.
Lexamen direct n’est pas une numération
mais on peut considérer que la lecture d’une
coloration standard effectuée par un person-
nel compétent donne une bonne appréciation
semi- quantitative des populations bacté-
riennes. Ainsi on peut observer une proliféra-
tion importante des populations bactériennes
dans leur ensemble ou de certaines d’entre
elles seulement, conséquence d’une rupture
de l’équilibre de la flore endogène intestinale.
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Identification de leucocytes, qui attestent de
l’inflammation pariétale et oriente avant tout
vers des germes entéroinvasifs ; l’absence de
leucocytes ne saurait les exclure. Hématies :
idem. En revanche, la présence de ces cellules
incitent à procéder à une recherche très active
et méticuleuse.
Coproculture
Culture négative
Le fait de ne pouvoir isoler aucune bacté-
rie n’est pas normal et peut être interprété
comme un résultat faussement négatif et ré-
sulter de nombreux facteurs incluant le mode
de prélèvement de l’échantillon, le mode
de transport, un milieu de transport inap-
proprié, un délai de transport trop long, une
antibiothérapie avant le prélèvement... Cela
peut aussi résulter d’un traitement inappro-
prié des prélèvements au laboratoire lorsqu’il
s’agit de micro-organismes difficiles à cultiver
et nécessitant des techniques particulières
(anaérobies stricts, bactéries micro- aéro-
philes). Si les germes sont observés sur un
frottis de selles (comme Campylobacter spp.
par exemple) mais qu’ils ne sont ensuite pas
isolés, le mode de transport et la méthode de
mise en culture devraient être réévalués.
Absence de germe pathogène spécifique
Il est plus pertinent de savoir que le labora-
toire a orienté ses recherches sur tel ou tel
germe entéropathogène mais qu’il a été inca-
pable de les isoler plutôt que de recevoir un
rapport de résultats indiquant les micro-or-
ganismes présents à la culture. Ainsi, un rap-
port de résultats d’une coproculture indiquant
qu’aucune salmonelle ou campylobactérie n’a
été retrouvée est plus utile qu’un rapport énu-
mérant plusieurs espèces de la flore endogène
microbienne intestinale. En effet, cela indique
que des techniques particulières ont été mises
en œuvre par le laboratoire pour rechercher et
identifier ces pathogènes dans l’échantillon.
Culture bactérienne pure
Le rapport peut indiquer la croissance d’une
espèce bactérienne pathogène particulière.
Etant donné que la plupart des espèces bac-
tériennes pathogènes sont également pré-
sentes chez l’animal sain, leur isolement
n’est pas toujours synonyme de causalité. Le
laboratoire doit indiquer si la croissance est
légère, modérée ou importante. La quantifi-
cation de la croissance bactérienne permet
d’aider à donner ou non une signification aux
résultats. L’interprétation des résultats de la
coproculture peut également être facilitée si le
laboratoire fournit une estimation globale du
nombre de bactéries pathogènes par rapport
à la flore endogène. La croissance importante
et pure d’un germe pathogène connu ou d’un
membre de la flore endogène est significative,
d’autant plus que le résultat du laboratoire est
en adéquation avec les signes cliniques (par
exemple, diarrhée profuse hémorragique et
culture pure d’un grand nombre de Clostridium
perfringens). Il ne faut pas non plus oublier
qu’une forte croissance peut aussi être la
conséquence d’un transport de l’échantillon
inadéquat ou d’un écouvillonnage trop vigou-
reux. Une croissance légère d’un germe poten-
tiellement pathogène au sein d’une flore mixte
obtenue après une méthode d’enrichissement
plaide en faveur de la flore physiologique ou
d’une inhibition par un traitement antibiotique
avant le prélèvement. Ce type de résultat est
souvent difficile à interpréter. Un isolement de
quatre (et plus) micro-organismes aérobies
est aussi en faveur d’une flore physiologique.
De tels résultats n’ont pas de signification uni-
voque. Si la croissance est importante et pure
on procède à l’isolement et l’identification
du germe, potentiellement responsable des
symptômes.
Antibiogramme
La coproculture permet, après isolement et
identification d’un germe, la réalisation d’un
antibiogramme pour adapter le traitement
spécifique de la diarrhée. Ce dernier est réa-
lisé en pratique lorsque, à la coproculture, une
population bactérienne prédominante a été
isolée et qu’elle semble dans le contexte cli-
nique pouvoir être mise en lien avec les symp-
tômes motifs de la demande.
Bibliographie
Garcia-Mazcorro J.F. 2013 Arch Med Vet 45, 111-124
Gastrointestinal microorganisms in cats and dogs: a
brief review
Marks S. L. 2011 J Vet Intern Med 2011;25:1195–1208
ACVIM Consensus Statement Enteropathogenic
Bacteria in Dogs and Cats: Diagnosis, Epidemiology,
Treatment, and Control
Fox. J. 2012 Chapitre 37 Infectious diseases of the dog
and cat 4th Edition St Louis Elsevier Saunders
Washabau R.J. 2013 Canine and Feline gastroentero-
logy St Louis Elsevier Saunders
Lauret A. Intérêts et limites de la coproculture dans
le diagnostic des diarrhées d’origine bactérienne du
chien et le chat, Thèse de doctorat vétérinaire Lyon
2011.
Déclaration publique d’intérêts sous la
responsabilité du ou des auteurs :
Aucun conflit d'intérêt
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PROGRAMME GÉNÉRAL GASTROENTÉROLOGIE
Pour étoffer une suspicion clinique, l’écho-
graphie est peu informative : elle met parfois
en évidence un épaississement de la paroi
du côlon et une adénomégalie colique ou
mésentérique, mais ces anomalies sont peu
spécifiques. Bien que des lésions érosives ou
ulcératives soient fréquemment observées, il
n’existe pas de lésion endoscopique caracté-
ristique de colite histiocytaire. L’histologie de
biopsies endoscopiques de côlon est indis-
pensable pour établir le diagnostic. Une bac-
tériologie avec antibiogramme sur biopsies
coliques ou à défaut, sur écouvillonnage rec-
tal, est également recommandée pour choisir
le traitement le plus adapté.
Lors de colite histiocytaire, sur le plan histo-
logique, on observe un infiltrat inflammatoire
mixte du chorion du côlon par des lympho-
cytes, des plasmocytes et des histiocytes. Cet
infiltrat est à dominante histiocytaire. C’est la
présence d’inclusions bacilliformes intra-his-
tiocytaires colorées par l’acide périodique de
Schiff (PAS) qui permet d’avoir un diagnostic
de quasi certitude. Il faut donc demander la
coloration PAS au laboratoire ou mentionner
le contexte de suspicion de colite histiocytaire
sur la fiche d’accompagnement des prélève-
ments biopsiques. Au-delà de la coloration
PAS, la confirmation diagnostique peut faire
appel à l’hybridation in situ en fluorescence
avec des sondes reconnaissant E. coli sur tis-
sus fixés au formol (technique FISH proposée
par exemple par le laboratoire de microbio-
logie de Langford, Université de Bristol). La
technique FISH repose sur le principe suivant:
la région ciblée du génome de la bactérie est
repérée par une sonde oligonucléotidique
couplée à une molécule antigénique reconnue
par un anticorps fluorescent. Sur les coupes
histologiques de côlon de chiens atteints de
colite histiocytaire, la FISH montre la pré-
sence d’E. coli intra-muqueux (Mansfield et al,
2009). Les souches d’E. coli isolées du côlon
des chiens atteints de colite histiocytaire ne
Nombre d’entéropathies seraient la résul-
tante d’une altération de l’écosystème digestif
générée par des interactions néfastes entre le
microbiote intestinal, l’alimentation et la ré-
ponse immunitaire chez un individu prédispo-
sé. La réponse à l’enrofloxacine des Boxers at-
teints de colite histiocytaire et la réponse aux
antibiotiques d’un certain nombre de chiens,
en particulier de Bergers Allemands, atteints
de diarrhée chronique idiopathique est une
illustration du rôle potentiellement pathogène
du microbiote intestinal dans un contexte de
prédisposition génétique.
Colite histiocytaire
La colite histiocytaire canine est une maladie
infectieuse, assez rare, longtemps classée, à
tort, dans le groupe des maladies inflamma-
toires chroniques intestinales idiopathiques
(MICI). Elle a été décrite pour la première fois
en 1965 par Van Kruiningen dans un élevage
de Boxers. Encore appelée colite granuloma-
teuse, elle est due à des souches entéro-in-
vasives d’E. coli susceptibles d’induire une
réponse immunitaire inadaptée, excessive et
inapte à les éradiquer chez l’animal infecté.
Une prédisposition génétique est probable.
Majoritairement rencontrée chez le Boxer,
la colite histiocytaire est aussi décrite dans
d’autres races dont le Bouledogue Français, le
Malamute et le Doberman. Elle touche princi-
palement les jeunes Boxers, le plus souvent de
moins de 4 ans. Elle s’exprime par une diarrhée
chronique du côlon avec une fréquence très
augmentée des défécations, souvent associée
à une hémochésie, des selles mucoïdes, du
ténesme et des épreintes. Contrairement aux
autres causes de diarrhée du côlon, la colite
histiocytaire est fréquemment associée à une
perte de poids ou un retard de croissance, un
abattement, une hypoalbuminémie et une
anémie (Hostutler et al, 2004 ; Simpson et al,
2006).
diffèrent pas notoirement de celles des chiens
sains (Craven et al, 2010). Cette observation
appuie le fait que les chiens atteints d’enté-
ropathie peuvent être victimes de leur propre
microbiote intestinal en conditions (environ-
nementales, génétiques…) défavorables.
Le pronostic de la colite histiocytaire canine
s’est nettement amélioré depuis que son ori-
gine infectieuse a été suspectée (Hostutler et
al, 2004) puis démontrée à la fin des années
2000 (Simpson et al, 2006 ; Mansfield et al,
2009) : on la traitait auparavant avec des
immunosuppresseurs avec un pronostic très
défavorable, on utilise aujourd’hui des anti-
biotiques avec un pronostic plutôt favorable.
L’éradication de la bactérie est associée à une
rémission clinique et histologique. Lenro-
floxacine est actuellement considérée comme
le traitement de choix de la colite histiocy-
taire. Les souches d’E. coli sont toutefois fré-
quemment résistantes à l’enrofloxacine (envi-
ron 50 % dans l’étude de Craven et al, 2010),
ce qui influence le pronostic. Dans l’étude
de Craven, 6/6 chiens avec une réponse cli-
nique complète avaient des E. coli sensibles à
l’enrofloxacine, alors que 2/4 chiens avec une
réponse partielle et 4/4 chiens avec une non
réponse (qui ont dû être euthanasiés) héber-
geaient des souches résistantes à l’enrofloxa-
cine. La réponse clinique était négativement et
significativement corrélée à la résistance des
souches à l’enrofloxacine et à l’utilisation d’en-
rofloxacine avant établissement du diagnostic
définitif. En raison des antibiorésistances fré-
quemment documentées chez E. coli, il est re-
commandé de réaliser une bactériologie avec
antibiogramme sur les biopsies coliques des
chiens atteints. Pour réduire le risque d’anti-
biorésistance, il est fortement déconseillé
d’utiliser de l’enrofloxacine « en aveugle» lors
de colites d’origine inconnue. En France, le
décret et l’arrêté de Mars 2016 sur les anti-
biotiques critiques interdisent la prescription
de fluoroquinolones sans antibiogramme en
Bactéries et diarrhée
Mise à jour des connaissances concernant quelques entéropathies :
entéropathie répondant aux antibiotiques,
colite histiocytaire du Boxer
Marine HUGONNARD
DV, PhD
Service de Médecine Interne des Animaux de Cie - Maître de Conférences
VetAgro Sup, Campus Vétérinaire de Lyon - 1 Avenue Bourgelat - F-69280 MARCY-L’ÉTOILE
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médecine vétérinaire. La durée optimale du
traitement de la colite histiocytaire est incon-
nue. Un traitement trop court pourrait favo-
riser l’apparition d’antibiorésistances. Sur les
souches sensibles, on peut proposer un traite-
ment de 10 à 15 mg/kg d’enrofloxacine PO SID
pendant 8 semaines.
La colite histiocytaire canine présente des
analogies avec la maladie de Crohn chez
l’homme : dans les deux cas, on observe une
inflammation digestive granulomateuse due à
des souches d’E. coli exprimant des propriétés
d’adhérence et d’invasion tissulaire.
Entéropathie répondant aux
antibiotiques
Chez le chien, il existe des cas de diarrhée
chronique du grêle sans cause identifiée et
qui répondent totalement à un traitement
antibiotique. Pour les désigner, le terme de
«syndrome de prolifération bactérienne idio-
pathique de l’intestin grêle » était ancienne-
ment utilisé. Il a été abandonné au début des
années 2000 au profit de celui de diarrhée
répondant aux antibiotiques (DRA) (German
et al, 2003). Cette évolution de la termino-
logie est due au fait que, contrairement à la
théorie communément admise dans les an-
nées 80, il est finalement peu vraisemblable
qu’un nombre excessif de bactéries soit à
l’origine de ces entéropathies guéries par les
antibiotiques. Une dysbiose qui correspond
à un déséquilibre de la flore commensale en
est plus probablement à l’origine. L’implica-
tion de germes entéropathogènes pas encore
identifiés n’est pas non plus écartée dans les
hypothèses pathogéniques. Le terme de DRA
a été utilisé de façon occasionnelle pour dési-
gner des cas de diarrhée chronique du côlon
répondant aux antibiotiques (Westermarck et
al, 2005 ; Hall, 2011 ; Kilpinen et al, 2011) mais il
désigne au départ les cas de diarrhée du grêle
idiopathiques répondant aux antibiotiques.
La DRA est principalement rencontrée chez
les jeunes chiens de grande race, en particu-
lier les Bergers Allemands. Dans cette race, la
maladie s’accompagne d’une infiltration de la
lamina propria par des lymphocytes T CD4+
avec une surexpression de certaines cyto-
kines. Un dysfonctionnement immunitaire et
peut-être une perte de tolérance envers des
antigènes bactériens de la flore commensale
sont suspectés. En effet, la guérison s’accom-
pagne d’une diminution de la quantité de
cytokines sans que la charge bactérienne ne
semble diminuer. La DRA n’est pas une entité
reconnue chez le chat.
La plupart des chiens atteints de DRA sont
polyphagiques, parfois coprophagiques, avec
une perte de poids et un retard de croissance
possibles dans les cas les plus graves. Le dia-
gnostic de DRA ne repose sur aucun test bio-
logique car tous se sont révélés décevants ou
inadaptés (dosage des folates, de la vitamine
B12, des acides biliaires déconjugués, de l’hy-
drogène expiré…). La coproculture ne permet
pas non plus de diagnostiquer une DRA : elle
n’est pas représentative de la flore de l’intes-
tin grêle tant en qualité qu’en quantité. C’est
véritablement la rémission de la diarrhée sous
antibiotiques qui permet d’établir le diagnos-
tic de DRA, avec exclusion préalable d’une
cause identifiable (cause parasitaire et insuf-
fisance pancréatique exocrine en particulier).
Au bilan, les critères de diagnostic d’une DRA
sont une réponse favorable à une cure d’anti-
biotiques, une rechute à l’arrêt du traitement
(immédiate ou différée de plusieurs semaines
à plusieurs mois) et une réponse favorable à la
réintroduction des antibiotiques en l’absence
de cause identifiée. Les récurrences des épi-
sodes de diarrhée diminuent fréquemment
avec l’âge.
Les tétracyclines, le métronidazole (10 à
15 mg/kg PO BID) et la tylosine (25 mg/kg
PO SID) sont les antibiotiques considérés
comme les plus efficaces lors de DRA (Hall,
2011 ; Kilpinen et al, 2011). Une entéropathie
répondant spécifiquement à la tylosine est
suspectée. Elle présente plutôt des caracté-
ristiques de diarrhée du côlon (Westermarck
et al, 2005). La durée du traitement généra-
lement recommandée lors de DRA est de 3 à
6 semaines, avec changement d’antibiotiques
après deux semaines en cas de non réponse.
Pour les diarrhées répondant à la tylosine,
une durée de traitement d’une semaine pour-
rait suffire et les doses nécessaires lors de
rechute pourraient être inférieures aux doses
indiquées lors d’un premier épisode (Kilpinen
et al, 2014). Les antibiotiques classiquement
utilisés pour traiter une DRA ont en commun
le fait d’être dotés, en plus de leurs propriétés
bactéricides ou bactériostatiques, de proprié-
tés immunorégulatrices. Ce fait étoffe la piste
d’une hypothèse pathogénique impliquant un
dérèglement de l’immunité locale. Le choix de
la molécule est souvent guidé par la praticité
d’utilisation, donc la galénique -elle-même
fonction du pays-, le coût et le risque d’anti-
biorésistance plutôt que par des études d’effi-
cacité comparée. Sur ce dernier point, on dis-
pose de très peu de données publiées.
Dans le groupe des entéropathies sensibles
aux antibiotiques figurent des affections dis-
tinctes : les entéropathies dues à des bacté-
ries entéropathogènes (Clostridies, Campylo-
bactéries et Salmonelles en particulier), des
entéropathies liées à des germes commen-
saux en situation de dysbiose (DRA), des cas
frontières (colite histiocytaire du boxer) et
enfin des proliférations bactériennes au sens
strict qui semblent toujours secondaires chez
le chien (par exemple à une insuffisance pan-
créatique exocrine ou une sub-obstruction
intestinale). A celles-ci il faut encore ajouter
les MICI modérées pour lesquelles une cure
de métronidazole assortie de mesures dié-
tétiques peut être curative. En gastro-enté-
rologie canine, les antibiotiques présentent
donc un intérêt certain même si leur utilisa-
tion demande à être précisée (notamment en
matière de molécule, dose et durée) ce qui
passe par un meilleur démembrement noso-
graphique des entités et une meilleure com-
préhension des mécanismes pathogéniques.
La problématique de l’antibiorésistance doit
par ailleurs imprégner les réflexions autour
de ces questions, dans une appréciation plus
large des enjeux à l’échelle des populations et
du concept de santé unique.
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