CHAPITRE 1 LA CROISSANCE DES 30 GLORIEUSES

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CHAPITRE 1 LA CROISSANCE DES 30 GLORIEUSES
I)
Les 30Glorieuses impulsent 1 nouvel élan à la croissance économique….
A) Un dynamisme sans précédent…..
1) 1 accélération de la croissance mais d’ampleur inégale
2) 1 croissance régulière
3) 1 croissance proche du plein-emploi
B) ….accompagné de modifications structurelles
1) Les déformations sectorielles conduisent à la tertiairisation croissante de
l’économie et des emplois
2) La concentration des entreprises
3) L’ère des managers
II) …. dont les moteurs s’avèrent particulièrement complexes :
A) L’analyse des facteurs primaires de la croissance révèle 1 croissance intensive …
1) Le travail
2) Le capital
B) ….. impulsée par des forces motrices :
1) L’élan initial : le succès de la Reconstruction :
2) Le mode de régulation fordiste
a) L’impulsion de l’Etat : 1 économie administrée, 1 régulation keynésienne ?
a.1. Protection sociale et lois sociales
a.2. Politiques structurelles
a.3. Politiques conjoncturelles contracycliques d’inspiration
keynésienne
b) La régulation monopoliste : accumulation intensive, nouveau rapport
salarial, production et consommation de masse :
3) Le rôle déterminant de l’ouverture internationale :
a) 1 nouvel ordre économique international : la « pax americana »
a.1. Accords de Bretton-Woods
a.2. Libéralisation des échanges : le GATT
b) L’intégration européenne : vers les Etats-Unis d’Europe :
c) Développement des échanges et nouvelle hiérarchie des puissances
d) L’affirmation du Tiers-Monde
C) 1 croissance inflationniste (en classe)
III)
….. D’autant plus que les sentiers de croissance ont été différents selon les pays ….
A) Les USA, enfants sages de la croissance :
B) La France : un modèle à la française : entre néocolbertisme et keynésianisme : 1
croissance fortement administrée :
C) Le « miracle allemand » : l’économie sociale de marché :
D) Le « miracle japonais » : naissance d’1 géant :
E) La langueur de l’économie britannique
IV)
…Laissant ainsi perplexes les économistes : Les théories de la croissance rendent
difficilement compte de la croissance des 30 Glorieuses : (en classe)
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Intro : rappel : les 1ères interrogations sur la croissance
A) Les modèles initiaux de la croissance : entre équilibre et déséquilibre :
1) Le modèle de Harrod-Domar :
a) Influence de Keynes
b) Hypothèses communes à Harrod-Domar
c) Apport de E. Domar : les 2 effets du revenu
d) La conception harrodienne : la croissance sur le « fil du rasoir »
2) La réponse néo-classique : le modèle de Robert Solow
a) Objectifs
b) Hypothèses
c) Modèle de croissance équilibrée : théorie de la règle d’or
3) Croissance et répartition : les néo-cambridgiens : (post keynésiens)
a) Le modèle de Kaldor : l’ajustement par l’épargne
b) J. Robinson et la double liaison : taux de profit et accumulation du capital
c) Pasinetti et le rôle stratégique des capitalistes dans la croissance
d) une contribution originale : la croissance cyclique de Goodwin
B) L’invalidité empirique : le résidu :
C) Les nouvelles théories de la croissance :
1) Les théories de la croissance endogène
b) croissance endogène versus croissance exogène
c) Les nouvelles sources de la croissance
d) Réhabilitation du rôle de l’Etat
2) L’approche régulationniste
3) L’évolutionnisme
Conclusion : les 30 Glorieuses : 1 parenthèse dans l’histoire ? (en classe)
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CHAPITRE 1 LA CROISSANCE DES 30 GLORIEUSES
Jean FOURASTIE : « les 30 Glorieuses : la révolution silencieuse de 1945 à 1975 » (1979) est à
l’origine de l’expression « 30 Glorieuses ». Expression construite par analogie aux « 3 Glorieuses » de
juillet 1830 qui avaient renversé la monarchie de Charles X. Elle désigne les 3 décennies (1945-1973)
qui ont suivi la 2d GM. En fait, le début de l’âge d’or date non pas de 1945, mais de 1950.
A. MADDISON : « Les phases du développement capitaliste » (1981) : « l’âge d’or du capitalisme ».
Période souvent qualifiée de parenthèse dans l’évolution à long terme.
Bien que les pays socialistes et les pays du 1/3 Monde aient connu des progrès, sur la période, cette
croissance est centrée sur l’Europe (sauf Grande-Bretagne), le Japon, et, à 1 moindre degré les USA.
Hormis les USA, les pays européens ne sont pas encore entrés en 1945, dans l’ère de la consommation
de masse. Pourtant, au début des 1950’s, le terme croissance surgit du vocabulaire économique.
Croissance exceptionnelle, laissant supposé que le problème des fluctuations longues était résolu.
Ainsi, à la fin des 1960’s, J. LECAILLON : « il existe encore des fluctuations, mais elles n’ont + ni la
régularité ni l’ampleur qu’elles avaient autrefois… 1 crise majeure du type de 1929 est aujourd’hui
impensable ». Quels sont les ressorts de cette croissance ?
Cette croissance a cependant généré des tensions : par exemple sur le marché du travail : pénurie de
main-d’œuvre, l’inflation rampante qui caractérise la période ; tensions nécessitant 1 intervention de +
en + importante de l’Etat (politiques conjoncturelles et structurelles)
Enfin, la croissance s’accompagne de mutations sectorielles : montée du secteur tertiaire, déclin relatif
du secteur agricole, mouvement de concentration industrielle, phénomène qui s’accompagne d’1
profonde transformation de la structure sociale tendant vers 1 « moyennisation » du corps social
(chapitre sur le social après le Concours blanc).
I) Le nouvel élan de la croissance :
A) Un dynamisme sans précédent : 1 croissance longue sans crise majeure :
1950’s et 1960’s : place exceptionnelle dans l’histoire de la croissance des économies occidentales,
pour au – 3 raisons :
* l’accélération de la croissance
* sa régularité
* le maintien d’1 situation proche du plein-emploi
1) L’accélération de la croissance :
La croissance de la période 1950-1970 surclasse les rythmes de croissance des années précédentes, en
terme de PIB (5%/an/moyenne) ou de PIB/tête. A. MADDISON : 3.8%/an entre 1950 et 1973 pour
les pays de l’OCDE
- accélération générale au sein des principales économies occidentales :
Au 19ème, 2%/an/moyenne
1870-1913 : 2.5%/an
1913-1950 : 1.9%/an
1950-1970 : 4.9%/an
- Mais croissance d’ampleur inégale entre les pays : hiérarchie suivante :
* croissance modérée des USA (3.6%/an)
* croissance faible de la Grande-Bretagne (2.5%/an)
* croissance forte des pays de l’Europe continentale : France : 5%/an ; RFA : 6%/an
* croissance exceptionnelle du Japon : (9%/an)
Cette inégalité se reflète également au niveau des rythmes de gains de productivité, mesurés ici par le
PIB/tête : les gains de productivité sont 2 fois + élevés en France, Italie, Allemagne qu’aux USA ou en
G-B, et 3 fois + au Japon.
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La croissance du PIB américain a rejoint seulement vers 1960’s le record historique établi à la fin du
19ème. Mais en termes de productivité, la performance de 1950-73 dépasse nettement celle de 18701913.
La G-B, « lanterne rouge » de la croissance européenne, en perte de vitesse relative jusqu’aux 1970’s,
mais ses taux de croissance sont très > à ceux du 19ème.
La performance du Japon apparaît comme 1 cas extrême de « rattrapage réussi», mais non comme 1
« miracle » isolé, car la croissance touche aussi d’autres économies : Espagne (6% à partir des 1950’s),
Autriche, Finlande …
Conséquence de cette évolution différenciée des taux de croissance : la modification du poids relatif
des différents pays par 1 phénomène de rattrapage entre pays suiveurs et pays leader (USA). Le Japon
devient le « 3ème grand » (R. GUILLAIN), après les USA et l’Allemagne.
- Croissance d’ampleur inégale aussi sur la période des 30 Glorieuses :
1 périodisation + fine fait apparaître 3 phases distinctes :
* 1945-début des années 50 : croissance fondée sur les impératifs de la reconstruction, forte, mais
instable et portée par le soutien des USA
* 1955-1967-68 : stabilisation de la croissance à 1 haut niveau et reposant sur les propres forces des
économies (consommation intérieure et exportations)
* à partir de la fin des 1960’s : les disparités se creusent dans 1 environnement dégradé. La croissance
de certains pays tend à fléchir (USA, GB) ou à se stabiliser (RFA), alors qu’en France et Japon, elle
se maintient à de très hauts niveaux : +6%/an en France, mais au prix d’1 inflation + forte.
La croissance de la France : exemple d’1croissance en voie d’accélération continue sur l’ensemble de
la période, et qui culmine à 5.9%/an de 1968 à 1973 ; Allemagne : 5%.
- Croissance d’ampleur inégale sur le territoire national :
Jean-François GRAVIER : « Paris et le désert français » (1947) : le titre est évocateur du déséquilibre
Paris et province. Paris culmine tous les avantages : 17% de la population mais ¼ du produit national
et du revenu disponible, les salaires > 30% à la moyenne nationale ; la ½ des sièges sociaux ;
domination tertiaire, culturelle, politique, touristique ; suprématie industrielle : industrie automobile :
2 voitures/3 fabriquées entre Boulogne et le Quai de Javel …..Hypertrophie parisienne versus 1
province anémiée.
Les enjeux de la grande expansion sont réels.
° Economiquement, la croissance s’identifie à 1 amélioration du niveau de vie, sans précédent
historique. «Relèvement de la norme de consommation » pour l’Ecole de la régulation, qui met
l’accent ainsi sur 1 sorte de contrainte sociale à consommer. De fait, le salaire enregistre 1
augmentation à LT sans précédent. En 1 génération, le pouvoir d’achat du revenu moyen, en France a
triplé, selon les chiffres de J. FOURASTIE, soit la progression globale enregistrée du début du 19ème
aux années 1930.
D’où 1 bouleversement des structures de consommation. (cf. II)
* Le poids des dépenses alimentaires au sein de la consommation totale, encore prépondérante vers
1945, diminue : son coefficient budgétaire : 1949 en France : 44.2% ; en 1974 : 25.9%.
* Généralisation de l’automobile individuelle (1946 : 1 voiture/40 habitants, 1975 : 1/3), des biens
d’équipement durables : trilogie : téléviseur, réfrigérateur, machine à laver : symboles de la « société
de consommation » triomphante.
° Socialement, la croissance bouleverse les équilibres traditionnels.
* Le « fétichisme » du taux de croissance fut reproché aux gouvernements : « on ne tombe pas
amoureux d’1 taux de croissance » (Mai 68). Car la croissance des 30 Glorieuses perpétue les
inégalités (cf. chap. sur la répartition) et porte aux conflits sociaux, reproduit les frustrations, et suscite
de nouveaux déséquilibres.
* Elle s’accompagne de tensions sociales permanentes dont le signe le + visible est l’inflation
continue.
* De +, des problèmes longtemps négligés (nuisances, dégradation de l’environnement) font irruption
vers la fin 1960’s (cf. Club de Rome)
* le mouvement d’urbanisation, la résorption du secteur agricole connaissent 1 accélération sans
précédent.
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2) Régularité de la croissance
Trait original de la croissance des 30 Glorieuses. Les fluctuations ne sont pas totalement éliminées,
mais le rythme traditionnel du « cycle de Juglar, marqué par 1 chute de l’activité tous les 10 ans
environ, fait place à 1 « cycle de croissance », + atténué, ponctué de simples récessions ». Les
récessions d’après-guerre se distinguent des crises ou dépressions du passé, d’abord par leur brièveté
(la durée de la phase de contraction se mesure en mois ou en trimestres, et non + en années), puis par
leur faible intensité surtout : le creux du cycle correspond le + souvent à 1 simple fléchissement du
taux de croissance, et non à 1 baisse absolue de la production.
Victor ZARNOWITZ a montré qu’après 1945, les fluctuations changeaient de nature : elles étaient –
volatiles, avec des phases d’expansion systématiquement + longues et des périodes de contraction +
courtes et – nombreuses qu’auparavant.
Ainsi, la tendance de longue période à 1 aggravation des crises capitalistes, qui semblait se dessiner
pendant l’entre-2 guerres (crises de 1921, 1929) est complètement inversée. Certes, les USA
connaissent toujours des récessions 1 peu + sévères que l’Europe (diminution absolue du PIB de
l’ordre de 1 ou 2 point de % en 1954 et en 1958), mais, le cas ne se reproduira + jusqu’aux années
1970. Et les fluctuations de l’économie dominante affectent toujours la conjoncture de leurs
partenaires. Mais l’impact des récessions américaines reste néanmoins très atténué. Ainsi, pour
l’ensemble des pays européens de l’OCDE, le taux de croissance annuel de leur PIB global reste
toujours >0. Il ne fléchit jamais à – de 2% au cours des années 1960-70. La croissance française des
1960’s est d’1 régularité exemplaire : + 4% pour la + mauvaise année : 1968.
En GB, et en Allemagne, les à-coups de la politique économique se traduisent parfois par 1 coup
d’arrêt brutal, mais bref. Quant à l’économie japonaise, son cycle de croissance est parcouru de
fluctuations prononcées, mais, même pour les années de « + forte récession » (1958 ; 1965 ; 1971), le
taux de croissance dépasse toujours 5%. L’annonce d’1 fin prochaine du « miracle japonais » est
toujours démentie.
D’1 façon générale, la faible durée et la faible amplitude des récessions contribuent directement à
expliquer la croissance record des économies capitalistes sur l’ensemble de la période. Les récessions
n’ont qu’1 faible impact sur la croissance.
3) 1 croissance proche du plein-emploi
Contraste avec la phase antérieure de la croissance capitaliste. L’entre-2-guerres avait connu des
pointes de chômage massif, d’1 gravité sans précédent ; et la persistance d’ 1 volant de chômage
permanent, qui se maintient même dans l’intervalle des « crises ».
L’après-guerre : double renversement de tendance par rapport aux 1930’s.
* objectif prioritaire de maintien du plein-emploi a été réalisé dans l’ensemble au sein des pays
industrialisés. G.POMPIDOU : « mieux vaut l’inflation que le chômage ». Donc l’inflation est 1 risque
assumé. Déjà chez Keynes : l’inflation naît aux abords du plein-emploi. Et la courbe de PHILLIPS
révélait l’arbitrage inflation – chômage. (cf. chapitres antérieurs)
* même en phase de récession, le chômage de pointe reste sans commune mesure avec les taux
maximaux enregistrés en 1932, dans les grands pays industrialisés ; et sont < aux taux moyens de
l’entre-2-guerres.
Les 1960’s sont + favorables que les 1950’s. Même aux USA où l’amélioration a été – nette et +
tardive, le taux de chômage passe en 1964, au-dessous de 5%, et la moyenne des années 1965-1969 :
3.8% est la + faible enregistrée depuis l’immédiat après-guerre. Seule la G-B est l’exception notable.
Ainsi, il n’existe aucune incompatibilité entre l’accélération des gains de productivité et le maintien du
plein-emploi. Les pays où les gains de productivité et la croissance économique furent les + élevés,
sont aussi ceux ayant l’évolution la + favorable en matière d’emploi. Cas de l’Allemagne est
significatif : problème du chômage est posé avec acuité, du fait de l’afflux des réfugiés de l’Est. Mais
après avoir augmenté jusqu’en 1950, le nombre de chômeurs s’est résorbé, avec le relèvement
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progressif de l’économie allemande. Taux de chômage < 1% durant les 1960’s, cad le minimum
incompressible de chômage « frictionnel ».
De même, la France parvient à absorber, vers 1962, sans trop de difficulté, 1 million de rapatriés
d’Afrique du Nord. Or en 1965, taux de chômage le + faible en France.
Ainsi, le taux de croissance effectif du PNB, en situation de quasi plein-emploi tend à se confondre
avec la croissance potentielle, cad le produit maximal réalisable en fonction des dotations factorielles
et des conditions technologiques.
Aussi, expliquer la croissance consiste tout d’abord à évaluer la contribution des différents facteurs :
travail, capital et progrès technique, qui détermine l’offre globale dans 1 économie de plein emploi. Il
restera à compléter cette approche quantitative des facteurs de l’offre par 1 analyse + fondamentale
des mutations d’après-guerre, intervenant aussi bien du côté de la demande que de l’offre globale, qui
ont permis aux économies d’accéder à 1 nouveau régime de croissance et de s’y maintenir
durablement.
B) Croissance à l’origine de mutations structurelles :
1) Les déformations sectorielles conduisent à la tertiairisation
croissante des économies.
La tertiairisation désigne la croissance des activités tertiaires dans 1 économie au détriment des
activités primaires et secondaires. Elle se mesure par la montée de la part des emplois tertiaires au
détriment des emplois primaires et secondaires, ou dans le PIB d’1 pays.
J. FOURASTIE soulevait en 1963 le paradoxe suivant : « Rien ne sera – industriel que le genre de vie
né de la civilisation industrielle »
Tous les PDEM connaissent un processus de tertiairisation depuis le début du 20ème siècle et qui
s’accélère au cours des 30 Glorieuses. Et la tendance s’accentue après les 1980’s. Cependant, la
croissance du tertiaire ne s’est pas faite partout à la même vitesse et de la même façon.
a) La tertiarisation en tant que phénomène global
* La part du secteur secondaire dans l’emploi progresse peu. (cf. stat à la fin du poly)
* La part du primaire diminue
* La part du tertiaire croît.
Depuis les 1960’s, le secteur tertiaire est aussi, dans tous les PDEM, + important que le 2aire
Raisons :
- La dynamique des services est liée à l’évolution de la demande des ménages (cf. cours sur la
consommation):
* lois d’ENGEL : à mesure que le revenu augmente, la structure de la consommation se
transforme et le coefficient budgétaire des services augmente. Les services sont des « biens
supérieurs ».
* hausse des consommations collectives (santé, éducation….), donc socialisation croissance
de certaines activités prises en charge par la collectivité. Loi de WAGNER.
* Les transformations structurelles des sociétés développées telles que l’urbanisation, le
vieillissement ou la montée des classes moyennes induisent 1 demande croissante de services tels que
les transports, l’éducation, la santé….
* la consommation de biens durables génère elle-même 1 importante consommation de
services rattachés (automobiles ; assurance, tourisme…)
- Mais aussi à celle des entreprises :
* Processus d’externalisation des services des entreprises : nettoyage, comptabilité,
recrutement, publicité, conseils, études… Au lieu de produire elles-mêmes des services, les entreprises
industrielles les achètent à des entreprises spécialisées. La tertiairisation est alors en trompe l’œil ou
est 1 effet d’optique car les emplois perdus par l’industrie sont des « services rendus aux entreprises ».
* Mais la demande des entreprises tient aussi à 1 croissance « nette » de « nouveaux services
supérieurs », rendus nécessaires par la création de nouveaux marchés (recherche-développement,
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publicité, design), la complexification institutionnelle (rapports avec la clientèle, règles juridiques et
fiscales) et la gestion des risques (expertise, couverture financière)
Ainsi, la complexité et la concentration des entreprises nécessitent 1 important appareil
d’encadrement, de gestion.
- Enfin, les faibles gains du secteur tertiaire (difficilement mesurable, puisqu’il s’agit d’activités
relationnelles, personnalisées) conduisent à une croissance nécessairement extensive du secteur, dont
l’emploi féminin en a été bénéficiaire, notamment à partir du milieu 1960’s. Le secteur 3aire est le « +
riche en emplois ».
Conséquences :
° Relation de FOURASTIE et processus de déversement des emplois (A. SAUVY) (cf. le
thème « croissance et emploi »). D’où la tertiarisation des emplois.
L’étude des CSP permet de dégager de grandes tendances :
- le déclin des agriculteurs, + précisément des salariés agricoles. Henry MENDRAS : « La fin des
paysans » ;
- la domination numérique des catégories ouvrières, mais qui connaissent 1 repli à partir des 1970’s,
- l’essor rapide des employés, professions intermédiaires et d’encadrement : lié au développement des
grandes entreprises et du secteur public
- la salarisation de la population active atteint 1 taux de 85% à la fin 1960’s, marquant le déclin des
professions indépendantes et des agriculteurs.
- la montée du taux d’activité féminine : liée notamment à la hausse des catégories employés et
professions intermédiaires et ouvrières.
Ces tendances induisent 1 débat sur l’expansion des classes moyennes dans les sociétés occidentales
(cf. chap. social).
° En outre, la faible croissance de la productivité explique aussi la part croissance des services
dans le PIB. Alors que les activités où la productivité est élevée voient leurs prix relatifs et leur part
dans la valeur ajoutée globale diminuer, malgré 1 croissance en volume parfois supérieure à celle des
services (automobile….), la faible productivité des services explique que leurs prix relatifs
augmentent. Les services sont ainsi la seule activité dont les prix augmentent + vite que l’indice des
prix à la consommation. Cette déformation des prix relatifs explique en partie la croissance de la part
de la VA produite par les services.
Le processus de tertiairisation initie 1 débat théorique quant à l’avenir du 3aire.
*Daniel BELL au début des 1970’s et Alain TOURAINE considéraient que les sociétés allaient vers 1
société « post-industrielle ». E. TODD : « contre-révolution industrielle ».
Daniel BELL : « vers 1 société post-industrielle » (1973) : cette société comporte 3 dimensions : le
passage d’1 société de biens à 1 société de services ; le développement d’1 vaste classe de cadres et de
techniciens ; l’importance de la connaissance théorique comme source d’innovation de l’économie.
La croissance des emplois tertiaires résulte de 2 tendances : la hausse du revenu : la demande se
déplace vers les services : lois d’ENGEL ; la productivité augmente + vite dans l’industrie.
Conséquences :
- hausse des qualifications
- la structure de classes change : recul de la question ouvrière, essor des cols blancs diplômés
- le système des valeurs aussi : recul de l’industrialisation, le rendement s’efface au profit de l’intérêt
général, la liberté et la réalisation de soi.
Dans le modèle de BAUMOL, le 3aire doit croître de façon asymptotique jusqu’à occuper tous les
emplois, et, cette expansion doit se faire au détriment de la productivité. La croissance étant alors
déséquilibrée. En effet, BAUMOL distingue 2 secteurs, en se fondant sur la structure technologique
des activités :
° le 1er regroupe les activités dans lesquelles la productivité est stationnaire : services : « secteur non
progressif »
° Le 2d, les activités où la productivité horaire du travail progresse du fait du progrès technique :
industrie. « Secteur progressif »
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De +, la demande des services se caractérise par 1 faible élasticité par rapport aux prix et 1 forte
élasticité par rapport au revenu. Il en résulte que le 3aire a tendance à absorber l’intégralité des actifs
employés, et que les prix relatifs des services augmentent.
Pour BAUMOL, 1 économie tertiairisée se dirige vers 1 état stationnaire, le taux de croissance se
fixant sur celui de la population active.
* La tertiairisation comme phénomène provisoire : l’économie du self-service de J. GERSHUNY :
La nouvelle microéconomie du consommateur et les travaux de GERSHUNY apparaissent comme 1
contestation radicale des projections de D. BELL
- Kevin LANCASTER a proposé 1 nouvelle approche de la théorie du consommateur faisant de ce
dernier 1 « producteur final « de ses satisfactions, 1 agent actif qui maximise 1 fonction d’utilité sous
2 contraintes : 1 contrainte de budget et 1 contrainte temporelle. Son choix ne porte pas directement
sur les biens ou services, mais, sur les fonctions remplies, dans la satisfaction des besoins, par ces
biens et services assimilés à des inputs. Il est dès lors doté d’1 fonction de production dont les inputs
sont des achats de biens et services marchands mais aussi le temps personnel dont il dispose. Au final,
les services ne satisfont en aucune manière des besoins définis qualifiés de « supérieurs », mais les
biens durables,biens non durables, services sont des ensembles hétérogènes et mouvants du point de
vue fonctionnel et représentent plutôt des moyens alternatifs de produire des satisfactions variées que
recherchent les ménages.
- A partir de là, GERSHUNY prédit que la tertiairisation trouvera en elle-même ses propres limites.
La tertiairisation résulte d’1 choix momentané des consommateurs en faveur d’1 satisfaction de
certaines fonctions (comme la fonction « culture, spectacles »), par le recours aux services
marchands d’abord produits à petite échelle. Pourtant la croissance de la demande accroît le
recours au self-service comme modalité alternative à l’achat de services marchands :
° d’1 part car les entreprises sont incitées à innover afin de fournir des biens utilisés dans la
sphère domestique pour auto-produire les satisfactions,
° d’autre part, car les économies d’échelle sont obtenues dans la production de biens (en non
des services), d’où 1 baisse de leur prix relatif, d’où 1 incitation à consommer les biens manufacturés.
Expl : le choix entre le pressing ou la machine à laver.
° enfin le coût des services extérieurs s’envole avec les salaires
Mais l’emploi des services devrait continuer son essor : car la part des services à l’industrie est élevée
et croissante ; et, la croissance des emplois du fait d’1 productivité relative +f faible.
b) La tertiairisation en tant que processus différencié :
* Le rythme et la vigueur de la tertiairisation diffèrent d’1 pays à l’autre :
- le 3aire devient prééminent sur le 2aire dès la fin du 19ème aux USA, dès la 1ère Guerre mondiale en
Grande-Bretagne et au Japon, mais entre les 2 Guerres seulement en France, et uniquement dans les
1960’s pour l’Allemagne.
- le recul de la part de l’emploi industriel se produit dès les 1950’s aux USA et en Grande-Bretagne,
dans les 1970’s en France, en Allemagne et au Japon.
* Ces différences s’expliquent par des spécialisations différentes des appareils productifs.
- La spécialisation vers des activités 3aires est ancienne en Grande-Bretagne : choix de la finance au
détriment de l’industrie, notamment à partir de 1925 (rétablissement de la livre à sa parité-or d’avantguerre, qui marque la fin de l’atelier du monde au profit des activités financières.
- Inversement, l’Allemagne et le Japon se spécialisèrent dans des activités industrielles.
2) La concentration des entreprises :
La concentration représente 1 moyen d’évitement du marché, cad de la logique du marché, pour les
entreprises. Ainsi, Ronald COASE considère que le marché présente des coûts de fonctionnement ou
coûts de transactions : coûts de négociation des contrats, risques et incertitudes liés au respect des
clauses du contrat…L’internalisation représente 1 tentative d’échapper aux coûts et risques du marché.
Ainsi, la concentration verticale est 1 manière de s’assurer de la régularité et de la qualité de
l’approvisionnement …
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Aussi, la période de l’après-guerre est marquée par 1 accélération de la concentration des entreprises.
Cas aux USA et en France.
° L’économie américaine présente 1 tissu extrêmement dense de PME, dont émergent quelques firmes
géantes. Le mouvement de concentration américain s’accélère au cours des 1960’s. De 1950 à 1968 :
« les 200 géants de l’industrie américaine ont englouti près de 2500 firmes, et, + du ¼ des 1000 +
grandes compagnies ont disparu » : J. SOPPELSA : « Les Etats-Unis »(1971). Et ceci en dépit des lois
antitrust.
La grande firme américaine est 1 entité de + en + mondiale. Puissante sur le sol américain, elle
s’épanouit à l’extérieur.
Rôle-clé joué par les firmes multinationales américaine (FMN) au cours de cette période. Les IDE
conduisant à l’installation des FMN de 1962 à 1969 auraient été * 2 : 1.6 milliard $ à 3 milliards $.
Mais les IDE ne sont pas la seule source révélant l’implantation des FMN. J-J SERVAN
SCHREIBER « Le défi américain » (1967) soutient la thèse suivante : en 1964, à concurrence de
9/10ème, les investissements américains réalisés en Europe sont financés au moyen des ressources
européennes : « nous les payons en quelque sorte pour qu’ils nous achètent », donc à partir des profits
réalisés en Europe, et des aides des Etats.
Les profits réalisés par les filiales étrangères des grandes entreprises américaines sont passés de 10%
de leurs profits totaux en 1950 à 25% en 1968. Ce qui reflète 1 effet de substitution ; la moindre
progression des exportations américaines est compensée par les activités des entreprises hors des USA.
2 types de filiales :
- filiales relais : implantées surtout en Europe afin de conquérir de nouveaux marchés
- filiales ateliers : délocalisant les unités de production, et, donnant naissance à 1 commerce dit
« internalisé » qui se développe surtout à partir des 70’s. Cad 1/3 environ des importations américaines
est constitué de produits américains fabriqués à l’extérieur du pays. La sortie des capitaux est telle que
le président JOHNSON, au milieu des 1960’s, invite les FMN à limiter leurs investissements à
l’étranger afin de freiner la crise du $.
° En France, le mouvement de concentration s’est fait progressivement :
* Des 1950’s au début des 1960’s : résistance des PME.
De 1945 à 1955, le rythme des créations d’entreprises est le triple de celui d’avant-guerre : 23 000
créations en moyenne dont 17 500 sont des SARL (statut créé au cours de l’entre-2-guerres). La taille
moyenne des entreprises augmente peu : 16 à 19 ouvriers par entreprise. Mais surtout le million
d’emplois créés sur la période est le fait pour ½ des établissements de taille moyenne. 200 000
uniquement pour les entreprises de + 500 salariés. Et surtout, les entreprises moyennes occupent le
créneau des secteurs en expansion rapide et accompagnent l’émergence de la société de consommation
/ Leclerc, Trigano, Bic, Moulinex. Les PME des 1950’s, sont les grandes entreprises dans
l’enfance, dans 1 économie en pleine mutation.
* Les 1960’s marquent 1 tournant : la concentration s’impose.
La grande dimension paraît constituer la riposte la mieux appropriée aux défis de l’ouverture de
l’économie française. D’où le recul des SARL dans les créations d’entreprises au profit des SA. La
grande entreprise, au début des 1970’s représente 40% de l’emploi, 55% de la valeur ajoutée, 60% de
l’investissement et 55% des exportations. En 1970, dans des secteurs clefs / le verre, l’automobile, les
4 1ères entreprises représentent 50% du marché en France.
Pourtant, leur taille ne leur assure pas 1 dimension mondiale puisque sur les 200 premières entreprises
mondiales, seules 20 sont françaises.
Cette logique de concentration débouche, par l’organisation de holdings, sur la constitution de
conglomérat. Expl : BSN-Gervais-Danone
Ces grandes entreprises sont souvent de nature familiale. Expl : Michelin, Peugeot. Capitalisme
familial, spécificité française.
Enfin, l’Etat fait de ces entreprises privées ou publiques, le relais de son action sociale, cad 1
laboratoire social, 1 collaborateur docile de sa politique de régulation conjoncturelle et 1 instrument de
sa politique structurelle. Le donnant-donnant colbertiste. La concentration s’est faite sous l’impulsion
de l’Etat (cf. III, B)
9
3) L’ère des managers après la 2de Guerre Mondiale.
Le développement des grands groupes conduit à 1 gestion des entreprises par des technocrates, des
managers, tenant leur pouvoir des propriétaires : les actionnaires.
CHANDLER, BERLE et MEANS estiment que le temps des entrepreneurs est révolu.
BERLE et MEANS, « The moderne corporation dans private property » (1932) analysent le contrôle
au sein des entreprises, cad la part du capital détenue par le principal actionnaire. Le contrôle interne
est prédominant cad la situation dans laquelle aucun actionnaire ne possède + de 5% du capital. Cas de
88 des 200 1ères firmes américaines. Ce fractionnement du capital permet alors aux directeurs
d’exercer la réalité du pouvoir de décision. Le collectif des actionnaires, émietté, maîtrisant mal
l’information, devient « 1 monarque constitutionnel qui règne mais ne gouverne pas ».
La firme managériale se définit ainsi comme 1 dégradation des droits de propriété. Ceux-ci sont les
relations codifiées entre les hommes quant à l’usage des choses. 2 relations sont nécessaires pour que
les droits de propriétés soient complets :
- l’exclusivité : l’individu propriétaire en contrôle strictement l’usage
- la transférabilité : l’individu propriétaire peut le céder sur 1 marché
La révolution managériale altère le 1er de ces droits.
J.K.GALBRAITH : « Le nouvel état industriel » (1967) : après la terre et le capital, c’est la matière
grise qui est le fondement du pouvoir dans l’entreprise. Celui-ci s’exprime à travers la
technostructure, qui éclipse l’entrepreneur propriétaire. Celle-ci n’est pas seulement le groupe > de la
technocratie, mais l’ensemble des groupes qui participent au processus de décision. Déclin du
capitalisme familial : la complexification de la gestion des organisations exige des spécialistes. En
effet, ce rôle croissant des managers est lié à la mutation technologique des entreprises. La
possession du capital ne donne qu’1 contrôle formel, la décision réelle n’appartient pas aux
propriétaires. De +, selon GALBRAITH, le fractionnement et l’émiettement du capital dus aux
règles de succession et de partage des héritages expliquent cette révolution managériale.
La stratégie de la technostructure est différente : assurer la sécurité de l’avenir de la firme. D’où 1
politique sociale très conciliante en matière salariale, attitude non exempte de préoccupations fordistes
(élargir les marchés), d’autant + que c’est – le prix que la nouveauté des produits qui assure les parts
de marché (concurrence imparfaite).
La thèse de GALBRAITH présente aussi une certaine image du capitalisme : le système managérial
du nouvel Etat industriel serait caractéristique d’1 société très évoluée de classes moyennes salariées
où les managers seraient seulement représentatifs d’une « Upper middle class ».
Conséquences :
- Les méthodes de gestion se modernisent. Ainsi, l’ancienne organisation fonctionnelle de la firme,
héritée des méthodes des travaux de Henry FAYOL (1861-1925), fondée sur l’autorité hiérarchique et
l’unicité du commandement, impliquant 1 contrôle administratif centralisé, est remplacée par 1
approche systémique de la firme. Celle-ci est considérée comme 1 entité formée d’éléments
indépendants et inscrite au sein d’1 environnement économique, social et culturel.
- au niveau de l’efficacité de la firme : Les partisans de la révolution managériale insistent sur la +
grande efficacité d’entreprises gérées + scientifiquement (CHANDLER), et, soucieuses de la durée de
la firme sur le long terme, et non des perspectives immédiates de profit à court terme (GALBRAITH)
D’autres, au contraire, insistent sur la dégradation des droits de propriété, mettant l’accent sur
l’inefficience X, ou, perte d’efficacité difficilement mesurable, d’où l’inconnue X, selon l’expression
de Harvey LIEBENSTEIN, les managers bénéficiant de budgets discrétionnaires.
Rappel : JA SCHUMPETER : la bureaucratisation des firmes risque d’étouffer l’innovation.
- au niveau des classes dirigeantes, James BURNHAM : « L’ère des managers » (1941) cette époque
représente la transition entre le régime capitaliste et le régime « directorial ». Cependant, cette thèse
est à nuancer : le recrutement des élites, ses modes de sélection et de légitimation ont changé, mais
leur reproduction est toujours massive.
Conclusion : nouvelle forme de capitalisme :
Capitalisme extensif (19ème)
Capitalisme intensif (20ème )
10
Prédominance de facteurs extensifs.
Régulation concurrentielle par les prix.
Entreprises de taille réduite.
Consommation réduite.
Rôle limité de l’Etat
Luttes sociales.
Facteurs intensifs. (PT, investissement)
Régulation monopolistique par les gains de
productivité.
Firmes multinationales.
Consommation de masse.
Etat interventionniste.
Climat social apaisé, contractualisme.
Cependant, la pratique du capitalisme montre que les pays capitalistes n’ont pas suivi les mêmes
modèles : 3 modèles (cf. chap. sur le capitalisme):
- le modèle anglo-saxon : où les marchés financiers sont dominants dans le financement et
l’évaluation des performances des firmes, l’actionnaire privilégié dans la rentabilité du capital. L’OPA
est considérée comme normale et reflète la possibilité de sanction des managers.
- le modèle allemand-japonais : dans lequel l’entreprise est privilégiée en tant qu’institution. On
favorise sa durée et sa compétitivité de long terme. Les marchés financiers sont tenus à distance : rôle
clé des banques et participations croisées.
- le modèle français : poids de l’Etat et importance de l’endettement. D’où l’expression « capitalisme
sans capitaux ». Le poids de la technocratie étatique issue du réseau des grandes écoles
(Polytechnique, ENA) y et très fort.
II) ….Croissance dont les moteurs s’avèrent particulièrement complexes :
A) Les facteurs primaires de la croissance révèlent une croissance intensive:
L’analyse économique décrit la croissance économique comme la fonction de 2 variables : travail et
capital et d’1 facteur résiduel : le progrès technique ; l’étude des déterminants de la croissance au
cours des 30 Glorieuses confirme cette formalisation en soulignant la complexité du phénomène.
1) Le travail :
* Approche quantitative :
L’augmentation de la population active ne peut rendre compte à elle seule de la croissance. En effet,
les effets du Baby-boom ne se font sentir dans toute l’OCDE qu’à partir du milieu des 60’s. De + et
surtout, la progression de la population active est partout inférieure au rythme de croissance du PIB, et
même à celui de la population totale, donc le taux d’activité a diminué
Et pour 1 pays tel que la France, de la Libération au début des 1960’s : la situation démographique a
été défavorable à la croissance. En effet, alors que le pays croule sous les classes d’âge improductives
(jeunes enfants du baby-boom, retraités de + en + nombreux en raison de l’allongement de l’espérance
de vie), il manque cruellement d’adultes de 25-55ans, en raison de l’arrivée à l’âge adulte des « classes
creuses » de l’entre-2-guerres. La population active française est en quasi-stagnation jusqu’en 1962,
dans la continuité de la tendance observée dans les 1920’s. La population active se maintient autour
de 18.5 à 20 millions d’actifs. En outre, le taux d’activité chute : 51% en 1920, 41% en 1968. Enfin la
structure par sexe montre 1 baisse de l’activité féminine des 20’s au milieu des 60’s.
D’où 1 tension sur le marché du travail, difficilement corrigée par 1 recours massif à l‘immigration et
au travail des femmes, et qui se traduit par 1 propension à l‘inflation + forte qu’en RFA.
Ce n’est qu’à partir de 1962-63 : retour des rapatriés d’Algérie et de l’arrivée à l’âge adulte des 1ères
classes du Baby-boom ; et à partir du milieu 60’s : 1 véritable explosion du taux d‘activité féminin,
que l’augmentation de la population active joue 1 rôle positif dans la croissance économique.
Place décisive de l’immigration dans la contribution à la croissance : 1946 : 1.7 million d’étrangers
dans la population française (1.7%) ; 1975 : 3.4 (6.5%). Portugais et Algériens constituent les gros
contingents des étrangers dans les 1960’s : Besoin d’1 main-d’œuvre non qualifiée.
Jusqu’à la crise, la présence étrangère est vécue comme 1 facteur de développement, et non un poids,
d’autant + que les étrangers s’insèrent assez bien dans la population française, même si leur place dans
les grands ensembles commence à créer des risques de ghettoïsation.
11
* Approche qualitative : Dans tous les pays : amélioration de la formation professionnelle par
l’allongement de la scolarité. Ainsi, en France : âge de la scolarité obligatoire, établi à 14 ans par le
Front populaire, est porté à 16 ans en 1959. Le nombre d’étudiants progresse de 100 000 en 1950 à
800 000 en 1968. Formation de capital humain.
Les travaux de MADDISON et DENISON et de CARRE, DUBOIS et MALINVAUD, s’accordent à
reconnaître la baisse relative du facteur travail comme fondement de la croissance. Si celui-ci pouvait
expliquer le 1/3 de la croissance au 19ème, il ne rend + compte que de 10% de celle du 20ème. Et
l’essentiel de cet apport est le fruit de l’amélioration de la formation de la main-d’œuvre et non de son
augmentation quantitative.
(cf. chapitre sur la croissance et IV)
2) Le capital :
Si le facteur travail joue 1 rôle moindre, c’est différent pour le capital (K). Résultat de l’effort
d’investissement. Pour les pays de l’OCDE, la croissance moyenne de l’investissement, de 1950 à
1973, est de 7%/an, avec 1 record de 16% pour le Japon. En France, la taux d’investissement : 20%
dans 1950’s, 23.5% 1960’s, 25% en 1974. Ainsi, l’investissement devient 1 des moteurs de la
croissance d’après-guerre.
Cet investissement n’aurait pas été possible sans la mobilisation forte de l’épargne nationale et surtout
sans 1 abondance de $, conséquence de la leçon du « $ gap ».
La hausse de l’investissement touche tous les aspects du capital :
* montée de l’investissement en logements
* hausse des capacités de production,
* hausse de la productivité et incorporation du progrès technique. L’ampleur de l’effort de recherche
est nette aux USA ;
* En outre, les performances des entreprises ont été améliorées grâce à l’introduction des méthodes de
gestion américaines. Les flux d’IDE ont joué 1 rôle important dans la diffusion du progrès technique et
dans la réduction de l’écart technologique entre l’Europe, le Japon, et les USA. Durant les 1960’,s les
USA investissent massivement en Europe où la demande de biens de haute technologie et où les
salaires et les gains de productivité sont + favorables qu’aux USA.
L’Ecole de la Régulation voit dans le progrès de l’investissement (accumulation intensive du capital)
l’indice d’1 mutation du capitalisme lui-même. Le capitalisme du 19ème était fondé sur 1 croissance
« extensive », par augmentation de la population active, et des capacités de production de biens
d’équipement. Le capitalisme des 30 Glorieuses est intensif, établi par la recherche constante des gains
de productivité et l’élargissement du marché par la consommation de masse.
Conséquences :
L’amélioration de la productivité est d’autant + remarquable qu’elle est concomitante de la baisse de
la durée du travail : d’où 1 croissance de la productivité horaire du travail > à celle de la
productivité/actif.
* expl de l’industrie américaine : gains de productivité : entre 2.5% et 3%
* en France, la baisse de la durée moyenne annuelle du travail a été lente jusqu’aux 1960’s
correspondant à l’allongement des congés annuels, alors que les horaires hebdomadaires restent élevés
vers 1965. Mais elle est considérable : 2100 heures de travail/an en 1946 à 1850 en 1975.
L’allègement du temps de travail : 1 des principaux dividendes de la croissance, en même temps qu’1
forte incitation à renforcer les gains de productivité.
* De +, depuis 1945, l’effort systématique de productivité s’étend à tous les secteurs de l’économie (et
non + aux seules branches motrices de l’industrie).
Ainsi, dans l’agriculture : en France, les rendements moyens en blé à l’hectare ont triplé de 1945-49 à
1970-74, d’après J. FOURASTIE. Vrai pour l’ensemble des pays de l’OCDE : « industrialisation »
progressive de l’agriculture : d’où 1 productivité du travail + rapide à 5.8%/an de 1950 à 1970 que
dans l’industrie : 5.2%. De pareils gains de productivité dans 1 secteur défavorisé par l’orientation de
12
la demande (en vertu des lois d’Engel : les produits agricoles sont des biens inférieurs, d’où la faible
élasticité de la demande au revenu : <1) conduisent, en conformité avec l’équation de FOURASTIE, à
1 baisse absolue de l’emploi total du secteur.
Au contraire de l’industrie : création nette d’emplois. Cas notamment des industries exportatrices. Les
exportations des pays industrialisés qui avaient chuté de 1913 à 1938, s’accroissent : entre 1970-73 :
+8.6%/an, en volume. Leur dynamisme fut remarquable.
Dans l’analyse de CARRE, DUBOIS et MALINVAUD, les facteurs primaires ne contribuent que pour
50% à la croissance économique, les 50% restants constituent le résidu. (cf. cours sur la croissance et
IV)
B) Les forces motrices de la croissance :
1) L’élan initial : le succès de la Reconstruction :
La rapidité du relèvement économique, dans les pays détruits, a dépassé les prévisions. En France, il
avait fallu 5 ans au –, après l’arrêt des combats pour dépasser, en 1924 le niveau de production de
1913. Le redressement d’après 1945 a permis de retrouver dès 1948 le niveau (médiocre certes) de
1938, et dès 1949, le maximum de 1929, et ceci alors que les destructions étaient + amples en 1945.
Raisons :
* Prise de conscience du retard accumulé depuis les années 1930, d’où la volonté d’y remédier
au + tôt. L’Etat a été le maître d’œuvre de la Reconstruction. Il fixe les priorités.
-Le Plan de modernisation et d’équipement ou Plan MONNET est adopté en 1946. Ses priorités :
remise en état des transports, desserrement des pénuries (dont le charbon). La croissance devient 1
objectif.
-1947 : l’accent est mis sur les investissements de modernisation et de développement des secteurs de
base : acier, raffinage du pétrole, équipement hydro-électrique, machines agricoles. Les industries de
biens de consommation et la reconstruction de logements sont reléguées au 2d plan.
- Nationalisations (sous l’impulsion de programme économique de CNR : Conseil National de la
Résistance : « retour à la nation des grands moyens de production monopolisés, fruits du travail
commun ») dans le secteur de la banque et des assurances, des transports (Air France), de l’énergie :
mines : Charbonnages de France, EDF-GDF est créé en 1946, regroupant 1100 sociétés, de la
sidérurgie (naissance en 1949 d’Usinor, et en 1950 Sidélor)
Pour Jean BOUVIER, l’investissement public est le « levier décisif » de la modernisation, par le biais
des investissements des entreprises nationalisées.
- les crédits publics du Fonds de modernisation et d’équipement bénéficient aux grandes sociétés
privées des secteurs de base, dont la sidérurgie.
* L’aide américaine contribue de façon décisive au financement public des investissements français et
d’autres pays alliés. La France ruinée par la guerre manquait de capitaux. De +, le déficit de sa
balance commerciale atteignait 3 milliards de $. Donc manque de devises pour financer ses
importations. Dès 1946, avant le lancement du Plan MARSHALL (1948-1952), la mise en application
du Plan français dépend directement des crédits américains. En juin 1947, le secrétaire d’Etat
américain Marshall proposa aux nations européennes 1 programme d’aide, accepté par tous les pays
d’Europe occidentale. Cette aide sous forme de dons principalement, complétés par des prêts sur 35
ans, permet aux pays européens d’importer des produits américains.
Répartition de l’aide Marshall : 12.8 milliards de $ : 24.9% pour la GB ; 21.2% pour la France ; 11.8%
pour l’Italie et 10.8% pour l’Allemagne…..
Cette aide a été 1 des conditions du relèvement économique des nations européennes. Elle permet aux
16 pays concernés d’acheter les matières 1ères, machines, principalement aux USA.
CHURCHILL : « acte le + désintéressé de l’histoire ». En fait, les intérêts américains étaient aussi
servis que ceux des européens à travers ce plan. Les USA deviennent le + important exportateur du
monde : avant : déficit de la balance commerciale : 3 milliards de $ ; 1947 : excédent de 7 milliards de
13
$, financé pour ½ par ces programmes d’aide économique, et pour l’autre moitié par la vente massive
d’or aux USA et la liquidation des avoirs à court terme.
Les USA deviennent le 1er importateur mondial à partir de 1958 : 12.9% des importations, et
exportateur mondial : 18.6% des exportations mondiales.
* Création, à la demande des USA, en 1948 de l’OECE : amorce la coopération entre les pays
d’Europe occidentale bénéficiaires de l’aide MARSHALL. La reconstruction s’inscrit ainsi dans 1
perspective de réouverture de l’économie nationale (intégration européenne et mondiale). Le Plan
français (reflet des idées de Jean MONNET) est tourné vers l’extérieur, la modernisation est conçue
comme le préalable à l’ouverture à la concurrence étrangère.
Le prestige du modèle américain est à son comble : aussi de 1949 à 1952, 267 « missions de
productivité », dont 211 aux USA, financées par les crédits du plan Marshall, permettent à 2610
patrons, ingénieurs, cadres français d’aller se familiariser sur place avec les méthodes de production et
gestion des entreprises de pointe.
* mais la reconstruction exigeait des sacrifices durables en termes de niveau de vie. D’où la nécessité
du soutien actif des syndicats ouvriers, et leur adhésion au Plan de MONNET : instrument de
consensus social. Ainsi, la semaine de 40 heures est rétablie dans son principe, mais, avec de larges
possibilités d’heures supplémentaires, d’où 1 allongement effectif de la durée du travail : + 46
heures/semaine. Recours aussi au recrutement de la main-d’œuvre étrangère : italiens, nord-africains.
Mais ce consensus est brisé à partir de 1947 : recrudescence de grèves. Alors que l’autofinancement
des entreprises dépasse, dès 1946, en valeur réelle, le niveau de 1938, le relèvement des salaires réels
accuse 1 net retard sur le redressement de la productivité et de la production
En 1949, prend fin le rationnement des biens de consommation, aussi les exigences d’amélioration du
niveau de vie sont appelées à jouer 1 rôle croissant.
Le patronat, de son côté, est impatient de voir se refermer la parenthèse du dirigisme de guerre.
Hostiles aux nationalisations, ils ont appréhendé le Plan. Mais l’application du plan Monnet leur
apporte des satisfactions : crédits aux investissements prioritaires, baisse des tarifs publics, et, donc
des coûts de production industriels, effet multiplicateur keynésien des investissements publics. D’où
les industriels s’engagent dans des politiques d’investissement et de modernisation, au fur et à mesure
que se confirment les anticipations de croissance. Le secteur privé est prêt à prendre le relais de l’Etat.
Donc « l’amorçage de la pompe » (ROOSEVELT, objectif des 1930’s), se concrétisait, en vue de la
croissance à long terme.
Vers 1949-1950, le succès de la reconstruction des économies occidentales semble acquis. Certes,
demeurent des séquelles physiques et financières, inflationnistes aussi, mais le volume du PIB de 1929
est dépassé en 1950 : sur 1 base 100 en 1929 : l’indice du PIB en 1950 : USA : 170 ; G-B : 144 ;
France : 115 ; Allemagne : 133 ; Japon 109.
De +, le redressement très rapide des exportations annonce que le dynamisme des échanges
internationaux va retrouver 1 rôle moteur dans la croissance économique.
En leur donnant les moyens d’importer les équipements et matières 1ères indispensables, les USA leur
ont permis de retrouver leur place dans les échanges internationaux. Vers 1949-50, après les années de
« $ gap », ces pays renouent avec le rééquilibre des comptes extérieurs.
En 1950, la G-B (2de puissance commerciale) retrouve tout juste son volume d’exportation de 1913,
la France de 1929, l’Allemagne et le Japon sont au-dessous du niveau de 1938.
La libéralisation des échanges, le rétablissement de la convertibilité des monnaies européennes vis-àvis du $ (consacrant le « retour à la normale », voulu par les américains) ne seront acquis qu’en 1958.
L’aide américaine, après avoir couvert le ¼ des importations de l’Europe occidentale, en 1947-49, ne
représente + que 9% en 1952, 4% en 1955. Donc elle se résorbe très rapidement, et n’a pas eu à se
pérenniser.
Conséquence directe de cette période de la reconstruction: l’ampleur des mesures prises à la libération
montre le passage d’1 « Etat circonscrit à 1 Etat inscrit » : R. ANDRE et C. DELORME : « L’Etat et
l’Economie » (1983) ; et la mise en place d’1 économie mixte.
Cette tendance allait perdurer, notamment en France.
14
2) Le mode de régulation fordiste
a) l’impulsion de l’Etat : 1 régulation keynésienne ?
Question : quel a été le rôle de l’Etat dans la grande expansion des années 1950-70 ? Etait-il appelé à
s’effacer graduellement, le dirigisme d’après-guerre perdant sa raison d’être avec la fin des pénuries.
Ou à conserver 1 rôle permanent de soutien de l’activité et de l’emploi, selon la vision keynésienne ?
Ou encore à assumer les fonctions de régulateur d’1 croissance dont le dynamisme reposait sur
l‘ouverture internationale et l’initiative privée pour l’essentiel ?
L’action de l’Etat, créditée d’1 rôle décisif dans la croissance d’après-guerre, demeure difficile à
apprécier équitablement. Attribuer à la « révolution keynésienne » le dynamisme nouveau des
économies occidentales après 1945 soulève des objections.
L’analyse de Keynes est axée sur les problèmes de relance à court terme d’1 économie de sous-emploi
(ou écart déflationniste), ou 1 excès d‘épargne sur l’investissement. Le risque chronique de sousemploi impose 1 soutien permanent de la demande globale par l’Etat, dans le cadre d’1 économie
nationale protégée, sinon fermée.
Les gouvernements d’après-guerre, pour leur part, ont à maintenir 1 croissance en économie ouverte,
qui a repris son élan pendant la phase de Reconstruction : loin de redouter 1 excès d’épargne, ils
s’attachent à dégager 1 flux d’épargne nécessaire pour financer 1 volume suffisant d’investissement.
La régulation de la demande globale est confrontée à 1 excès de la demande privée, avec les risques
inflationnistes et de déséquilibre extérieur qui en découlent. D’ailleurs, Keynes lui-même, a identifié le
risque inflationniste d’ 1 excès de la demande globale comme le problème majeur de l’immédiat aprèsguerre. Aussi, le soutien de l’activité se limite aux phases de récession.
Par contre, la politique de croissance à long terme requiert 1 appui constant, de nature sélective aux
branches ou aux firmes dont dépend le dynamisme de l’économie. « Interventionnisme global ».
De +, l’influence keynésienne reste très inégale d’1 pays à l’autre. Ainsi, aux USA, EISENHOWER
(1952-1960) applique 1 politique – keynésienne que celle de ROOSEVELT. Les véritables exemples
de politique cohérente, d’inspiration keynésienne, ont été peu nombreux, et souvent tardifs : le +
significatif est celui des New Economics sous KENNEDY et JOHNSON (1960-1968) (voir + loin)
Cependant, l’omniprésence de l’Etat dans l’activité économique est 1 trait dominant du capitalisme
d’après-guerre. Les fonctions assignées à l’Etat s’étendent au-delà de la croissance : emploi, sécurité,
répartition des revenus, compétitivité de l’économie nationale…
Et les moyens dont dispose l’Etat débordent les armes classiques de la politique monétaire, budgétaire
et fiscale. Le capitalisme, par-delà les différences nationales, peut être qualifié de système mixte, où
les frontières entre secteur public et secteur privé s’estompent. F. BLOCH et J. BOUVIER : l’Etat a
« grandi d’un coup », en devenant producteur, investisseur, banquier. Emprise sur le secteur privé par
le jeu des subventions, des crédits à long terme. Les nationalisations ont donné naissance à des
« patrons d’Etat », occupant des positions clefs : banque, industrie …..
Aussi si l’action sur la demande globale, notamment à des fins de stabilisation conjoncturelle
(politique contra-cyclique) conserve son importance, elle est accompagnée d’1 politique structurelle de
croissance (action sur l’offre globale), induisant 1 impulsion de l’Etat dans les choix stratégiques, +
poussée que l’interventionnisme global keynésien. : Effort pour l’éducation, formation permanente,
recherche, investissements d’infrastructure et aide aux investissements privés des secteurs clés.
La pression de l’ouverture extérieure est aussi à l’origine de nouvelles formes d’interventions
publiques. Ainsi, l’implication de l’Etat dans la répartition des « fruits de la croissance » ne répond pas
seulement à 1 souci de justice sociale. Il s’agit aussi de préserver la stabilité des prix et de concilier la
hausse des salaires avec les exigences de l’investissement ; de maintenir les gains de productivité et la
compétitivité extérieure de l’économie nationale.
15
Aucun gouvernement occidental ne déclare choisir le « dirigisme » contre « l’économie de marché ».
Mais, d’1 pays à l’autre, les différences sont considérables : l’intensité de l’interventionnisme est
inégale et ses formes très diversifiées. Ainsi la nécessité de maintenir 1 direction économique
gouvernementale est admise en G-B, France.
Aux USA c’est le retour à la normale, cad le retour à l’initiative privée, qui est mis en valeur. Hostilité
à l’égard de tout interventionnisme vise aussi l’influence des syndicats, dont les droits sont restreints
par la loi TAFT-HARTLEY (1947) au nom de l’idéologie concurrentielle. (cf + loin)
En Allemagne, la doctrine de «l’économie sociale de marché » (L. EHRARD, ministre de l’Economie,
puis Chancelier), prône 1 économie libre de tout dirigisme, où 1 concurrence maîtrisée laisse place à la
participation ouvrière.
L’évolution des dépenses publiques (dépenses de l’Etat et des collectivités locales, les organismes de
Sécurité sociales) n’exprime que de façon incomplète l’influence économique de l’Etat, mais est le
meilleur indicateur de son poids relatif.
- la hausse des dépenses publiques intervenue lors de la dépression des 1930’s, et surtout pendant la
guerre, a été irréversible (loi WISEMAN-PEACOCK)
- les pays européens sont en tête de cette hausse ; mais la tendance est générale
De +, pas d’Etat « budgétivore » : les achats de biens et services par l’Etat augmentent à rythme
modéré. La progression est imputable aux transferts : économiques (subventions, incitations à
l’investissement), et surtout prestations sociales. Donc, c’est la redistribution sociale qui contribue au
soutien de la demande globale, dans 1 perspective keynésienne : en accroissant le pouvoir d’achat des
catégories à faible revenu
a.1) Protection sociale et lois sociales
* Grandes réformes instaurées à la Libération dans le domaine social marquèrent 1 tournant, en jetant
les bases de l’Etat-Providence. (Revoir le chapitre sur la répartition)
Rappels :
-1942 : publication du Plan BEVERIDGE, en Angleterre « Social Insurance and Allied Services » ;
puis en 1944 : « Full employment in a freee society ». Comme KEYNES, BEVERIDGE pense que
efficacité économique (rôle contracyclique des politiques économiques) et équité sociale vont de pair.
La redistribution des revenus par la fiscalité et les mécanismes d’assurance sociale contribuent au
maintien d’1 forte propension à consommer, et à la réalisation du plein-emploi.
-1946 : création du Service national de santé britannique
-1945-46 : création en France de la Sécurité Sociale, sous l’impulsion de Pierre LAROQUE. Principe
de solidarité, cherchant à garantir les travailleurs contre les risques sociaux : maladie, accidents du
travail, invalidité, vieillesse, décès. L’Etat garde à sa charge la couverture des conséquences du
chômage.
Financement par les cotisations des employeurs et de salariés (maladie, vieillesse) ou des employeurs
seuls (accidents du travail, famille). Gestion paritaire des caisses. Seuls assujettis initiaux, les salariés
furent rejoints en 20 ans par l’ensemble de la population.
* Dans le domaine des relations sociales, création en 1945 (22/2) des comités d’entreprise dans les
établissements de + 100 salariés. En 1946, obligatoires pour toutes les entreprises de + 50 salariés.
En 1946 (23/12), rétablissement des conventions collectives négociées par les employeurs et les
syndicats.
1950 : création en France du SMIG.
a.2) les politiques structurelles
* les nationalisations :
Les nationalisations françaises (voir ci-dessous) (1944-1948) et britanniques (1945-51) sont axées sur
les secteurs de base, énergie, transports, sidérurgie en G-B, et sur le contrôle des activités bancaires et
financières par l’Etat. Elles visaient à accélérer la modernisation de l’ensemble de l’économie, sous
l’impulsion du secteur public.
16
L’Allemagne procèdera progressivement à des dénationalisations (Volkswagen en 1961), tout en
conservant 1 secteur public ou mixte non négligeable (banque, énergie, acier, aluminium….)
Les USA et le Japon demeurent étrangers à la vague de nationalisation de l’après-guerre.
Exemple de la France :
En France, les nationalisations s’opèrent en 3 vagues :
- 1ère vague : 13/12/1944 : nationalisation des Houillères du Nord-Pas-de-Calais ; 16/01/1945 : création
de la Régie nationale Renault, et, le 29/5/1945 : constitution de la SNECMA : Société nationale
d’étude et de construction de moteurs d’aviation, à partir de Gnome et Rhône.
Nationalisations-sanctions dans les 2 derniers cas (collaboration avec les allemands)
En juin 1945 : Air France fut érigée en compagnie nationale, en absorbant de petites compagnies.
- 2ème vague : s’opéra dans le cadre de la Constitution de la IV République de 1946, dont le Préambule
stipulait : « tout bien, toute entreprise, dont l’exploitation a, ou, acquiert les caractères d’1 service
public national ou d’1 monopole de fait, doit devenir la propriété de la collectivité ».
Objectif des nationalisations : Relancer l’économie et faire des entreprises nationalisées des vitrines
du modèle socio-économique français. Pas de rhétorique anticapitaliste.
Dans le secteur bancaire : Banque de France passa définitivement sous tutelle étatique. Les banques
d’affaires échappèrent aux nationalisations, à la différence des principales banques de dépôt : le
2/12/1945, nationalisation du Crédit Lyonnais, de la Société Générale, de la Banque Nationale pour le
commerce et l’industrie (BNCI), du Comptoir national d’Escompte de Paris, ces 2 institutions sont
regroupées en 1966 dans la BNP.
Dans le secteur des assurances, 34 grosses entreprises (2/3 du capital total) sont nationalisées le
24/04/1946.
Dans le domaine de l’énergie, transports : nationalisation de toutes les compagnies charbonnières,
électricité, gaz : 8/04/1946
- 3ème vague : en 1948 : création de sociétés d’économie mixte dans les transports (Air France, RATP,
marine marchande).
* la planification incitative, indicative, nationale, mise en place au lendemain de la guerre en France,
n’inspirera que vers 1962, 1 tentative analogue en G-B.
En Allemagne, la coordination des investissements relève d’1 « planification » privée, sous l’égide des
banques et des groupes industriels.
Aux USA, où des firmes privées élaborent des projections à long terme, seuls certains programmes
spécifiques font l’objet d’1 planification officielle.
Au Japon, le rôle très actif du MITI (ministère du Commerce international et de l’industrie) équivaut à
1 véritable planification exerçant 1 action à la fois conjoncturelle et structurelle.
Exemple de la France :
3 /1/1946 : création d’1 Commissariat général au Plan de modernisation et d’équipement. A sa tête :
Jean MONNET. Objectif, selon l’historien André GUESLIN : « d’aménager le libéralisme pur, mais
non de remplacer le marché : la planification était incitative et souple, le marché conservant sa
fonction de régulateur ». « Orientation néo-libérale ». Fonction du 1er plan ou plan Monnet : relancer la
production et l’expansion de l’économie française, pour rattraper en 1948 le niveau de production de
1929. 6 secteurs clés furent définis : charbon, acier, électricité, ciment, tracteurs et transports. Les
objectifs du plan furent atteints dans des proportions allant de 87% à 115% selon les secteurs, tandis
que la croissance annuelle de la production industrielle se situait autour de 7% en moyenne. Et le
commerce extérieur de la France redevint excédentaire en 1949.
Le 2ème plan, entré en vigueur en 1954, eut 1 impact réduit.
Ainsi, le redémarrage de l’économie française fut le fruit d’1 conjonction de facteurs. Le rôle du
secteur privé et celui de l’Etat se combinèrent.
* la politique industrielle : concentrations, aides, prêts bonifiés….. : (cf. expl de la France III)
17
a.3) la régulation conjoncturelle : politiques contracycliques d’inspiration keynésienne :
- Triomphe du keynésianisme au lendemain de la 2de guerre mondiale : le chômage est le risque social
majeur face auquel l’Etat doit protéger ses citoyens (écart déflationniste). La politique économique
doit reposer sur l’activisme budgétaire, comme stratégie de retour au plein emploi, complétée par
l’instrument de stabilisation (impôt), et par des mesures de redistribution, et par la politique monétaire.
- courbe de PHILLIPS (cf. chap. sur le capitalisme) : montre l’existence d’1 relation inverse entre
inflation et chômage
- schéma IS-LM (cf. chap. sur le capitalisme) : synthèse entre l’apport keynésien et la tradition néoclassique, sous l’influence de J.R. HICKS : « Mr. Keynes and the Classics » (1937)
Ces instruments théoriques constituent le fondement des politiques économiques actives d’aprèsguerre, consistant en 1 réglage fin : « fine tuning », déterminant 1 sentier de croissance : le taux de
chômage le + faible possible, compte tenu du niveau d’inflation tolérable
- Exemple de politique concrétisant les idées keynésiennes : le cas des USA
Objectif : stimulation par les pouvoirs publics d’1 demande intérieure soutenue dont la finalité est le
plein emploi des ressources, et + généralement les effets d’entraînement sur la croissance des
politiques économiques et du secteur public, incarnent l « philosophie sociale à laquelle la Théorie
générale peut conduire » (KEYNES) « L’élargissement des fonctions de l’Etat, qu’implique la
responsabilité d’ajuster l’1 à l’autre la propension à consommer et l’incitation à investir nous apparaît
comme le seul moyen possible d’éviter 1 complète destruction des institutions économiques actuelles
et comme la condition d’1 fructueux exercice de l’initiative individuelle » (KEYNES)
Au-delà du principe général, le contenu de ces politiques économiques est aussi d’inspiration
keynésienne, car on a 1 double rupture (majeure) par rapport aux périodes précédentes. D’1 part,
l’abandon général du dogme de l’équilibre budgétaire, et d’autre part le rejet du critère absolu de la
stabilité des prix au profit d’1 maintien de l’inflation au niveau compatible avec la compétitivité
internationale et l’objectif de plein emploi. D’où la modification de la nature du cycle économique qui
ne résulte plus principalement du comportement des agents privés, mais de l’évolution des politiques
publiques (stop an go), et conditionne les objectifs et la mise en œuvre des politiques économiques
centrées sur la croissance et l’emploi stimulés par les dépenses publiques.
L’alternance de politiques de relance (go) et de politiques de stabilisation (stop) est bien illustrée par
les politiques menées aux USA de 1948 à 1973.
* relance par la demande et freinage par la politique fiscale et monétaire, sous H.S. TRUMAN (19481952).
1948 : récession économique aux USA : -17% pour la production industrielle en 1 an, liée à 1 baisse
de la consommation intérieure et de celle des pays européens, confrontés à 1 épuisement de leurs
avoirs en or et devises (« $gap), d’où 1 baisse des exportations américaines. D’où 1 accroissement des
stocks non désirés et l’arrêt de la hausse des prix.
Dans ce contexte, l’administration démocrate de TRUMAN décide 1 politique keynésienne de relance
(go). Mesures : des facilités pour le crédit à la consommation, et, injection de 2.8 milliards de $ de
revenus de transferts. A partir de 1950, l’activité économique repart, amplifiée par la guerre de Corée :
le PNB américain augmente de 8.7% en 1950, 7.4% en 1951….Le taux de chômage tombe à 2.8% en
1953.
Mais le coût de cette relance : poussée inflationniste, déficit de la balance des paiements.
Conséquence : TRUMAN décide 1 politique de stabilisation (stop) centrée sur 1 blocage des prix et
des salaires en janvier 1951, 1 hausse de la pression fiscale afin de financer l’effort de guerre, 1
politique restrictive du crédit et 1 resserrement de la masse monétaire.
* La « stabilisation automatique bloque la croissance » :
1952 : élection de EISENHOWER (1952-1961). D’où 1 retour de la politique monétaire au 1er plan,
orientée vers le contrôle de la demande par le rationnement du crédit (taux d’escompte du FED : 1.5%
en avril 1955, 3.5% en août 1957) et 1 réorientation de la politique budgétaire vers la recherche de
« stabilisateurs automatiques » dont le but est de maximiser les recettes budgétaires en situation
18
d’expansion afin de financer le surcroît de dépenses publiques en phase de dépression. D’où la baisse
des indemnités de chômage, des subventions à l’agriculture….. Ce mécanisme s’articule en 2 phases
d’expansion fin 1954/fin 1957, fin 1958/début 1960 ; et, 3 phases de dépression : fin1953/fin 1954, fin
1957/fin 1958, début 1960/début 1961.
Conséquences : résultat contrasté : la vitalité des phases de croissance est atténuée, par l’accumulation
d’importants surplus budgétaires non redistribués. La croissance est étranglée, au final : 2%/an entre
1954 et 1960, soit le 1/3 des taux des autres pays de l’OCDE.
* Avec les Démocrates, retour à KEYNES : New Economics :
Objectif de KENNEDY et JOHNSON (1961-68) : relance keynésienne (go) (politique à laquelle
GALGRAITH a participé). Elle est orientée selon 2 horizons temporels :
° La régulation de court terme est assurée par la politique budgétaire. Le déficit initial est comblé par
l’effet multiplicateur des dépenses publiques, et des recettes fiscales additionnelles. De 1961 à 1965 :
les dépenses publique augmentent de 32 milliards de $ et les impôts réduits de 16 milliards, avec 1a
confirmation de l’effet multiplicateur puisque le budget de l’Etat est excédentaire en 1964 et 1965 et le
taux de croissance moyen /an : 5.1% entre 1961-66.
Parallèlement, la politique monétaire du FED est – restrictive : baisse des taux d’intérêt à long terme
° La perspective de long terme consiste à proposer, au niveau interne aux américains d’atteindre 1
double « Nouvelle frontière », celle de la politique du « bien-être » (Welfare State, fondée sur 1 +
grande solidarité et justice sociales en termes de logement, santé, d’éducation… grâce à l’intervention
redistributive de l’Etat-Providence. Au niveau externe, il s’agit d’impulser les relations de coopération
entre les pays industrialisés et le Tiers-monde (Kennedy Round 1964 par exemple).
Résultats : succès en termes d’emploi et de croissance ; mais au prix de fortes tensions inflationnistes
entretenues par la boucle « prix-salaires » : inflation : +14,5% entre 1950 et 1961 ; d’où 1 hausse des
salaires, provoquant 1 « surchauffe » de l’économie, accentuée pr la guerre au Vietnam.
*Retour à l’orthodoxie monétariste avec NIXON (non abordé, voir chapitre sur les crises)
b) la régulation monopoliste : accumulation intensive, nouveau rapport salarial,
production et consommation de masse (cf. cours précédents)
Ecole de la Régulation (R. BOYER…) « régime d’accumulation intensive avec production de
masse ». Les 30 Glorieuses correspondent à la régulation monopoliste, alors que l’entre-2-guerres
constituait, pour R. BOYER, 1 « régime d’accumulation intensive sans consommation de masse » où
« le
salaire
était
encore
soumis
à
la
loi
d’airain »
(J.
MARSEILLE)
Bernard ROSIER ou Pierre DOCKES utilisent le terme de « régulation monopoliste et étatique »,
montrant ainsi les actions spécifiques des Etats.
19
La croissance est portée par le compromis fordiste, donc 1 subtile alchimie entre production et
consommation de masse.
Le fordisme correspondait d’abord à 1 triple révolution :
- technique : introduction de la chaîne de montage chez Ford en 1913-14, avec 1 rationalisation du
travail et 1 standardisation de la production + poussée que chez Taylor. Des « missions de
productivité » ont été menées aux USA dans le cadre du Plan MARSHALL, qui permirent d’importer
les modes d’organisation du travail et les méthodes de gestion américaines après 1945.
-salariale : introduction du « 5$ /day »pour compenser la déshumanisation du travail et lutter contre 1
turn-over élevé. Compromis « keynéso-fordiste » : les salariés acceptant la rationalisation du travail en
échange de salires élevés. Double indexation des salaires, sur les gains de productivité et sur
l’inflation. Règle de WICKSELL.
- économique : couplage production de masse/ consommation de masse déjà défini par H. FORD, en
1924, dans « Mass Production » (article de l’Encyclopaedia Britannica) : « production de masse, bas
prix et hauts salaires ». Le relèvement des salaires réels permet de développer 1 « norme de
consommation » en liaison avec la production en grande série, (biens d’équipement ménagers,
auto…).
L’intensification du travail favorisée par la généralisation du travail posté (3*8), et, par 1 intensité
capitalistique accrue, dégage des gains de productivité : +5%/an en moyenne qui assurent le
développement d’1 production de masse, indissociable de son corollaire : la consommation de masse.
Ce mode de régulation s’appuie sur la mise en place de nouvelles formes institutionnelles,
notamment :
- institutionnalisation du marché du travail et du rapport salarial : l’employeur est tenu d’appliquer des
normes relevant de la loi ou d’accords collectifs. La « société salariale » est liée au « compromis
salarial fordiste » des années 1945-73 : conventions collectives, règle de WICKSELL
- intermédiation bancaire, économie d’endettement (cf. cours sur la croissance inflationniste)
- développement de l’Etat-Providence : revenus de transfert déconnectés du travail et du capital
Conséquences :
* la montée des revenus :
La progression des revenus, source de demande forte et continue, a joué 1 rôle moteur dans la
croissance économique. C’est 1 rupture avec les années de croissance extensive. Considérée jusqu’à
20
présent comme 1 variable d’ajustement sur le marché du travail, donc fluctuant et instable, la
progression du salaire devient, à partir des 1950’s, - aléatoire.
Ainsi, le revenu des ménages s’accroît de 54.5% en France de 1949 à 1959, soit 1 taux de croissance
annuel moyenne de 4%, et de 130% entre 1959 et 1974, soit 5.3%/an/moyenne. Entre 1949 et 1974, le
revenu disponible a été * 3.5.
Cette hausse s’accompagne de la mise en place d’1 part, des prestations sociales, qui représentent en
moyenne, dans les pays développés1/4 du revenu disponible ; et d’autre part, de salaire minimum (le
luttes sociales aboutissant à des avancées décisives) : SMIG en 1950, SMIC en 1970. Source de
dynamisme de la consommation de masse.
La progression des revenus a été 1 des pierres angulaires du « compromis keynéso-fordiste » des 30
Glorieuses. Pour que la production de masse standardisée trouve des débouchés, il faut 1 demande
forte et régulière, fondée sur des revenus croissants, qui permettent aussi aux salariés, selon 1 contrat
tacite (don-contre-don), d’accepter 1 travail taylorisé et parcellisé, en échange de l’accès à la société
de consommation.
* l’avènement de la société de consommation de masse :
Le niveau de vie des français a pratiquement triplé au cours des 30 Glorieuses, il se traduit par 1
augmentation de la croissance de la consommation au rythme annuel de 4%/an (4.5% pour les 1960’s).
La norme moderne de la consommation se met en place que cours de l’après-guerre (cf. cours sur la
consommation). Les lois d’Engel s’appliquent pleinement. En France, la part de l’alimentation ne
cesse de diminuer : 1949 : 44.2%, 38.3% en 1960, 28.3% en 1973. Au profit des dépenses d’hygiène,
de santé, de culture, loisirs et des transports et des biens durables : biens d’équipement de la maison :
réfrigérateur, cuisinière…. âge d’or de Moulinex, Seb, l’automobile, la télévision et le téléphone.
Diffusion de « l’american way of live ». Les travaux de l’économiste américain R. VERNON, sur le
cycle de vie des produits montrent que cette phase correspond à la diffusion de ces biens, et donc
hausse des taux d’équipement. Près de 80% des ménages possèdent 1 automobile aux USA. En 1946 :
3% des ménages français étaient équipés d’1 réfrigérateur, 1973 : 91% ; machine à laver : 10% et
90% ; l’automobile : 5% à 65% ; télévision : 1960 : 15%, 1973 : 80%.
Modernisation de l’habitat : renouvellement du parc de logements, diffusion des éléments du confort :
en 1954 : 15% du stock de logements français avaient – de 25 ans, 1975 : 45% ; le nombre de
constructions est 5 fois + élevé entre 1968 et 1975 qu’entre 1870-1913 ; la proportion de logements
dotés de l’eau courante : 1946 : 37% , 1975 : 97% ; d’1 salle de bains ou de douche : 5% en 1946 ,
91% en 1975.
Explosion des dépenses de loisirs, favorisée par la baisse du temps de travail : la durée moyenne du
travail en France diminue de 250 heures/an (-12%) entre 1946 et 1975, d’abord sous forme d’1
allongement des congés annuels de 2 à 4 semaines.
Montée continue des consommations « non marchandes » (santé, éducation)
Ainsi, le Japon ne cesse de réduire son retard sur l’Europe, qui elle-même se rapproche du niveau de
vie américain, considéré comme inaccessible au lendemain de la guerre.
Si la consommation est stimulée par le nouveau mode de régulation, d’autres facteurs y contribuent :
- la croissance démographique : Le Baby-boom,
- le travail féminin : second salaire
- l’urbanisation : en 1975 : 70% des français sont citadins ; 53% en 1945. Le niveau de vie des urbains
est > à celui des ruraux.
- mais aussi l’expansion et la politique commerciale des distributeurs : de la fin de la guerre au milieu
des 1960’s, la boutique est restée 1 point d’ancrage des ménagères. Dès la fin de la guerre, le besoin de
consommer s’est traduit par 1 forte expansion du commerce de détail, dans 1 1er temps, du fait de la
levée de l’interdiction édictée par Vichy. En 1959, le rapport RUEFF-ARMAND sur les rigidités de
l’économie française est 1 réquisitoire contre les petits commerces. En 1962, la loi FONTANET,
condamnant le refus de vente, oblige les entreprises productrices à traiter avec les unités de la grande
distribution.
FNAC est créée à la fin des 1950’s ; E. LECLERC, lance la grande surface en France en 1949 et
révolutionne la distribution, suivront AUCHAN (familles Vuilliez), les magasins Casino ou Carrefour.
Du milieu des 1960’s à 1970, le supermarché double ses grandes surfaces. C’est le triomphe de
21
l’alliance de la diversité, des prix compétitifs et du parking. L’hypermarché connaît 1 ascension
fulgurante : 5 en1965 ; 300 en 1974. La « réclame » se développe…..
- La scolarisation massive, l’accès aux longues études des enfants issus des classes populaires a joué 1
rôle important dans ce processus, en réalisant 1 sorte de brassage social, aboutissant à 1 culture et 1
mode de consommation « jeunes », typique l’1 classe d’âge et – d’1 catégorie sociale.
Le développement des consommations collectives a permis de réduire le sentiment d’insécurité devant
les risques sociaux, et, de réduire les inégalités sociales, favorisant la consommation.
D’où 1 tendance à l’homogénéisation des conditions et des modes de vie.
* Vers 1 « moyennisation » des sociétés occidentales Après-guerre est mise au point la
nomenclature « PARODI » des CSP : Catégories socioprofessionnelles, dans la lignée des analyses du
sociologue américaine LLYOD WARNER (1898-1971).
La montée des classes moyennes est continue au cours des 30 Glorieuses (cf. les transformations de la
population active). S’explique par l’amélioration du niveau de vie, la diminution des inégalités
sociales, l’urbanisation de la société. Aussi, les « sous cultures », notamment ouvrières et paysannes,
se marginalisent. La classe ouvrière s’embourgeoise et se fond dans la nébuleuse des classes
moyennes. Les classes moyennes acquièrent progressivement 1 position centrale dans les sociétés
occidentales. Elles formeraient 1 « constellation centrale », selon l’expression de H. MENDRAS,
imposant de nouvelles normes de consommation et de nouvelles valeurs culturelles.
Cependant, les « acquis sociaux » conduisent à des rigidités sur le marché du travail, gênant
l’entreprise dans son adaptation à l’évolution des marchés :
- tendance à l’emploi statutaire : CDI (embauche à priori définitive) + procédure longue et coûteuse
de licenciement (d’où 1 caractère exceptionnel). Les coûts salariaux deviennent des frais fixes pour
l’entreprise et l’embauche 1 investissement. Ce qui contredit la règle du marché : l’emploi varie au
gré de la conjoncture. Expl. emblématique : « l’emploi à vie » dans la fonction publique ou dans les
grandes firmes japonaise. Stabilité de l’emploi.
- tendance à la carrière à l’ancienneté : grilles conventionnelles de salaires, attribuant 1 indice à
chaque échelon. Obstacle à la promotion au mérite
- tendance à la rigidité des rémunérations : les hausses de salaires suivent une règle générale :
hausses indépendantes, en partie, de la situation économique et des cas individuels.
Le SMIG, puis SMIC ; les revenus sociaux … jouent 1 rôle de plancher. Or, selon la théorie libérale,
des minima sont responsables du chômage (cf. chap. sur la répartition).
° Quand le minimum augmente + vite que la moyenne, soit on répercute sur toute la grille et le
coût salarial augmente, soit on répercute sur les salaires proches et l’écart hiérarchique s’écrase ce qui
désincite à l’effort des + anciens et des + qualifiés
° L’indexation est en principe interdite, car elle gêne les politiques anti-inflationnistes, mais
elle a été appliquée de fait. Application de la règle de WICKSELL, afin d’obtenir 1 croissance forte
sans inflation. Règle préconisée notamment par N. KALDOR : on obtient 1 croissance forte et sans
inflation si pouvoir d’achat et production varient au même rythme (cercle vertueux du fordisme chez
les régulationnistes)
- tendance à la rigidité des horaires : 40 heures, interdiction de travailler le dimanche, la nuit pour
les femmes… Ce qui pose des problèmes : inadaptation aux horaires des usagers, inadaptation aux
variations saisonnières, difficulté à amortir 1 équipement…
- effets de seuil : certains avantages (comité d’entreprise…) sont limités aux entreprises de + de 10,
20, 50 ou 100 personnes…. Ces effets entraînent 1 malthusianisme de l’embauche au voisinage de
chaque seuil.
3) le rôle déterminant de l’ouverture internationale : (thème développé en 2ème année) :
L’interdépendance croissante des économies développées a aussi porté la prospérité, en stimulant la
concurrence, la compétitivité et la modernisation du tissu productif. Après-guerre, les Anglo-saxons
ont refusé le protectionnisme, les guerres douanières et les dévaluations. Ainsi, en 1944, le préambule
des accords de Bretton Woods établit 1 « corrélation » entre « expansion et accroissement harmonieux
du commerce international » (voir les thèses de SMITH et RICARDO), et le « maintien d’1 niveau
22
élevé de l’emploi et du revenu réel ». Les principes ricardiens deviennent les nouvelles règles du jeu
international.
a) nouvel ordre économique international (NOEI) : la « pax americana » :
Influence stabilisatrice et propice du NOEI (Nouvel ordre économique international) qui émerge sous
l’égide des USA. 3 piliers :
a.1. Accords de Bretton Woods (BW) : mise en place du Gold Dollar Standard.
1 consensus existe en 1944 sur la nécessité de mettre en place 1 cadre international de coopération
monétaire. Conférence de Bretton Woods du 1er au 22 juillet 1944 est chargée d’élaborer 1 nouveau
système monétaire, centré sur le $, qui durera jusqu’en 1971. Ces accords sont le résultat d’1
compromis entre les délégations américaine et britannique
° Les USA, représentés par H.D. WHITE, ont comme objectif d’éviter toute reproduction des
désordres des 20’s. St favorables à 1 système de changes fixes. Le plan WHITE propose 1 nouvel
étalon de change or (GES : Gold Exchange Standard)), mais avec 1 seule devise-clé : le $. Les
monnaies sont définies par rapport à 1 étalon de mesure donné : soit l’or, soit le dollar ; et les pays
sont tenus de respecter la parité fixée. Seule 1 dévaluation ou 1 réévaluation peut modifier cette parité.
° La GB est préoccupée par les problèmes de chômage et de déflation. La délégation anglaise,
conduite par KEYNES, préconise des taux de change révisables ou ajustables. Le plan KEYNES
(« Proposals for an international clearing union ») repose sur : d’1 part, l’institution d’1 banque
centrale internationale, supranationale, affranchie de toute puissance nationale et émettant sa propre
monnaie : le Bancor, monnaie de référence internationale ; et d’autre part, sur la mise en place d’1
mécanisme international de compensation (« clearing union ») dont le rôle serait d’assurer le
financement des déséquilibres des balances des paiements par 1 mise en connexion quasi automatique
entre pays déficitaires et pays excédentaires, les 2ds finançant les 1ers par des crédits en Bancor.
C’est le plan WHITE qui l’emporte, entérinant la perte d’influence de la GB dans l’économie
mondiale et la prééminence des USA. Le $ est le symbole de la puissance américaine et d’1 leadership
incontestable. Le $ : rôle de monnaie internationale et de réserve.
Dans le système de BW, seul le $ est convertible en or (les USA détiennent 70% du stock d’or
mondial) : la parité est fixée à 35 $ l’once (1 once = 28.35 grammes d’or) ; donc 1 $ = 0.91 g d’or.
Les autres monnaies sont définies par rapport à la seule devise-clé : le $ (et indirectement par rapport à
l’or).
Ce système de change fixe admet 1 faible marge de fluctuation : + ou – 1%.
Pour contrôler et gérer ce système, 1 organisme international : le FMI : Fonds Monétaire International
a été créé en 1944, chargé de gérer les dépôts et de faire respecter 1 code de bonne conduite monétaire.
Selon Jean DENIZET, le FMI est « 1 société de secours mutuel ». En effet, chaque membre participant
au Fonds peut bénéficier de ressources (emprunt) du FMI en cas de déficit persistant de sa balance des
paiements. Le FMI a joué jusqu’au 1970’s le rôle de garant du système monétaire international
Les débuts du système de BW sont marqués par 1 situation de pénurie de $ ou « $ gap ». Les réserves
de devises des pays européens étant au + bas, au sortir de la guerre, la circulation du $, monnaie
internationale, ne pouvait venir que de 2 origines :
° Du déficit de la balance commerciale, donc des importations des USA, source de sorties de $. Or,
jusqu’à la fin des 50’s, l’Europe et le Japon sont en situation de dépendance économique et
technologique vis-à-vis des USA.
° Des prêts et dons dans le cadre de l’aide MARSHALL.
Cette rareté du $ fait que le $ est « as good as gold ». La domination du $ est totale, d’autant + que la
tentative anglaise de rendre la £ convertible en or en 1947 a été 1 échec. Le prestige de la monnaie
américaine est total.
Cependant, de la fin des 1950’s à 1971, le SMI de BW connaît des secousses qui finiront par
l’emporter. (cf. le chap. sur la crise des 70’s)
23
a.2.conclusion du GATT : libéralisation des échanges en 1947 : conférence de
Genève : 23 pays concernés, démantèlement de 45 000 droits de douane. En 1955, le
Japon « entre » au GATT.
Finalité : libération dirigée des échanges, assurant 1 compatibilité entre le retour du libéralisme
(protectionnisme des années 30’s étant rendu en partie responsable de la guerre et de l’accentuation de
la crise) dans les transactions internationales. Promouvoir la croissance et le développement
économiques à 1 haut niveau d’emploi.
L’objectif du GATT : double :
°assurer le respect de principes permettant 1 concurrence loyale entre les nations
° mettre en œuvre 1 processus continu de libéralisation du commerce international.
Le traité est fondé sur 2 catégories d’obligations :
- Toute nation adhérant au GATT doit consentir aux autres nations la clause de la nation la +
favorisée
- Et elle doit appliquer la clause du traitement national : égalité de traitement entre produits importés et
produits nationaux similaires. Créer les conditions d’1 « fair trade » ou « commerce loyal », reposant
sur l’interdiction du dumping (prix à l’exportation < aux pris domestiques), des contingentements
(sauf exceptions : déficit grave de la balance des paiements….), interdiction de subventions sur les
produits industriels, mais celles-ci sont tolérées sur les produits agricoles.
Résultats :
En 1949, Conférence d’Annecy : réduction de 25% des droits de douane (33 pays) ; au cours du Dillon
Round (1960-62) : baisse de 20% des tarifs douaniers ; Kennedy Round (1964-67) : réduction
moyenne des droits de douane de 35% environ sur les produits industriels.
b) l’intégration européenne : vers les « Etats-Unis d’Europe » :
- création de l’OECE : Organisation européenne de coopération économique : chargé d’organiser la
répartition de l’aide Marshall, regroupant 17 pays européens. 1èer tentative d’organisation économique
à l’échelle européenne
- sur 1 plan politique : création du Conseil de l’Europe en 1948, chargé de promouvoir la coopération
entre les Etats européens
- 1951 : CECA : Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier, à l’initiative de Jean MONNET,
alors Commissaire au Plan : projet de coopération dans le domaine sidérurgique et charbonnier. Ce
projet sera concrétisé par Robert SCHUMAN : signature du Traité de Paris : 18/4/1951, instituant le
CECA, 1ère organisation supranationale européenne, incluant : France, Allemagne, Benelux et Italie.
- 25/3/1957 : Traité de Rome : institution de la CEE et de la CEEA : Communauté européenne de
l’énergie atomique, connue sous le nom d’EURATOM : créée afin de favoriser le développement de
l’énergie nucléaire civile en Europe. Europe des 6.
- 1970 : plan WERNER prévoit la mise en place d’1 union économique et monétaire fondée sur 1
monnaie commune et 1 système commun de banque centrale. Mais ce projet n’aboutira pas.
c) Conséquences : développement des échanges et nouvelle hiérarchie des puissances :
* la période d’après-guerre a été marquée par la croissance rapide des échanges. De 1959 à 1980, le
volume du commerce international a été multiplié par 8. Le taux de croissance annuel moyen est de
7%, alors que le taux de croissance du PIB : 4.8%.
Le commerce international a indéniablement été 1 facteur essentiel de la croissance d’après-guerre.
Les échanges tiennent 1 place croissante dans le PIB des grands pays industrialisés. Leur taux
d’ouverture s’élève. Les USA et le Japon restent davantage centrés sur leur marché intérieur.
* Cette ouverture est aussi source de contraintes nouvelles : interdépendance des économies
entraînant 1 + grande sensibilité aux phénomènes de diffusion des crises ; et la contrainte extérieure :
toute hausse de la production d’1 pays contraint provoque 1 hausse des importations et 1 détérioration
de la balance commerciale, d’où des pressions sur la valeur de sa monnaie (dépréciation, dévaluation).
* Hiérarchie des puissances économiques évolue. La position dominante des USA est remise en
question. En 1945, puissance incontestable : 20% des exportations mondiales, ils ont vu leur position
contestée par la montée en puissance de la RFA (2ème) et du Japon (3ème : 10% du commerce mondial
24
en 1973 ; 1.3% en 1953). Inversement, la GB : en 2ème position en 1963 ; 5ème en 1973. La France
connaît 1 internationalisation de son économie sous l’impulsion du Traité de Rome.
* Répartition des flux d’échanges au niveau géographique : L’espace commercial de l’Europe de
l’Ouest devient, dès le milieu des 1960’s, la principale zone commerciale dans le monde. La mise en
place de la CEE a généré d’importants effets de création et de détournement de trafic, ayant fortement
accru la part de l’Europe dans le commerce mondial.
1 structuration de l’espace commercial mondial en 3 zones se dessine au milieu des 1960’s avec la
montée économique et commerciale du Japon. La triade CEE/USA/Japon représente + de 60% du
commerce mondial à la fin 1960’s.
Par contre, la grande majorité des pays du Tiers-monde se considère plutôt comme victime d’1
« échange inégal » (A. EMMANUEL) avec les pays du Nord : cas des PMA (pays les - avancés), très
dépendants des marchés des produits de base, et, qui estiment subir 1 dégradation des termes de
l’échange. Seuls les N.P.I.A, dès la fin 60’s commencent leur rattrapage, en choisissant 1 stratégie de
développement extraverti.
* Répartition des flux d’échange par produits : les échanges de produits manufacturés enregistrent 1
croissance + forte, depuis le début des 30 Glorieuses que les échanges de produits miniers ou
agricoles. L’internationalisation des services se poursuit à 1 rythme rapide : banque, finances, tourisme
transport…
Aussi le commerce international est, de + en +, 1 commerce entre semblables : les principaux
partenaires de la France sont des pays de même niveau économique. Le commerce intra-branche se
développe. (LASSUDRIE-DUCHENE).
Enfin, les 30 Glorieuses marquent la disparition progressive de l’ancienne DIT, héritée du 19 ème, et
l’émergence d’1 nouvelle D.I.T, caractérisée par 1 part croissance des PED dans le commerce des
produits manufacturés (NPIA, Brésil…), alors que les PDEM restent des fournisseurs importants de
produits primaires agricoles, et, de produits manufacturés à haute valeur ajoutée.
d) Le sous-développement (thème développé en 2d année) :
- La notion de Tiers Monde est apparue après la seconde guerre mondiale, en 1952, sous la plume de
A. SAUVY, dans 1 article où il compare les pays sous-développés au Tiers-État en France.
- En 1955 a lieu la Conférence de Bandoung (Indonésie), considérée comme l’acte de naissance du
Tiers Monde. Elle a été à l’origine du mouvement des non alignés en 1961, par opposition au monde
capitaliste et au monde socialiste.
- La fin de la guerre marque le début des guerres d’indépendance : Inde en 1948 ; Algérie en 1962,
pays africains dans les 1950’s-60’s.
- à partir du milieu des 60’s, les pays du Tiers monde se mobilisent pour 1 Nouvel Ordre économique
International Nord-Sud : revendication d’1 système de relations économiques + équitables entre pays
producteurs et exportateurs de produits de base et les pays développés. Le Tiers Monde obtient la
création d’1 organisme pour négocier cet ordre : La CNUCED : Conférence des Nations Unis pour le
Commerce et le Développement.
La question de la détérioration des termes de l’échange est au centre des rapports Nord-Sud. Celle-ci
oblige 1 pays à produire et à exporter + pour importer la même quantité de biens. Elle se mesure ainsi :
Indice des prix à l’exportation/Indice des prix à l’importation.
En 1950, l’économiste argentin Raul PREBISH observe 1 tendance longue à la détérioration des
termes de l’échange pour les PED. Explication : les mécanismes de propagation des gains de
productivité. Au 19ème, période de capitalisme concurrentiel, les gains de productivité étaient
répercutés essentiellement sous forme de baisse des prix : les pays importateurs de biens manufacturés
profitent ainsi de ces baisses de prix. Après 1948, les gains de productivité sont distribués
essentiellement en salaires et profits, et beaucoup – sur les prix. Aussi, les pays du Tiers Monde
doivent se procurer des biens à des prix croissants. Par contre, les gains de productivité réalisés au Sud
continuent à se répercuter sur les prix, au bénéfice des pays du Nord. D’où la détérioration des termes
de l’échange.
Selon l’économiste brésilien Josué de CASTRO : « En 1954, il fallait 14 sacs de café pour acheter 1
Jeep, en 1962, il en fallait 39 ».
25
Selon la Banque Mondiale, les termes de l’échange sont passés de l’indice 145 en 1948 à l’indice 80
en 1989, soit 1 baisse de 45% sur le long perme.
L’après-guerre est aussi marqué par l’émergence des théories du développement. On peut distinguer 2
grandes familles de théories :
- théories de la croissance équilibrée : cad d’1 croissance dont tous les éléments progressent de
concert. Thèses de Paul ROSENSTEIN-RODA et Ragnar NURSKE. L’objectif est de rompre avec les
cercles vicieux de la pauvreté, liés :
° Tout d’abord à la croissance démographique absorbant la totalité des investissements pour la simple
survie (investissements démographiques), ce qui contrarie les investissements productifs, et limite la
croissance et maintient la pauvreté.
° Le cercle vicieux est lié aussi à l’insuffisance du marché intérieur : faibles revenus, faibles
consommation, et capacité à épargner et donc à investir, d’où la faible productivité.
Moyen pour rompre avec ces cercles vicieux de la pauvreté : l’insuffisance de l’initiative privée rend
l’intervention de l’Etat indispensable : mise en place d’infrastructures : services publics, moyens de
communication, énergie. Donc 1 « big push » (grande poussée) doit être initiée par l’Etat. Ce qui
conduit à des externalités positives.
- théories de la croissance déséquilibrée :
A l’origine de cette théorie : des auteurs / F. PERROUX, A.O. HIRSCHMAN : la croissance n’est pas
1 phénomène régulier, mais apparaît dans certains secteurs et se diffusent dans d’autres. La croissance
est le fruit de déséquilibres successifs.
La théorie des industries industrialisantes s’inspire de leurs thèses. Concept élaboré par Georges
DESTANNE de BERNIS. Il s’agit d’1 politique volontariste d’industrialisation qui privilégie les
investissements dans l’industrie lourde dont on attend que son développement suscitera des effets
d’entraînement sur les industries à l’aval. Industries très capitalistiques. Etat apporte les capitaux,
gérés dans le cadre de la planification
Le modèle de LEWIS est le + célèbre. Il reprend l’enchaînement classique : Profits-épargneinvestissement. Dans les PED, la classe moyenne est peu nombreuse, ce qui explique la faiblesse de
l’épargne. Aussi, l’épargne ne peut venir que des capitalistes, donc la répartition des revenus dans
l’économie doit les favoriser. Dans 1 économie à 2 secteurs, on obtient le schéma suivant :
° secteur traditionnel, archaïque à productivité faible, à revenus faibles et à population nombreuse
connaît 1 excédent de main-d’œuvre ;
° Secteur moderne : absorbe l’excédent de main-d’œuvre, à condition que les salaires soient < à a
productivité marginale du travail. D’où des profits en hausse, source d’accumulation du capital, ayant
des effets d’entraînement sur es autres activités.
Ces théories ont donné lieu, dès la fin du processus de décolonisation, à des applications sous la forme
de stratégies de développement : 2 types de stratégie :
* stratégies introverties :
- soit la priorité est donnée au secteur amont (industrie lourde) (à l’image de la stratégie des pays
socialistes) : stratégie des industries industrialisantes : Algérie, Inde. Mais échec de ce modèle dès la
fin 70’s
- soit elle est donnée aux industries de biens de consommation : stratégie des substitution aux
importations : Amérique latine dès les 1930’s.
* stratégies extraverties :
- soit par l’insertion dans la DIT par exportations de produits de base : pays exportateurs de pétrole,
Afrique (monoculture le + souvent). Limite de cette stratégie : forte dépendance des cours mondiaux,
et instabilité des recettes d’exportation.
- soit par l’insertion dans le commerce international par 1 développement industriel volontariste : NPI
d’Asie du Sud-Est : Singapour, Corée du Sud, Taiwan, Hong-Kong. Eléments de leur réussite :
insertion dans le commerce international, remontée des filières productives (développement en vols
d’oies sauvages d’AKAMATSU), rôle fort de l’Etat : politique de sous-évaluation des monnaies
(dumping monétaire), nationalisation et planification indicative en Corée ; sacrifice de la
26
consommation intérieure au profit de l’épargne ; des structures socioculturelles (population jeune, bien
formée ; confucianisme) favorables au développement.
D) Une croissance inflationniste (cf en classe)
27
III) Des sentiers de croissance différents selon les pays :
A) Les USA, enfants sages de la croissance :
Situation paradoxale des 30 Glorieuses américaines : apogée de la domination américaine et des
performances plutôt médiocres de l’économie américaine, relativement aux autres économies, hors
GB. Ce n’est qu’à partir des 1960’s que la croissance américaine s’emballe, mais à la fin de ces
années, apparaissent des difficultés qui emporteront le modèle des 30 Glorieuses.
* En 1945 : pas de réelle crise de reconversion de l’économie américaine, malgré la démobilisation de
12 millions de soldats environ. La demande est tirée par la consommation intérieure, relativement
comprimée pendant la guerre, et, par le niveau élevé des dépenses publiques ; ce qui permet d’éviter 1
chômage massif.
Cependant : récession en 1945-46 : PIB diminue de 1.3% en 1945, puis de 10% en 1946 : le niveau de
production de 1944 n’est retrouvé qu’en 1951. Les branches les + touchées sont celles qui avaient le +
profité de la guerre, cad, reconversion délicate : acier, aluminium, construction aéronautique et
navale.
* H. TRUMAN : président de 1945 à 1952 :
- vote, en 1946, de l’EMPLOYEMENT ACT : affirme que le plein-emploi doit demeurer
l’objectif principal de la politique économique.
- La suspension du contrôle des prix et des salaires institué pendant la guerre, et la reprise des
négociations entre les partenaires sociaux ouvre 1 période de vifs affrontements. Echec des
négociations se traduit par 1 mouvement de grèves, le + important de l’histoire américaine, en 194546. Ce mouvement, favorable aux salariés, conduit à 1 cycle inflationniste entretenu, en outre, par la
reprise de la consommation.
Aussi, en 1947 : vote de la loi TAFT-HARTLEY : restreint le droit de grève et le pouvoir
syndical : interdiction de la closed shop qui limitait l’embauche aux syndiqués, préavis de grève porté
à 60 jours, interdiction aux syndicats de financer les partis politiques, abjuration officielle du
communisme…..
- lancement du FAIR DEAL (« Donne équitable ») en 1949 : programme de lutte contre les inégalités
sociales : assurer des « chances égales à toutes les races, toutes les religions et toutes les couleurs ».
* Passée la crise d’adaptation, la croissance revient rapidement : 3.8% en 1947. Mais durant les
1950’s : son rythme reste inférieur à celui des économies européennes.
- La croissance a été en partie dynamisée par la guerre de Corée (1950-53) : hausse des dépenses
militaires et de la demande externe : Europe ou pays producteurs de matières 1ères.
D’1 façon générale, en raison de la guerre froide, le soutien direct de l’Etat à la croissance a été
considérable. Le budget militaire jusqu’à 1955 : 40% environ des dépenses fédérales, soit 8% du PNB
(contre 2 à 5% en Europe à la même date). En outre, le Plan MARSHALL provoque 1 effet keynésien,
comme si le budget fédéral finançait les exportations américaines vers l’Europe.
- les USA : la 1ère puissance économique mondiale. Situation unique dans l’histoire économique. En
1950, ils assurent 50% de la production industrielle mondiale (30% en 1970). La puissance financière
est imposante : de 1945 à 1970 : ils ont fourni + 50% des capitaux publics et privés investis dans le
monde.
* Cependant, sur la période 1953-60, le taux de croissance annuel moyen des USA : 2.6% (contre +
5% en Europe). De +, les récessions (1953-54 ; 1958 ; 1960-61) sont + nombreuses et + brutales qu’en
Europe. Des déséquilibres réapparaissent : l’inflation : +10% sur la période 1950-1953, creusement
des déficits extérieurs : l’excédent s’amenuise à mesure que progressent le Japon et les pays
européens ; creusement du déficit de la balance des paiements américaines, conséquence des
investissements des firmes multinationales américaines en Europe et au Japon (marchés + porteurs),
aide militaire à ces pays ; chômage, conséquence de la récession de 1960-61 : 7% de la population
active américaine en 1960, jamais inférieur à 5% jusqu’en 1962.
28
Les résultats économiques des USA sont médiocres en comparaison avec celles du Japon et de la RFA
et de la France. Certes l’effet-rattrapage de ces dernières économies, qui partent de si bas après la
guerre, est réel, et leur redressement a eu des allures de « miracle ». Mais les raisons sont aussi à
rechercher dans l’arrivée des républicains au pouvoir : EISENHOWER (1953-1961)
* La « stabilisation automatique bloque la croissance » :
1952 : élection de EISENHOWER (1952-1961). Leur finalité : rétablir les mécanismes libéraux et en
finir avec le New Deal.
Pour lutter contre l’inflation, ils se fixent pour objectif 1 strict équilibre budgétaire et 1 politique
monétaire restrictive.
D’où 1 retour de la politique monétaire au 1er plan, orientée vers le contrôle de la demande par le
rationnement du crédit (taux d’escompte du FED : 1.5% en avril 1955, 3.5% en août 1957) et 1
réorientation de la politique budgétaire vers la recherche de « stabilisateurs automatiques » dont le but
est de maximiser les recettes budgétaires en situation d’expansion afin de financer le surcroît de
dépenses publiques en phase de dépression. D’où le renvoi de 200 000 fonctionnaires, la fonte du
budget militaire à la fin de la guerre de Corée, la baisse des indemnités de chômage, des subventions à
l’agriculture….. Ce mécanisme s’articule en 2 phases d’expansion fin 1954/fin 1957, fin 1958/début
1960 ; et, 3 phases de dépression : fin 1943/fin 1954, fin 1957/fin 1958, début 1960/début 1961.
Conséquences : résultat contrasté : la vitalité des phases de croissance est atténuée, par l’accumulation
d’importants surplus budgétaires non redistribués. Le déficit budgétaire n’est pas vaincu : 5 milliards
en 1954. Croissance est étranglée, au final : 2%/an entre 1954 et 1960, soit le 1/3 de la croissance des
autres pays de l’OCDE. La récession de 1954 conduit les républicains à adopter 1 plan de relance
fondé sur la construction d’autoroutes et de logements que n’aurait pas renié Roosevelt. En effet, la loi
de 1956 prévoyait la réalisation sur 20 ans d’1 réseau national d’autoroutes (Interstate Highway
System), qui est le programme gouvernemental le + coûteux des USA : de 1956 à 1972 : 76 milliards
de dollars, soit 6 fois le plan MARSHALl.
Ainsi, la politique libérale ne parvient pas réellement à atteindre ses objectifs, et entretient même 1
certain marasme de l’économie. D’autant + que le coût élevé du crédit décourage l’investissement et la
consommation. La baisse de la rentabilité du capital est 1 des causes des placements financiers à
l’étranger.
Résultats : succès en termes d’emploi et de croissance ; mais au prix de fortes tensions
inflationnistes entretenues par la boucle « prix-salaires » : inflation : +14,5% entre 1950 et 1961 ;
d’où 1 hausse des salaires, provoquant 1 « surchauffe » de l’économie, accentuée pr la guerre au
Vietnam.
* Avec les Démocrates, retour à KEYNES : New Economics :
Cad 1 nouvelle politique de régulation de la conjoncture (fine tuning conjoncturel) : « keynésianisme
pratique », pour contrôler les fluctuations, lutter contre la stagflation et faire jouer les stabilisateurs
automatiques. Ce policy-mix actif fut résumé ainsi par W. HELLER : « Je souffle dans mes mains
pour les réchauffer, cela ne m’empêche pas de souffler sur ma soupe pour la refroidir ». Dès lors,
l’usage du « spending deficit » devient 1 instrument de politique économique, inscrit dans la durée.
Objectif de KENNEDY (1961-1963) et JOHNSON (1963-68-69) : sous l’influence de brain trusts où
dominent des économistes keynésiens (GALBRAITH ou SAMUELSON : IS-LM), l’objectif est la
relance keynésienne (go). Le principe de base de ces New Economics n’est + de réguler l’économie à
1 niveau relativement stable, mais, de maintenir en permanence la croissance la + forte possible de
façon à garantir le plein-emploi. Cette politique est orientée selon 2 horizons temporels :
° La régulation de court terme est assurée par la politique budgétaire. Elle devient le pivot de
la politique économique et les USA s’engagent sur la voie du déficit budgétaire structurel. Le déficit
initial est comblé par l’effet multiplicateur des dépenses publiques, et des recettes fiscales
additionnelles. De 1961 à 1965 : les dépenses publiques augmentent de 32 milliards de $ et les impôts
29
sont réduits de 16 milliards, avec 1 confirmation de l’effet multiplicateur puisque le budget de l’Etat
est excédentaire en 1964 et 1965 et le taux de croissance moyen /an : 5.1%entre 1961-66.
Parallèlement, la politique monétaire du FED accompagne la politique budgétaire et vise tout autant à
soutenir la croissance qu’à répondre au défi monétaire des 1960’s. Elle s’efforce de maintenir les taux
d’intérêt à CT à 1 niveau élevé (de façon à soutenir le $ en freinant le sorties de capitaux) ; et à
contenir les taux d’intérêt à long terme, afin de ne pas pénaliser les investissements.
° La perspective de long terme consiste à proposer, au niveau interne, aux américains
d’atteindre 1 double « Nouvelle frontière » :
- celle de la politique du « bien-être » (Welfare State), fondée sur 1 + grande solidarité et justice
sociales en termes de logement, santé, d’éducation… grâce à l’intervention redistributive de l’EtatProvidence. Sous JOHNSON, l’accent sur le développement de l’Etat–Providence est accentué :
« Grande Société » de JOHNSON : « guerre à la pauvreté » : les programmes sociaux de l’Economic
Opportunity Act : août 1964 ; développement de l’assurance maladie Medicare et Medicaid
(juillet 1965) renforcent la couverture sociale des + démunis.
Le mandat de JOHNSON est comparé à 1 « Présidence Providence »
- Au niveau externe, il s’agit d’impulser les relations de coopération entre les pays industrialisés et le
Tiers-monde, afin de relancer les exportations américaines. C’est 1 nouveau départ au libéralisme :
reprise des négociations commerciales avec les Européens dans le cadre du GATT : Kennedy Round
1964-67) ; 1962 : Trade Expansion Act : droit accordé au gouvernement américain de négocier
avec des pays tiers des baisses des tarifs douaniers ; aussi, de 1965 à 1972 : ces droits diminuent
de moitié.
D’où 1 forte expansion du commerce extérieur américain (notamment avec l’Europe), sans régler la
question de la détérioration du solde commercial et de l’affaiblissement du dollar.
Nouveau départ aussi de l’aide en faveur du Tiers-monde : dans la tradition du Plan Marshall,
« l’alliance pour le Progrès » (Charte de Punta del Este : 1961) visant à soutenir le développement des
pays de l’Amérique Latine de façon à augmenter leurs importations de produits américains.
Résultats : la politique des démocrates rencontre 1 beau succès : l’économie américaine connaît ses +
belles années de croissance : +4.6% en moyenne annuelle de 1961 à 1969 ; seuil minimal du taux de
chômage : 3.6% ; l’excédent budgétaire réapparaît en 1965, conséquence de la croissance. De +,
l’inflation est maîtrisée : de 1961 à 1965, les prix n’augmentent que de 1.6%/an/en moyenne, contre
3.4% pour les salaires, gagés sur les gains de productivité (règle de Wicksell). Ainsi, les sociétés
maîtrisent leurs coûts salariaux tandis que les salariés gagnent du pouvoir d’achat.
Toutefois, à partir de 1967-68, les difficultés se manifestent. La politique monétaire subit 1 échec
total, car, sur la durée, la distorsion entre taux courts et taux longs ne peut se maintenir. En outre, les
investissements à l’étranger des entreprises américaines s’accélèrent : déficit de la balance de
paiements américaine. Et surtout, la guerre du Vietnam a de puissants effets économiques :
réapparition du déficit budgétaire américain après 1967, financé en partie par l’émission de monnaie,
ce qui renforce l’inflation et fragilise le dollar. A partir de 1967-68, la FED accroît ses ventes d’or
pour soutenir le dollar et voit ses réserves de change fondre, tandis que l’inflation ressurgit : +6% en
1970. La balance commerciale est fragilisée : premier déficit en 1970. Aussi, la croissance elle-même
ralentit : à peine 2.4% en 1967.
Ainsi, la prospérité est achevée pour les USA. 2 analyses à ce relatif déclin : pour les républicains
(influencés par les thèses monétaristes et néo-libérales de M. FRIEDMANN), la responsabilité
incombe à la politique expansionniste des démocrates qui auraient laissé « filé » l’inflation et les
déficits.
+ profondément, des facteurs structurels de fragilisation se font jour qui menacent la domination
économique sans partage des USA depuis 1945. Les Pays européens et le Japon se sont relevés et sont
désormais des concurrents commerciaux. D’autant + que l’économie américaine, avec ses hauts
salaires, souffre d’1 déficit général de compétitivité. Les sorties de capitaux ne sont alors que la
contrepartie financière de délocalisations industrielles fondées sur la recherche de salaires moins
élevés et de marchés en + forte expansion à l’étranger. Enfin, l’économie américaine ne parvient + à
compenser le handicap salarial par des gains de productivité, qui ont tendance à diminuer.
30
B) La France : un modèle à la française : entre colbertisme et keynésianisme, 1
croissance fortement administrée
Période non seulement de + forte croissance économique de l’histoire de la France, mais aussi période
de profondes mutations économiques et sociales d’1 ampleur inégalée. En 30 ans, la France cesse
d’être le pays rural, agricole, à moitié industrialisé et largement replié sur lui-même et son Empire,
pour se métamorphoser en 1 société urbaine, tertiairisée, doublée d’1 grande puissance industrielle
ouverte aux échanges internationaux.
En 1970, la structure de l’économie française est comparable à celle de la G-B ou de la RFA, en
avance sur la France sur la 1ère moitié du 20ème siècle. Et même, après 1968, grâce aux accords de
Grenelle qui dopent le marché intérieur et à la dévaluation du franc en 1969, qui favorise les
exportations, la croissance française bat tous les records : 6%/an, alors que l’expansion américaine
commence à s’essouffler.
1) 1 « révolution agricole »
De 1950 à 1970 : l’agriculture et le monde rural français connaissent 1 mutation sans précédent : les
rendements, la production s’envolent, la formation professionnelle se développe, les méthodes
scientifiques s’imposent, l’intégration au marché s’impose, devient la règle. L’agriculture, secteur
importateur, devient 1 véritable « pétrole vert », 1 des principaux atouts du commerce extérieur
français.
Quelques chiffres : la production agricole est * par 2 de 1945 à 1975, alors que la surface agricole utile
diminue de 10% et le nombre des agriculteurs de ½.
Mécanisation : 35 000 tracteurs en 1938, 1.3 million en 1970.
La modernisation est encouragée par les gouvernements, l’Etat : rejet du protectionnisme et de
l’immobilisme.
* Dans le cadre du « Plan Monnet », le machinisme agricole et les engrais font partie des objectifs
prioritaires.
* Création de l’INRA : Institut national de recherche agronomique, qui devient le contre
d’expérimentation d’1 agriculture scientifique : mise au point de semences hybrides, amélioration
génétique des races bovines.
* L’Etat encourage aussi la création des CUMA : Coopératives d’utilisation du matériel agricole.
* Le remembrement, visant à former de grandes parcelles d’1 seul tenant afin de rentabiliser les lourds
investissements du machinisme, se généralise.
* Enfin, le choix du libre-échange, dans le cadre de la construction européenne (PAC est lancée en
1962), favorise et accélère la modernisation (concurrence et exigence de compétitivité).
* La loi-cadre de modernisation agricole (1960) et la « loi Pisani » (1962) ont pour finalité d’accentuer
la modernisation du secteur agricole, donc d’accélérer la concentration et l’intégration au marché, tout
en s’efforçant d’en atténuer le coût social. Sont alors créés les GAEC : Groupements agricoles
d’exploitation en commun, et surtout les SAFER : Sociétés agricoles d’aménagement foncier et de
remembrement, dont le but est de favoriser l’échange de parcelles entre agriculteurs pour favoriser la
formation de grandes exploitations d’1 seul tenant.
* En outre, les prêts du Crédit agricole sont bonifiés, et 1 politique de soutien aux prix agricoles, dans
le cadre de la PAC, vise à maintenir le revenu agricole afin de garantir le remboursement des
emprunts, lui-même gage de la poursuite de la modernisation.
Mais cette révolution a 1 coût économique : endettement massif des agriculteurs auprès du Crédit
agricole (financement des investissements lourds, et de la course à la production de masse).
Cette révolution a 1 coût social : exode rural, désertification des zones rurales, déracinement culturel.
D’où 1 profond malaise dans le secteur rural. A la fin des 1950’s : manifestations violentes des
agriculteurs. Le sociologue Henri MENDRAS évoque même la Fin des paysans (1967). La part du
secteur 1aire dans la population active n’a cessé de diminuer : 36% en 1946, 15% en 1968. L’exode
rural est concomitant à la concentration des exploitations : exploitation-type : 15-20 ha, puis 50 ha au
début des 1960’s et non + 5 ha. La loi-cadre de modernisation agricole (1960) et la « loi Pisani »
(1962) ont pour finalité d’accentuer la modernisation du secteur agricole, donc d’accélérer la
31
concentration et l’intégration au marché, tout en s’efforçant d’en atténuer le coût social. Sont alors
créés les GAEC : Groupements agricoles d’exploitation en commun, et surtout les SAFER : Sociétés
agricoles d’aménagement foncier et de remembrement, dont le but est de favoriser l’échange de
parcelles entre agriculteurs pour favoriser la formation de grandes exploitations d’1 seul tenant. En
outre, les prêts du Crédit agricole sont bonifiés, et 1 politique de soutien aux prix agricoles, dans le
cadre de la PAC, vise à maintenir le revenu agricole afin de garantir le remboursement des emprunts,
lui-même gage de la poursuite de la modernisation.
Conséquences positives de cette modernisation :
- le revenu agricole progresse de 60% entre 1955 et 1970, augmentation comparable à celle de
l’ensemble des revenus.
- l’utilisation de ce revenu diffère pour les agriculteurs par rapport aux autres groupes sociaux : ils
consomment peu : 20% de - que les autres catégories, lancées dans 1 course à la consommation.
Surtout pour les produits culturels, loisirs, la santé. Raison : 1 grande partie du revenu est consacrée à
l’achat de terres, le remboursement des dettes surtout, et, à l’épargne-retraite.
F. BRAUDEL : « Identité de la France » (1986) : le paysan français après avoir été soumis aux
seigneurs sous l’Ancien Régime, a connu la domination des propriétaires bourgeois au 19ème, et
finalement celle des banques et de la grande distribution au 20ème.
2) la restructuration de l’industrie française :
Depuis 1945, véritable révolution industrielle silencieuse sous les effets de l’ouverture des marchés
(GATT, CECA, CEE) et de l’impulsion modernisatrice de l’Etat. Véritable « take off » de l’économie
française sous G. POMPIDOU, notamment.
* la libéralisation générale des marchés et la perte des rentes de situation coloniales renforce la
concurrence internationale. Aussi la concentration des entreprises industrielles est inévitable, durant
les 30 Glorieuses. Au début des 1950’s, l’industrie française est dominée par les PME. Pas
d’entreprises de taille mondiale, sauf Renault et la CFP : compagnie française du pétrole.
* l’Etat encourage la concentration industrielle, dans le prolongement du colbertisme, renforcée par le
nationalisme gaullien. Les 5ème (1965-1969) et 6ème (1970-74) plans placent la modernisation et la
concentration industrielles au 1er rang des priorités.
Dans le secteur public, l’Etat montre l’exemple :
- 1966 : création de Elf-Aquitaine : réunion de toutes les sociétés pétrolières nationalisées ;
- 1970 : création de l’Aérospatiale : réunissant Nord Aviation et Sud-Aviation
De grands projets sont lancés par l’Etat, avec l’aide directe de l’Etat :
- secteur de la défense : force de frappe atomique ;
- Plan Calcul (1967-71) : permettant à la France de se doter d’1 industrie informatique ;
- programme Airbus (1969)
- création de l’Agence spatiale européenne (1972), sous l’impulsion de la France : Ariane
Concernant le secteur privé, l’Etat intervient en se portant garant des emprunts souscrits par des
sociétés privées auprès du FDES : Fonds de développement économique et social ; en facilitant les
exportations, par l’intermédiaire de la COFACE : Compagnie française d’aide au commerce extérieur.
Donc, jamais l’Etat français n’avait eu 1 politique industrielle aussi affirmée qu’à l’époque du
gaullisme et du pompidolisme. Politique de création de « champions nationaux ».
Conséquences :
° À partir des 1960’s, de grands groupes industriels de taille internationale apparaissent, soit par
fusion, soit par rachat de sociétés + petites.
- sidérurgie : rapprochement Usinor-Sacilor (ex-groupe de Wendel)
- chimie : Rhône-Poulenc (Pechinay et Saint-Gobain-Pont-à-Mousson)
- agro-alimentaire : BSN-Danone
- électroménager : groupe Thomson-CSF-Brandt
32
- électricité et électronique : CGE : Compagnie générale d’électricité (Alcatel aujourd’hui)
Cependant, le mouvement est inachevé : au regard de la concurrence internationale, les grandes
entreprises françaises sont encore des « poids plume ». Ainsi, en 1967 : la 1ère entreprise française :
Renault : est au 22ème rang mondial, suivie de CFP-Total : 24ème. Donc, les entreprises françaises
rivalisent difficilement avec les géants mondiaux américains, allemands et japonais.
° L’aide de l’Etat ne porte pas toujours aux résultats attendus, et, n’est pas toujours efficace :
- échecs économiques de certains programmes industriels : avion Concorde, le Plan Calcul, malgré
leurs succès techniques ;
- aide à perte à des branches à l’avenir incertain : « canards boiteux » : charbonnage, sidérurgie ;
- formation d’1 « technostructure », associant étroitement haute administration et grand capital. D’où
l’absence de culture d’entreprise. Stigmatisant cette emprise excessive de l’Etat, J. LESOURNE : « Le
modèle français » (1998), affirme que l’économie française des 1960’s offre l’exemple d’1 « économie
soviétique qui a réussi »
° La modernisation est inachevée :
- la capitalisation et les profits des entreprises françaises sont médiocres, d’où le recours fréquent aux
grandes banques d’affaires (Suez, Paribas) pour financer les concentrations ;
- la structure du commerce extérieur français est + celle d’1 pays en voie d’industrialisation que d’1
grand pays industriel : déficit chronique des échanges industriels : la France exporte assez peu de
produits à haute valeur ajoutée (sauf automobile, aéronautique, matériels militaires) et beaucoup à
valeur ajoutée intermédiaire : produits bruts ou semi-finis. Problème de spécialisation, d’avantages
comparatifs. De +, sa spécialisation géographique révèle 1 solde commercial positif avec les pays du
Tiers-monde, et négatif avec les autres grands pays industrialisés.
3) la forte croissance du tertiaire :
Au début des 1970’s, la France devient 1 pays « tertiairisé » ou « post-industriel » :
- part du 3aire dans la répartition de la population active : 34% en 1946, 52% en 1975 ; revoir
l’équation de Fourastié : faibles gains de productivité et forte hausse de la demande ; et le mécanisme
du déversement (Sauvy) vers 3aire.
- 75% des empois créés au cours des 1960’s sont des emplois 3aires
- en 1970 : 64% du PIB provient du 3aire ; 8% de l’agriculture, 28% de l’industrie
4) Un renouveau démographique : le Baby-boom :
Rappel : Durant le 19ème, la croissance de la population française a été faible. L’influence
malthusienne a été nette à la fin du 19ème-début du 20ème : taux d’accroissement naturel annuel moyen :
0.2% (2.3% aux USA ; 0.8% an Allemagne). La situation des 30’s est catastrophique.
L’immédiat après-guerre, cad à partir de 1943, 1 renouveau démographique est constaté. Le
redressement de la natalité combiné à 1 forte baisse de la mortalité permet 1 montée spectaculaire du
taux d’accroissement naturel de la population des pays développés, et surtout de la France.
De 1946 à 1964, le taux de natalité : 20 pour mille, soit 1 rythme de 850 000 naissances annuelles,
contre 612 000 en 1938 (13.1 pour mille). Le taux de fécondité est > 2.6 enfants/femme. Véritable
réaction anti-malthusienne. Le taux de mortalité : 15.9 pour mille en 1950 ; 11 pour mille en 1975. La
mortalité infantile est divisée par 3.
De 1950 : la population française : 41.8 millions ; en1975 : 52.7 soit 1 croissance de 26% (Italie :
17.8% ; GB : 11%).
Population rajeunie et diversifiée qui contribue considérablement au changement de mentalités dont A.
SAUVY s’est fait le chantre : les - de 30 ans : 29% en 1946 ; 33.5% en 1973. Ce renouveau traduit et
accompagne l’élan de la croissance.
Raisons :
- La Guerre elle-même : CARRE, DUBOIS, MALINVAUD : « Paradoxalement, la guerre, cad
l’expérience de l’insécurité dans 1 société qui avait jusque là multiplié les sécurités, a pu contribuer à
abaisser les normes de sécurité individuelle qui, entre autres, commandent l’intensité de la restriction
des naissances ».
33
- la nuptialité reprend
- Dès 1938 : politique familiale volontariste : Code de la famille, sous l’influence des idées de A.
SAUVY et A. LANDRY, qui se poursuit et s’amplifie à la Libération avec la création de la Sécurité
Sociale et la généralisation des allocations familiales, prime au 1er enfant, aide aux mères seules,
quotient familial (qui encourage la venue du 2ème enfant). Les 1950’s et 60’s vient se développer les
structures d’accueil des petits enfants (crèches).
- le caractère cyclique de l’évolution démographique, selon l’analyse du démographe américain C.
EASTERLIN, dans les 1960’s. Il montre l’existence d’1 cycle démographique fondé sur la relation
entre niveau de vie et fécondité entre les générations successives. Si le niveau de vie d’ 1 génération B
est > à celui d’1 génération A précédente, sa fécondité s’accroît, ce qui donnera lieu, 25 ans + tard, à 1
génération C + nombreuse qui verra son niveau de vie baisser et qui réduira son taux de fécondité.
- la non-maîtrise des moyens de contraception. J.K. GALBRAITH : l’enfant s’ajoute comme 1
investissement pour les parents
- l’appel à l’immigration : en 1975 : 10% des enfants naissent dans des familles d’étrangers. Le
mouvement migratoire a représenté le 1/3 de la croissance démographique.
Cependant à partir de 1965, cet optimisme démographique est rompu, dans l’ensemble des pays
développés. Entre 1965-75, le taux de fécondité descend au-dessous de la barre des 2.1 enfants par
femme en âge de procréer, seuil nécessaire au renouvellement des générations. En France : 1.8
enfant/femme.
Raisons :
- facteurs psychosociologiques : fragilisation de l’institution familiale : hausse des divorces, du célibat,
affaiblissement du sentiment religieux,
- Mutations du marché du travail : entrée + tardive sur le marché du travail, la montée l’emploi et du
niveau de qualification féminin,
- la législation se met en conformité avec les moeurs : 1967 : pilule anticonceptionnelle est autorisée :
loi NEUWIRTH ; Loi WEIL : autorisation du recours à l’avortement.
5) Ouverture de l’économie française sur le monde :
Le passage au libre-échange coïncide avec la construction européenne. L’entrée dans l’OECE conduit
à l’abandon de l’arme protectionniste, créée dans les 1920’s : les quotas. Les rounds du GATT et la
construction européenne portent au désarmement douanier. Pour la 1ère fois, l’expérience de libreéchange n’échoue pas, signe de l’importance des mutations de son appareil productif, malgré des
fragilités certaines : dépendance vis-à-vis du pétrole, véritable choix au cours des 30 Glorieuses, et des
biens d’équipements : 50% des machines-outils sont importées, et toute accélération de la croissance
déséquilibre les comptes extérieurs : contrainte extérieure. Ces fragilités sont révélées par les
dévaluations de sa monnaie : le franc est divisée par 12 par rapport au $ de 1938 à 1958, à l’issue de 7
dévaluations notamment (cf. le problème de l’inflation).
L’Europe se substitue à l’Empire tant comme fournisseur que client de la France. Schéma de
croissance smithienne.
Ses exportations représentent 15% du PIB, soit 1 doublement sur la période. En 1973, la France est
devenue provisoirement le 3ème exportateur mondial. Ses exportations augmentent de 8%/an/en
moyenne.
6) Des politiques keynésiennes successives :
Au sortir de la période de Reconstruction, la France connaît 1 surchauffe inflationniste, débouchant sur
1 plan de refroidissement de Antoine PINAY en 1952 : « expérience PINAY » : blocage des prix,
baisse de la dépense publique, encouragement de l’épargne par 1 grand emprunt indexé sur l’or.
L’atonie de la situation conduit à la relance par d’abord Pierre MENDES FRANCE, puis Edgar
FAURE entre 1953-56 : stimulation des investissements par 1 baisse des taux d’intérêt, et, stimulation
de la consommation par 1 hausse des salaires.
Conséquence : la forte tension inflationniste de 1957-58 contre laquelle Félix GAILLARD, puis
PINAY ont lutté par 1 politique de stop : Plan PINAY (1958-60) : réduction de l amasse monétaire,
emprunt indexé sur l’or, hausse des impôts, blocage des prix, dévaluation de 15%.....
(cf. tableau distribué par la suite et le cours sur la croissance inflationniste)
34
Donc enchaînement typiquement keynésien de réglage fin de la conjoncture. Cependant, dans le cas
de la France, les politiques menées sont avant tout pragmatiques, et visent alternativement à contenir
l’inflation et les déficits publics ou soutenir la croissance.
C) Le « miracle » allemand : l’économie sociale de marché :
1) l’Allemagne sous tutelle alliée
A la fin de la guerre, le bilan des destructions est contrasté en Allemagne : les villes sont certes
ravagées, mais l’industrie est peu touchée, et disposent d’1 outil productif moderne. Les pertes
démographiques sont lourdes, mais compensées par l’afflux des réfugiés de l’Est. Aussi, le problème,
sur le plan économique, est celui des approvisionnements et surtout des capitaux, et – celui de la maind’oeuvre, ni des capacités productives.
De +, sur le plan économique, les alliés ont été + cléments qu’en 1919. L’Allemagne a pu ainsi,
bénéficier d’1 aide financière, dans le cadre du programme américain GARIOA (Government Aids
and Relief in occupies areas) ; de crédits britanniques pour 700 millions de $, et du plan Marshall dès
1948 : 1.5 milliard $. Au total, de 1945 à 1952, la RFA a reçu des Alliés + 6 milliards de $, cad 1
somme à peine inférieure à celle reçue par la France.
De +, dès la fin des 1940’s, la RFA fait figure de partenaire privilégié des USA.
2) la « Soziale Marktwirschaft »
La RFA décide de tourner le dos au dirigisme économique et de jeter les bases d’1 nouveau
libéralisme.
* L’ordo-libéralisme :
Dans cette refondation, les intellectuels de l’Ecole de Fribourg occupent 1 place centrale. Représentée
par des économistes tels que VON EUCKEN, RÖPKE, ils publient leurs articles dans la revue Ordo,
d’où le nom de cette nouvelle approche du libéralisme. Parmi eux, Ludwig ERHARD a 1 rôle
éminent. Les principes de l’ordo-libéralisme sont résumés dans le discours qu’Erhard prononce en
1949 à Berlin.
En contradiction avec le keynésianisme dominant des 1950’s, il prétend reconstruire scientifiquement
1 économie de marché. 1 libéralisme où l’Etat a son rôle à jouer.
- en renonçant à modifier les règles de la concurrence et en garantissant la stabilité de la monnaie, le
respect des contrats et la liberté des échanges.
- L’Etat doit aussi mener 1 politique économique qui favorise l’épanouissement de l’économie de
marché. Les ordo-libéraux distinguent le « processus », cad l’activité économique en tant que telle
dans laquelle l’Etat n’a pas à s’immiscer ; et le « cadre » : l’ensemble des interventions de l’Etat qui
confortent le libre marché : éducation, encouragement à la famille, à la recherche, justice, police.
Fait de libéralisme économique, de rigueur monétaire et de discrète politique sociale, l’ordolibéralisme dépasse la théorie anglo-saxonne de l’Etat-Gendarme et offre 1 alternative au
keynésianisme.
Ce libéralisme suscite en Allemagne, après 1945, 1 profond consensus qui est l’1 des clés du
« miracle » allemand.
Ainsi, le syndicalisme allemand se reconstitue, en 1948, dans le cadre de la DGB (Confédération des
syndicats allemands), sur la réfutation du nazisme, d’1 farouche anti-communisme et du réformisme
social. De même, le SPD en 1959, abandonne toute référence au marxisme et proclame son ralliement
définitif au réformisme social-démocrate.
* Libéralisme et rigueur monétaire :
Le redémarrage de l’économie allemande exige 1 indispensable réforme monétaire. Préparée par des
financiers américains et par le gouvernement économique de ERAHRD, elle est réalisée en juin 1948.
En mars 1948, les Alliés avaient autorisés la création d’1 banque centrale : la Bank Deutscher Lander,
qui en 1953, deviendra la Bundesbank, et qui reçoit le monopole de l’émission monétaire. La Loi
fondamentale du 23/5/1949 garantit constitutionnellement l’indépendance de l’institut d’émission 1
nouvelle monnaie est créée, le deutsche mark, dont le cours est égal à 10 anciens reichmarks. Cette
conversion a de profonds effets économiques : elle frappe durement les créanciers et les épargnants,
35
dont la valeur du patrimoine est divisé par 10, alors qu’elle profite aux forces vives de l’économie : les
salariés, les débiteurs, l’Etat et les propriétaires de biens immobiliers et industriels.
De +, la politique économique est favorable à l’investissement : baisse de l’imposition des sociétés,
faiblesse des charges sociales, stricte orthodoxie monétaire. La politique monétaire joue 1 rôle central
dans l‘encouragement à l’investissement. En contenant l’inflation, la rigueur monétaire garantit la
valeur réelle des profits, source de l’autofinancement.
La politique salariale, s’appuyant sur le « réalisme » des organisations syndicales et profitant de
l’abondance de la main-d’oeuvre, vise les mêmes objectifs.
De 1950 à 1970, l’investissement croît au rythme de 9.5%/an /en moyenne.
Des motifs politiques expliquent le choix d’1 politique monétaire rigoureuse : l’Allemagne, « nain
politique » après 1945, considère que la monnaie est la seule possibilité d’exercer 1 influence
internationale. Le deutsche mark devient le symbole de leur travail, de leur réussite, et de leur
réhabilitation.
Le choix libéral se manifeste dans la gestion du secteur nationalisé qui tranche avec les choix de la
France ou de la G-B. E. En 1945, ce secteur est imposant : 70% de la production de l’aluminium, 55%
de celle de fer par exemple. Aussi, à la fin des 1950’s, l’Allemagne s’engage dans la voie des
privatisations. Celles-ci sont originales, car elles sont assorties d’ 1 dimension sociale et politique : 1
part des actions est réservée aux petits actionnaires de façon à promouvoir 1 capitalisme populaire. De
+, il ne s’agit que de privatisations partielles car l’Etat ou les Länders conservent 1 pouvoir
minoritaire. Exemples de privatisations : Preussag (électricité) en 1959, Volkswagen en 1961, VEBA
(constructions électriques) en 1966.
* 1 politique sociale limitée mais originale :
Le choix libéral allemand se singularise par la mise en place d’1 économie de marché comportant 1
dimension sociale.
- Ainsi, en 1949, des lois sont votées pour indemniser les victimes de la guerre et les laissés pour
compte de la réforme monétaire.
- La sécurité sociale héritée de l’époque bismarckienne est réformée en 1948-49. Mais la couverture
sociale est – complète qu’en France : les allocations familiales n’apparaissent qu’en 1954, la 3ème
semaine de congés payés en 1965 (1956 en France), l’âge de la retraite est fixé à 65 ans et la pension
garantie n’est égale qu’à 35% du dernier salaire.
- Et surtout, des lois sont votées, dans les 1950’s, renforçant la représentativité des salariés au sein de
l’entreprise : système de la cogestion.
° La loi du 21/3/1951 : instaure, dans les mines et la sidérurgie, la « cogestion qualifiée » : sur les 11
membres du conseil de surveillance de l’entreprise, 5 doivent être désignés par les salariés, et, sur les 3
membres du directoire, 1 est obligatoirement élu des salariés.
° La loi du 11/10/1952 : concernant l’ensemble des entreprises de + 100 salariés, instaure des
« conseils d’établissement » formés de délégués du personnel élus pour 3 ans. En échange d’1
limitation du droit de grève, cad l grève n’est possible qu’avec l’approbation de 75 % des salariés au
terme d’1 vote à bulletin secret, et de leur engagement à prévenir les conflits du travail, ils sont
investis de pouvoir de gestion limités ; information obligatoire sur la santé de l’entreprise, codécision
en cas de reconversion ou de licenciements économiques.
En définitive, en dépit d’1 atteinte au droit de grève, la cogestion qui dépasse la législation française
des comités d’entreprises, apparaît comme 1 élément du consensus allemand.
3) La croissance de l’Allemagne
Croissance impressionnante : taux de croissance économique : 1951 à 1960 : 9%/an/en moyenne ;
1961 à 1968 : 6.1% ; 1968 à 1973 : 4.5%.
Les récessions sont rares et d’1 ampleur limitée : croissance nulle en 1958 ; -2% en 1967.
Le « miracle allemand » repose sur des facteurs spécifiques :
* Abondance de main-d’œuvre : flux de réfugiés de la RDA : de 1945 à 1949 : 10 millions
d’allemands fuient l’occupation soviétique. De 1949 (date de fondation de la RFA et RDA) à 1961
36
(construction du Mur de Berlin) : 2 millions d’allemands (surtout diplômés) de l’Est gagnent l’Ouest.
Ces flux permettent, jusque vers 1966-67, de maintenir 1 volant de chômage relativement important, et
les salaires à 1 niveau raisonnable. Donc l’inflation maîtrisée et des profits + élevés, source
d’incitation à l‘investissement.
Cependant, à partir de 1965, le mouvement s’inverse : épuisement des flux de réfugiés, baisse de la
natalité, maintien d’1 forte croissance, aussi, l’Allemagne manque de bras et doit encourager
l’immigration, notamment venant des Balkans.
* Abondance de capitaux aussi. Par 1 politique systématique de taux d’intérêt élevés, la Bundesbank
maintient l’inflation à 1 niveau très faible (3.5%/an/en moyenne), et l’alerte « inflationniste » de 1967
suscite immédiatement 1 vive réaction. Cette politique, associée à la faiblesse du $, contribue à faire
du mark 1 monnaie-refuge. D’où le mark est 1 monnaie recherchée et les étrangers n’hésitent pas à
investir ou à placer leurs capitaux en Allemagne : 40 milliards de DM de 1945 à 1962, facilitant ainsi
le financement des investissements. L’afflux de capitaux est tel que la Bundesbank, pour enrayer tout
risque inflationniste, doit réévaluer sa monnaie (1961, 1969).
* De + la RFA, rompant avec le protectionnisme, joue la carte de l’ouverture européenne et du libreéchange. La part des exportations dans le PNB allemand : 8.5% en 1950, 21% en 1970 ; la part des
exportations allemandes dans les exportations mondiales : 3 à 11%.
De 1954 à 1971, le commerce de la RFA, avec les Pays-Bas a été * par 15 (en valeur), celui avec la
France, par 25. En 1970, la RFA est devenue le 1er client et le 1er fournisseur de la France (vrai aussi
en sens inverse)
Ce qui traduit 1 spécialisation du tissu industriel adaptée à la demande internationale des pays les +
riches, et à haute valeur ajoutée. Spécialisation dans le secteur des biens d’équipements à forte valeur
ajoutée : mécanique, machine-outil, chimie, construction électrique, automobile (en 1970 : RFA est le
1er producteur européen et le 3ème mondial). Ces productions se substituent au charbon et à la
sidérurgie. Produits de haute qualité et à faible élasticité-prix. La demande préférentielle pour les
produits allemands repose sur leur qualité (solidité, efficacité du service après-vente, innovation),
conséquence d’1 active politique de recherche, d’1 fort consensus social au sein de l’entreprise, et des
efforts de formation de la main-d’œuvre. Ainsi, le « made in Germany » (haut de gamme) permet de
contourner l’obstacle de la monnaie forte et le transforme même en avantage.
La politique du mark fort réduit le coût des importations (pas d’inflation importée), et augmente les
disponibilités financières, source d’investissement. Sans qu’il y ait des incidences négatives sur els
exportations : au contraire, les exportations se développent et la RFA accumule les excédents
commerciaux : 1951 : 1er solde positif, 1955 : 1.3 milliard d’excédent, 16 en 1970. Excédent qui
renforcent la valeur du mark.
Enfin, la concentration des entreprises se poursuit sur cette période, dans la tradition des konzerns
allemands. Les groupes industriels sont étroitement associés au secteur bancaire. Expl : en 1967 :
Krupp se transforme en Société anonyme, dont les 2 principaux actionnaires sont : Deutsche Bank et
la Dresdner Bank.
Aussi, le miracle allemand repose sur 1 véritable cercle vertueux : progression contenue des salaires,
consensus social, monnaie forte, absence d’inflation, profits élevés, rythme soutenu de
l’investissement, spécialisation sur le haut de gamme.
37
D) Le « miracle » japonais : naissance d’1 géant :
Champion incontesté de la croissance des 30 Glorieuses. En 30 ans environ, le Japon devient la 2de
puissance économique mondiale.
Situation initiale proche de celle de l’Allemagne : ampleur des destructions, poids des réfugiés (6
millions au total), perte de ses positions extérieures, et tutelle américaine. En effet, de 1945 à 1951, le
Japon subit l’occupation américain : «proconsulat » du général Mac Arthur. Elle est marquée par
d’importantes réformes, notamment dans le domaine économique et social : la loi eugénique de 1948
qui encourage l’avortement, pour limiter la surnatalité ; les zaibatsu sont démantelés après 1945, mais
ce processus est vite interrompu par les impératifs de la guerre froide.
Mais, le redémarrage du Japon est + lent qu celui de l’Allemagne. Le niveau de la production de 1939
n’est retrouvé qu’en 1954. C’est la guerre de Corée qui marque le début du relèvement japonais. Les
entreprises japonaises deviennent sous-traitantes. A partir de ce moment, les performances japonaises
sont uniques. De 1953 à 1973, le taux de croissance économique : 10%/an/an moyenne. Le taux
d’investissement : 15%/an, et vers 1970, l’investissement représente 35%du PIB (contre 20% en
France).
En 1964 : le Japon est admis au sein de l’OCDE, marquant ainsi la reconnaissance du Japon en tant
que puissance économique. En 1973 : le Japon devient la 2de puissance économique mondiale (URSS
exclue), le PIB japonais dépasse celui de l’Allemagne. En termes de niveau de vie : en 1970, le
PIB/tête japonais = celui de la G-B, en 1950 : 2/3 inférieur.
Raisons ? C’est l’interaction entre des éléments structurels de la société et de la mentalité japonaise et
sa faculté d’adaptation à l’évolution de la conjoncture économique, qui est à l’origine du « miracle
japonais ».
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* La société japonaise se caractérise par le consensus. La contestation sociale est limitée et le
respect de la hiérarchie fort. Le modèle social incite les japonais à la fidélité envers l’entreprise, au
sein de laquelle il franchit tous les niveaux. En contrepartie, emploi à vie garantie. Ardeur au travail du
travailleur japonais, renoncement à ses congés payés. Taux d’épargne : 20% du revenu national,
faisant du Japon le champion du monde de l’épargne au sein de l’OCDE, permettant ainsi 1
financement à moindre coût de l’investissement. Cette forte épargne japonaise a des cause culturelles
(frugalité du comportement japonais), mais est aussi due à la déficience de la protection sociale (ce
n’est qu’en 1961qu’est mis en place 1 système national d’assurance-retraite), coût élevé des études.
Aussi les entreprises japonaises organisent l’épargne forcée de leurs employés par le virement des
primes salariales sur des fonds de pension.
* le dualisme de l’économie : 1 autre base de l’expansion japonaise.
- A côté des conglomérats où règnent l’emploi à vie, existe 1 multitude de petites et moyennes
entreprises, spécialisées dans la sous-traitance. Les entreprises de – 200 salariés emploient 70% de la
main-d’œuvre et réalisent 45% de la production industrielle et 60% des exportations, en 1958.
Leurs caractéristiques : faible intensité capitalistique, d’où réservoir d’expansion de la main-d’œuvre,
grande souplesse (amortisseur de l’activité économique : image de l’ « édredon »), salaires + faibles,
médiocres garanties sociales, d’où des coûts de production moindres par rapport aux grandes
entreprises.
- Les conglomérats géants japonais se caractérisent par leur intégration : activités industrielles,
commerciales et financières. 1 banque, « cerveau du groupe », facilite l’autofinancement de
l’ensemble du groupe et gère l’épargne des salariés. Les activités industrielles sont fortement
intensives en K et en technologie. Les activités commerciales (études de marché) précèdent la mise
en route de nouveaux produits, sans sacrifier les anciens produits.
Expl : MITSUBISHI : dans les 1950’s : activités traditionnelles : sidérurgie, construction navale ; dans
les 1960’s : conquête des marchés de l’automobile et de la pétrochimie ; dans les 1970’s : électronique
et informatique portent la croissance du groupe.
* L’Etat, partenaire du secteur privé, porte la croissance.
- Le soutien de l’Etat au système productif s’appuie sur 1 planification souple et originale. Plans
quinquennaux, fixant à l’économie les indications stratégiques et permettant de viser constamment de
nouveaux objectifs avant même que les autres ne soient atteints.
- Le MITI : ministry of International Trade dans Industry, offre aux zaibatsu 1 base d’informations
économiques sur les marchés mondiaux, joue 1 rôle clé en matière d’importations de technologies,
favorise les concentrations industrielles, et, assure 1 soutien direct à l’exportation.
- la Banque du Japon favorise aussi les exportations en maintenant la sous-évaluation du yen.
Caractéristique essentielle de la croissance japonaise : maîtrise de la contrainte extérieure. Dépendant
pour ses approvisionnements de l’extérieur énergie : 91%, fer : 94% en 1970). Le japon est devenu
dans les 1970’s le deuxième exportateur mondial. Cette réussite est due tant à la maîtrise des coûts
qu’à 1 effort d’innovation et à 1 stratégie de conquête de marchés.
Mais le « miracle » japonais présente des limites :
° L’inflation, en raison des tensions sur le marché du travail et 1 yen sous-évalué : 5% en moyenne
annuelles jusque vers les 1970’s ; 10% de 1970 à 1973. Forte sensibilité, du fait de sa dépendance
extérieure, aux variations des cours des matières 1ères.
° le social a été fortement sacrifié : protection sociale déficiente, équipements collectifs médiocres,
logements insuffisants, pollution.
E) La langueur de l’économie britannique :
« Bonnet d’âne » de l’OCDE durant les 30 Glorieuses : déficit de 2 à 3 points de croissance par an.
Pourtant, l’économie anglaise ne s’est jamais aussi bien portée. Indicateurs favorables :
- L’industrie britannique sort renforcée de la guerre et retrouve ses parts de marché d’avant-guerre :
20% de la production industrielle mondiale.
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- De 1950 à 1973 : le taux de croissance annuel moyen : 2.5% est > à celui des meilleures années su
19ème.
- Le plein emploi est garanti : taux de chômage < 2%
- 2.5% du PNB anglais consacré à la recherche (surtout militaire) ; 1.3% en RFA et 1.2% en France
- disparition quasiment du déficit de la balance commerciale. Taux de couverture : 90% en 1960 ; 66%
en 1930.
- Au niveau sectoriel : déclin des industries traditionnelles : charbon, construction navale, textile,
sidérurgie, mais compensé par les industries de la seconde révolution industrielle : automobile, chimie,
ingénierie pétrolière, électricité, aéronautique, services : en 1970 : tertiaire : 60% de la population
active et 55% du PNB anglais. L’Angleterre n’est + « l’atelier du monde »
Cependant, le décrochage est réel : croissance économique + faible ; GB : 11% de la production
industrielle mondiale en 1970, 20% en 1950 ; 15ème place pour le revenu/tête en 1971, 5ème en 1950 ;
des déficits chroniques de la balance des paiements ; des crises de change récurrentes affectant la
stabilité de la £.
Raisons :
* La défaillance de la politique économique : La GB est le pays où l’application des préceptes
keynésiens de régulation conjoncturelle par l’Etat a été la + poussée.
En 1945, l’élargissement des responsabilités économiques et sociales de l’Etat fait l’objet d’1 large
consensus en GB, d’autant + que durant la guerre, l’économie était entièrement sous le contrôle de
l’Etat. D’où l’Etat-Providence et les politiques fondées sur le réglage conjoncturel de type keynésien.
L’application rigide du « stop and go” explique les à-coups de la croissance britannique : 4% /an de
1952 à 1955 ; 0.9% de 1956 à 1959 et de nouveau 4.1% de 1959 à 1961.
En effet, la conjoncture est soumise à des cycles très courts de Stop and Go. Ceux-ci traduisent la
contrainte extérieure qui s’impose à la GB. L’évolution anglaise des 1950-60’s est 1 bon exemple d’1
pays qui sacrifie sa croissance à la défense de sa monnaie. Conflit de finalités : lutter contre le
chômage, mais en même temps, équilibrer sa balance des paiements afin de maintenir 1 parité forte de
la £. Or, le déficit de la balance commerciale est lié aux importations dont la valeur diminue, alors que
les exportations chutent, pénalisées par le cours de la £.
Aussi, tout déficit de la balance des paiements entraîne 1 affaiblissement de la £ sur le marché des
changes. Ce qui conduit la Banque d’Angleterre à intervenir pour défendre sa monnaie : vente de sa
monnaie, d’où la baisse des réserves de changes.
Aussi, le gouvernement tente de limiter la demande intérieure, en élevant le coût du crédit. Mais cette
politique de stop provoque 1 ralentissement de l’activité économique et 1 hausse du chômage. Aussi,
le gouvernement doit stimuler l’activité, en étant + laxiste sur le crédit. Mais cette polsitique de Go
relance la hausse des prix et le déficit de la balance commerciale…
La contrainte extérieure est liée à la reconversion lente de l’industrie anglaise. Aussi, le rapport
qualité/prix des produits anglais est mauvais. D’où la forte élasticité des importations par rapport au
PIB et la faible pénétration des marchés étrangers.
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* Excès d’Etat-Providence
- La GB est le pays de l’OCDE, au cours des 30 Glorieuses où la couverture sociale est la + forte, mais
aussi celui dont la croissance est la + faible. Les économistes libéraux font la corrélation. C
BARNETT insiste sur les ravages de la « Nouvelle Jérusalem » : excès de prélèvements obligatoires :
42% du PIB en 1974 ; 34% en 1964, ce qui déprime la consommation (baisse du revenu disponible),
ponction des profits et découragement des investissements.
La pression fiscale dans les 1950-1960’s touche + lourdement les entreprises.
- la critique libérale stigmatise aussi l’excès de pouvoir des syndicats. Les trade unions (10 millions
de membres en 1970) exercent 1 influence sur le parti travailliste, et, bénéficient d’avantages : la
pratique du closed shop, qui conditionne l’embauche à l’appartenance au syndicat de la branche ; du
shop steward : délégué syndical dans l’entreprise.
L’échec de la politique des revenus est lourdement dû à la défense des intérêts catégoriels par chaque
trade union. La finalité de la politique des revenus (incomes policy) : lier les augmentations de
salaires aux gains de productivité. Or, au milieu des 1960’s les salaires s’envolent, décrochant des
gains de productivité. Et en 1966, les travaillistes (H. WILSON) sont contraints d’imposer 1 contrôle
des salaires.
De +, le taylorisme est – développé en GB par rapport aux autres pays. D’où 1 productivité horaire du
travail dans l’industrie automobile 3 fois < à celle de l’Allemagne, au début des 1970’s.
* le comportement du patronat est aussi à l’origine du sous-investissement. Domination des
« héritiers » au détriment des « techniciens » : d’où la médiocrité du patronat anglais. Ainsi, en
Allemagne, 2% des firmes industrielles sont dirigées par leur fondateur en 1950, en GB : 10%. Vers
1970, la part des patrons ayant fait des études > est 2 fois < aux taux français.
Médiocrité révélée par la difficulté de passer de la recherche fondamentale à la recherche appliquée.
« Inventé en GB, développé aux USA, et fabriqué au Japon ».
* le culte de la monnaie :
Les économistes plutôt keynésiens mettent en avant le poids des contraintes financières. E.
HOBSBAWM : choix de la monnaie contre l’industrie dans les 20’s. Ce qui répondait à 1 certaine
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logique économique : (excédent de la balance des paiements). Mais depuis 1945, les revenus
« invisibles » se sont effondrés et Londres, en tant que place financière a été détrôné par New York. Or
la politique monétaire est toujours restrictive (taux d’intérêt élevés) afin d’attirer les capitaux flottants.
Les taux d’intérêt sont > d’1 ou 2 points par rapport au Japon ou à l’Allemagne, et en contrepartie le
taux d’investissement est 2 fois < à celui du Japon : 14.7 contre 27% entre 1961-1973. La GB
maintient ainsi jusqu’au début des 1970’s 1 politique monétaire restrictive, mais dans 1 environnement
financier fortement dégradé.
Nicholas KALDOR : « maturité précoce » pour décrire 1 société industrialisée depuis longtemps, où
dominent le secteur tertiaire et la faiblesse des gains de productivité.
IV) Les théories de la croissance : en classe
Conclusion : les 30 Glorieuses : 1 parenthèse dans l’histoire ? (En classe)
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