La croissance du PIB américain a rejoint seulement vers 1960’s le record historique établi à la fin du
19ème. Mais en termes de productivité, la performance de 1950-73 dépasse nettement celle de 1870-
1913.
La G-B, « lanterne rouge » de la croissance européenne, en perte de vitesse relative jusqu’aux 1970’s,
mais ses taux de croissance sont très > à ceux du 19ème.
La performance du Japon apparaît comme 1 cas extrême de « rattrapage réussi», mais non comme 1
« miracle » isolé, car la croissance touche aussi d’autres économies : Espagne (6% à partir des 1950’s),
Autriche, Finlande …
Conséquence de cette évolution différenciée des taux de croissance : la modification du poids relatif
des différents pays par 1 phénomène de rattrapage entre pays suiveurs et pays leader (USA). Le Japon
devient le « 3ème grand » (R. GUILLAIN), après les USA et l’Allemagne.
- Croissance d’ampleur inégale aussi sur la période des 30 Glorieuses :
1 périodisation + fine fait apparaître 3 phases distinctes :
* 1945-début des années 50 : croissance fondée sur les impératifs de la reconstruction, forte, mais
instable et portée par le soutien des USA
* 1955-1967-68 : stabilisation de la croissance à 1 haut niveau et reposant sur les propres forces des
économies (consommation intérieure et exportations)
* à partir de la fin des 1960’s : les disparités se creusent dans 1 environnement dégradé. La croissance
de certains pays tend à fléchir (USA, GB) ou à se stabiliser (RFA), alors qu’en France et Japon, elle
se maintient à de très hauts niveaux : +6%/an en France, mais au prix d’1 inflation + forte.
La croissance de la France : exemple d’1croissance en voie d’accélération continue sur l’ensemble de
la période, et qui culmine à 5.9%/an de 1968 à 1973 ; Allemagne : 5%.
- Croissance d’ampleur inégale sur le territoire national :
Jean-François GRAVIER : « Paris et le désert français » (1947) : le titre est évocateur du déséquilibre
Paris et province. Paris culmine tous les avantages : 17% de la population mais ¼ du produit national
et du revenu disponible, les salaires > 30% à la moyenne nationale ; la ½ des sièges sociaux ;
domination tertiaire, culturelle, politique, touristique ; suprématie industrielle : industrie automobile :
2 voitures/3 fabriquées entre Boulogne et le Quai de Javel …..Hypertrophie parisienne versus 1
province anémiée.
Les enjeux de la grande expansion sont réels.
° Economiquement, la croissance s’identifie à 1 amélioration du niveau de vie, sans précédent
historique. «Relèvement de la norme de consommation » pour l’Ecole de la régulation, qui met
l’accent ainsi sur 1 sorte de contrainte sociale à consommer. De fait, le salaire enregistre 1
augmentation à LT sans précédent. En 1 génération, le pouvoir d’achat du revenu moyen, en France a
triplé, selon les chiffres de J. FOURASTIE, soit la progression globale enregistrée du début du 19ème
aux années 1930.
D’où 1 bouleversement des structures de consommation. (cf. II)
* Le poids des dépenses alimentaires au sein de la consommation totale, encore prépondérante vers
1945, diminue : son coefficient budgétaire : 1949 en France : 44.2% ; en 1974 : 25.9%.
* Généralisation de l’automobile individuelle (1946 : 1 voiture/40 habitants, 1975 : 1/3), des biens
d’équipement durables : trilogie : téléviseur, réfrigérateur, machine à laver : symboles de la « société
de consommation » triomphante.
° Socialement, la croissance bouleverse les équilibres traditionnels.
* Le « fétichisme » du taux de croissance fut reproché aux gouvernements : « on ne tombe pas
amoureux d’1 taux de croissance » (Mai 68). Car la croissance des 30 Glorieuses perpétue les
inégalités (cf. chap. sur la répartition) et porte aux conflits sociaux, reproduit les frustrations, et suscite
de nouveaux déséquilibres.
* Elle s’accompagne de tensions sociales permanentes dont le signe le + visible est l’inflation
continue.
* De +, des problèmes longtemps négligés (nuisances, dégradation de l’environnement) font irruption
vers la fin 1960’s (cf. Club de Rome)
* le mouvement d’urbanisation, la résorption du secteur agricole connaissent 1 accélération sans
précédent.