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CHAPITRE 1 LA CROISSANCE DES 30 GLORIEUSES
I) Les 30Glorieuses impulsent 1 nouvel élan à la croissance économique….
A) Un dynamisme sans précédent…..
1) 1 accélération de la croissance mais d’ampleur inégale
2) 1 croissance régulière
3) 1 croissance proche du plein-emploi
B) ….accompagné de modifications structurelles
1) Les déformations sectorielles conduisent à la tertiairisation croissante de
l’économie et des emplois
2) La concentration des entreprises
3) L’ère des managers
II) …. dont les moteurs s’avèrent particulièrement complexes :
A) L’analyse des facteurs primaires de la croissance révèle 1 croissance intensive
1) Le travail
2) Le capital
B) ….. impulsée par des forces motrices :
1) L’élan initial : le succès de la Reconstruction :
2) Le mode de régulation fordiste
a) L’impulsion de l’Etat : 1 économie administrée, 1 régulation keynésienne ?
a.1. Protection sociale et lois sociales
a.2. Politiques structurelles
a.3. Politiques conjoncturelles contracycliques d’inspiration
keynésienne
b) La régulation monopoliste : accumulation intensive, nouveau rapport
salarial, production et consommation de masse :
3) Le rôle déterminant de l’ouverture internationale :
a) 1 nouvel ordre économique international : la « pax americana »
a.1. Accords de Bretton-Woods
a.2. Libéralisation des échanges : le GATT
b) L’intégration européenne : vers les Etats-Unis d’Europe :
c) Développement des échanges et nouvelle hiérarchie des puissances
d) L’affirmation du Tiers-Monde
C) 1 croissance inflationniste (en classe)
III) ….. D’autant plus que les sentiers de croissance ont été différents selon les pays ….
A) Les USA, enfants sages de la croissance :
B) La France : un modèle à la française : entre néocolbertisme et keynésianisme : 1
croissance fortement administrée :
C) Le « miracle allemand » : l’économie sociale de marché :
D) Le « miracle japonais » : naissance d’1 géant :
E) La langueur de l’économie britannique
IV) …Laissant ainsi perplexes les économistes : Les théories de la croissance rendent
difficilement compte de la croissance des 30 Glorieuses : (en classe)
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Intro : rappel : les 1ères interrogations sur la croissance
A) Les modèles initiaux de la croissance : entre équilibre et déséquilibre :
1) Le modèle de Harrod-Domar :
a) Influence de Keynes
b) Hypothèses communes à Harrod-Domar
c) Apport de E. Domar : les 2 effets du revenu
d) La conception harrodienne : la croissance sur le « fil du rasoir »
2) La réponse néo-classique : le modèle de Robert Solow
a) Objectifs
b) Hypothèses
c) Modèle de croissance équilibrée : théorie de la règle d’or
3) Croissance et répartition : les néo-cambridgiens : (post keynésiens)
a) Le modèle de Kaldor : l’ajustement par l’épargne
b) J. Robinson et la double liaison : taux de profit et accumulation du capital
c) Pasinetti et le rôle stratégique des capitalistes dans la croissance
d) une contribution originale : la croissance cyclique de Goodwin
B) L’invalidité empirique : le résidu :
C) Les nouvelles théories de la croissance :
1) Les théories de la croissance endogène
b) croissance endogène versus croissance exogène
c) Les nouvelles sources de la croissance
d) Réhabilitation du rôle de l’Etat
2) L’approche régulationniste
3) L’évolutionnisme
Conclusion : les 30 Glorieuses : 1 parenthèse dans l’histoire ? (en classe)
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CHAPITRE 1 LA CROISSANCE DES 30 GLORIEUSES
Jean FOURASTIE : « les 30 Glorieuses : la révolution silencieuse de 1945 à 1975 » (1979) est à
l’origine de l’expression « 30 Glorieuses ». Expression construite par analogie aux « 3 Glorieuses » de
juillet 1830 qui avaient renversé la monarchie de Charles X. Elle désigne les 3 décennies (1945-1973)
qui ont suivi la 2d GM. En fait, le début de l’âge d’or date non pas de 1945, mais de 1950.
A. MADDISON : « Les phases du développement capitaliste » (1981) : « l’âge d’or du capitalisme ».
Période souvent qualifiée de parenthèse dans l’évolution à long terme.
Bien que les pays socialistes et les pays du 1/3 Monde aient connu des progrès, sur la période, cette
croissance est centrée sur l’Europe (sauf Grande-Bretagne), le Japon, et, à 1 moindre degré les USA.
Hormis les USA, les pays européens ne sont pas encore entrés en 1945, dans l’ère de la consommation
de masse. Pourtant, au début des 1950’s, le terme croissance surgit du vocabulaire économique.
Croissance exceptionnelle, laissant supposé que le problème des fluctuations longues était résolu.
Ainsi, à la fin des 1960’s, J. LECAILLON : « il existe encore des fluctuations, mais elles n’ont + ni la
régularité ni l’ampleur qu’elles avaient autrefois… 1 crise majeure du type de 1929 est aujourd’hui
impensable ». Quels sont les ressorts de cette croissance ?
Cette croissance a cependant généré des tensions : par exemple sur le marché du travail : pénurie de
main-d’œuvre, l’inflation rampante qui caractérise la période ; tensions nécessitant 1 intervention de +
en + importante de l’Etat (politiques conjoncturelles et structurelles)
Enfin, la croissance s’accompagne de mutations sectorielles : montée du secteur tertiaire, déclin relatif
du secteur agricole, mouvement de concentration industrielle, phénomène qui s’accompagne d’1
profonde transformation de la structure sociale tendant vers 1 « moyennisation » du corps social
(chapitre sur le social après le Concours blanc).
I) Le nouvel élan de la croissance :
A) Un dynamisme sans précédent : 1 croissance longue sans crise majeure :
1950’s et 1960’s : place exceptionnelle dans l’histoire de la croissance des économies occidentales,
pour au 3 raisons :
* l’accélération de la croissance
* sa régularité
* le maintien d’1 situation proche du plein-emploi
1) L’accélération de la croissance :
La croissance de la période 1950-1970 surclasse les rythmes de croissance des années précédentes, en
terme de PIB (5%/an/moyenne) ou de PIB/tête. A. MADDISON : 3.8%/an entre 1950 et 1973 pour
les pays de l’OCDE
- accélération générale au sein des principales économies occidentales :
Au 19ème, 2%/an/moyenne
1870-1913 : 2.5%/an
1913-1950 : 1.9%/an
1950-1970 : 4.9%/an
- Mais croissance d’ampleur inégale entre les pays : hiérarchie suivante :
* croissance modérée des USA (3.6%/an)
* croissance faible de la Grande-Bretagne (2.5%/an)
* croissance forte des pays de l’Europe continentale : France : 5%/an ; RFA : 6%/an
* croissance exceptionnelle du Japon : (9%/an)
Cette inégalité se reflète également au niveau des rythmes de gains de productivité, mesurés ici par le
PIB/tête : les gains de productivité sont 2 fois + élevés en France, Italie, Allemagne qu’aux USA ou en
G-B, et 3 fois + au Japon.
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La croissance du PIB américain a rejoint seulement vers 1960’s le record historique établi à la fin du
19ème. Mais en termes de productivité, la performance de 1950-73 dépasse nettement celle de 1870-
1913.
La G-B, « lanterne rouge » de la croissance européenne, en perte de vitesse relative jusqu’aux 1970’s,
mais ses taux de croissance sont très > à ceux du 19ème.
La performance du Japon apparaît comme 1 cas extrême de « rattrapage réussi», mais non comme 1
« miracle » isolé, car la croissance touche aussi d’autres économies : Espagne (6% à partir des 1950’s),
Autriche, Finlande …
Conséquence de cette évolution différenciée des taux de croissance : la modification du poids relatif
des différents pays par 1 phénomène de rattrapage entre pays suiveurs et pays leader (USA). Le Japon
devient le « 3ème grand » (R. GUILLAIN), après les USA et l’Allemagne.
- Croissance d’ampleur inégale aussi sur la période des 30 Glorieuses :
1 périodisation + fine fait apparaître 3 phases distinctes :
* 1945-début des années 50 : croissance fondée sur les impératifs de la reconstruction, forte, mais
instable et portée par le soutien des USA
* 1955-1967-68 : stabilisation de la croissance à 1 haut niveau et reposant sur les propres forces des
économies (consommation intérieure et exportations)
* à partir de la fin des 1960’s : les disparités se creusent dans 1 environnement dégradé. La croissance
de certains pays tend à fléchir (USA, GB) ou à se stabiliser (RFA), alors qu’en France et Japon, elle
se maintient à de très hauts niveaux : +6%/an en France, mais au prix d’1 inflation + forte.
La croissance de la France : exemple d’1croissance en voie d’accélération continue sur l’ensemble de
la période, et qui culmine à 5.9%/an de 1968 à 1973 ; Allemagne : 5%.
- Croissance d’ampleur inégale sur le territoire national :
Jean-François GRAVIER : « Paris et le désert français » (1947) : le titre est évocateur du déséquilibre
Paris et province. Paris culmine tous les avantages : 17% de la population mais ¼ du produit national
et du revenu disponible, les salaires > 30% à la moyenne nationale ; la ½ des sièges sociaux ;
domination tertiaire, culturelle, politique, touristique ; suprématie industrielle : industrie automobile :
2 voitures/3 fabriquées entre Boulogne et le Quai de Javel …..Hypertrophie parisienne versus 1
province anémiée.
Les enjeux de la grande expansion sont réels.
° Economiquement, la croissance s’identifie à 1 amélioration du niveau de vie, sans précédent
historique. «Relèvement de la norme de consommation » pour l’Ecole de la régulation, qui met
l’accent ainsi sur 1 sorte de contrainte sociale à consommer. De fait, le salaire enregistre 1
augmentation à LT sans précédent. En 1 génération, le pouvoir d’achat du revenu moyen, en France a
triplé, selon les chiffres de J. FOURASTIE, soit la progression globale enregistrée du début du 19ème
aux années 1930.
D’où 1 bouleversement des structures de consommation. (cf. II)
* Le poids des dépenses alimentaires au sein de la consommation totale, encore prépondérante vers
1945, diminue : son coefficient budgétaire : 1949 en France : 44.2% ; en 1974 : 25.9%.
* Généralisation de l’automobile individuelle (1946 : 1 voiture/40 habitants, 1975 : 1/3), des biens
d’équipement durables : trilogie : téléviseur, réfrigérateur, machine à laver : symboles de la « société
de consommation » triomphante.
° Socialement, la croissance bouleverse les équilibres traditionnels.
* Le « fétichisme » du taux de croissance fut reproché aux gouvernements : « on ne tombe pas
amoureux d’1 taux de croissance » (Mai 68). Car la croissance des 30 Glorieuses perpétue les
inégalités (cf. chap. sur la répartition) et porte aux conflits sociaux, reproduit les frustrations, et suscite
de nouveaux déséquilibres.
* Elle s’accompagne de tensions sociales permanentes dont le signe le + visible est l’inflation
continue.
* De +, des problèmes longtemps négligés (nuisances, dégradation de l’environnement) font irruption
vers la fin 1960’s (cf. Club de Rome)
* le mouvement d’urbanisation, la résorption du secteur agricole connaissent 1 accélération sans
précédent.
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2) Régularité de la croissance
Trait original de la croissance des 30 Glorieuses. Les fluctuations ne sont pas totalement éliminées,
mais le rythme traditionnel du « cycle de Juglar, marqué par 1 chute de l’activité tous les 10 ans
environ, fait place à 1 « cycle de croissance », + atténué, ponctué de simples récessions ». Les
récessions d’après-guerre se distinguent des crises ou dépressions du passé, d’abord par leur brièveté
(la durée de la phase de contraction se mesure en mois ou en trimestres, et non + en années), puis par
leur faible intensité surtout : le creux du cycle correspond le + souvent à 1 simple fléchissement du
taux de croissance, et non à 1 baisse absolue de la production.
Victor ZARNOWITZ a montré qu’après 1945, les fluctuations changeaient de nature : elles étaient
volatiles, avec des phases d’expansion systématiquement + longues et des périodes de contraction +
courtes et nombreuses qu’auparavant.
Ainsi, la tendance de longue période à 1 aggravation des crises capitalistes, qui semblait se dessiner
pendant l’entre-2 guerres (crises de 1921, 1929) est complètement inversée. Certes, les USA
connaissent toujours des récessions 1 peu + sévères que l’Europe (diminution absolue du PIB de
l’ordre de 1 ou 2 point de % en 1954 et en 1958), mais, le cas ne se reproduira + jusqu’aux années
1970. Et les fluctuations de l’économie dominante affectent toujours la conjoncture de leurs
partenaires. Mais l’impact des récessions américaines reste néanmoins très atténué. Ainsi, pour
l’ensemble des pays européens de l’OCDE, le taux de croissance annuel de leur PIB global reste
toujours >0. Il ne fléchit jamais à de 2% au cours des années 1960-70. La croissance française des
1960’s est d’1 régularité exemplaire : + 4% pour la + mauvaise année : 1968.
En GB, et en Allemagne, les à-coups de la politique économique se traduisent parfois par 1 coup
d’arrêt brutal, mais bref. Quant à l’économie japonaise, son cycle de croissance est parcouru de
fluctuations prononcées, mais, même pour les années de « + forte récession » (1958 ; 1965 ; 1971), le
taux de croissance dépasse toujours 5%. L’annonce d’1 fin prochaine du « miracle japonais » est
toujours démentie.
D’1 façon générale, la faible durée et la faible amplitude des récessions contribuent directement à
expliquer la croissance record des économies capitalistes sur l’ensemble de la période. Les récessions
n’ont qu’1 faible impact sur la croissance.
3) 1 croissance proche du plein-emploi
Contraste avec la phase antérieure de la croissance capitaliste. L’entre-2-guerres avait connu des
pointes de chômage massif, d’1 gravité sans précédent ; et la persistance d’ 1 volant de chômage
permanent, qui se maintientme dans l’intervalle des « crises ».
L’après-guerre : double renversement de tendance par rapport aux 1930’s.
* objectif prioritaire de maintien du plein-emploi a été réalisé dans l’ensemble au sein des pays
industrialisés. G.POMPIDOU : « mieux vaut l’inflation que le chômage ». Donc l’inflation est 1 risque
assumé. Déjà chez Keynes : l’inflation naît aux abords du plein-emploi. Et la courbe de PHILLIPS
révélait l’arbitrage inflation chômage. (cf. chapitres antérieurs)
* même en phase de récession, le chômage de pointe reste sans commune mesure avec les taux
maximaux enregistrés en 1932, dans les grands pays industrialisés ; et sont < aux taux moyens de
l’entre-2-guerres.
Les 1960’s sont + favorables que les 1950’s. Même aux USA l’amélioration a été nette et +
tardive, le taux de chômage passe en 1964, au-dessous de 5%, et la moyenne des années 1965-1969 :
3.8% est la + faible enregistrée depuis l’immédiat après-guerre. Seule la G-B est l’exception notable.
Ainsi, il n’existe aucune incompatibilité entre l’accélération des gains de productivité et le maintien du
plein-emploi. Les pays les gains de productivité et la croissance économique furent les + élevés,
sont aussi ceux ayant l’évolution la + favorable en matière d’emploi. Cas de l’Allemagne est
significatif : problème du chômage est posé avec acuité, du fait de l’afflux des réfugiés de l’Est. Mais
après avoir augmenté jusqu’en 1950, le nombre de chômeurs s’est résorbé, avec le relèvement
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