La Lettre du Cancérologue • Vol. XIX - n° 1 - janvier 2010 | 65
Résumé
La présence de virus XMRV
(xenotropic murine leukaemia virus-related virus)
a été détectée dans des
cancers de la prostate humains. Cette infection rétrovirale pourrait être impliquée dans la carcinogenèse.
Le dépistage par dosage du PSA fait dans l’étude ERSPC
(European Randomized Study of Screening for
Prostate Cancer)
sur 182 000 hommes a permis de réduire de 20 % la mortalité par cancer de la prostate,
mais expose à un risque élevé de “surdiagnostic”. Gènes de fusion et PCA3 émergent comme de nouveaux
marqueurs de diagnostic précoce. L’acétate d’abiratérone, qui est un inhibiteur de CYP17 (une enzyme
régulant la synthèse des androgènes), et le MDV-3100, un anti-androgène de troisième génération, ont
récemment montré des résultats très prometteurs et font l’objet d’études de phase III.
Mots-clés
Cancer de la prostate
Virus XMRV
Gènes de fusion
PCA3
Dépistage
Acétate d’abiratérone
MDV-3100
Highlights
The xenotropic murine
leukaemia virus-related virus
has recently been discovered
in human cancer prostate. This
retroviral infection could be
directly linked to tumorigen-
esis. PSA-based screening in
the ERSPC study (182,000 men)
has reduced the rate of death
from prostate cancer by 20%
but is associated with a high
risk of “overdiagnosis”. ETS
gene fusions and PCA3 are
emerging as new markers for
early detection. Abiraterone
acetate, an inhibitor of the
androgen-regulating enzyme
CYP17 and MDV3100, a third-
generation antiandrogen, have
recently shown very promising
clinical results and are studied
in phase III trials.
Keywords
Prostate cancer
XMRV virus
Fusion genes
PCA3
Screening
Abiraterone acetate
MDV3100
Perte de PTEN et gènes de fusion
Pertes de PTEN
Ces pertes représentent, avec les gènes de fusion,
les 2 altérations géniques les plus fréquentes des
cancers de la prostate (6).
Il existe une coopération entre l’expression aber-
rante d’ERG et la perte de PTEN pour promouvoir
la progression tumorale (7).
Gènes de fusion. De la découverte
à la pratique quotidienne (8, 9)
Depuis leur découverte en 2005, la liste s’est
allongée et, actuellement, l’on distingue, associés à
TMPRSS2, 26 facteurs de transcription ETS possibles.
De nouveaux partenaires et de multiples isoformes
d’épissage ont été décrits. Les transcrits de fusion
TMPRSS2 (les plus fréquents) peuvent être détectés
dans les urines d’environ la moitié des patients
dépistés par un dosage du PSA avec une spécifi cité de
plus de 90 %. Des résultats récents suggèrent aussi
que les terminaisons (extrémités) 5’ et 3’ des fusions
ETS pourraient servir de cibles thérapeutiques…
Au sein d’une série de 140 biopsies de la prostate
(100 cancers, 40 non tumorales), un réarrangement
d’ERG était retrouvé dans 46 % des cas de cancer et
dans aucune des biopsies bénignes (10).
L’expression de gènes de fusion TMPRSS2 ne semble
pas prédire la réponse à un traitement hormonal dans
une série de 85 cancers N+ hormono-naïfs (11). Il
existe une réactivation de leur expression lors de la
résistance à la castration (12). Les données concer-
nant leur signifi cation pronostique sont contradic-
toires et nécessitent une validation sur de larges
séries (13, 14). Leur présence est rare dans les formes
ductales (15). Les applications pratiques dans le dépis-
tage et le traitement pointent donc à nos portes…
Statut et rôle de PTEN
La caractérisation des statuts d’ERG et de PTEN dans
les cellules tumorales circulantes (CTC) permet de
confi rmer le caractère malin de ces cellules. Ces CTC
servent d’évaluation aux essais avec l’abiratérone
dans l’équipe de De Bono à Londres (16).
La voie PTEN/Akt/PI3K joue aussi un rôle dans la
maintenance et la viabilité des cellules souches (17).
Elle pourrait constituer une bonne cible thérapeutique.
BRCA1 et BRCA2
Cancers de haut grade chez des porteurs
de mutations BRCA1 et BRCA2
L’étude de 979 cas de cancers de prostate et de
1 251 contrôles dans une population de juifs ashké-
nazes (18) a montré que le risque était augmenté
pour les porteurs de mutations de BRCA2 (OR = 1,9,
IC
95
: 0,9-4,5), mais non pour les porteurs BRCA1.
Ce risque de cancer évalué entre 7 et 10 par le
score de Gleason est plus élevé dans la population
BRCA2 mutée (OR = 3,2, IC
95
: 1,4-7,3) et chez les
patients présentant la mutation BRCA1-185 de lAG
(OR = 3,5, IC95 : 1,2-10,3).
H. Schayek et al. (19) viennent récemment de
rapporter que BRCA1, un facteur de transcription
jouant le rôle d’anti-oncogène, est exprimé dans les
cancers de la prostate et contrôle la transcription
de l’IGF-IR.
Le développement des anti-PARP ouvre de nouvelles
perspectives thérapeutiques dans ces formes mutées
comme dans les cancers du sein et de l’ovaire (20).
Cancer de la prostate
et rétrovirus
Séquences rétrovirales associées
au cancer de la prostate (21)
Le virus XMVR a été découvert récemment dans des
cancers de la prostate. C’est le premier gammavirus
connu qui infecte l’homme. Les effets oncogéniques
de ces virus (proches du virus de Moloney, qui induit
des leucémies murines) sont bien caractérisés chez
l’animal. Dans une étude de 334 spécimens consécu-
tifs, l’expression de l’ADN viral a été retrouvée dans
6 % des cas et celle de protéines virales dans 23 %
des cas au niveau des cellules épithéliales malignes,