Nouvelle fantastique J'étais dans mon train. Ce train habituel dans lequel je voyage tous les soirs pour rentrer chez moi après le travail. Le même wagon, les mêmes personnes chaque jour. J'étais assis, fatigué par ma dure journée, à côté d'une vieille femme qui s'occupait de son petit chien depuis le début du trajet. Je me désintéressai d'elle pour regarder par la fenêtre. Une immense forêt de chênes passait devant mes yeux. Ce magnifique paysage qui défilait devant moi me revigora entièrement ! J'arrivai à la gare avant de m'en rendre. Je me frayai un chemin avec difficulté dans la foule de personnes qui rentraient et sortaient du train. Ma petite maison se situait à quelques pas de la gare et il ne me fallut que cinq minutes pour pouvoir apercevoir sa façade lumineuse avec ses nombreux parterres de fleurs. Le travail m'avait épuisé et la voir me mit le baume au cœur. Je pris ma clef qui avait encore disparu au fond de ma poche et l'introduisis dans la serrure. J'entendis ce petit "clic" familier et j'entrai chez moi. Je regardai ma montre. Il était déjà si tard ! Je retirai mes chaussures avec hâte et me dirigeai vers mon salon. Rien de tel qu'un livre et une bonne tisane avant d'aller dormir ! C'est à ce moment que la douleur survint. Un mal de tête insupportable, un vrai calvaire. Aller dormir serait sûrement la meilleure solution. Je plongeai la pièce dans la pénombre et je me mis à marcher avec difficulté jusqu'à ma chambre. Le couloir obscur que je longeais me sembla être long d'au moins deux kilomètres. Et la porte si lourde... Au fur et à mesure que j'approchais de mon lit, j'avais l'impression qu'il s'éloignait de moi. J'arrivai enfin à côté et tombai de sommeil. Après plusieurs heures, un bruit sourd... inquiétant me réveilla en sursaut. Tout était sombre, calme... trop calme. Je voulus me relever, impossible ! Mes membres refusaient de bouger. Que se passait-il ? Je ne comprenais pas ! Je criai, mais je n'entendis pas. Un bruit me ramena à la réalité. Un bruit de pas... Non ! autre chose... Qui ? Le voisin avait-il entendu mon cri ? Qui ? Je ne comprenais plus rien ! Le placard trembla et le bruit continuait toujours plus fort, toujours plus près. D'où venait-il ? La frayeur... La frayeur s'emparait de moi tel un serpent de sa proie ! C'est à ce moment précis que ma fenêtre s'ouvrit d'un seul coup laissant rentrer l'air frais de la nuit dans ma chambre. Tout disparut aussi vite que c'était arrivé. Il ne restait plus que moi et ma panique. Mon Dieu ! Que venait-il de m'arriver ? Je me levai brusquement encore tout tremblant. Je devais appeler quelqu'un ! Mes parents ? Non, ils me prendraient pour un fou. Ma sœur... Mais oui ! C'était la seule qui pourrait peut-être me comprendre. Je courus vers le téléphone et composai son numéro en vitesse. Elle décrocha rapidement et je lui expliquai toute l'histoire, toutes mes inquiétudes, mes craintes. J'étais effrayé à l'idée de rester chez moi. Elle essaya de me parler calmement : "- Je n'ai pas tout compris... Mais enfin je peux quand même te dire que peu importe ce qu'il s'est passé, c'est impossible que ce soit surnaturel ! Ne raconte pas n'importe quoi ! Ce n'est pas toi qui disais toujours que les fantômes ça n'existe pas ? - C'est différent là ! Cette personne... enfin cette chose, je n'ai pas rêvé ! Ces bruits effrayants et ce malaise étaient trop réalistes pour être un cauchemar ! Je ne suis pas fou, je t'en supplie, crois moi !! - Je te crois, je sais que tu n'es pas du genre à me mentir, soupira-t-elle, je vais essayer de t’aider et de me renseigner mais je ne te promets rien du tout. Et puis tu as sûrement un peu de fièvre. Va te recoucher et ça ira mieux. Moi aussi quand j'étais malade j'avais ce genre d'hallucinations. - Merci, dis-je peu convaincu, je vais me reposer même si je doute d'arriver à dormir dans ces conditions. - Bonne nuit, et ne te morfonds pas sur cette histoire, je suis certaine que ce n'est pas grave. - Oui... bonne nuit..." Je raccrochai. Des hallucinations ! Et puis quoi encore ? La peur dans l'âme, j'allai me blottir dans un coin de me maison. Les heures passaient, et j'étais là, empli de crainte dans l'abîme noir de ma maison. J'attendais le jour. Que pouvais-je faire d'autre ? J'étais trop angoissé pour faire un pas dans ces ténèbres ou même pour m'endormir. Quand le soleil vint, ma tête commença à me faire de plus en plus souffrir, je sentis mon sang pulser dans mes tempes. J'avais chaud... de la fièvre ? Je me dirigeai - je rampai plus que je ne marchai - avec lenteur vers ma salle de bain et me passai de l'eau sur le visage. Mon œil me faisait horriblement mal. Je relevai la tête. Je poussai un cri... un cri de terreur. Mon œil... mon œil était maintenant injecté de sang. Je tombai à la renverse et me cognai violement le sommet du crâne. Je ne ressentis aucune douleur et décidai de me relever. Je jetai un regard au miroir. Du sang : mon sang coulait sur mon visage ! J'étais médusé. Totalement désemparé. Mon œil me lançait toujours plus. Je touchai le sang sur mon crâne et regardai ma main. Rien ! Il n'y avait rien sur mes doigts. De rage je donnai un énorme coup de poing dans mon reflet. Il se brisa en mille morceaux. Je me mis à courir, courir... vers où ? J'arrivai dans ma chambre, attrapai mon petit miroir de poche et... toujours rien, il n'y avait absolument aucune égratignure sur mon visage. Seule la main ayant brisé la glace était ensanglantée. Que m'arrivait-il, mon Dieu, mais que m'arrivait-il ? J'étais totalement bouleversé. Qui ? Ou quoi ? Dans tous les cas ça ne pouvait être que moi ! Avais-je rêvé ? Ou étais-je devenu fou ? Je fus pris d'une angoisse épouvantable à rester dans ma maison. Je sortis, blême... non ! Livide même ! Je marchai jusqu'au café au coin de chez moi. Je revins dans ma demeure quelques heures plus tard. J'avais bu. Beaucoup trop. Surement pour évacuer tout le stress que j'avais accumulé jusqu'à maintenant. Mon mal de tête m'avait repris. Plus fort, plus persistant. J'avais du mal à avancer. Ce fut à ce moment que je la vis... que je les vis. Ma sœur, ma chère sœur était là, en train de parler à quelqu'un... ou quelque chose. C'était indéfinissable. Etait-ce petit ou grand ? Je ne savais pas. Etait-ce un homme ou une femme ? Je ne voyais pas ! Que disaient-ils ? Que faisaient-ils ? Je ne comprenais pas ! Et ma sœur, pourquoi se trouvait-elle là ? Ici, à cet instant, en compagnie de cet être, de cet esprit ? J'eus soudain une appréhension extrême envers cette chose : j'eus l'impression que ma sœur faisait face à un grand danger. Ils étaient au bout du couloir. Je me mis à courir vers eux. Pour faire quoi ? A quoi pouvais-je bien servir ?... A rien... Ma faiblesse soudaine me donna une répugnance extrême envers moi-même. Je hurlai, mais aucun son ne sortit de ma bouche. Qu'était cette chose ?... J'avais mal... Voulait-elle nous tuer ? Je souffrais... Ma sœur...ma sœur ! Je l'appelai... elle ne m'entendit pas... Ma sœur.... Je hurlai son nom, elle n'écoutait pas... le couloir... plus je courais... plus il était long. Il ne se finissait pas. Finalement, elle était à deux pas de moi. Je l'attrapai par le bras et lui criai : "- A qui ? Dis-le moi ! Qui était là avec toi ? A qui parlais-tu ? - Tu es fou quoi, qu'est ce qui te prend de hurler comme ça ? Et de toute façon qu'est ce que tu racontes ? Il n'y a que moi ici ! J'étais venue voir comment tu allais. Hier soir, quand tu m'as appelé, j'ai cru que tu avais attrapé froid !" Personne ?... Elle avait dit qu'il n'y avait... personne ? Ce n'était pas possible ! Qui était la chose avec qui elle parlait alors !! Qui ? Qui ? Qui ? Qui était-ce ? Elle m'avait appelé fou... Elle n'avait pas tort après tout. Les gens m'appelaient comme ça après ces événements. C'est peut-être à partir de ce jour que j'avais commencé à le devenir : ce "fou" comme ils disaient. Avais-je rêvé ? C'était impossible ! Ma sœur m'avait-elle menti ? Je ne le savais pas. Où était-il, cet être étrange qui m'avait tant fait souffrir ? Il devait rire ! Rire de ce moi qui vivais toujours dans la terreur et la crainte de son retour. Ce moi qui sombrera bientôt dans la folie. Ce moi que personne ne comprendra jamais.