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et encourager la cohésion sociale. De manière implicite, cela repose sur
l’hypothèse que les inégalités, le chômage et le crime sont en corrélation.
Toutes les connaissances disponibles indiquent toutefois que cette
relation n’est pas simple et directe. Par exemple, dans le cas de séries
chronologiques, les économistes et les sociologues débattent du lien
complexe entre les revenus, les prix, les taux de chômage et les taux de
criminalité (se référer aux analyses de séries chronologiques réalisées par
Field en 1990 ; Hale en 1998 ; Deadman, Pyle en 1994 ; Lagrange en
2001). Les tensions socio-économiques font augmenter les taux de
criminalité mais il est difficile de distinguer le rôle de l’accroissement des
opportunités associé au nombre de biens en circulation de celui de la
motivation due à la baisse du revenu légal résultant de l’augmentation du
chômage. De plus, la nature du lien est traditionnellement contingente
(cf. Cantor, Land 1985 ; Carlson, Michalovski, 1993). Le crime n’est pas
motivé de la même manière pendant les périodes de forte augmentation
des taux, comme les années 1960 et 1970 en Europe, et les périodes de
faible augmentation des taux comme les années 1990.
Nous ne présenterons pas ici le résumé des résultats de ces études. Notre
objectif est plus précis. Il s’agit uniquement d’établir un cadre macro-
social descriptif dans lequel le débat sur les politiques de prévention peut
être élaboré de façon claire. Afin d’établir ce contexte macro-social, nous
fournirons quelques données de base sur les inégalités, y compris les
subsides visant à réduire ces inégalités, et présenterons les corrélations
élémentaires entre ces indicateurs de cohésion sociale, ou manque de
cohésion sociale, et les taux de criminalité.
Pour la période 1980-2003, les ratios des revenus salariaux enregistrés
entre le 1er et le 5e quintile indiquent que les inégalités de revenus ont
augmenté en Pologne et en Grande-Bretagne, ont légèrement augmenté
au Danemark et aux Pays-Bas, ont baissé en France et ont été stables en
Suède. Les données pour l’Espagne, l’Italie, et la Grèce ne sont pas
disponibles4. Toutefois, sauf pour la Pologne, l’évolution des ratios inter-
quintiles des revenus pour l’ensemble de la période 1980-2003 ne se
remarque pas. Par conséquent, la comparaison des niveaux du pouvoir
d’achat des 20 dernières années s’avère appropriée. Le coefficient de
Gini mesurant le degré d’inégalité des revenus disponibles ajusté à la
taille de la famille vers l’an 2000 est en forte corrélation avec les ratios
inter-quintiles des revenus pour la période 1995-2005 (0,91). La tendance
du chômage sur le long terme pour la même période 1995-2005 ne sont
liés de façon significative ni au PIB per capita ni aux inégalités.
On obtient peu de résultats en comparant les taux de criminalité avec les
indices d’inégalité socio-économiques ou de cohésion.
1/ les taux d’homicides sont en bonne corrélation avec les inégalités, le
coefficient est plus fort en utilisant le coefficient de Gini (0,59***)5
qu’avec le ratio inter-quintile des revenus. A l’inverse, le taux d’homicides
est en corrélation négative avec le revenu per capita (-0,61***).
2/ Le vol est également en corrélation directe avec les inégalités
mesurées avec les ratios inter-quintiles des revenus (0,44**), mais pas de
façon significative avec le revenu per capita.
4 Emploi en Europe, Commission Européenne, Septembre 2005.
5 * : significatif au niveau des 5 % ; ** : au niveau des 1 % ; *** : au niveau des 1 ‰.