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Le cortège des amphibiens observés dans le fuseau d’étude peut se répartir en 3 secteurs distincts :
· L’extrémité nord du tracé de la voie verte avec la présence de nombreuses zones humides et plans
d’eau autour du village de Bram : canal du midi, cours d’eau, anciennes gravières et mares attenantes.
Les amphibiens sont particulièrement abondants dans ces secteurs de gravières et les espèces
caractéristiques sont la grenouille rieuse, la rainette, le crapaud calamite et le triton marbré. De
nombreux échanges et déplacements nocturnes d’amphibiens entre ces mares et plans d’eau, sont
observés en période de reproduction, occasionnant à cette époque d’importantes mortalités d’individus
par écrasement (crapaud commun, crapaud calamite, triton marbré). L’emprise de la voie verte n’est pas
spécifiquement un lieu d’habitat pour ces amphibiens, qui ne font que la traverser pour rejoindre les
mares situées de part et d’autre, pour la reproduction. Quelques rares fossés en eau (en hiver et début
du printemps) sont situés en bordure de voie et abritent quelques rainettes méridionales.
· La partie nord de l’itinéraire (premier tiers environ) qui traverse les plaines et collines cultivées du
Lauraguais. Il s’agit du sillon audois qui marque sur ce secteur la transition entre le domaine
méditerranéen (vignes) et le domaine atlantique (grandes cultures de plein champ). Les populations
d’amphibiens de ce secteur sont composées de populations très abondantes de crapauds calamites,
et dans une moindre mesure de rainettes, grenouilles rieuses et tritons palmés. L’ancienne voie de
chemin de fer traverse ces vastes espaces agricoles. Les champs sont souvent bordés de fossés de
drainage enherbés, généralement en eau ou humides en saison hivernale et au début du printemps,
offrant ainsi des milieux favorables à la reproduction des amphibiens.
· Un secteur de reliefs plus marqués sur les parties centrales de l’itinéraire (Collines du Razès) et
sud (reliefs du Quercorb ou chalabrais), caractérisé par des paysages très boisés, parsemés de
pâturages et de quelques cultures. Les amphibiens sont globalement moins abondants sur ces types de
milieux, mais on observe en revanche l’apparition de 2 nouvelles espèces : la salamandre tachetée
terrestre, très présente lors des traversées de secteurs forestiers et de la grenouille rousse,
accompagnées du crapaud accoucheur, du prélodyte ponctuée, de la reinette, de la grenouille rieuse et
du triton palmé.
Si le cortège d’amphibiens recensé dans le fuseau d’études s’avère très diversifié, il n’utilise pas la plate forme de
l’ancienne voie de chemin de fer comme habitat privilégié, mais la traverse uniquement pour rejoindre les
habitats de reproduction (mares, fossés) présents aux abords du tracé, de part et d’autre.
Les plans d’eaux présents le long de l’itinéraire (Bram, Bellegarde-du-Razès) concentrent d’importantes
populations d’amphibiens en période de reproduction (grenouille rieuse, rainette méridionale, crapaud calamite
et pélodyte ponctué).
Au sein des zones agricoles de part et d’autre de la voie verte, les dépressions en eau en périodes hivernale et
printanière (dépressions inondées dans les champs, ornières sur les chemins agricoles et fossés en bordures de
parcelles agricoles) sont le siège d’importantes concentrations et reproduction du crapaud calamite (Bram,
Montréal, Villeneuve les Montréal, Cailhavel et Cailhau). Malheureusement, de nombreuses reproductions
(pontes ou têtards) n’arrivent pas à maturité : assèchement, écrasement par le passage d’engins agricoles… Très
ponctuellement des concentrations de crapauds calamites et des pontes ont été observées sur le tracé de la voie
verte dans des ornières creusées par le passage d’engins agricole sur l’ancienne voie ferrée (secteur de Bajouli,
commune de Montréal).
La seule forte concentration d’amphibiens observée à proximité immédiate de la voie verte et ponctuellement
sur l’emprise de la voie, est située sur le secteur de la tranchée de Brame-Budel, entre Cailhavel et Cailhau (Cf.
carte « amphibiens et reptiles » en fin de ce paragraphe. Sur ce secteur d’environ 1 400m, l’ancienne voie ferrée
traverse la zone en déblai. Naturellement situé au fond d’une tranchée, ce secteur recueille et canalise les eaux
de ruissèlement, qui circulent dans la tranchée du sud vers le nord, pour rejoindre le ruisseau de Béoulaïgue plus
en aval. De plus, le détournement dans cette tranchée, d’un petit ruisseau temporaire drainant des parcelles
agricoles, contribue à alimenter continuellement et engorger d’eau cette section de la voie verte. Les 2 fossés de
drainage situés de part et d’autre de l’ancienne voie de chemin de fer sont actuellement partiellement colmatés
par les feuilles sèches et une végétation herbacée et arbustive qui s’est installée. Ces fossés inondés abritent une
belle population de tritons palmés et diverses grenouilles et crapauds (reinette, rieuse, crapaud calamite et
pélodyte ponctué). Lors des pluies d’automne et de printemps, ces canaux engorgés se déversent au milieu de la
tranchée, sur l’emprise de la voie de chemin de fer, où l’on observe une forte densité de grenouilles rieuses,
tritons palmés et, dans une moindre mesure de juvéniles de salamandre tachetés.
Toutes ces espèces trouvent sur ce secteur un habitat favorable pour leur reproduction et leur développement :
canaux de drainage inondés, situés de part et d’autre de la voie et ponctuellement sur les parties de voies
inondées (cas de la salamandre tachetée). Ce secteur ne s’assèche qu’en saison estivale jusqu’au début de
l’automne. Malheureusement, le passage de quad engendre au printemps d’importantes mortalités de têtards,
de tritons palmés et de juvéniles de salamandres, présents au niveau des ornières au milieu de la tranchée.
Toutes ces espèces d’amphibiens sont des espèces remarquables et sont présentées dans les monographies ci-
dessous.
¨ Espèces avérées
La salamandre tachetée terrestre (Salamandra salamandra terrestris)
G. MERY, Saint Gal (48), septembre 2015 Source : J. Muratet
Salamandre tachetée Aire de répartition française
Juvénile de salamandre tachetée et habitat de reproduction : Eau courante dans les fossés et ornières de
la tranchée de Brame-Budel (Cailhavel) et petit ruisseau en forêt (Lignairolles).
La Salamandre tachetée est une espèce d’Europe moyenne et méridionale dont l’aire de répartition est très large
en Europe. La sous-espèce d’Europe occidentale est largement répartie en France à l’exception des plaines du
pourtour méditerranéen, de la Corse et de l’ouest Pyrénéen. C’est un animal principalement forestier largement
réparti en France jusqu’à une altitude de 2 000 m. Elle a besoin, pour se reproduire, de petits ruisseaux,
d’ornières remplies d’eau, de bassins en eau fraîche et limpide. A l’échelle méditerranéenne, cette espèce est plus
rare et localisée.