Discours Marc Justaert – Congrès 20 juni 2015 – Brussels... Mesdames et Messieurs, Mesdames et Messieurs les ministres et membres...

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Mesdames et Messieurs, Mesdames et Messieurs les ministres et membres du parlement,
Chers invités, chers collaborateurs et administrateurs de la MC,
Chers amis,
Permettez-moi de remercier Madame De Block, ministre des Affaires sociales, Monsieur De Cock,
administrateur général de l’INAMI, le Dr Jacques De Toeuf, président de l’Association belge des
syndicats médicaux (ABSyM) et mon collègue Jean Hermesse, secrétaire général de la MC pour leur
exposé.
Normalement, une autre personne aurait encore dû prendre la parole ici. J'ai nommé Jean-
Luc Dehaene, duquel j’ai énormément appris alors qu’il était ministre des Affaires sociales de
décembre 1981 à mai 1988. Je suis convaincu que beaucoup d’entre vous l’auraient écouté avec
plaisir. Cela n’a malheureusement pas pu se faire.
Chers amis,
J’aborderai donc 8 points
1. Avant tout, je tiens à souligner l’excellence des soins de santé dont dispose notre pays. On
parle énormément de la nécessité de réformes urgentes, mais on ne met pas suffisamment
en avant la qualité de notre système.
L’Euro Health Consumer Index (Indice européen des consommateurs de soins de santé) de
2014 place notre pays en 6e position sur 36 pays, derrière les Pays-Bas, la Suisse, la
Norvège, la Finlande et le Danemark, mais devant le Luxembourg, l’Allemagne, la France et
l’Angleterre.
Les points forts pour notre pays sont essentiellement l’accessibilité à la première comme à
la deuxième ligne, les courts délais d’attente, la loi relative aux droits du patient, le droit à
une seconde opinion, l’accessibilité financière et le taux élevé de vaccination chez les
enfants.
Parmi les points faibles, nous notons (en 2014) l’absence d’une assurance accidents
médicaux, d’une mesure de la qualité et, surtout, l'attention insuffisante consacrée à la
prévention. Mais avec le Fonds des Accidents Médicaux et les initiatives en matière de
qualité, on ne peut que s’attendre à un meilleur score pour 2015.
Si nous possédons un bon système de soins de santé, c’est, à mon avis, à vous tous ici
présents et à la collaboration entre pouvoirs publics, organismes assureurs et prestataires
de soins que nous le devons.
2. Si la qualité de notre système de soins de santé n’est plus à démontrer, nous lui connaissons
toutefois quelques points faibles, même s’ils n’ont pas été mis explicitement en évidence
par le Health Consumer Index. En Belgique, de trop nombreux patients connaissent encore
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des difficultés à payer leurs factures, reportent des soins nécessaires pour des raisons
financières et beaucoup n’accordent pas l’attention nécessaire aux principes de base d’une
bonne santé comme, par exemple : avoir une alimentation saine, avoir une activité
physique suffisante, etc.
En d’autres termes, nous devons veiller avec une attention redoublée sur les plus fragiles
d’entre nous : les personnes à faibles revenus, les personnes moins scolarisées et les
personnes en mauvaise santé. Nous n’y parviendrons que dans le cadre d’un système
solidaire.
Plus notre système sera solidaire, moins il y aura de laissés-pour-compte. Cette solidarité
doit donc reposer sur la plus large base possible.
Chacun doit y participer car une sécurité sociale uniquement pour les pauvres est une
sécurité sociale pauvre.
3. Souligner l’importance de la prévention, renforcer la health literacy - l’instruction en
santé -, et convaincre tout un chacun de la nécessité de la solidarité sont à mes yeux des
fis importants, avant tout pour les mutualités. Les mutualités ont vocation à être non
seulement des mutualités, mais également des « fonds de santé ».
Plusieurs mutualités déploient des efforts supplémentaires sur le plan de la prévention,
mais ces actions ne s’inscrivent pas dans le cadre d’une politique de prévention élaborée.
J’invite instamment les pouvoirs publics à prendre les mutualités comme alliées dans la
concrétisation des objectifs de prévention.
Il en va de même pour la health literacy ou les connaissances en matière de santé. Il s’agit
des compétences individuelles nécessaires pour aborder correctement la santé et la
maladie. Cela suppose que les individus s’attachent et s’intéressent à leur propre santé.
Qu’ils soient capables et désireux de rassembler, de comprendre et d’appliquer des
informations sur leur santé.
Les mutualités ont, à ce niveau également, une mission importante à remplir qui, au même
titre que la prévention, s’inscrit totalement dans le cadre de la gestion et de la mise en
œuvre de l’assurance maladie obligatoire, à quelque niveau de pouvoir que ce soit.
Si nous progressons sur ces fronts au cours des années à venir, il ne fait aucun doute que
nous nous hisserons dans le top 3 du Health Consumer index.
4. A mes yeux, la gestion et l’exécution de l’assurance maladie-invalidité obligatoire
représentent le core business des mutualités. Le rôle d’organisme de paiement qu’elles
remplissent mais que certains aimeraient transférer à l’État est essentiel pour la
politique de santé. Il confère aux mutualités la responsabilité de veiller à ce que le
membre, ou le patient, reçoive son dû, de veiller à ce que les préoccupations des assurés et
des malades soient entendues et prises en compte lors des concertations avec les
partenaires et les pouvoirs publics, de veiller à une utilisation responsable de chaque euro
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de même qu’à réduire les abus et la surconsommation. Les mutualités mènent à bien ces
missions à un coût minimal quoi que l’on puisse en dire.
Défendre les membres et assurer une bonne gestion du système ne sont pas des tâches
contradictoires pour les mutualités. Que du contraire. Les mutualités doivent veiller à ce
que la qualité de notre système soit maintenue et qu’il reste financièrement accessible,
aujourd’hui, mais aussi demain.
Une bonne gestion sert l’intérêt du citoyen ; elle constitue la garantie de la pérennité de
nos soins de santé.
C’est la raison pour laquelle j’estime qu’il est impératif d'accentuer la responsabilité des
mutualités. Si les Pays-Bas se classent en tête du Health Consumer Index, c’est notamment
lié au rôle dévolu aux assureurs soins. Aux Pays-Bas, les assureurs soins tiennent les rênes de
la qualité et des coûts. Ils déterminent quels hôpitaux peuvent offrir quels traitements sur
la base de critères qualité/prix. Cette façon de procéder a été convenue avec les pouvoirs
publics dans le but de maîtriser les coûts des soins de santé tout en renforçant la qualité
des soins.
« Toutes les parties prennent leur responsabilité sociale afin de préserver l’accessibilité
financière des soins. Économie et bon sens doivent présider à la dispensation des soins de
santé », confie la ministre néerlandaise de la Santé publique, Edith Schippers.
Je ne plaide pas en faveur d’une reprise pure et simple du modèle néerlandais. Je tiens
seulement à souligner que tant en matière de qualité que de maîtrise des coûts, les
mutualités peuvent constituer un allié de poids avec les autres parties prenantes.
5. Le modèle de concertation est en effet essentiel pour la politique de santé.
Dans les années à venir, si nous devons compter sur une norme de croissance réelle de 1,5%,
nous devrons gérer les moyens disponibles avec parcimonie et chercher des économies
supplémentaires pour faire face à l’évolution spontanée des dépenses et rembourser les
améliorations et innovations nécessaires. Si cette quête peut engendrer une concertation
commune avec tous les partenaires concernés, je suis convaincu qu’il y a de grandes
chances que nous parvenions à maintenir l’accessibilité financière et la qualité de notre
système de santé. Car nous pouvons le dire haut et fort : nous n’accepterons aucune
atteinte à la solidarité.
6. La réforme de l'État constituera également un défi majeur dans les prochaines années. Les
matières transférées aux communautés ont principalement trait aux personnes nécessitant
des soins durables, que ce soit en raison de l’âge ou du handicap.
Les communautés héritent ici d’une responsabilité importante, chacune selon ses choix et
sa vision.
Pourtant, je plaide pour qu’une concertation continue entre le fédéral et les communautés
accorde à cette responsabilité la place qui lui convient et assure l’harmonisation nécessaire,
afin que les gens y trouvent un intérêt, puisque c’est de cela qu’il s’agit.
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La réforme de l'État impose la mise en place d’un modèle de sécurité sociale en Flandre, à
Bruxelles, en Wallonie et en Communauté germanophone.
Cela ne simplifie pas les choses.
C’est pourquoi les mutualités, qui sont déjà actives aux différents échelons politiques,
doivent tout mettre en œuvre pour garantir un service optimal aux assurés, quel que soit le
niveau de fixation de la réglementation.
7. Mesdames et Messieurs, chers amis,
Je suis fier d’avoir pu œuvrer pour la MC et pour l’assurance maladie-invalidité dans ce
pays, et d’avoir pu être président de la MC pendant 21 ans.
Je tiens également à remercier celles et ceux dont j’ai fait la connaissance pendant toutes
ces années et qui ont, de par leur fonction de ministre, collaborateur de cabinet,
prestataire de soins, collaborateur de mutualité ou bénévole, contribué à notre protection
sociale.
J’espère que cette même collaboration même si nous nous lançons parfois des piques dans
les médias, tant que cela reste courtois j’espère donc que cette même collaboration
constituera également la base de notre système de santé, de maladie et d’invalidité dans
les prochaines décennies, qu’importe le niveau de compétence où l’on se situe.
Que ce soit au niveau fédéral ou des entités fédérées, la solidarité et la collaboration entre
partenaires est essentielle.
8. Je remercie tout spécialement les membres du personnel de la MC, les administrateurs et
les nombreux bénévoles dont j’ai pu à chaque fois apprécier le profond soutien, la
confiance et l’amitié.
On ne peut pas rester président pendant 21 ans sans la confiance indéfectible du personnel
et des administrateurs. L’amitié et la solidarité qui règnent au sein de notre organisation
entre néerlandophones et francophones, sans oublier évidemment notre Christliche
Ostbelgische Krankenkasse, m’emplissent également de fierté, et je suis vraiment très
heureux d’avoir pu contribuer à cette amitié et à cette solidarité.
Je remercie mes confrères des autres organismes assureurs et aussi, en particulier, les amis
avec lesquels je continuerai à être actif au cours des prochaines années, notamment les
collègues de l’Ancienne Belgique, de Welzijnszorg, du Comité international et du
Mouvement.
Je remercie Jo, mon épouse, et mes enfants qui m’ont permis de remplir cette fonction
plus qu’à temps plein et qui m’y ont toujours encouragé.
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Chers amis,
C’est avec un sentiment très positif que je jette un regard sur toutes ces années à la MC. La
MC est une merveilleuse organisation et un mouvement qui désire continuer à s’investir
pour nos 4,5 millions de membres.
Je suis certain que mon successeur reprendra le flambeau avec conviction et dynamisme.
J’espère qu’il bénéficiera de la même confiance et du même soutien que ceux qui m’ont
été accordés.
Je vous remercie tous de votre présence.
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