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Rapport de visite : CHS d’Allonnes (72) Février 2015
SYNTHESE
En application de la loi du 30 octobre 2007 qui a institué le Contrôleur général des
lieux de privation de liberté, cinq contrôleurs ont effectué une visite annoncée du Centre
hospitalier spécialisé de la Sarthe à Allonnes (Sarthe) du 2 au 13 février 2015.
L’hôpital comprend trois pôles de psychiatrie « adultes » regroupant chacun deux
secteurs (281 lits), un pôle de psychiatrie infanto juvénile (9 lits), un pôle de psychiatrie de
la personne âgée (30 lits) et un pôle d’addictologie (12 lits). Il comprend en outre 207 places
d’hospitalisation de jour, ainsi que 130 lits et 10 places d’accueil médico-social.
La majorité des unités sont particulièrement fermées, ce qui constitue une atteinte à
la liberté d’aller et venir, pour les patients en soins libres. Si les raisons évoquées ou
constatées sont diverses (difficultés de gestion des lits pour les patients hospitalisés sans
leur consentement en raison de la suroccupation de certaines unités ; inadaptation des
locaux, insuffisance de personnel…), elles tendent toutes vers une logique sécuritaire.
Cette logique sécuritaire, dans les directives comme dans les procédures non écrites,
tend à s’imposer au détriment de la qualité de la prise en charge, notamment des patients
provenant d’un établissement pénitentiaire (« ils font peur »), en SPDRE (« il ne faut pas
prendre de risque ») ou en soins libres placés dans des unités fermées.
Pourtant, les équipes soignantes semblent particulièrement attentives à la
bientraitance et au respect des personnes soignées ; mais elles ressentent parfois une
absence de soutien de la part de médecins insuffisamment présents dans les unités.
Les contrôleurs ont constaté dans beaucoup d’unités, notamment celles des
admissions, la faiblesse des activités proposées et l’ennui qui règne parmi les patients. En
2014, 453 patients ont bénéficié des ateliers proposés par le centre de thérapie à
médiation. Cela représente seulement 17 % des 2 693 patients hospitalisés pendant
l’année.
Concernant la pratique du placement à l’isolement, les données statistiques
montrent qu’il existe des disparités importantes entre les unités avec, pour certaines, une
utilisation fréquente des chambres de « soins intensifs ». S’agissant du recours à la
contention, il semble que le même constat puisse être établi, malgré l’absence de données
chiffrées. Il n’existe aucun travail d’analyse et de réflexion sur ces pratiques au sein des
unités ou des pôles. Le recueil d’observations s’avère d’autant plus nécessaire que,
nonobstant la vigilance des équipes soignantes, le manque d’effectifs médicaux et la
défaillance de la supervision médicale peuvent conduire dans certaines unités à des
isolements ou des contentions prolongées en dépit des protocoles établis.
On observe également une absence d’homogénéité entre les pôles, voire entre les
unités d’un même pôle, concernant les règles de vie et la prise en charge des patients,
touchant parfois les droits des patients – par exemple, liberté d’aller et venir, port du
pyjama, emploi des chambres de soins intensifs – et entraînant une perte de repères de la
part des équipes soignantes.
Par ailleurs, dans certaines unités, il arrive qu’au retour d’une permission de sortir,
un patient apprenne qu’en raison d’une admission sa chambre n’est plus disponible ; il est
alors contraint à s’installer dans une autre chambre.
Les conditions d’hospitalisation des personnes détenues sont indignes. Ces