Origine de l`homme et préhistoire. - Institut Libre de Formation des

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ILFM 2008-2009
Olivier Henri-Rousseau
10 janvier 2009
Origine de l’homme et préhistoire.
Réflexions sur un enseignement à proposer dans un cadre scolaire.
A étudier, si possible, avant l’exposé du 10 janvier 2009.
Olivier Henri-Rousseau
Professeur(31
ème
section) émérite à l’université de Perpignan
Doctorat en sciences physiques
Licence de sciences naturelles,,
Maîtrise de Philosophie,
Certificat d’histoire ancienne.
Introduction.
L’enseignement portant sur les origines de l’homme est particulièrement délicat, car
cette question des origines touche à la révélation du livre de la Genèse, héritage du judaïsme,
qui fait partie de la culture occidentale, et dont on retrouve plus que des traces dans l'islam.
Pour approfondir cette question, il faut bien entendu avoir des notions concernant:
-la préhistoire, pour ce qui a trait aux traces les plus anciennes laissées par les premiers
hommes.
-la paléontologie humaine (discipline hypothétique se situant dans le cadre de la théorie de
l'évolution des êtres vivants, et cherchant à reconstituer ce qui auraient été les ancêtres
animaux des hommes), et partant, la théorie de l'évolution.
-l'épistémologie (appliquée à la paléontologie), qui est une réflexion d'ordre philosophique sur
les différents types de démarches scientifiques, et sur les critères qu'elles doivent respecter.
Par ailleurs, dans une culture qui se veut humaniste, il est indispensable de faire appel
à la philosophie, pour tout ce qui touche à la spécificité de la nature humaine par rapport aux
animaux, et plus particulièrement les singes supérieurs.
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Il est également souhaitable, en lien avec la question des origines, d'approfondir ce
qu'est la création, dans son essence, pour les métaphysiques médiévales chrétienne (saint
Anselme, saint Thomas d'Aquin, saint Bonaventure, par exemple), juive (Maimonide, par
exemple) ou musulmane (Avicenne, par exemple).
Enfin, quand on se refuse à ignorer le référent culturel qu'est le christianisme, il est
également souhaitable de connaître la position du magistère de l’église catholique concernant
l'interprétation du livre de la Genèse, qui est pour tous les catholiques garant de la bonne
interprétation de cette révélation.
Ajoutons que comme les présentations de la paléontologie humaine et de la
préhistoire, somme toute quelque peu secondaires, sont actuellement insérées dans une
description panoramique de l’histoire de l’univers et de la vie, où l’évolutionnisme darwinien
joue un rôle central, c’est toute la sagesse visant à relier (tout en les distinguant) raison et foi,
qui est en jeu.
A titre de préambule, il peut être intéressant de citer ce que le père Loew, O.P. écrivait il y
a quelque cinquante ans concernant les ravages que provoquaient chez les enfants du
catéchisme les contradictions entre l’enseignement de la « religion » (exposés à la lettre des
récits du livre de la Genèse), et ce qui était présenté à l’école comme étant les données de la
« science » :
« Le premier chapitre de la Genèse par lequel tant de nos catéchismes débutaient étaient pour nos
enfants une catastrophe. L’inévitable gravure du serpent enroulé autour de l’arbre et d’Eve pudiquement habillée
de ses longs cheveux, tandis qu’Adam, hirsute, émergeait du buisson, conduisait inévitablement vers une religion
de légende, les gosses et leurs parents. »
P.Loew, Journal d’une mission ouvrière 1941-1959, Paris, Cerf, 1959, p.185. Paris
Cette remarque soulève pour les chrétiens la difficulté d’articuler les enseignements
religieux concernant la création aux enseignements scolaires portant sur les origines
préhistoriques. Pour eux, un double écueil est à éviter : celui d’une interprétation littérale de la
genèse qui ne serait pas éclairée par le Magistère de l’Eglise, et qui se heurterait à des vérités
scientifiques, et de l’autre, celui d’une abdication des certitudes de la foi devant des
idéologies à la mode camouflées en vérités scientifiques objectives.
Objet de l’exposé
Enseignement primaire portant sur l’histoire de l’apparition de l’homme, en la situant dans le cadre des
découvertes paléontologiques concernant des singes anthropoïdes fossiles beaucoup plus proches de l’homme
que ne le sont les gorilles ou les chimpanzés actuels.
I. Un regard sur les origines qui se dit et se veut scientifique.
1. Une présentation omniprésente dans les média et les enseignements scolaires,
universitaires et autres de l’histoire de l’homme, de la vie et de l’Univers, posant
question.
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On rencontre maintenant de manière omniprésente dans les enseignements (scolaires et universitaires), dans
les média (émissions de radio et de télévision, journaux, revues), et dans les conférences et les débats, une vaste
fresque qui se voudrait grandiose d’une histoire de l’univers, des étoiles, de la terre, de la vie et des origines de
l’homme. Or si cette fresque s’appuie sur une multitude de travaux scientifiques incontestables, elle n’en reste
pas moins une vision incertaine et floue qui n’est pas sans lien avec les idéologies à la mode. Il est clair que cette
fresque historique qui se propose de nous instruire sur ce d’où nous venons, exige du recul et un regard critique.
En remontant le temps, conformément à cette fresque, on rencontre :
-Histoire
-Préhistoire
-Paléontologie et histoire de la vie.
-Apparition des singes hominiens, à partir de certains mammifères.
-Apparition des mammifères des oiseaux et des reptiles et sortie des eaux.
-Apparition des poissons.
-Apparition des métazoaires (animaux pluri-cellullaires) à partir des monocellulaires.
-Apparition de la vie (bactéries) au sein de la « soupe primordiale ». (les océans, dans lesquels
sont dissous des produits biochimiques élémentaires, irradiés par des orages violents )
-Formation de la terre et du système planétaire autour du soleil.
-Formation des étoiles de seconde génération et du soleil, et apparition des noyaux atomiques.
-Formation des étoiles de première génération.
-Expansion de l’Univers et apparition progressive des particules élémentaires.
-Le « Big Bang » de la théorie de l’expansion de l’univers, correspondant à une sorte
d’explosion primordiale.
2. La théorie de l’évolution sous-jacente à cette histoire.
Un peu de vocabulaire.
Paléontologie : science étudiant des fossiles, autrement dit des restes de types d’êtres vivants
ayant disparu depuis des temps très anciens ( des millions, des dizaines voire des centaines de
millions d’années).
Préhistoire : science étudiant des fossiles humains et de leurs modes de vie.
Classification des êtres vivants.
On classe les êtres vivants selon des catégories de plus en plus générales ; pour les animaux,
on va distinguer :
Embranchements : par exemple, vertébrés ou invertébrés.
Classes : au sein des vertébrés, les poissons, les reptiles les oiseaux et les mammifères.
Ordres : par exemple, parmi les mammifères, les ours, les singes,
Genres : parmi les canidés le chien, et le loup.
Espèces : parmi les singes anthropoïdes, les chimpanzés, les gorilles, les orangs-outans
et les gibbons. Le critère retenu pour l’espèce est l’interfécondité, et la fécondité des
descendants.
Fixisme : conception selon laquelle les différentes espèces d’êtres vivants demeurent fixes au
cours des générations successives.
Transformisme : théorie selon laquelle il peut y avoir une transformation des espèces au
cours des générations successives, mais qui met entre parenthèses le mécanisme de ces
transformations ; on peut distinguer différents degrés de transformation des espèces :
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Microévolution : une espèce peut se transformer par évolution en une espèce voisine
ou bien un genre, en un genre voisin ; par exemple, un chimpanzé en gorille ou un
loup en un chien.
Macroévolution : un ordre peut se transformer en un autre ordre, ou une classe en une
autre classe ; par exemple un rongeur en singe.
Mégaévolution : passage d’un embranchement à un autre ; par exemple un poisson en
mammifère.
Evolutionnisme : théorie adhérant à la mégaévolution, et selon laquelle toutes les espèces
descendent les unes des autres par voie naturelle à partir d’un point de départ commun faisant
intervenir des organismes vivants élémentaires, comme le seraient par exemple les bactéries.
Evolutionnisme généralisé : théorie englobant la précédente selon laquelle les organismes
vivants élémentaires sont apparus sur terre de manière spontanée à partir d’une soupe
physicochimique primordiale.
Darwinisme Synonyme d’évolutionnisme dans sa version officielle actuelle faisant
intervenir l’explication proposée par la théorie synthétique de l’évolution e se réclamant de
Darwin.
Créationnisme : néologisme provenant des Etats-Unis concernant l’affirmation de la vérité
littérale de tous les détails concernant la création dans le Livre de La Genèse ; cette
affirmation est répandue dans ce pays chez les protestants non libéraux ; en effet n’admettant
pour maître que la « sola scriptura », ils se refusent à en effectuer des exégèses libres, et
considèrent donc comme devant être admis à la lettre tous les détails rapportés par le livre de
la Genèse concernant la création.
Au sujet de ces différentes manières de voir, il faudra distinguer leur degré de certitude qui peut aller
des faits d’observation jusqu’aux hypothèses hasardeuses, en passant par des théories plus ou moins rigoureuses.
3. Brève synthèse des arguments essentiels avancés par le transformisme.
(i) Des constats provenant de l’étude des fossiles et de la biologie fondamentale.
-De nombreux travaux de physique, géophysique et géologie mènent à conclure que la terre
est très ancienne (des centaines de millions d’années).
-Les découvertes de la paléontologie mettent en évidence une multitude de fossiles qui se
présentent comme des restes plus ou moins bien conservés d’êtres vivants ayant appartenu à
une très grande diversité.
-S’il existe actuellement un certain nombre d’espèces très voisines de celles qui existaient il y
a des dizaines de millions d’années, voire parfois des centaines de millions, il reste que la
majorité des espèces vivantes actuelles sont étrangères à la majorité des espèces fossiles.
-Les travaux de biologie montrent qu’on n’observe jamais de génération spontanée.
-Tous les êtres vivants ont un patrimoine génétique qui fonctionne selon le même code
biochimique.
-Les êtres vivants admettent des plans d’organisation permettant une classification.
-L’observation met en évidence une multitude de petites modifications aléatoires (procédant
au hasard), héréditairement transmissibles, portant le nom de mutations.
(ii) Une question que les transformistes considèrent comme incontournable.
D’où proviennent les millions d’espèces qui ont vécu sur la terre depuis des centaines de
millions d’années ?
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Remarque : Bon nombre de biologistes pensaient autrefois que cette question débordait le
domaine des sciences et qu’il était impossible d’y répondre.
(iii) La réponse du transformisme.
Les espèces descendent les unes des autres par filiation.
(iv) Une difficulté d’ordre empirique rencontrée par le transformisme.
On observe des espèces qui sont stables.
(v) Réponse du transformisme à la difficulté.
Ce qui ne se constate pas à l’échelle des siècles pourrait très bien avoir pu se réaliser au cours
des milliers voire des millions de siècles qui se sont déroulés depuis que la terre semble avoir
été vivable.
(vi) Un défi lancé par le transformisme.
Une fois écartée la génération spontanée, comment rendre compte de l’apparition échelonnée
au cours des temps géologiques des millions d’espèces vivantes, si on renonce à l’hypothèse
transformiste selon laquelle les espèces descendent les unes des autres par filiation naturelle ?
(vii) Confort du transformisme.
Faute de réponse scientifique alternative donnée au défi transformiste, il se décrète fait
scientifique. On peut répondre au transformisme qu’à vaincre sans péril, on triomphe sans
gloire.
4. Les postulats de la théorie synthétique de l’évolution (théorie scientifique officielle
expliquant le transformisme).
(i) Les piliers du transformisme.
a. Filiation des espèces.
b. Gradualisme : la transformation des espèces a lieu de manière progressive au sein d’une
population d’individus initialement interféconds.
(ii) Les bases empiriques de la théorie synthétique.
a. Mutations héréditaires aléatoires (procédant au hasard).
Ces mutations sont d’observation courante.
Elles sont provoquées par des modifications aléatoires du patrimoine génétique d’un individu,
qui influent sur son développement embryologique et induisent à l’âge adulte un changement
de ses propriétés anatomiques ou physiologiques ; par exemple, un changement de couleur
d’oiseau lui permettant de mieux échapper à des prédateurs.
Mais ces mutations intéressent des changements qui n’affectent que des détails. Elles
n’induisent pas le passage d’une espèce à une autre radicalement nouvelle. Par ailleurs, la
quasi-totalité des mutations est neutre ou néfaste pour la survie de l’individu.
b. non observation de l’hérédité des caractères acquis.
On n’a jamais mis réellement en évidence une transmission héréditaire des caractères
morphologiques acquis par un individu au cours de sa vie, par exemple le cou de la girafe qui
s’allongerait de génération en génération du fait qu’elle tend son cou pour atteindre des
feuillages élevés afin de s’en nourrir.
c. non observation des générations spontanées., comme on l’admettait au Moyen-âge où l’on
croyait par exemple que des grenouilles pouvaient apparaître dans une infusion.
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