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Les fonctions sensorielles (le goût, la vue, le
toucher, l'ouïe), mais aussi urinaires, sexuel-
les et intellectuelles ne sont en général pas al-
térées. Un esprit toujours en éveil, mais dans
un corps peu à peu paralysé...
Le mal s'insinue progressivement, puis
évolue durant des mois, parfois des années.
«Cela peut débuter par une sensation de fai-
blesse dans les membres, comme un pied qui
tombe, une certaine raideur, des crampes,
mais aussi par des difficultés à articuler, par
la voix qui change ou par des réflexes trop
vifs», explique Anne-Chantal Héritier Bar-
ras, chef de clinique en neurologie aux Hôpi-
taux universitaires de Genève (HUG). Com-
me la maladie est rare et que les premiers
symptômes sont peu spécifiques, le parcours
médical du patient est souvent long avant
que le diagnostic ne soit établi. «C'est l'ag-
gravation des symptômes moteurs et muscu-
laires au cours des mois et l'absence de trou-
bles de la sensibilité qui sont très évoca-
teurs», poursuit la spécialiste.
La maladie de Charcot frappe générale-
ment dès 55 ans, avec une légère prédomi-
nance chez les hommes. Exceptionnelle-
ment, elle peut toucher des jeunes gens
autour de zo ans, lorsque des mutations gé-
nétiques sont en cause. Les origines de la
SLA sont encore peu claires, mais on suppo-
se qu'elles sont plurifactorielles. Les spécia-
listes évoquent des facteurs environnemen-
taux, comme l'exposition à des toxiques
(polluants, pesticides, solvants, produits
dopants), la répétition de traumatismes crâ-
niens (notamment chez les footballeurs
professionnels), ou un processus local in-
flammatoire qui bloquerait le fonctionne-
ment normal des neurones, ou encore la
piste génétique, certaines mutations sem-
blant favoriser la dégénérescence des neu-
rones musculaires.
Une espérance de vie courte
Une fois que la maladie s'est véritablement
déclarée, son évolution est généralement ra-
pide, ce qui en fait l'un des diagnostics les
plus terribles de la médecine. «Ces patients
ont une espérance de vie très courte, entre
trois et cinq ans après le diagnostic, mais cela
reste très individuel», confirme le professeur
Thierry Kuntzer, médecin adjoint au service
de neurologie du Centre hospitalier universi-
taire vaudois (CHUV). Les patients qui par-
viennent à survivre à long terme, comme Ste-
phen Hawking, sont extrêmement rares.
C'est une maladie dont on ne guérit pas et
pour laquelle il n'existe pas de traitement cu-
ratif. Seul le riluzole, médicament aux effets
neuroprotecteurs, freine la destruction des
neurones. Mais il ne prolonge que de quel-
ques mois l'espérance de vie. Les malades
sont donc rapidement confrontés au handi-
cap. Avec le temps, ils ont de plus en plus de
difficultés à effectuer les gestes quotidiens et
à se déplacer, en raison de la perte de subs-
tance musculaire secondaire à l'atteinte des
neurones. Leur alimentation est perturbée
par des problèmes de déglutition. Ils éprou-
vent une peine croissante à parler, à utiliser
leurs mains et à communiquer. Leurs capaci-
tés respiratoires diminuent si bien qu'un ap-
pareil de ventilation artificielle finit par être
indispensable. A tout cela s'ajoutent une fati-
gue importante et un équilibre psychologi-
que souvent mis à mal par la dégradation de
leur état.
A défaut de guérir ces malades, on pro-
gresse dans la prise en charge de leurs condi-
tions de vie. Aux HUG, une consultation plu-
ridisciplinaire (neurologue, pneumologue,
logopédiste, phoniatre, ergothérapeute,
physiothérapeute, etc.) permet de contrôler
les complications et de prolonger leur auto-
nomie. Un soutien social et psychologique
est aussi proposé. «Tout cela permet de pro-
longer leur durée de vie de quelques mois
(entre sept et neuf mois selon les études) et
surtout d'améliorer la qualité de vie des pa-
tients et de leurs proches», conclut le Dr Hé-
ritier Barras.